Purgatoire
154 pages
Français

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Purgatoire , livre ebook

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Description

Il n’y a pas à dire, vivre en enfer n’est pas facile tous les jours. Heureusement, je ne suis pas seule pour y faire face. N’eût été ma mini copine Mimi qui manie la tronçonneuse avec tant de doigté, et Sandy que je considère maintenant comme ma fille, je ne serais probablement plus là à écrire ces lignes. Toutes deux, elles m’ont sauvé la vie.
Nous sommes conscients que le Diable veille toujours, et que l’un de ses serviteurs, cette sale brute d’Hogan, rôde dans les parages. Le salaud nous mène la vie dure, bien plus encore que les contaminés qui nous pourchassent pourtant sans arrêt pour nous dévorer. Il n’a qu’un but : semer la destruction au coeur de notre famille qui comptera bientôt de nouveaux membres. Il hante désormais mes cauchemars, et je sais que tôt ou tard, il remettra le pied dans ma réalité. Ce jour-là, il risque bien de donner tout son sens au terme apocalypse.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 08 avril 2020
Nombre de lectures 0
EAN13 9782898085185
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0300€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Copyright © 2013 Yvan Godbout
Copyright © 2013, 2020 Éditions AdA Inc.
Tous droits réservés. Aucune partie de ce livre ne peut être reproduite sous quelque forme que ce soit sans la permission écrite de l’éditeur, sauf dans le cas d’une critique littéraire.
Éditeur : François Doucet
Directeur de collection : Matthieu Fortin
Révision linguistique : Féminin pluriel
Correction d’épreuves : Carine Paradis, Catherine Vallée-Dumas, Matthieu Fortin
Conception de la couverture : Félix Bellerose
Photo de la couverture : © Gettyimages
ISBN papier 978-2-89808-516-1
ISBN PDF numérique : 978-2-89808-517-8
ISBN ePub : 978-2-89808-518-5
Première impression : 2020
Dépôt légal : 2020
Bibliothèque et Archives nationales du Québec
Bibliothèque Nationale du Canada
Éditions AdA Inc.
www.ada-inc.com
info@ada-inc.com

