Les larmes d'Aphrodite

Marion Perret

Description

Les Dieux sont cruels ! Et l’éternité paraît bien longue pour une immortelle qui tente de leur échapper. Abandonner les siens n'est qu'une solution temporaire...

Après des millénaires de fuite auprès des mortels, Aphrodite est de retour sur l’Olympe. La plus belle des Déesses va devoir faire face à de nombreux défis.

Manipulation, trahison, violence et amour... Aphrodite brave la colère de l’Olympe!

Sujets

• Romance
• Fantasy (canción de Mariah Carey)
• Fiction
• Fantasy
• Mythologie
• Contemporary
• Contemporary history

Informations

• Publié par: Editions du Saule
• Nombre de lectures: 21
• EAN13: 9782356770257
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Les larmes d’Aphrodite Tome 1 :

La colère de l’Olympe

© Éditions du Saule, 2019 Tous droits réservés – Reproduction interdite « Le Code de la propriété intellectuelle et artistique n’autorisant, aux termes des alinéas 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d’autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d’exemple et d’illustration, « toute représentation ou reproduction intégrale, ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite » (alinéa 1er de l’article L. 122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal. » Dépôt légal : Décembre 2019 ISBN 978-2-35677-025-7

Les larmes d’Aphrodite

Tome 1 : LaColèRe de l’Olympe

MaRion PEET

Éditions du Saule

À Xavier, Tu m’as fait comprendre que les plus belles histoires d’amour sont celles que l’on vit.

Prologue Il y a une éternité

Zeus m’emboîte le pas sur la plage, un sourire aux lèvres. Il est aussi heureux que moi de pouvoir passer quelques jours loin de l’Olympe. Ma sœur Amphitrite et Poséidon marchent derrière nous main dans la main. Ils se so nt mariés il y a quelques semaines et ils m’ont proposé de passer quelques jours avec eux sur l’île des Gorgones. J’ai hâte de rencontrer ces femmes, elles doivent ê tre fabuleuses ! Elles sont connues sur tout le pourtour de la mer Égée pour leur hospi talité. De nombreux bateaux chargés de matelots font escale ici chaque été. Méduse est la plus célèbre des trois sœurs. Beaucou p d’hommes séjournent ici rien que pour sa chevelure flamboyante et ses yeux émera ude. — Es-tu déjà venu ici, Papa ? je demande à Zeus. — Presque tous les étés. Le vent me fouette le visage et l’odeur du sel mari n emplit l’air. Au large, des voiles blanches flottent au vent. — C’est merveilleux ! — Tu as encore tant de choses à découvrir ma fille, tu es si jeune… Je me renfrogne, ça ne fait que quelques années que j’ai atteint l’âge de siéger au Conseil des Dieux. On me rabâche sans arrêt que je ne suis encore qu’une enfant. Notre petit groupe rejoint le centre de l’île, tapi ssé d’une prairie verdoyante. Ce havre de paix est surmonté d’un temple entouré de colonne s en marbre blanc. — C’est le temple d’Athéna. L’île est sous sa prote ction, m’informe Amphitrite. De loin, j’aperçois une silhouette gracieuse venir à notre rencontre. Sa robe verte flotte sous la brise légère et ses cheveux couleur de feu virevoltent autour de son visage. Méduse est indéniablement une beauté. Elle doit fai re chavirer bien des cœurs ! Elle s’approche, nous salue et adresse une profonde révérence à mon père. Puis, ses yeux olive se braquent sur Poséidon. Elle le dévisa ge avidement, peu soucieuse de la présence d’Amphitrite qui tient encore amoureusemen t la main de son époux. Poséidon, subjugué, oublie totalement la présence d e ma sœur. Il lâche brusquement sa main pour saisir celle de Méduse et y déposer un baiser. — Madame, c’est toujours un enchantement de venir v ous voir, susurre-t-il. Un sourire malicieux naît sur les lèvres de la Gorg one. Satisfaite d’avoir réussi à ferrer aussi facilement son poisson, elle bombe la poitrin e et s’éclaffe. Ce son nasillard me donne la chair de poule... — Je suis ravie que vous me rendiez visite, très Ch er ! Je fronce les sourcils. Pour qui se prend-elle ? Po séidon est marié à ma sœur. Deux autres dames se joignent à nous. Elles sont fo rt belles, l’une possède une chevelure blond cendré et l’autre noire de jais. El les accordent toute leur attention à Zeus, qui en profite pour embrasser à pleine bouche la blonde nommée Sthéno. Voilà qui ferait plaisir à Héra ! Euryale, la brune, n’est pa s en reste et elle s’accroche éperdument à son bras. Je n’en reviens pas. Les Gorgones ont décidé de met tre le grappin sur Zeus aussi. Je lève les yeux au ciel en me rendant compte que Posé idon est toujours focalisé sur le décolleté de Méduse. Il a déjà oublié Amphitrite... La colère commence à bouillir en moi. Je suis en va cances avec ma sœur. Hors de question de passer notre séjour à nous ronger les s angs pour des hommes qui ignorent notre présence ! De nombreux marins sont amarrés su r l’île. Il n’y a pas de raison pour que les garçons soient les seuls à s’amuser. J’ai b ien l’intention de nous trouver, à Amphitrite et moi, des humains décents pour nous di vertir ! J’ai hâte de me mêler aux humains. Une occasion comme celle-ci ne se représen tera pas de sitôt !

