Le souffle des trois lunes
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Le souffle des trois lunes , livre ebook

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Description

Enfin, une lueur blême apparut dans l’échancrure des collines soulignant leurs contours noirâtres. Les faces des deux lunes s’estompaient peu à peu jusqu’à devenir empreintes évanescentes. Noglaâ soulagée hocha la tête. À son réveil elle avait guetté les prémisses du jour, craignant que l’obscurité demeurât. Une lassitude inhabituelle l’avait saisie à la suite de ses déplacements nocturnes. Ces temps difficiles sollicitaient davantage ses forces.
Dans un temps d’avant l’histoire et l’écriture, des ancêtres morts tiennent sous influence les vivants d’un peuple, les Ambres. Péripéties, amour, haine, admiration, attachement sont distillés au long de ce roman d’initiation dont l’objectif, s’affranchir de la soumission envers des croyances morbides, est porté par une jeune femme, qui rencontrera le pouvoir inflexible incarné par trois matriarches dont chacune représente un des aspects mère/femme.
Le fantastique entraînera la lectrice, le lecteur, dans une société structurée par des rites et des rituels exigeants. Concentration, courage, détermination, pérennisent la formidable puissance contenue dans une personne mais aussi le chemin parsemé d’embûches pour parvenir à se libérer de la soumission.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 17 mars 2022
Nombre de lectures 0
EAN13 9782312119670
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0300€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le souffle des trois lunes
Marie Simonet
Le souffle des trois lunes
LES ÉDITIONS DU NET
126, rue du Landy 93400 St Ouen
© Les Éditions du Net, 2022
ISBN : 978-2-312-11967-0
Altération
Enfin, une lueur blême apparut dans l’échancrure des collines soulignant leurs contours noirâtres. Les faces des deux lunes s’estompaient peu à peu jusqu’à devenir empreintes évanescentes. Noglaâ soulagée hocha la tête. À son réveil elle avait guetté les prémisses du jour, craignant que l’obscurité demeurât. Une lassitude inhabituelle l’avait saisie à la suite de ses déplacements nocturnes. Ces temps difficiles sollicitaient davantage ses forces.
La température ayant sévèrement fraîchi au milieu de la nuit, il fallut assembler toutes les fourrures disponibles sur les corps recroquevillés des jeunes.
À la lueur émanant de cette voûte livide, la Mère s’aperçut qu’une mince couche opaline festonnait les rochers comme la végétation. Cela ne la surprenait pas. Les hivers rudoyaient la nature comme les êtres. Au lieu de céder devant l’apparition de la saison chaude et humide, les saisons enneigées et glaciales perduraient sévèrement.
Depuis deux cycles, des signes visibles amorçaient une mutation. Une brève montée de sève annonçait prématurément un renouveau moribond. De la floraison des végétaux subsistaient seuls des embryons de minuscules feuilles dont la couleur jaunissante se devinait déjà. Elles se rabougrissaient à vue d’œil. Les ramures des grands arbres des aires demeuraient quasiment dénudées. Les herbes abondantes des prairies se limitaient à quelques rares toupets fripés. Des arbrisseaux dont on ramassait les baies en une cueillette généreuse subsistaient quelques fruits flétris. Les mousses séchaient en s’effritant. Aux copieuses pluies se substituait un froid précoce et sec. On cherchait dans les sources les maigres filets d’eau souillée par une abondance de plantes séchées trop tôt. Les vents du nord, nord-ouest, forcissaient. Enfin, une couverture filamenteuse voilait en permanence les quelques rais d’un soleil sans éclats.
La faune se raréfiait et il devenait difficile de consommer de la viande fraîche. Quelques petits gibiers se laissaient attraper dans les pièges. Quelques oiseaux à la chair dure. De temps à autre, des poissons dans les rivières aux eaux basses. L’œil blafard des frimas pâlissait la lumière dorée ordinairement éblouissante en ce début de saison chaude.
