Le télescope
49 pages
Français

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Description

Julien, en vacances chez ses grands-parents, à Saint-Jean, ne se doutait pas qu’un événement tragique allait bousculer la vie du village. Les quinze jours de retrouvailles traditionnelles avec ses amis d’enfance seront émaillés de situations surprenantes, de révélations, de non-dits. Chacun, dans le petit bourg, connaît des secrets. Parle… ou ne parle pas.
Les sept amis partageront des moments d’insouciance, joyeux, inattendus, dramatiques. L’amour naissant qui lie Julien et Éléonore, laisse deviner la fin d’une époque et augurer d’une grande et longue aventure.
Avec « Le télescope », élément-clé du récit, l’auteur a voulu décrire l’impact d’une tragédie dans la vie d’un village comme il en existe des milliers en France. Les divers personnages, leurs indiscrétions, leurs convictions, leur authentique humanité, animent ce que l’on peut appeler « les réseaux sociaux locaux » où tout se sait, même… quand ce n’est pas dit.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 04 mars 2020
Nombre de lectures 1
EAN13 9782312071657
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0012€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le télescope
Marie - Laure Peyre - Ginestes
Le télescope
LES ÉDITIONS DU NET
126, rue du Landy 93400 St Ouen
Du même auteur aux Éditions du Net
LES MOTS … SANS CHAÎNES
Recueil de nouvelles (2018)
DANS L’EAU DE LÀ
Roman (2019)
© Les Éditions du Net, 2020
ISBN : 978-2-312-07165-7
Un grand merci à
Gérard, Jacques
pour leurs conseils et leur soutien
ainsi qu’à tous mes proches
pour leurs encouragements
On sent son esprit tomber dans un abîme quand on songe que les hommes font tant
de mauvaises actions en présence des étoiles.
Victor Hugo
1
Julien atteignit le plateau au sommet de la colline. La nuit avait noyé, d’un noir intense, l’ensemble du paysage familier. « La voûte céleste » lui apparut être la seule expression digne de décrire les milliers d’étoiles qui cloutaient le ciel à l’infini. Les constellations de la Petite Ourse, la Grande Ourse, Cassiopée, Orion, étaient toutes là, entourées de myriades de galaxies lointaines à la brillance vacillante.
Il avait grimpé le raidillon, éclairé par la lueur tremblotante de la torche de son téléphone. Les quelques cailloux, émergeant du sentier et renvoyant le halo lumineux, l’avaient guidé dans son ascension.
Il dominait à présent le petit village médiéval lové des deux côtés de la rivière. Le clocher de grès rose, illuminé avec parcimonie par quelques spots, surgissait, tel un phare, sur la partie haute du bourg. Il semblait veiller, depuis le XVIe siècle, sur les âmes en proie aux vicissitudes de la vie, enfin apaisées par le sommeil du juste. La nécessité d’une mise en valeur nocturne clinquante n’avait pas été jugée utile pour ce fidèle gardien. Sa présence rassurait, tout simplement.
Une atmosphère de sérénité régnait dans la vallée, seulement troublée par quelques aboiements de chiens de chasse, ou le rare passage d’une voiture dont les phares éclairaient brièvement la petite route.
Julien éteignit son téléphone et embrassa du regard le paysage familier. Mais l’obscurité était telle qu’il ne distinguait rien près de lui. Il devinait plutôt : là un arbre, là un rocher, ici un muret…
Un grillon stridula près de lui. Il sourit, la nuit était à eux.
Il était déconnecté. Complètement. Et cela lui faisait du bien !
Il retrouvait intacts tous les sentiments et toutes les émotions vécus lors des années précédentes. Les deux semaines de vacances passées chez ses grands-parents, durant l’été, représentaient pour lui une parenthèse hors du temps. Un autre monde ! selon l’expression qu’il aimait répéter… À dix-sept ans maintenant, il continuait d’apprécier ces moments si particuliers. Même si, aux yeux du vulgum pecus, Saint-Jean était un village sinistré : réseau aléatoire, téléviseur qui « pixellise » ; rien d’attirant pour un jeune geek. Une épicerie en vrac, un café désuet, représentaient les deux points de ralliement de la population, plutôt vieillissante.
Quelques copains d’enfance ne tarderaient pas à arriver, comme convenu, au moment de la fête votive rassemblant familles et amis. Il attendait avec impatience ces retrouvailles. Il espérait surtout qu’aucun imprévu ne viendrait gâcher son désir de séduire Éléonore, la petite-fille du notaire, si jolie avec ses yeux verts et ses taches de rousseur. Dans son dernier texto, elle lui confirmait sa venue pour le lendemain, précédant de quelques jours le « gros de la troupe » des jeunes estivants.