&’entraîne ma sœur loin d’eux pour découvrir l’île. Elle n’est pas très grande, mais bordée de plages de sable fin et d’une mer d’huile. À l’intérieur des terres, une prairie où paissent les bêtes envahit l’espace. À l’arrière du Temple d’Athéna se trouve une tavern e d’où sortent des effluves d’alcool et de nombreux cris. La pancarte branlante et rouil lée accrochée à la façade indique : « L’Homme de Pierre ». J’ai du mal à convaincre Amphitrite d’entrer dans c e tripot miteux. Ce n’est pas le genre d’endroit que nous avons l’habitude de fréquenter. — Viens ! On va s’amuser, je supplie en la tirant p ar le bras pour qu’elle me suive. — Il ne doit pas y avoir une seule femme là-dedans ! s’inquiète-t-elle. — Avec nous, il y en aura au moins deux ! Amphitrite soupire, exaspérée. Elle est loin d’être aussi curieuse que moi. Ma sœur est du genre à éviter les ennuis, alors que moi, j’y fo nce tête baissée. — Tu comptes rester là, assise dans l’herbe à atten dre, pendant que ton mari se fait la malle avec Méduse ? L’argument fait mouche. Amphitrite bondit sur ses pieds avec agacement et fonce vers la taverne. Je lui emboîte le pas, le sourire aux lèvres. Il est temps de s’am user ! La salle est pleine à craquer de matelots en état d ’ébriété avancé. Nous sommes invitées à de nombreuses tables et nous nous retrou vons aux premières loges d’une partie de dés endiablée. Amphitrite s’assied entre deux trentenaires. Il leu r manque quelques dents et un rasage de près, mais ils semblent sympathiques. Pour ma pa rt, je trône sur les genoux d’un garçon âgé d’une vingtaine d’années à peine. Il a t out du jeune premier, mais n’est pas avare de sourires. J’écume pinte après pinte, ris aux éclats, et oubli e totalement les partenaires de voyage qui nous ont lâchement abandonnées. Finie la colère contre Zeus et Poséidon pour nous avoir amenées dans leur garçonnière. Fini es les Gorgones et leurs simagrées… Place au divertissement ! Mon jeune matelot remporte la mise grâce à une main chanceuse. Je l’enlace et gonfle ma poitrine pour lui donner un aperçu de la vallée qui sillonne entre mes seins. Ravi de mon initiative, sa bouche effleure la mienne et un gémissement lui échappe. Des commentaires salés fusent, nous intimant de trouver une chambre. Au moment où nous nous levons pour nous isoler, je suis arrachée à ses bras. — Lâche-la, gamin ! Je pense tout d’abord qu’il s’agit de Zeus, qui ess aye de faire tant bien que mal son devoir paternel, mais je tombe nez à nez avec Poséi don. Je m’apprête à lui dire ma façon de penser, mais il se retourne déjà vers Amphitrite pour la houspiller méchamment : — Ne peux-tu donc pas la surveiller ? Tu l’entraîne s avec toi dans une taverne ! Est-ce une manière de se comporter pour une dame ? Je suis perplexe. Qu’il ait passé la journée à flir ter au nez et à la barbe de ma sœur ne pose aucun problème. Par contre, c’est le scandale dès que nous nous amusons un peu… Amphitrite éclate en sanglots. C’en est trop ! De q uel droit fait-il pleurer ma sœur ? Je me précipite vers Poséidon et le gifle avec toute l a force dont je suis capable. Quelques rires gras éclatent autour de nous. Les yeux bleus de Poséidon fondent sur moi et me co upent le souffle. — Allons discuter dehors, ordonne-t-il. Il me saisit le bras et m’entraîne vers la sortie à grandes enjambées. D’un geste de la tête, j’indique à Amphitrite de m’attendre là. Elle n’a pas besoin d’entendre cette conversation. Mon jeune matelot, qui a retrouvé ses esprits, nous suit. Son attitude indique

