Les derniers jours de David Carradine
28 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Les derniers jours de David Carradine , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
28 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Le 4 juin 2009, les médias du monde entier relayaient la mort mystérieuse de David Carradine dans une chambre d’hôtel de Bangkok, alors qu'il participait au tournage du film Stretch. Suicide ? Accident auto-érotique ? Le doute subsiste mais a inspiré bien des théories, dont celle de Thibault Lang-Willar qui a imaginé les derniers jours du célèbre acteur de Kung Fu, inoubliable héros de Kill Bill.
Avec un humour mordant, l'auteur nous invite à suivre les pérégrinations exubérantes de l’éternel Petit Scarabée en perdition jusqu’à sa tragique fin, pointant du doigt l’absurdité d’une vie dont le besoin de reconnaissance fut le principal écueil.
"Thibault Lang-willar est de ces jeunes écrivains à l'imaginaire quelque peu particulier, voire inquiétant, dont les influences sont à chercher du côté du cinéma américain, Tarantino par exemple." – Jean-Claude Perrier, LIVRES HEBDO
"Un humour mordant, décalé, absurde, l’auteur se défoule et réussit particulièrement bien à nous embarquer dans cette histoire complètement loufoque. Aucune prise de tête, on sourit. Mais derrière tout ça se cache une petite morale sur l’absurdité du besoin viscéral de reconnaissance." – IBOOKRAMA

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 19 avril 2010
Nombre de lectures 3
EAN13 9782363150004
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Les derniers jours de David Carradine (fiction)
Thibault Lang-Willar
ISBN 978-2-36315-153-7

Avril 2010
Storylab Editions
30 rue Lamarck, 75018 Paris
www.storylab.fr
Les ditions StoryLab proposent des fictions et des documents d'actualit lire en moins d'une heure sur smartphones, tablettes et liseuses. Des formats courts et in dits pour un nouveau plaisir de lire.

Table des mati res

Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Annexe: Rapport de police
Biographie
Chapitre 1
Je suis le seul skieur de biathlon que la Thaïlande n’ait jamais produit. Il n’y a, pour ainsi dire, pas de neige en Thaïlande. C’est pourquoi les skieurs sont plutôt rares. Des archives font mention de neige à Chiang Rai en 1955, mais je n’étais pas né. Alors, vous vous demandez comment ?

Je loge sur Rama 4, un grand boulevard au sud de Bangkok. C’est la fin de la mousson, le vent bruisse doucement dans les hévéas et les palmiers. Je suis assis sur un coussin posé dans le minuscule réduit qui me sert de chambre. Pourtant, je suis en pleine visualisation mentale d’une piste de biathlon, au cœur de la Scandinavie. C’est une technique que mon père m’a apprise pour travailler ma respiration. Il suffit de fermer les yeux et de respirer à pleins poumons : je survole les côtes et les pentes fondues dans la forêt de sapins élancés. Arrivé au sommet d’une crête, derrière la piste, je peux distinguer les gradins, les villages et encore derrière, une chaîne de montagnes majestueuses, bleu pâle, qui se dresse au-dessus de l’Occident.
J’arrive à voir tout ça juste sur le dos de mes paupières, alors que je suis dans cette piaule minable de Rama 4, avec deux loyers de retard, des ampoules qui pendent à nu du plafond, des blattes qui courent sur le plancher. Je me satisfais de peu. Pourtant, s’il y a bien une chose que je ne supporte pas, c’est de me faire interrompre alors que je travaille ma respiration. Voyez-vous, je mise tout sur la respiration. Beaucoup d’athlètes de biathlon sont de bons skieurs, mais ils sont souvent moins bons à l’épreuve du tir. Et le tir, c’est la respiration. Moi je skie moyennement, mais je suis imbattable sur le contrôle de la respiration. C’est très simple, si vous regardez une course de biathlon, celui qui gagne est rarement celui qui est le meilleur skieur de fond, mais souvent celui qui tire le mieux.
À ce moment de l’histoire, le téléphone sonne et fout en l’air tout mon travail sur la respiration :
« Tham-boon ?
— Qui est à l’appareil ?
— Je suis bien chez Tham-boon ?
— Qui est à l’appareil !?
— Bon… C’est bien toi alors… Petite tantouze ! Regarde-moi cette petite tantouze qui n’ose même pas répondre par son nom au téléphone. Petite tantouze…
— On se connaît ?
— On se connaît ? Non, on ne se connaît pas, bien sûr que non ! Je préférerais pourrir dans une fosse commune plutôt que de connaître une tantouze emmanchée de ton genre !
— J’étais en train de travailler ma respiration, alors si…
— Ta gueule ! Bon, je suis un ami de Mikee. Mikee m’a dit qu’il connaissait un type qui pouvait m’aider. Il m’a bien prévenu que ce type était une pédale, mais… Bref, je lui ai dit que je cherchais quelqu’un pour un boulot un peu spécial. Je lui ai dit que je voulais un mec avec du doigté. Pas le dernier des cons, tu vois… Pas quelqu’un de franchement qualifié non plus, mais pas le dernier des cons. Il m’a dit qu’il connaissait le fils d’un copain à lui qui était un athlète raté. "Une pédale", il m’a dit. »