Il posa et installa délicatement la charge, portée sur son dos depuis la maison de ses grands-parents. Encombrant, mais léger. Le cadeau de son grand-père : un télescope sur son trépied.
Récemment, Papy Rémi et Mamy Marianne s’étaient découvert une passion subite pour les vide-greniers des alentours jusqu’à n’en manquer aucun. Lorsque, à Saint-Martin-les-Bains, ils avaient vu la lunette exposée à la vente par un jeune homme, ils s’étaient approchés et, après discussion avec le vendeur, en avaient fait l’acquisition. « Ce n’était ni un matériel de professionnel, loin de là, ni un jouet, non plus. L’idéal pour une initiation à l’astronomie, leur avait-il affirmé. » Lui-même, s’en était servi pendant des années et possédait à présent un modèle supérieur. Il leur joignit housse et notice pour une utilisation plus aisée.
Lorsque Papy Rémi avait déballé « la surprise », il affichait un sourire éclatant, découvrant le dentier tout neuf dont il était très fier. Depuis qu’il l’arborait, il n’avait jamais autant souri de sa vie ! Tous ses amis lui trouvaient… bonne mine.
Mamy Marianne, de son côté, ses cheveux blancs légèrement bleutés, s’exclamait sans fin :
– C’est pour toi… Ça te fait plaisir ? Ça te plaît ?
Julien pouvait voir dans leurs yeux… les étoiles qui brillaient déjà !
– C’est super ! Quelle bonne idée… Et puis Saint-Jean est peut-être un des rares endroits où la découverte du ciel sera possible dans des conditions optimales.
Il les remercia chaleureusement et fut ému de se rendre compte à quel point ils pensaient à lui. Tout le temps.
Il s’empressa de télécharger sur son téléphone une application de la carte du ciel, simple, mais contenant l’essentiel, se promettant des moments d’observation passionnants… avec Éléonore bien sûr !
Rallumant sa lampe, il se mit en devoir de stabiliser le trépied du télescope sur une zone plate, herbue. Il s’était entraîné dans la journée à manipuler le matériel, ainsi que les accessoires, et avait consulté la notice pour aborder sa première expérimentation dans les meilleures conditions, fixé le support, effectué les ajustements de hauteur, et repéré les différents oculaires et leurs rangements.
La pollution lumineuse était nulle, inexistante. Pas de clair de lune non plus. Un paradis noir !
Il s’entraîna, pour commencer, à régler soigneusement le chercheur en prenant pour cible le clocher tout proche. Le premier conseil écrit sur la notice insistait pour viser un objectif modeste lors de la première observation. Utilisant l’oculaire le moins puissant, 25 mm, il centra l’instrument vers l’imposant monument à l’aide des pointeurs en croix pour en vérifier la clarté et la netteté. Cela prit du temps, beaucoup de temps… Il lui faudrait encore « potasser » sérieusement le manuel et fréquenter des forums d’amateurs avant d’exploiter correctement ce matériel.
L’astronomie est aussi une école de patience, juste ciel ! se dit-il avec amusement en son for intérieur. Sa concentration devint telle qu’il passait machinalement sa main dans les cheveux comme si ceux-ci pouvaient gêner sa vision. Un tic récent qui lui était venu un bon matin.
Julien fut satisfait, enfin, d’apercevoir nettement le clocher… mais à l’envers ! Il se souvint avoir vu dans les accessoires une boîte de « lentilles de redressement » et comprit alors leur utilité. La manipulation, l’apprentissage et l’utilisation du télescope relevaient d’une procédure particulièrement minutieuse. Mais il était décidé à faire preuve de persévérance et d’une attention qui lui permettraient de progresser rapidement les prochains jours.
Prêt. Il serait prêt. Dans quelques soirées, il serait au top pour les Perséides. Il se le promit.
À présent, une fraîche rosée commençait d’envahir la végétation rase des alentours, dégageant une puissante odeur d’humus. Il replia l’ensemble pour le poser sur son dos et amorça la descente afin de regagner la douceur de sa chambre.
Julien regarda sa montre. Deux heures. Un gong discret du clocher le lui confirma. Il frissonna et dévala prudemment les dernières longueurs du sentier.
2
Au petit matin, Julien fut réveillé par les bruits habituels du petit déjeuner : gargouillis de la cafetière vintage , cliquetis des couverts sur les bols posés sur la table, conversation feutrée de ses grands-parents, informations à la radio en léger fond sonore. Il huma avec délice l’odeur du café qui envahissait la maison. Un effluve très particulier : Mamy Marianne rajoutait toujours de la chicorée pour améliorer les effets, visuels et gustatifs. Assis en bout de table, il savourait ce nectar très noir, possédan

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