Dès l’éveil, une aura maléfique rodait autour de la Mère. La repoussant à la lisière de ses pensées Noglaâ reprit le contrôle des constats. Le ciel de la terre nouvelle se transformait. Durablement. Cela ne semblait pas relever des caprices du ciel. Non. Les conséquences ne concernaient pas seulement les passages des saisons. Elles mettaient en péril la vie même.
Cette terre prodigue ! Que se passait-il ?
Afaê la rejoignit, le visage creusé par la faim, les rondeurs plaisantes qui singularisaient sa silhouette, affaissées. Elles se tinrent toutes deux en silence devant le foyer ranimé, tressant leur longue chevelure ternie par les privations. Puis Afaê se dirigea vers la pierre creuse recouverte d’une pellicule de gel qui se liquéfia au seul contact de ses mains imposées. Longuement elle prit un peu d’eau et la passa sur son visage aux traits tirés. Noglaâ tisonnait les braises, rajoutant le bois ramassé par les jeunes.
Oâmi a été malade toute la nuit. Ils ne tarderont pas à aspirer son souffle.
Noglaâ renchérit.
C’est la troisième ! Öl se met à avoir un souffle étrange. Il marche à petits pas, le regard fixé au sol, envoyant des images brouillées. Il refuse de manger et de boire.
Dort -il la nuit ?
Difficilement . Non seulement les êtres vont mal mais la terre aussi. Cette terre si généreuse ! Sommes -nous voués à migrer jusqu’à notre disparition ? Qu’allons-nous faire ? Nous délaissent-ils ?
L’esprit d’Afaê déroulait ses visions qu’elle partageait avec sa compagne, tout comme, d’une main adroite, elle égrenait à longueur de temps des perles d’ambre enfilées sur une cordelette en cuir assoupli.
Nous devons nous assurer d’une descendance en bonne santé.
Noglaâ approuva.
Les nouveaux nés deviennent de plus en plus faibles. Il faut prendre des décisions .
Toutes les nuits elles avaient tenté de se connecter aux vibrations de leurs pairs. Les seuls conseils exhalés furent contradictoires. La marche à suivre, floue.
À l’évidence une seule explication, nous entrons dans le cycle des temps éteints. Ceux -là même inscrits dans la tradition depuis les lointains voyages. Il faut se contenter de suivre le seul conseil qui nous paraît détenir une solution de survie.
Noglaâ ne paraissait pas pressée de prendre une décision.
Faut -il attendre le retour des guerrières ?
La vieille Mère opina.
Dernièrement, elle avait envoyé Glaïs et ses guerrières en éclaireuses. La troisième Mère se joignait à ses aînées dans leurs vibrations nocturnes.
Sa dernière information contenait des nouvelles mitigées. Les guerrières ramenaient de la viande en quantité. Il avait fallu la fumer sur place. Ayant dû traverser les obstacles qui bornaient la terre nouvelle, elles s’en éloignaient de plus en plus. De plus, le chargement s’alourdissait, ralentissant leur marche. Le transport avait nécessité l’élaboration de palettes. Le groupe devait manger aussi tout en cheminant, ce qui, malgré leur chasse quotidienne, grevait leur chargement. Pour finir avec les nouvelles, une des guerrières, fort mal en point après une attaque surprise d’un goar, s’affaiblissait. Les fièvres ne tarissaient pas.
Une dernière information leur parvint alors qu’elles se déconnectaient des images de Glaïs : les chasseresses avaient traversé une terre qui paraissait propice à l’installation du peuple Ambre. Afin que la blessée se reprenne, elles avaient installé leur campement. On y rencontrait des bois en abondance. Le terrain présentait plutôt du relief avec toutefois une étroite plaine. À priori la saison chaude se révélait à l’identique de la terre nouvelle, mais il ne semblait y avoir nulle trace des changements du ciel. Une zone marécageuse en accaparait une partie. Seul inconvénient aux yeux de Glaïs, la surface peu étendue de cette nouvelle terre.
Les évocations de Glaïs laissaient espérer une solution. Étrangement les Aïeux semblaient indifférents. Aucun avis sur les images collectées par la troisième matriarche.