$lairement qu’il n’en a pas fini avec Poséidon. Il e st prêt à en découdre. Pense-t-il vraiment pouvoir se mesurer à lui ? Il e st si frêle face à cette montagne de muscles... Il est inconscient. — Laissez-la tranquille ! menace-t-il. Poséidon le dévisage. Un cyclone fait rage dans ses pupilles azurées. Le vent et les vagues se déchaînent, des nuages noirs envahissent le ciel. La tempête arrive... — Va chercher ton père et quitte immédiatement cett e île. Sinon toi et ton équipage mourrez sous mes flots ! gronde Poséidon. Comme pour accentuer sa menace, une bourrasque nous balaye tous les trois. Une peur irascible s’insinue sur le visage du jeune homme et il s’enfuit sans demander son reste. Implacable, Poséidon me dévisage. La colère froide obscurcit ses traits et me fait frémir. — N’as-tu donc rien trouvé de mieux qu’un puceau iv re pour te divertir ? — Tu es un mufle ! je réponds, indignée. Vexée, je lui tourne le dos et retourne vers la tav erne. Quel idiot ! Je n’ai pas encore franchi la porte que Poséidon me rattrape. — Ne sois pas fâchée. Tu vaux mieux que tous les Mo rtels de cette gargote… Il attrape ma main. J’ignore la douce chaleur qui i rradie le long de mon bras et le repousse. — Cesse de te conduire en oncle surprotecteur ! Blessé, il recule d’un pas. — C’est ce que je suis pour toi : un lointain paren t qui fourre son nez dans tes affaires ? — Tu es mon beau-frère. Ce que tu sembles avoir oub lié depuis que le décolleté de Méduse t’a fait de l’œil ! j’assène durement. Poséidon pâlit et ses traits se figent. — Je vais te laisser, dit-il avant de s’éloigner. J’observe quelques secondes ses larges épaules vout ées fuir dans la nuit noire, puis je me laisse tomber dans l’herbe, irritée. Plus je côt oie les hommes et plus ils me déçoivent ! Zeus et Poséidon ne font pas exception à la règle... Ce n’est pas la peine que je retourne dans la taverne : Amphitrite est surement allée se coucher pour noyer son chagrin et nos compagnons de jeu ont pris le large... Nerveuse et incapable de rester assise, je marche u n peu dans l’herbe humide. Mes pas me guident jusqu’au temple. Curieuse d’en décou vrir l’intérieur, je gravis les marches et y entre, pensant être seule. Je sursaute en ente ndant une voix résonner près de l’autel. En m’approchant discrètement, je reconnais Poséidon , agenouillé devant la statue d’Athéna. Je n’arrive pas à croire qu’il sollicite son aide... — Athéna, Déesse de Raison, je demande ton indulgen ce. Donne-moi la force de résister à la tentation. Donne-moi le courage de m’ éloigner d’elle et de sauver mon mariage, chuchote-t-il. Je m’apprête à sortir de ma cachette pour lui dire ma façon de penser, mais Méduse surgit de l’obscurité et me devance. Elle glisse le ntement jusqu’à lui et, arrivée à sa hauteur, noue ses mains autour de son cou. Poséidon se retourne, une brève lueur de déception traverse son regard. Méduse ne se découra ge pas et agrippe sa crinière châtain pour attirer son visage vers le sien. À mon grand regret, Poséidon se laisse faire docilement. Il a beau prier Athéna, il n’a pas rési sté bien longtemps ! J’observe, à la fois fascinée et horrifiée, le coup le s’allonger sur les marches de l’autel. Je songe à ma sœur et la colère prend le dessus. De rage, je convoque Athéna, ma meilleure ennemie. C’est son temple après tout ! Lorsqu’elle se matérialise à côté de moi, elle est contrariée. Je l’ai réveillée au milieu de la nuit. — Que veux-tu ? me demande-t-elle avec humeur.

