Les Larmes d Adam
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Les Larmes d'Adam , livre ebook

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Description

Pour son premier roman, Robert Maltais nous plonge dans l’univers clos de l’abbaye cistercienne de La Ferté en France. Le Québécois Gilbert Fortin, alias Dom Gilbert, n’a pas la foi mais dirige tout de même cette abbaye depuis six ans. Paradoxal ? Attendez de lire la suite car il y est aussi question d’un jeune novice ayant un don qui pourrait se monnayer et d’un maître des novices qui aime désespérément Satan.Personnages bigarrés, écriture alerte, métaphore biblique, Robert Maltais frappe un grand coup avec ce roman où le cynisme côtoie allègrement les voies impénétrables du Seigneur…À plus de 50 ans et à la tête de 40 hommes, Dom Gilbert dirige l’abbaye cistercienne de La Ferté malgré son absence de foi. Gilbert Fortin, car c’est son vrai nom, a la situation bien en main. La dissimulation, c’est son affaire et aucun scrupule ne peut le contraindre à agir autrement. Mais voilà qu’il est pris d’un mal subit qui le conduit à l’hôpital. Les médecins ne donnent pas cher de sa vie. Une guérison miraculeuse survient. Serait-ce l’œuvre du jeune novice Ouriel ? En l’absence du père abbé, ce dernier est livré en pâture au vindicatif frère Jean-Daniel, qui voudra lui faire un mauvais parti. La presse écrite s’en mêle et bientôt ce sont les caméras de télévision qui vont s’intéresser au phénomène de La Ferté. Quant à notre miraculé, il ne reste pas insensible aux charmes de l’infirmière qui le lui rend bien. Est-ce le monde à l’envers ? ou est-ce plutôt le sentiment humain qui se perpétue et ce, depuis l’épisode du jardin d’Éden ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 05 février 2013
Nombre de lectures 1
EAN13 9782764419298
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0550€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Littérature d’Amérique

Données de catalogage avant publication (Canada)
 
Maltais, Robert
Les Larmes d’Adam
(Littérature d’Amérique)
9782764419298
I. Titre. II. Collection : Collection Littérature d’Amérique.
PS8626.A47L37 2004 C843’.6 C2004-940796-1
PS9626.A47L37 2004


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Dépôt légal : 2 e trimestre 2004 Bibliothèque nationale du Québec Bibliothèque nationale du Canada
 
Mise en pages : André Vallée Révision linguistique : Diane Martin
 
Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés
 
©2004 Éditions Québec Amérique inc.
www.quebec-amerique.com
Sommaire
Page de titre Page de Copyright Epigraphe Dedicace 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 Note de l’auteur Remerciements Robert Maltais Les Larmes d’Adam
J’avais dit : « Les ténèbres m’écrasent ! » Mais la nuit devient lumière autour de moi. Même la ténèbre pour toi n’est pas ténèbre, Et la nuit comme le jour est lumière !
 
Psaume 138
à François et Garance
Il avait froid.
— Qu’est-ce que j’ai oublié ?
La pluie tombait sur ses joues sous un ciel sans nuages. Pour la première fois, Adam pleurait.
C’était donc vrai; la vie finissait.
Son fils Caïn, vaincu par une force rouge, était tombé sur son frère en hurlant.
Dieu avait aimé la prière d’Abel et pas la sienne.
Caïn avait frappé, frappé Abel.
Il voulait monter en flammes, lui aussi.
Abel s’était éteint.
 
Stupide, Adam se tenait tout près du petit tas de chairs refroidies.
Les entrailles de la terre buvaient le sang d’Abel.
Du ventre de la femme, le hurlement s’enflait. Le cri sauvage allait frapper le ciel et revenait les déchirer.
Ève non plus ne comprenait pas. Le soleil ne réchauffait plus rien.
Sous le crâne de Caïn, les mots se battaient.
— Dieu ne m’a jamais aimé et c’est moi qui vis. La force en moi est bien la plus grande. Je suis sale et dangereux ; terrible et tout-puissant. Tu ne me tueras pas.
La rage tellurique le dévorait.
— Maintenant, c’est moi qui brûle, Abel.
Debout sur la montagne, les bras tendus vers le ciel muet, Caïn ne cessait de durcir les poings. Pieds nus dans le sang d’Abel, Caïn ne sentait plus le vent, le soleil et la forte odeur de la terre.
Fini! Jamais plus il ne prierait.
 
Adam et Ève se détestaient. Ils ne savaient plus pourquoi ils étaient là. Ils ignoraient ce qu’ils faisaient ensemble. Il leur semblait qu’ailleurs, avant, c’était différent. Ils ne se souvenaient plus.
 
