Les étoiles de Noss Head : 4 - Origines (1ère partie)
176 pages
Français

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Les étoiles de Noss Head : 4 - Origines (1ère partie) , livre ebook

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Description

Chaque fois que je croyais que notre vie était cousue de fil blanc, Leith et moi devions faire face à une nouvelle adversité, une nouvelle attaque. J'en venais à me demander si, un jour, nous goûterions à la paix à laquelle nous aspirions. Personne ne mesure l'immensité de sa chance quand il affirme que son existence est monotone. Personne. Aux innocents les mains pleines...C'est ce qu'on dit. Mais moi, je n'étais plus innocente du tout. Alors que me réserverait le destin, cette fois-ci ? Que me volerait-il ? J'en avais une vague idée. J'allais devoir me préparer au pire.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 27 février 2016
Nombre de lectures 18
EAN13 9782365381383
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0250€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Les étoiles de Noss Head
4 – Origines (1e partie)
Sophie JOMAIN
 
www.rebelleeditions.com  
Note de l’auteure
Pour les besoins de l’histoire, il m’est arrivé de présenter des lieux qui n’existent pas à St Andrews, ou d’en décrire d’autres, comprenant quelques détails de mon imagination. Merci aux lecteurs, aux habitants et étudiants de St Andrews de bien vouloir m’en excuser. De la même manière, si la montagne de Ben Hope abrite un certain nombre de grottes, il n’est pas avéré que celles-ci soient fréquentées à l’année, et encore moins aménagées d’habitations troglodytes.
Prologue
J’étouffais.
Si j’avais pu m’exiler au fin fond de l’Écosse, je l’aurais fait. Me retrouver seule avec moi-même, réfléchir, reprendre des forces, j’en avais besoin, mais tout cela m’était strictement interdit. Interdit, jusqu’à ce que toute cette histoire soit terminée. Et après, en ressortirais-je seulement plus apaisée ? J’en doutais. Car plus les mois passaient et plus je devenais une créature que l’angoisse de l’avenir faisait trembler. Tout le temps.
Oui, l’avenir me faisait peur. Il me tétanisait. Qu’y verrais-je ? Qu’apprendrais-je ? À quoi devrais-je renoncer, moi aussi ? On abandonne toujours quelque chose derrière soi, c’est inévitable. Étais-je seulement prête pour ça ? Tôt ou tard, la vie reprendrait son cours, j’en étais certaine, mais elle ne serait plus jamais la même, plus aussi normale qu’avant. Accepterais-je alors mon destin, la tête haute, le torse bombé ?
Je n’arrivais toujours pas à comprendre comment tout avait commencé, mais je savais au moins une chose : je serais encore debout quand tout finirait.
Je m’en fis la promesse.
1
J’étais presque sûre à cent pour cent que Darius n’était pas dans son assiette. Il pouvait toujours dire que tout allait bien, je le connaissais suffisamment pour être convaincue du contraire. Cela faisait des jours qu’il était dans cet état, le regard vide, les lèvres pincées, il me rappelait ces fois où, lorsque j’étais encore un Ange Noir, il n’avait aucune prise sur ma tristesse. Ça le rongeait de l’intérieur, l’anéantissait presque.
Je le détaillais discrètement depuis dix bonnes minutes, attendant le moment propice pour lui demander enfin ce qui le travaillait, le moment où nous serions seuls. Mais j’aurais dû me souvenir que ces dernières semaines, obtenir un tête-à-tête avec lui se révélait impossible. Ce qui était valable pour n’importe lequel d’entre nous. Il me semblait que Darius le faisait exprès. Il avait toujours quelque chose à gérer avec le Cercle, avec ses frères, ou à la fac, un peu comme s’il se forçait à occuper son temps par tous les moyens, évitant ainsi qu’on lui pose trop de questions. Je commençais à sérieusement m’inquiéter.
— Je suis fatigué, lâcha-t-il soudain.
Grigore et moi levâmes franchement les yeux sur lui.
C’était la première fois que je l’entendais émettre une plainte pareille. Par nature, Darius n’était jamais fatigué.
— Je suis las de tout ceci.
D’un geste de la main, il embrassa le bâtiment universitaire, ainsi que la cour de l’horloge dans laquelle nous étions installés, sur les bancs, comme souvent.
— Je veux tout arrêter.
— Arrêter quoi ? l’interrogea Grigore.
— Cette éternelle répétition. Je suis ici depuis des siècles, j’en ai assez.