? court de mots, je lui désigne le couple qui s’aime avec passion sur le marbre glacé du temple. Les pupilles d’Athéna flamboient. Elle s e précipite vers les amants et les sépare brutalement. Poséidon lève vers elle un rega rd d’excuses. Elle n’y accorde aucune attention. Sa fureur tout entière se déverse avec frénésie sur Méduse. Elle paye pour ses fautes et celles de Poséidon. — De quel droit oses-tu profaner mon Temple ? rugit Athéna. — Je suis navrée, gémit la Gorgone terrifiée. Je ne ... La Déesse ne lui laisse pas le temps de finir sa ph rase. — Tu es MA servante et tu oses souiller mon propre sanctuaire ? Athéna tend les bras vers les cieux et récite sa ma lédiction à voix haute : — Méduse ! Soyez maudites, toi et tes sœurs ! Plus aucun humain ne partagera votre vie. Les Dieux vous éviteront. Vos cœurs saigneront une éternité pour l’outrage que tu m’as fait ! Athéna se volatilise et le sol se met à trembler. U ne grande fissure s’ouvre dans le plafond et fracture le temple en deux. Horrifiée, j’observe Méduse se métamorphoser sous m es yeux. Ses cheveux roux disparaissent et des reptiles aux yeux jaunes s’élè vent au-dessus de sa tête. Des marins se ruent dans l’édifice pour savoir ce q u’il se passe. L’un d’eux s’approche de Méduse pour l’aider à sortir du temple. À l’inst ant où elle pose son regard sur lui, il s’immobilise et se fige. Tout son corps se statufie . Il ne reste du pauvre homme qu’une figure de granit. Bouleversée, je recule et trébuche sur un bloc de p ierre. Le temple tombe en ruines... Les hommes qui s’approchent de la Gorgone périssent les uns après les autres et des statues de pierre émergent de partout. Je pousse un hurlement de terreur lorsqu’une colonn e s’abat à quelques centimètres de moi. Il faut que je sorte de là ! Poséidon, qui m’a entendue brailler, surgit à mes côtés. Il s’agrippe à moi et m’entraîne vers l’extérieur à la hâte. Une fois dehors, à l’abri, je ne peux quitter le temple des yeux. Les cris d’agonie des Mortels continuent de faire frémir mes tympans. Je n’aurais pas dû me mêler des affaires de Poséido n... Tout est ma faute ! — Nous devons sauver ces pauvres gens ! je gémis, e n pleurs. — Nous ne pouvons plus rien pour eux, tranche Zeus. Il apparait à mes côtés. Livide, il observe le Temp le d’Athéna tomber en ruines. Amphitrite est avec lui, les cheveux en bataille. E lle a été tirée du lit. — On ne peut pas les laisser sur cette île de malhe ur ! Je suis furieuse contre mon impuissance. Furieuse d ’avoir entraîné tout ça... — Ils sont déjà tous perdus, répond Poséidon. Je dresse l’oreille, plus aucun son ne provient du temple. L’île s’est tue. Un éclair blanc fend le ciel. Deux chevaux ailés su rgissent du Temple et s’envolent dans les nuages avant de redescendre en piquée. Gra cieusement, ils se posent à côté de nous. Zeus caresse leur crinière blanche et tapo te leur encolure. Il monte sur le dos de l’un d’eux et installe Amphitrite derrière lui. — Nous devons partir. En route, Pégase ! ordonne-t-il. L’animal s’élève dans les airs immédiatement et dis paraît dans les nuages. Poséidon grimpe sur la croupe de l’autre cheval, pu is m’assied entre ses cuisses. Je me laisse faire sans broncher et pose mon visage tr empé de larmes sur son épaule. En sécurité entre ses bras, j’éponge ma culpabilité en silence. Les sabots de l’animal s’arrachent de terre. Je m’a grippe à sa crinière et me laisse bercer par le battement régulier de ses ailes. Direction l’Olympe...