Adam voulait souvent la quitter. Son ventre l’y ramenait chaque fois. Une puissance immatérielle venait lui durcir la verge qui prenait toute seule la direction d’Ève. Il n’y avait qu’elle pour l’assouvir.
Quand il sentait s’animer le serpent dans ses reins, il perdait la tête. Il voyait avec d’autres yeux. Une tête de cobra vibrait entre ses hanches. Quand il ouvrait ses yeux rouges, Adam le cobra tendait une langue épaisse et bondissante vers le puits, dans la caverne, au milieu d’Ève. Il la frappait de rage et son plaisir était de la défoncer en serrant les mâchoires.
 
Ève le méprisait d’autant. Elle n’avait pas peur de lui. Il était tellement faible et bête. Il suffisait de le laisser s’agiter. Il retomberait sur son ventre, haletant et vaincu. Toujours déçu.
Non, Adam n’aimait pas Ève. Adam n’aimait plus. Il lui semblait qu’ailleurs, avant, il avait su quelque chose. Il ne s’y attardait pas. Il s’épuisait à vivre.
Jamais il n’avait senti ce qui lui arrivait devant le corps d’Abel. Même le hurlement de la femme, il croyait l’entendre au milieu de son ventre. C’était au-dessus des charbons rouges. Une absence gémissait. Comme si, dans le cœur du cobra et dans le sien, un gouffre mauve béait. On aurait dit le siège de sa déception.
 
Oui, il était toujours déçu, Adam, toujours vaincu par une attente trompée. Il était juste assez fin pour se savoir bête et assez bête pour se croire intelligent.
 
Ève était plus curieuse. Mais elle savait attendre. Sa force épousait la patience. Un jour, avant, elle pouvait avoir voulu précipiter les choses. Ce n’était même pas un souvenir. Elle avait dû rêver.
Devant le cadavre d’Abel, une autre peine montait. Il ne serait plus jamais là, le doux Abel. L’agneau qui paissait les brebis se vidait dans la glèbe.
Elle aussi sentait la pluie sur ses joues. Mais le ciel restait sec et muet.
 
Abel mort, Caïn inatteignable, Adam et Ève se retrouvaient en larmes au bord du trou violet.
 
D’abord Abel ne comprit pas. Il se voyait en bas. Il n’avait plus peur.
— Qu’est-ce qui se passe ?
Un inconnu vêtu de blanc et de noir l’observait.
Dom Gilbert n’en revenait pas. Il se retrouvait sur les lieux du premier meurtre.
1
 
 
 
— Pour la sortie, suis le fil de chair. C’est le vivant. L’autre, le fil de lin, est un support.
Elle a un petit corps de danseuse.
Il peut maintenant entrer et sortir de la mort.
— Pour entrer, tu te laisses aller.
— C’est tout?
— Non. Tu te laisses aller avec confiance.
— Pourquoi m’as-tu appris ça ?
— Parce que tu acceptes Dieu, que tu acceptes de mourir et d’être un vieux. Tu traînes tellement de fils de lin que t’as de nouveau l’air d’un spermatozoïde.
— Je peux essayer de mourir et de revenir ?
— Oui, c’est ton heure. Suis le fil vert dans la lumière noire.
Dom Gilbert se laisse mourir. C’est facile ; il suffit de cesser de vivre et de passer dans le nuage. Il est tout de même surpris que ce ne soit que ça, la mort. Pour repasser dans la chair, il se laisse glisser dans le rayon.
— Je comprends ; c’est l’instant qui est éternel.
— Oui, peur de mourir ou peur de vivre, c’est toujours la mort.
La cloche sonne l’Angélus du soir.
Assis dans sa stalle, dom Gilbert ouvre les yeux et constate qu’il s’est endormi en méditant.
— Que c’est étrange ! On aurait vraiment dit que j’étais là !
Il conduit les frères au réfectoire, comme d’habitude.
Dom Gilbert est abbé de La Ferté depuis six ans. En 1968, les événements de mai l’avaient sorti de Paris. Au lieu de se joindre aux révolutionnaires du Quartier latin, il était parti en retraite dans un monastère. Féru d’histoire, il connaissait trop bien le processus pour ne pas savoir comment finirait la petite révolte.
Il avait choisi l’abbaye de La Ferté parce que les Cisterciens lui semblaient fous. Ils recréaient la vie médiévale en plein vingtième siècle. Ça l’amusait et l’intriguait.
Il était né à Montréal, à l’hôpital de la Miséricorde, de parents inconnus. C’est dans un orphelinat dirigé par une congrégation religieuse féminine qu’il avait grandi. Curieux, secret et intelligent, il s’était laissé conduire… puisqu’il ne pouvait pas diriger. L’aumônier de l’institution l’avait aidé à faire son cours classique. Il était passé directement du dortoir de l’orphelinat à celui du petit séminaire. Gilbert serait prêtre, évidemment.
Lui savait qu’il n’en était pas question, mais il ne le disait surtout pas. Quand il avait obtenu son baccalauréat ès arts, l’abbé Grenier lui avait trouvé un bienfaiteur. Il pourrait vivre agréablement pendant ses ann

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