Noglaâ et Afaê avaient l’une et l’autre transmis leurs savoirs à Glaïs. En retour, celle-ci leur vouait une admiration et une reconnaissance infinies.
Elle était si jeune quand Afaê l’avait découverte affamée, dans un groupe de juvéniles enlevées plus tôt par des indigènes toujours à la recherche de futures porteuses. Vêtue de lambeaux de peaux mitées, elle mâchait un vilain bout d’écorce pour tromper sa faim arrachant quelques fibres et les fourrant dans sa bouche. Afaê intriguée par le regard droit des yeux noirs, le bas de son visage contracté par ce qui semblait être plus de la fureur que de la peur, alla chercher Noglaâ .
Ce n’est pas de la peur .
Noglaâ était revenue la traînant de force par la main. La discussion fut âpre avec les hommes qui menaient le groupe, mais elle l’échangea contre un lot de peaux.
Par la suite, la matriarche visita son esprit. Elle y vit une force physique et mentale peu commune.
Les Mères la nommèrent Glaïs, « Forc e » et lui avait rapidement emprisonné les deux seins les empêchant de grossir. Afaê avait cherché dans le groupe un chasseur qui l’avait formée. La fillette démontra des aptitudes de précision et d’attention surprenantes. Elle possédait une détermination exceptionnelle. Glaïs pouvait apprendre et transmettre. Son admiration, sa loyauté indéfectible, faisaient d’elle une personne entièrement soumise à leur influence, tout en leur apportant une énergie nouvelle.
Les deux matriarches burent l’eau brûlante dans laquelle infusaient des simples. Dans l’espoir de trouver des solutions au dépérissement de la terre nouvelle, Noglaâ avait également envoyé un groupe d’hommes vers le cours d’eau sans fin au-delà des roches blanches. Aucune image n’avait filtré de l’expédition. À croire que tous avaient succombé aux dangers ou aux maladies.
Insuffler un esprit mort nécessitait une vibration singulière. L’étiolement de leur propre énergie guettait alors les vieilles Mères. Malgré leur grande expérience, sans celle de Glaïs, leurs énergies ne suffisaient pas pour se connecter aux esprits disparus de ce groupe. Oui, il fallait attendre le retour des guerrières.
Allons faire notre tour. Les jeunes ne se disputent pas. La faim les rend silencieux.
Conflits
– Au nom de notre amitié ancienne, Noglaâ, ne peut-elle écouter les mises en garde des Sombres ?
– Vos mises en garde, Dolhen, sont imprégnées de mépris pour nos croyances et nos cultes.
– La matriarche se trompe. De tristesse, oui, d’inquiétude pour ce qui nous apparaît de l’obstination.
– Nous nous appuyons sur notre fidélité dans l’expérience de nos Aïeux.
– L’expérience n’est pas pérenne. Noglaâ n’a-t-elle pas acquis un autre savoir ? N’a-t-elle pas des sens, pour constater le délitement général ?
– Dolhen tisse un lien entre les changements des cieux et nos cultes. Méprise.
– Ignorance, Noglaâ, aveuglement, terrifiant aveuglement. Le règne des morts exige tristesse du vivant, engourdissement de l’esprit, sans quoi il ne peut s’installer.
– Nos coutumes bafouées, enfin rétablies, recouvrée notre éthique, pure d’entre les pures.
– Vous avez tué le règne d’Amïa, luminescente origine des cieux, des astres, de la terre, des eaux. Vous avez tué l’aïeule-mère ! En s’emparant de ses rites vous les avez dévoyés.
– Amïa et ses lunes n’existent que dans vos images. Crois-tu un peuple issu de sagesse immémoriale se vouer à cette illusion ? Oh non, le culte que nous leur rendons nous va bien.
– De qui parle la matriarche ?
– Ne sous-estime pas les formidables puissances des souffles disparus.
– Quels sont leurs intérêts ?
– L’influence. La distraction. L’en

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