Participation de la SODEC.
Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada (FLC) pour nos activités d’édition.
Gouvernement du Québec — Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres — Gestion SODEC.
À ma maman, Christiane, ma grande sœur Danielle, et mon frère Marcel. Pour leur soutien, et leur amour inconditionnel.
PURGATOIRE
Vous êtes encore là à me lire ? C’est donc que vous êtes toujours vivants et que mon histoire vous intéresse toujours. Ou bien c’est tout ce qu’il vous reste à faire dans ce monde transformé en chaos. Je noircis des pages et des pages de mots qui racontent ce qu’est devenue ma vie à partir de ce matin funeste, en espérant que le monde, un jour, redevienne comme avant. Mais je ne me fais pas trop d’illusions. La fin est proche. Le monde est au bord du précipice, et nous allons tous finir par y sombrer, nous , les survivants. Il m’est étrange de savoir que cette vie est maintenant entre vos mains, alors que je suis probablement mort à ce moment même. Mort ou mort-vivant . Ou, je l’espère, même si les chances sont très minimes, tout simplement encore vivant .
Il y a un moment que je n’ai pas pris la plume pour poursuivre le récit de ma fuite et celle de mes amis. Les choses se sont plutôt bousculées, ces derniers temps, si je peux dire ça ainsi. Et le papier m’a manqué. Mais je me souviens de presque tout dans les moindres détails. Comprenez, la mémoire est presque tout ce qu’il me reste. De toute façon, comment aurais-je pu oublier tout ça ? L’enfer avait décidé d’étendre son territoire sur terre, et ses flammes emprisonnaient mes amis. L’église dans laquelle ils s’étaient réfugiés avait pris la forme d’un brasier géant. Il n’était pas question que je les abandonne à un si triste sort. Lorsque j’ai vu le diable sortir par la porte avant de l’église, je m’y suis aussitôt dirigé. Le feu rageait à l’intérieur. Je n’ai pas réfléchi. Je suis entré dans la maison de Dieu dévorée par les flammes.
***
La Vierge Marie gardait les bras levés au ciel alors que les flammes glissaient autour d’elle comme des serpents venimeux envoyés par le diable. Une fumée noire et opaque avalait à grandes goulées ce qui restait d’oxygène. Une chaleur extrême cherchait à me barrer la route tout en me repoussant vers les grandes portes. Il n’était pas question que j’abandonne. Plutôt mourir que de laisser Sandy et Mimi dans cet enfer incandescent.
J’avançais péniblement dans la grande allée centrale, suffoquant, les yeux à moitié fermés. Des larmes brûlantes coulaient sur mon visage sûrement noirci de suie. Un grand pan de mur se trouvant derrière les fonts baptismaux s’était écroulé, bloquant le passage vers la sacristie. J’espérais que personne ne s’y trouve. Je criais le nom de Sandy, mais aucun son ne franchissait mes lèvres. Je manquais d’air. De toute façon, le bruit infernal de l’incendie emplissait toute l’église. Si je ne les trouvais pas bientôt, j’allais mourir asphyxié ou bien grillé comme un poulet sur une broche.
J’arrivais enfin au bas des trois marches menant au chœur. Un lutrin était renversé, et une partition musicale était en train de flamber. Des do et des ré , suivis du reste de la gamme, s’envolaient en fumée. Derrière l’autel recouvert d’une épaisse couche de cendres grises, le Christ sur sa croix détournait son regard. Peut-être se sentait-il coupable de tout ce bordel. Chacun de mes pas était accompagné d’une généreuse quinte de toux. Moi qui n’avais jamais porté la moindre cigarette à mes lèvres, j’avais la désagréable impression d’être un incorrigible fumeur crachant ses poumons au petit matin. Catherine m’aurait sûrement tiré la pipe, elle qui fumait ses deux paquets par jour.
Malgré mes poumons qui s’asséchaient comme des pruneaux et une vision très embrumée, j’ai finalement atteint la porte qui me mènerait peut-être vers mes amis. Juste derrière, un escalier menait vers le clocher. Quelqu’un faisait tinter les cloches, et ce n’était pas l’affreux Hogan. Ce salaud avait préféré prendre la fuite. Il ne payait rien pour attendre. Un de ces jours, j’allais le retrouver, cet enfant de pute. J’en profiterais pour lui trancher la gorge. Mais ce suppôt de Satan allait devoir attendre. À cet instant, seuls comptaient mes deux amis et la petite Sandy.
J’ai refermé la porte derrière moi pour empêcher la fumée de pénétrer dans l’étroite cage d’escalier. Une à une, je gravis les marches, vidant mes poumons de cet air vicié et enfumé, les remplissant aussitôt d’oxygène presque potable. Tout au bout, la trappe donnant sur le clocher. Fermée. En poussant le lourd panneau, j’ai prié le ciel pour que ma petite soit de l’autre côté. Un vent tiède et le bruit étourdissant des cloches m’ont accueilli. L’aube pointait difficilement au travers des volutes noires. J’ai perçu un mouvement à ma droite. Une main s’est posée sur mon épaule, mais je n’ai pas sursauté. En fait, j’aurais presque pleuré. Paul se tenait devant moi, une peine immense dans ses grands yeux verts. Il était seul.
***
Nos retrouvailles ont été très brèves. Paul était monté là-haut, convaincu que j’étais toujours vivant quelque part et que le son des cloches parviendrait à attirer mon attention. Le reste des explications viendrait plus tard. Sandy et Mimi étaient enfermées au sous-sol, et c’est tout ce que j’avais besoin de savoir à ce moment. Nous sommes redescendus dans les entrailles fumantes de l’église transformée en gigantesque dragon. La fumée nous a pris aussitôt à la gorge. Le feu s’était intensifié, et les flammes s’attaquaient avec appétit aux longues rangées de bancs vides. La Vierge brûlait comme Jeanne sur son bûcher. Comme la peau d’un grand brûlé, sa peinture se craquelait et noircissait. La mère de Dieu se mourait.
J’ai cru voir Paul se signer alors que des larmes coulaient sur son visage. L’enfer avait pénétré son monde de paix et détruisait tout sur son passage. Impuissant, Paul ne pouvait plus rien faire pour l’en empêcher. Cette fois, Dieu semblait bien avoir pris congé. Nous allions donc être seuls pour tenter l’impossible : sortir vivants de ce lieu infernal, en compagnie de notre amie Mimi et de ma petite Sandy.
La chaleur environnante devenait un obstacle de taille. Je sentais les poils sur ma peau se dresser, comme de minuscules chenilles cherchant un peu d’air frais. J’étais en nage. De grosses gouttes de sueur brûlaient mes yeux, qui avaient déjà peine à voir. Paul avait retiré ses lunettes et semblait éprouver les mêmes difficultés. Mais nous tenions bon.
Nous avons emprunté l’allée étroite qui longeait les vitraux représentant le chemin de croix. La plupart d’entre eux avaient déjà éclaté en milliers de morceaux multicolores, mais quelques personnages figés résistaient toujours, leur visage illuminé par les flammes rougeoyantes. À notre droite, au cœur de la grande allée centrale, l’énorme lustre antique s’est effondré sur le sol dans un fracas de verre brisé. C’est à peine si nous avons levé les yeux. Nous étions trop près de la mort pour réagir. La balustrade du jubé situé tout au fond de l’église menaçait également de foutre le camp. La porte menant au sous-sol était située juste en dessous.
C’était le mom

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