Livia
177 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
177 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Après s’être parfaitement intégrés à la société aixoise, Judith et Paolo, jeune couple italien, font venir en France, leur petite fille Livia. Dès son entrée à l’école, l’enfant s’est révélé avoir une intelligence hors-norme. Elle voue une véritable passion à la couture et au dessin. L’apprentie couturière deviendra rapidement une des personnalités qui compte dans le club fermé de la haute couture européenne. Sa fidélité en amitié l’aidera à créer un empire de la mode et à se retrouver en paix avec son passé.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 28 avril 2020
Nombre de lectures 2
EAN13 9791029010538
Langue Français

Extrait

Livia
Yves Rossetto
Livia
Roman
Les Éditions Chapitre.com
13, rue du Val de Marne 75013 Paris
© Les Éditions Chapitre.com, 2020
ISBN : 979-10-290-1053-8
À mes huit de cœur.
Mais je demande en vain quelques moments
Le temps m’échappe et fuit ;
Je dis à cette nuit : sois plus lente ;
et l’aurore va dissiper la nuit.

Le lac, Alphonse de Lamartine (1790-1869)
Chapitre 1
Dimanche 23 septembre 1928
En ce mois de septembre, comme tous les week-ends depuis la fin de la guerre, les Aixois aiment flâner sur les bords du lac, cher à Lamartine. Le temps est toujours beau, mais les fortes températures ont disparu avec les derniers jours de l’été.
Assis sur la grève, Judith et Paolo rêvent en regardant les montagnes se refléter dans l’eau. Les vaguelettes, en un léger clapot, viennent lécher la rive. La douce chaleur de cette fin d’après-midi les invite à la torpeur.
Paolo se rappelle ce jour d’avril quand sa vie a basculé, il y a maintenant presque six ans, lorsqu’il rencontra Judith.
C’était un samedi matin, il s’en souvient bien, car chaque semaine, il avait l’habitude d’aller au marché avec sa femme Gloria. Après une dispute, comme à l’accoutumée, il avait décidé de partir seul, faire ses achats. Il se revoit fermer la porte d’entrée en la claquant et en jurant qu’il ne reviendrait pas. Ils habitaient Vérone, la ville de Roméo et Juliette, des Capulet et des Montaigu. Cette belle cité où serpente l’Adige. Il longea les arènes, et se mit à rêver à ces folles années où le peuple se retrouvait là pour assister à toutes sortes de spectacles. Il continua vers la piazza delle erbe, lieu sanctuarisé pour le marché de la ville. Il flânait tranquillement entre les étals qui regorgeaient de fruits bien mûrs et de légumes du terroir. Tout ce mélange de couleurs annonçait le printemps. Il entendit, pas très loin de lui, quelqu’un pousser un cri de douleur. Il s’approcha de l’endroit où il pensait que se situait la source et aperçut une jeune femme en pleurs, étendue à terre. Il alla vers elle et lui demanda gentiment s’il pouvait lui être utile. Elle lui répondit qu’elle venait de se fouler la cheville en glissant sur des feuilles de salade, restées au sol. Il l’aida à se relever et c’est là que tout a commencé…
Paolo n’avait jamais confié à personne que la relation qu’il avait alors avec son épouse était vraiment très compliquée. À l’origine, c’était sur un pari fait avec ses amis de l’époque qu’il avait séduit Gloria. C’était une très belle fille. Elle était grande, avec un port de tête altier, une silhouette de rêve. Elle comptait parmi les plus jolies femmes de la ville et semblait inatteignable à tout homme dit « normal ». Pierre et François, ses compères, avaient décidé de lui payer deux places de cinéma s’il lui donnait simplement un baiser et cela sous un délai d’un mois maximum. Il avait trouvé l’affaire intéressante, son orgueil aidant, il avait relevé le défi. Il s’était attelé à lui faire une cour sans répit pendant une quinzaine de jours. Chaque fin de matinée, il venait chez elle pour lui offrir des fleurs. Au début, elle n’en voulait pas et ne le regardait même pas, jusqu’au jour où il avait mangé le bouquet devant elle. Elle fut très surprise ce qui lui déclencha un immense fou rire. Elle le fixa et lui demanda s’il n’était pas un peu idiot ; ceci rompit la glace. Il avait alors profité de ce contexte favorable pour l’accompagner lorsqu’elle faisait ses courses, lui porter son cabas, et enfin un soir, il l’avait embrassée. Il avait réussi, mais sa fierté lui intimait de vraiment la conquérir. Les jours qui suivirent, ils se retrouvèrent pour des moments plus intimes. Il avait gagné son pari et ses copains lui avaient payé le cinéma. La suite fut moins gaie pour lui, car cette séance a duré beaucoup plus longtemps que prévu.
Très rapidement, Gloria s’était retrouvée enceinte et il n’eut pas d’autres choix que de l’épouser. Ils se marièrent dans l’église de Maerne, proche de Venise, le village des parents de Gloria. Peu de monde était venu assister à la bénédiction. Sa famille avait refusé, car elle connaissait l’histoire du pari. Seuls les parents de Gloria et deux de ses amis étaient présents.
Cela a été probablement un des jours les plus tristes de sa vie. La cérémonie n’a pas duré plus d’une demi-heure et l’atmosphère était pesante dans la petite église. Il avait évité d’embrasser la mariée. Ils étaient repartis le soir même pour Vérone, non pas en se câlinant, mais en se disputant. Quelle journée ! Dès ce soir-là, ils se sont couchés chacun de leur côté, elle dans la chambre, lui sur le canapé.
Les mois ont passé, il travaillait pour un bottier de Vicence et devenait de plus en plus un professionnel confirmé de la cordonnerie, Gloria comme modiste avenue Christophe Collomb à Vérone. Ils vivaient ainsi depuis deux mois quand elle fit une fausse couche. Il aurait pu en profiter pour la quitter, mais en Italie, le divorce était impossible. Il est donc resté prisonnier de son mariage. Tout doucement au fil des jours, il s’est rapproché d’elle jusqu’à faire lit commun. La vie a repris alors son train-train quotidien : de joies, de peines, et surtout de querelles.
C’est à la suite d’une d’elles qu’il était parti au marché, tout seul.
Paolo réfléchit à haute voix et dit à Judith :
– Je bénis cette journée où je t’ai rencontré.
Cette intervention impromptue dans le calme qui règne au bord de l’eau la surprend :
– Tu penses que c’est une bénédiction. Vraiment…
– Oui, je n’aurais pas pu vivre sans toi. Quand ton regard a croisé le mien, j’ai ressenti une attirance immédiate. J’aurais fait n’importe quoi pour rester là !
– Mais, tu as peut-être fait n’importe quoi !
Il se remémore cet instant magique.
Il aida Judith à se remettre sur pieds et lui servit de béquilles jusqu’à la trattoria voisine, où elle travaillait. Ils avançaient en clopinant le long des étals avec beaucoup de difficultés pour se frayer un passage au sein de la foule. Arrivée, elle le remercia, l’embrassa sur la joue et disparut en sautillant entre les tables.
Ce n’était pas grand-chose, ils n’avaient échangé que quelques mots, mais pour lui c’était évident. Sa vie venait de changer ; ce qu’il attendait depuis des mois était en train de se produire. La rencontre !
Il était rentré chez lui comme si de rien n’était, le panier chargé de légumes et de fruits. Il s’était mis à l’aise, avait revêtu son grand tablier noir de cuisine, et s’était installé au fourneau. C’était pour lui, la seule échappatoire qu’il avait trouvée pour les week-ends. Pendant qu’il cuisinait, sa femme ne venait pas l’agacer et il avait tout le temps pour penser à cette belle rencontre et comment il ferait pour revoir la jeune fille.
Gloria n’était pas particulièrement désagréable. Elle s’était habituée à ces disputes qui rythmaient désormais leur vie. Elle savait que celui qu’elle avait épousé ne l’aimait pas autant qu’elle l’aurait souhaité, mais il était un être droit et il la respectait. En ces périodes difficiles que vivait l’Italie, il était important d’avoir un foyer avec un homme qui rapportait une paye à la maison, pour avoir ainsi une existence assez agréable. Son Paolo progressait professionnellement et était en passe de devenir un des meilleurs bottiers de la région. Il lui fabriquait ses propres souliers avec les plus beaux cuirs. Tout ça, pour elle, avait de l’importance et valait bien quelques sacrifices, voir des disputes épisodiques. Le temps ferait son office et ils se rapprocheraient certainement de plus en plus, peut-être en viendraient-ils à s’aimer vraiment.
Dans les jours qui suivirent, aucune querelle n’eut lieu. Gloria se confortait dans son espoir d’un avenir plus radieux et par contre Paolo cherchait un moyen de rentrer en contact avec la belle jeune fille du marché. Il savait où elle travaillait et c’était déjà un point positif. Elle était cuisinière, donc soumise à deux services, à des horaires contraignants, mais aussi totalement différents des siens. Il restait à organiser son départ de la maison

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents