Les zombis de la capitale
182 pages
Français

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Les zombis de la capitale , livre ebook

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Description

Les migrations permettent-elles vraiment d'atteindre le bonheur et de se réconcilier avec soi-même ? La "Zombitude", état de déréliction, d'errance fugitive et de perte identitaire, peut-elle servir de refuge contre la persécution des sorciers ? La voyage de notre héros, Melango, devient une sorte de renoncement au lieu des origines et à son identité. Parvenu à la "Terre promise", l'exilé est vite désillusionné. Inconnu, mal servi, il vagabonde et devient... un zombi.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2011
Nombre de lectures 52
EAN13 9782296802308
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Les zombis de la capitale
Encres Noires
Collection dirigée par Maguy Albet
et Emmanuelle Moysan
Dernières parutions
N°342, ROMEZ, La légende d’Ébamba , 2011.
N°341, N’do CISSÉ, Les cure-dents de Tombouctou , 2011.
N°340, Fantah Touré, Des nouvelles du sud , 2011.
N°339, Harouna-Rachid LY, Les Contes de Demmbayal-L’Hyène et Bodiel-Le-Lièvre , 2010.
N°338, Honorine NGOU, Afép, l’étrangleur-séducteur , 2010.
N°337, Katia MOUNTHAULT, Le cri du fleuve , 2010.
N°336, Hilaire SIKOUNMO, Au poteau , 2010.
N°335, Léonard MESSI, Minta , 2010.
N°334, Lottin WEKAPE, Je ne sifflerai pas deux fois , 2010.
N°333, Aboubacar Eros SISSOKO, Suicide collectif. Roman , 2010.
N°332, Aristote KAVUNGU, Une petite saison au Congo , 2009.
N°331, François BINGONO BINGONO, Evu sorcier. Nouvelles, 2009.
N°330, Sa’ah François GUIMATSIA, Maghegha’a Temi ou le tourbillon sans fin , 2009.
N°329, Georges MAVOUBA-SOKATE, De la bouche de ma mère , 2009.
N°328, Sadjina NADJIADOUM Athanase, Djass, le destin unique , 2009.
N°327, Brice Patrick NGABELLET, Le totem du roi , 2009.
N°326, Myriam TADESSÉ, L’instant d’un regard , 2009.
N°325, Masegabio NZANZU, Le jour de l’éternel. Chants et méditations , 2009.
N°324, Marcel NOUAGO NJEUKAM, Poto-poto phénix , 2009.
N°323, Abdi Ismaïl ABDI, Vents et semelles de sang , 2009.
N°322, Marcel MANGWANDA, Le porte-parole du président , 2009.
N°321, Matondo KUBU Turé, Vous êtes bien de ce pays. Un conte fou , 2009.
N°320, Oumou Cathy BEYE, Dakar des insurgés , 2009.
N°319, Kolyang Dina TAÏWE, Wanré le ressuscité , 2008.
N°318, Auguy MAKEY, Gabao news. Nouvelles , 2008.
N°317, Aurore COSTA, Perles de verre et cauris brisés , 2008.
N°316, Ouaga-Ballé DANAÏ, Pour qui souffle le Moutouki , 2008.
N°315, Rachid HACHI, La couronne de Négus , 2008.
N°314 Daniel MENGARA, Le chant des chimpanzés , 2008.
N°313 Chehem WATTA, Amours nomades. Bruxelles, Brumes et Brouillards, 2008.
N°312 Gabriel DANZI, Le bal des vampires, 2008.
R OMEZ