Si mon sang ne se figea pas dans mes veines, c’est uniquement parce que je compris qu’il ne faisait nullement référence à la mort, mais à la vie qu’il menait. Darius changeait de visage régulièrement afin de pouvoir rester à St Andrews. Il était arrivé ici autour de 1410 et prendre une autre apparence, c’était un truc qu’il avait dû faire un nombre incalculable de fois. Cependant, depuis notre rencontre, il ne m’avait jamais donné l’impression de s’être lassé de cette situation. Le voir subitement morne et éteint me rendit triste bien au-delà des mots, pourtant, je n’en dis rien.
Par habitude, lorsque le vent souffla, je remontai le col de ma veste pour me protéger du vent. On était mi-janvier. Avec une température de moins cinq degrés et de gros nuages dans le ciel, la pluie ne tarderait pas à arriver.
— Besoin de vacances, détermina nonchalamment Grigore en époussetant son jean. Wick est un endroit sympa, tu devrais y retourner.
L’allusion me fit sourire. Grigore et moi étions manifestement du même avis : Gwen n’était pas étrangère à la morosité de Darius. Quelques mois plus tôt, elle était rentrée à Wick pour s’occuper de sa boutique et elle lui manquait sévèrement. Ils se voyaient trop peu.
Darius gronda sourdement.
— Ce n’est pas des vacances, que je veux, mais une autre vie ! Je vais faire un tour !
Sur ces mots, il se leva et partit d’un pas précipité en direction du portail principal. Par réflexe, je bondis sur mes pieds dans l’intention de le rattraper, Grigore me retint par le poignet.
— Laisse-le. Il doit prendre une décision et il le sait.
— Je ne l’ai jamais vu aussi abattu.
Grigore se frotta la mâchoire en un signe de crispation.
— Moi non plus.
— L’absence de Gwen est-elle vraiment en cause ?
Nos regards échangèrent la même inquiétude, ce qui me poussa à me rasseoir.
— Oui et non.
— Tu développes ?
Il croisa les bras sur sa poitrine et pinça les lèvres une ou deux secondes avant de soupirer.
— Il tient à elle, bien plus qu’il ne veut l’admettre. Il a besoin de sa compagnie.
— Mais ?
— Mais il a déjà donné son cœur une fois.
Je haussai les épaules d’un air blasé.
— De quoi a-t-il peur ?
— D’oublier Julia.
Je fronçai les sourcils tout en me grattant le front.
— Et c’est ce pour quoi il souhaite quitter St Andrews, parce qu’il a peur de l’oublier ? Le paradoxe est plutôt étrange, tu ne trouves pas ?
Grigore sourit.
— Je crois au contraire qu’il s’imagine que partir de St Andrews reviendrait à faire une croix définitive sur ce qu’il a vécu avec Julia. Mais s’il reste ici…
— Il ne s’engage pas avec Gwen. Pour autant, il aimerait être avec elle, non ?
Il acquiesça, fataliste.
— Sommes-nous vraiment en train de parler de Darius ? m’amusai-je presque.
Il ne m’avait jamais semblé que les histoires de cœur étaient ce qui travaillait le plus Darius. D’autant que lorsqu’il avait entrepris cette aventure avec Gwen, il avait donné l’impression de vouloir vivre sereinement cette nouvelle chance d’être intimement lié à quelqu’un. Mais il s’agissait de Julia. Sa Julia…
Grigore se racla la gorge.
— Écoute, il a définitivement besoin de changer d’air, il en est totalement conscient. C’est sérieux. Avant de te rencontrer, l’idée lui avait déjà effleuré l’esprit. Aujourd’hui, sa relation avec Gwen l’y incite un peu plus.
— Alors, qu’il le fasse !
Je serais sans doute monstrueusement déboussolée de ne plus l’avoir près de moi, mais si c’était ce qu’il désirait, je l’y encouragerais de toutes mes forces. Nul ne méritait plus que Darius de connaître la paix, et aux côtés de Gwen, quoi qu’il en dise, il semblait heureux.
— Je t’ai expliqué ce qui le retenait.
Je poussai un long et profond soupir.
— Qu’on ne vienne plus me raconter que les femmes sont compliquées !
— Ce n’est pas moi qui l’affirmerai, gamine. Elles sont juste indéchiffrables et j’aime ça.
Je souris en l’entendant rouler les « r ».
Même en ma présence, alors que je savais pertinemment que ce n’était que du vernis, Grigore n’avait pas perdu l’habitude d’appuyer sur son vieil accent roumain. Il ne faisait aucun doute qu’il avait parfaitement conscience du côté sexy que ça lui donnait.
— Que peut-on faire ? demandai-je très sérieusement.
— Rien. Ça doit venir de lui. Il est des souffrances qu’il faut exorciser soi-même, Hannah.
Je l’observai un instant sans rien dire, plongeant dans le bleu de ses yeux pour y puiser quelque v

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