Le roi est mort ! Vive le roi !
59 pages
Français

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Le roi est mort ! Vive le roi ! , livre ebook

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Description

Six nouvelles de voyages dans le temps, six voyages qui ne sont pas toujours imaginaires Dans la première, « La mère » Stéphanie est éveillée un jour, une nuit plutôt, par une bien curieuse visite, mais elle n’en est pas vraiment étonnée. Les trois nouvelles suivantes nous content l’histoire d’un futur qui n’est pas nécessairement sans espoir. « La visiteuse » nous vient d’un autre monde qui est peut-être notre futur. « La fuite » nous permet d’en savoir un peu plus sur cette jeune fille et nous laisse espérer en l’avenir. « Les Hors-temps » nous fournit la clé de ces voyages et nous ouvre les portes d’une « Préhistoire du futur » qui est peut-être la suite de ces trois récits. « Le journal d’un homme bien ordonné » nous propose l’aventure d’un homme dans son passé et ce qu’il en advint. « 55 minutes d’avance » c’est qui arrive à Laurent. Mais que faire quand on a près d’une heure d’avance sur le reste de l’humanité ? En profiter pour s’enrichir ? Mais comment ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 19 décembre 2013
Nombre de lectures 0
EAN13 9782312024103
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0012€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le roi est mort ! Vive le roi !

Raymond Denis
Le roi est mort ! Vive le roi !








LES ÉDITIONS DU NET 22 rue Édouard Nieuport 92150 Suresnes
La morale, à cette époque*, étant bien loin d’être aussi « perfectionnée » qu’à la nôtre, où, tous, nous sentons et comprenons par éducation intensive combien il est mal de prendre une part de bien-être à qui en a trop.
Michel ZEVACO
(Triboulet /1910)

*époque : François 1er














© Les Éditions du Net, 2013 ISBN : 978-2-312-02410-3
Chapitre 1
Par un lent travelling circulaire on découvre la chambre.
C’est d’abord, à droite en entrant, la commode, une de ces commodes anciennes avec quatre tiroirs qui coincent et dont le placage se décolle par endroit. Le tiroir du haut, mal refermé, laisse apercevoir des dossiers aux teintes passées qui contiennent certainement les nombreux documents qui forment une vie, bulletins de salaires, quittances de loyers… tout ce qui fait qu’un homme existe pour la société. Sur le dessus de cette commode une plaque de marbre aux veines d’un gris sale, éraflée par les générations successives et dont les bords portent des fêlures, marques des nombreux déménagements qu’elle a subis. Sur cette plaque des bibelots, souvenirs de voyages, coquillages, pommes de pins, un cendrier contenant quelques timbres, un étui ouvert laissant voir une médaille du travail…
Et puis l’on continue le long d’un mur nu recouvert d’un papier vert d’eau à petites fleurs, aux teintes passées, craquelés en de maints endroits et dont un rectangle aux couleurs plus vives témoigne d’un tableau ou d’une gravure qui a été décroché.
On arrive ainsi au second mur, puis à la fenêtre aux vitres brillantes de propreté mais dont les rideaux jaunis laissent passer un jour grisâtre.
C’est bientôt le soir, un de ces soirs de fin d’automne qui n’attendent pas que la journée se termine et qui s’empressent d’arriver bien avant la nuit, si bien que déjà l’obscurité estompe les contours de l’armoire ventrue en contre-jour, dans l’angle à côté de la fenêtre et dont le grand miroir reflète le pied du lit qui lui fait face. C’est alors que l’on remarque le bruit, un souffle rauque qui parfois se ralentit, s’arrête puis repart, comme le tic-tac d’une horloge à balancier que l’on a oublié de remonter et dont le ressort s’épuise à vouloir donner le temps malgré tout.
L’on s’impatiente et l’on passe rapidement sur la cheminée de marbre avec la photo d’une très jolie jeune femme, portrait que le temps a rendu presque monochrome dans son cadre aux larges bords de velours grenat, située d’un côté d’une glace piquetée, au cadre doré, qui nous renvoie à la porte, ce qui nous permettrait de recommencer si l’on en avait le désir et si l’on n’était pas si pressé de découvrir l’origine de ce halètement qui est le seul son que l’on perçoive dans cette chambre fermée au monde extérieur, de l’autre côté donc de cette glace, le calendrier du facteur avec en son centre une image représentant un champ où paissent trois vaches et dans le lointain les pics bleutés d’une montagne enneigée.
Et déjà l’on arrive au bord du lit, ou plutôt à la table de nuit au plateau rempli de fioles multicolores avec un verre à moitié plein d’eau, qui a perdu de sa transparence par le calcaire que le temps y a déposé jour après jour.
Enfin on découvre l’homme.
C’est un vieil homme dont la tête repose sur l’oreiller, un visage long recouvert d’une peau parcheminée qui laisse voir des veines pales par transparence. La bouche aux lèvres inexistantes est légèrement entrouverte et à chaque aspiration fait entendre un halètement râpeux et l’on apprend ainsi l’origine de ce bruit qui nous étonne depuis quelques minutes déjà. On devine alors que le vieillard est épuisé et qu’il lutte désespérément pour aspirer un air que la vie lui refuse petit à petit.
Alors, maintenant que l’on sait, on détourne pudiquement le regard pour retourner vers la porte. En passant on remarque la chaise sur laquelle il a posé ses vêtements lorsqu’il s’est couché, ignorant certainement que c’était pour la dernière fois. Puis, entre la chaise et la porte, le fauteuil à haut dossier recouvert de velours rouge et dont le ton violent agresse dans cette chambre vouée à la grisaille d’une fin de vie.
Mais l’on ne peut pas fuir comme cela et une dernière fois l’on se retourne vers le lit.
Cette fois le vieillard n’est plus seul. Un homme est assis sur le bord du lit et le regarde. Cet homme on l’a rencontré des milliers de fois, c’est un de ces inconnus anonymes que l’on dirait invisibles tellement ils sont indescriptibles. Il regarde le lit, ou plutôt le pied du lit comme s’il avait peur de voir qu’il y a un homme dans ce lit, un homme qui vit encore et qui lutte malgré tout.
Soudain sur l’oreiller les paupières se soulèvent, comme si, se sentant observé, leur propriétaire voulait voir à son tour. Deux yeux pales dont les pupilles se distinguent à peine et qui ne voient pour l’instant que le flou lointain avant d’accommoder lentement et de se fixer enfin sur l’inconnu. Les lèvres s’entrouvrent et le silence, qui est redevenu totale depuis que le vieillard s’est éveillé, est brisé par quelques mots murmurés dans un souffle qui est presque un râle.
Bonjour docteur ! Excusez-moi, je m’étais assoupi et je ne vous ai pas entendu arriver.
L’homme assis se retourne légèrement et ose enfin regarder le visage sur l’oreiller, mais il ne répond pas. Le vieillard le fixe, son regard se fait plus insistant, il cherche à approfondir le flou que ses yeux usés envoient à son cerveau.
Mais… mais vous n’êtes pas le docteur ! Qui êtes-vous ? Que me voulez-vous ? Il n’y a rien à voler ici.
Il devient implorant, son visage exprime maintenant l’affolement. L’homme reste impassible un long moment, fixant les yeux qui s’apaisent petit à petit. Enfin le calme revient sur le visage ridé et c’est seulement maintenant que l’homme parle, mais il ne donne pas de réponses, laissant à l‘autre le soin de les trouver.
Qui je suis ? Tu le sais et tu le sais même depuis l’instant ou tu m’as vu. Tu m’as reconnu tout de suite et te mentir à toi-même ne reculera pas l’échéance. Ce que je veux ? Pourquoi poser cette question puisqu’il n’y a qu’une chose que je puisse emporter et cette chose tu sais très bien que je ne la volerai pas puisqu’elle m ‘appartient.
C’est vrai que je t’ai reconnu, inutile de mentir. Alors c’est l’heure ?
Encore une fois pourquoi cette question ? Serai-je là autrement ?
Le silence est revenu dans la pièce. La respiration du vieillard ne s’entend plus et pendant un long temps ils se regardent sans que rien ne se passe. Maintenant la nuit est arrivée, l’homme s’est fondu dans le noir de la chambre et le visage de cire pale du vieillard disparaît dans la blancheur de l’oreiller. On pourrait croire que la pièce est vide, lorsqu’une petite voix cassée s’élève.
Pourquoi est-ce toi qui viens me chercher ? Et pourquoi pas lui ? Qu’ai-je fait pour mériter qu’il me chasse ?
J’attendais cette question. Vous la posez tous et toutes. Lorsque je t’aurais répondu le rituel aura été observé et nous pourrons partir.
La voix est monocorde, le ton fatigué, on sent que cette phrase a été répétée et répétée tellement de fois.
Lui ? Moi ? Quelle différence de toute façon ? Oublie toutes les fariboles que l’on t’a enseignées. C’est exact qu’il a fabriqué tout le bazar mais c’est peut-être la seule chose de vraie dans toute cette histoire de création.
Je ne comprends pas. Il n’y a pas Lui et toi qui êtes en conflit de toute éternité ?
Je te le répète, tout cela n’est que faribole. Il n’y a plus que moi. Il est parti me laissant tout le travail. Tiens ! Tu m’es sympathique et puisque de toute façon je dois t’emmener et que tu ne pourras rien dévoiler je vais tout de raconter.
Les hommes n’ont pas le droit de savoir ? Pourquoi ?
Je pense qu’il préfère la version que tu connais, elle est plus à son avantage pense-t-il.
Je t’écoute.
C’est long l’

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