Les zombis de la capitale

Roman
© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-54294-5
EAN : 9782296542945
Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
Chapitre 1
C’était un matin. Un matin sombre, triste et frais, comme la plupart des jours du mois d’août. Un matin précédé d’une nuit pluvieuse, enragée et bavarde. Fugace, le vent, dans sa course folle, fouettait à son passage les branchages d’arbres avoisinants. Et résistant à sa course sauvage, les piquets des vérandas sifflaient des musiques discordantes. Toute la nuit durant, une pluie torrentielle projetait des balles qui venaient frapper militairement les toits de pailles. Les vieilles tôles ondulées poussaient des cris de détresse assourdissants. Les éclairs fendillaient le plateau obscur du firmament en dessinant des slaloms lumineux.
Le jour se levait timidement, bercé d’un vent frais, glacial. Surgi du ciel sombre, le tonnerre poussait les derniers rugissements, les derniers soupirs qui venaient conclure le concert de canons nocturnes qu’il faisait exploser comme des bombes : Nous sommes à Nièmeyong.
Au petit matin, vêtue d’accoutrement bigarré, opaque ici, voilé là, clair à l’horizon, la tête du ciel jouait au cache-cache, puis dévoilait vaillamment le faste des rayons solaires vivifiants. Peu à peu, le village retrouvait les remous habituels de ses occupants.
Depuis l’aurore, la forêt avoisinante verdoyant de fraîcheur, laissait filer entre les branchages, dans un bruit mou, le vent qui assèche la rosée matinale huilée sur des feuilles encore endormies. Des oisillons criards psalmodiaient la beauté du jour levant. De monts en vaux, la gent bêlarde et ailée, domestiques accoutumés, commençaient avec les porcs, leurs interminables déambulations.
Je sortis du lit, puis me plantai nonchalamment à la fenêtre, le regard perçant la forêt qui jouxtait le petit jardin de ma mère. Un peu rêveur, je regardais au loin, à l’horizon, le palétuvier géant dont les branchages hirsutes dressaient au sommet l’image d’un oiseau en plein vol comme un avion plané. La forme de cet oiseau imaginaire au court bec recourbé le rapprochait de l’épervier, prédateur qui déjoue la vigilance des villageois en venant happer les poussins en plein jour. J’ignore à quoi je pensais précisément durant ces instants de rêverie. En fait, je me sentais peu à mon aise habituelle.
Durant cette nuit longue et épaisse, je n’avais pu fermer l’œil. Je ne pouvais fermer l’œil. Et si j’étais resté éveillé, ce n’était pas à cause des salves de pluie qui n’étaient plus de force à prendre mon sommeil en otage. La tradition des tempêtes audacieuses et des pluies ininterrompues avait fini par me rendre insensible aux caprices du ciel. Pas plus que ce n’était à cause des gouttes de pluie qui, éventrant les feuilles de tôles lézardées de ma chambre, venaient se dissoudre sur mon corps flasque.
La toiture, vieille de je ne sais combien de saisons, s’affaissait peu à peu. Mon père avait planté un étai au centre de ma chambre pour redresser la pente. De temps à temps, j’ajustais ce support précaire qui déviait à peine la trajectoire de l’eau ruisselante sans me mettre tout à fait à l’abri des crues.
Chaque fois que la pluie s’annonçait, que le ciel devenait noir, je savais que j’allais en payer les frais. Que j’allais prendre sur moi une part des larmes du ciel. Une quittance lourde que le sort me faisait payer sans trop savoir pourquoi. C’était toujours comme ça.
En vérité, je n’avais pas dormi pour une raison plus grave : Je voulais partir. Partir de Nièmeyong. Oui, partir. Quitter mon village. La terre où je suis né. Où j’avais grandi. Rompre avec la routine qui m’avait rendu habile à la chasse et à la pêche, robuste dans les travaux des champs, de vannerie et dans l’art de la parole. La parole traditionnelle. Au corps de garde, notre "Abê", la case commune des villageois, j’ai tout appris. "Abê" est pour les villageois ce que l’école occidentale est aux élèves. Le lieu d’instruction, de formation et d’acquisition de la sagesse.
Nièmeyong m’a appris à conter, à dire, à puiser dans le verbe fondateur la puissance magique qui donne forme aux choses abstraites. L’art du dire m’a conféré un statut de dignitaire. Avait-on besoin de ceci ? On m’appelait. Voulait-on se débarrasser de cela ? Moi seul pouvais mieux le faire. Toute mon âme est pétrie aux formes et aux rites des traditions. Pour une réputation si bien établie, l’idée de partir paraissait extravagante.
Mais ma décision, ferme, ne me lâchait pas d’un pouce. J’avais assez servi Nièmeyong, assez servi à Nièmeyong. Il était temps de renoncer à ces honneurs pastoraux, factices. A ces obscures gloires. Couper le cordon ombilical qui me lie au sol enchanté du village devenu un lieu de damnation, de périls. Un lieu carcéral. Un chemin de Croix. Le couper à la machette, à la pioche ou à la hache, peu importe. Le couper quand même une fois pour toutes. Et tant pis !
Dans sa prime enfance, Afane, un frère du village, avait souffert, raconte-t-on, d’une maladie sans nom qui le paralysait et le gardait interdit de mouvement. Ses membres inférieurs paraissaient atrophiés. Hémiplégie ? Paraplégie ? Je puis le dire. On le soulevait pour le conduire à la maison. Il ne se rappelle plus lui-même ce qu’il ressentait. Toujours est-il que cette maladie avait failli le laisser perclus à vie. Il devait avoir, je crois, cinq ou six ans.
Convaincu que ce mal était l’œuvre des sorciers, son père menaça ces derniers de représailles. Ce matin, le corps de garde était plein à craquer d’hommes. Le père d’Afane parlait dans la cour. Il invectivait les sorciers. Au sort de son fils, il ajoutait les échecs scolaires des enfants, la stérilité des jeunes filles, les avortements involontaires, le sort des plantations de moins en moins productives etc. les maux qu’il égrenait représentait chacun une intention qu’il achevait en soufflant dans une petite corne d’antilope et en ordonnant à la mort d’emporter le coupable. C’est un rituel courant à Nièmeyong. On l

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