Mon père m’a appris à skier sur une plage. La neige et le sable ont ceci de comparable : une surface meuble et glissante. Mon père était ami avec Mikee. À l’époque, Mikee était agent d’entretien à l’aéroport de Bangkok. Mikee avait perdu dix mille baths contre mon père en pariant sur un match de boxe thaïlandaise. Mikee n’avait pas les dix mille baths, mais il était en possession d’une paire de skis de fond qu’un touriste en transit avait égarée. Mikee l’avait volée alors qu’il nettoyait la salle des objets perdus de l’aéroport. Et mon père s’était dit qu’il valait mieux avoir une paire de skis de fond qu’une reconnaissance de dette de Mikee, autrement dit, rien du tout. J’avais donc appris à skier sur une plage, pas très loin de la maison où l’on habitait avec mon père.

« Bon, est-ce que tu as besoin de bosser, ou pas ?
— Je ne sais pas… Qu’est-ce que vous entendez par bosser ?
— Faire autre chose que de travailler ta respiration dans ta chambre minable, par exemple…
— Mais c’est que…
— Ta gueule ! Bon, le boulot est simple. Je veux la tête de David Carradine.
— La tête de…
— Ta gueule ! Je veux que tu dérouilles ce mec. Paraît que t’es un sportif avec un fusil. Et que tu sais tirer. Je veux que tu tires dans la tête de cette face de cul de David Carradine.
— Je crois que vous vous adressez à la mauvaise personne, je suis un biathlète de haut niveau, pas un tueur à gage !
— C’est bien ce que Mikee m’avait dit… Une pédale… Mais une pédale fauchée d’après ce que je sais… Écoute-moi, si tu fais ce que je te dis, et que ça se passe bien, je te file cent mille baths.
— Cent mille baths ?
— Oui, c’est ce que j’ai dit.
— Pour tuer ce type ?
— Oui… Pour dérouiller ce type. Il est à Bangkok, en tournage sur une de ses saloperies de film. Il a une chambre à l’hôtel Nai Lert Park. Tu as trois jours pour défoncer cette tête de cul. Il y a déjà vingt mille baths qui t’attendent dans ta boîte aux lettres.
— Vingt mille… »
Je ferme les yeux et je visualise les vingt mille baths. J’essaye de voir l’épaisseur que pourrait avoir la liasse. Je me demande si tout ça est à l’intérieur d’une enveloppe de papier kraft, ou bien jeté en vrac dans ma boîte aux lettres. Ça doit être dans une enveloppe, pas forcément en kraft, mais dans une enveloppe. Tout ça bien compact et qui sent le neuf, le fraîchement imprimé. Et c’est déjà plus que ce que je peux espérer gagner en une année de compétition.
« J’ai une question.
— Alors pose-la !
— Pourquoi est-ce que vous voulez la peau de David Carradine ?
— Hum… C’est une histoire assez embarrassante. Assez personnelle aussi. D’un côté, il doit du fric, de l’autre, il y a une femme avec qui il baise. Pas de la simple baise, mais des trucs tordus, avec des cintres et des lanières en cuir. Vraiment tordus…
— Et alors ? Vous voulez le tuer parce qu’il fait des trucs bizarres au lit ?
— Non… Aussi parce qu’il doit du fric et… Et cette femme avec qui il… hum… Enfin bref… c’est ma femme, voilà.
— Ah…
— Assez embarrassant… Je veux rayer ce type du tableau, tu vois ?
— Oui, je crois bien que je vois. »

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents