Manon, bien sous tous rapports, sauf
136 pages
Français

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Description

Un polar de première main écrit au premier sens du terme par son héroïne dont le doigté professionnel, la conduit à s’étendre sur des thèmes de société pour mieux les résoudre à sa manière.
Cette professionnelle de santé va au bout de sa logique meurtrière au bénéfice des victimes et mène en amazone une chevauchée fantastique à double titre contre les hommes et parfois tout contre pour parodier Sacha Guitry à tel point que rien ne la sépare d’eux, pas même un linceul.
À déguster sans crainte de débordements.
Ames sensibles ne pas s’abstenir !
Servi avec des roses, y compris les fragrances…

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 22 avril 2020
Nombre de lectures 5
EAN13 9782312072555
Langue Français

Extrait

Manon , bien sous tous rapports, sauf
Jean Luc Weber
Manon , bien sous tous rapports, sauf
LES ÉDITIONS DU NET
126, rue du Landy 93400 St Ouen
© Les Éditions du Net, 2020
ISBN : 978-2-312-07255-5
La rencontre
Une rencontre étonnante.
Seule au bar de l’hôtel, un brin éméché, elle a le look de la poule de luxe, à mi-chemin entre call-girl et escorte. A la dévisager, et pas seulement le visage, elle a tout ce qu’on peut attendre d’une femme, tout ce qui promet une tranche de vie captivante, entre un moment d’émotion et une possible liaison durable.
Manon a de la grâce. Elle est grande, blonde, les cheveux mi-longs, un peu bouffants à l’ancienne. Oui, elle a sa place sur une couverture de magazine, n’a rien de vulgaire, ni de déluré, mais dans le regard ce petit plus captivant et mystérieux qui fait que l’homme sérieux s’attarde.
Le pas sérieux du reste également.
Le visage est harmonieux, le corps proportionné. La taille sans être gracile, est gracieuse. Les jambes longues sous une jupe au-dessus du genou, un galbe désirable…
Mais le regard…
Quelque chose d’indéfinissable entre la hargne et la détresse. J’en suis interloqué, interpelé, quelque part, mais où ?
Justement !
Rompant avec mes habitudes, je décide d’en savoir davantage, trouvant mystère à cette façon d’être, intérêt, interrogations, recherches de réponse, d’émotions.
Je m’approche…
Pas de problème, un échange de regards et déjà une complicité s’installe. Je suis seul ce soir, elle aussi, manifestement. Et cela va surement nous emporter loin…
Si je savais.
Mais je ne sais pas encore…
Je saurai dans une minute, une heure, un jour, plus tard.
Je me présente.
– Jacques…
Du tac au tac, elle répond
– Manon !
– Vous permettez ?
– Je vous en prie…
Déjà un mouvement de rotation de son corps sur la chaise haute du bar me fait entrevoir une certaine disponibilité, entre autres, ainsi que quelques objets de fantasmes et de convoitise. Bon Dieu qu’elle est belle, la vue, la vie !
A vrai dire je ne sais pas ce qui m’attire le plus, mon inconscient a-t-il envie d’une aventure, ou simplement de parler ?
Ai-je besoin de m’épancher, de me raconter ?
Il est de ces soirs où la solitude pousse à des révélations, des concessions, des aveux.
Cela n’en prend pas le chemin, la discussion s’engage, d’une banalité affligeante. La soirée se passera, peut-être aussi la nuit et demain, Manon sera au pire le souvenir d’un bon moment, au mieux, une adresse sur mon agenda, à revoir peut-être. Et moi, dans son cœur, son corps, son souvenir ?
Un quart d’heure plus tard nous sommes installés au coin salon du bar. Peu de lumière, pas d’affluence : il est trop tôt ou trop tard. Les consommations ont été renouvelées. La torpeur douceâtre d’une complicité nous envahit et Manon a doucement posé sa tête contre mon épaule. Malheureusement, mais je n’en suis pas conscient, cette propension n’est ni lascive, ni d’abandon. Elle révèle juste une certaine lassitude.
Oui je le crois, nous serons amants.
Et alors ?
Chapitre I. L’agression
Manon s’est mise à parler, et je ne l’ai pas interrompue.
C’était le 20 juillet, un lundi, j’étais de congé.
Je fais mon jogging en venant de l’Esplanade , de chez moi, par la rue de Stockholm , encore animée, il est neuf heures et demie. Je m’engage dans le parc de la Citadelle et rejoins les bords du lac, là où l’ombre des grands arbres rafraîchit l’air ambiant de la ville en été.
Je cours à petites enjambées, j’ai l’habitude, je ne me fatigue pas au début, je jouis de l’effort progressif. Oui il fait chaud, mais je suis à l’aise dans mon short blanc et mon tee-shirt, je me réjouis de l’effort à accomplir. Je me sens bien.
Je cours tous les soirs lorsque je ne travaille pas, pendant une heure, puis je rentre chez moi et prends soin de mon corps. J’aime les lentes caresses de l’eau sur mon corps fatigué, j’aime caresser mes muscles encore chauds, j’aime me caresser, j’aime mon corps. Parfois cet exercice physique puis la détente de la douche sont une préparation à des exercices d’autres natures.
Mais ce soir je sais que la satisfaction que je prendrai sera solitaire. Kathy , mon amie de certains soirs, est partie pour huit jours dans sa famille en Normandie . Elle me manque, mais ce ne sera qu’un soir, dès demain je serai au travail, et la semaine prochaine nous nous retrouverons pour nos séquences-plaisir comme nous disons.
Nous ne sommes pas lesbiennes, nous sommes bi.
De mon côté, j’ai eu quelques amants, des hommes, même un vrai qui m’a entrainé aux délices du paradis physique mais ce n’était qu’un ami, un vrai aussi avec lequel je n’aurais pu partager toute mon existence.
Avec Kathy non plus. Elle ne sera jamais la femme de ma vie. Mais pour rien au monde je ne voudrais manquer ces séquences-plaisir. C’est si bon…
Je cours sans perdre haleine. Mon esprit vagabonde.
Je pense aux confidences de ma collègue Valérie que je remplacerai demain car elle rejoindra son amant, un homme marié, qui partage
sa vie dans des atermoiements et des rendez-vous bâclés, des promesses définitives et toujours renouvelées. Mais Valérie lui est attachée. Et elle m’a raconté tout ce qu’ils se font et se font voir, en noir et blanc et en couleurs. Elle est vraiment accro, elle gâche sa vie, son avenir et malgré-tout, jr l’envie, lui en veux pour ce qu’elle a et que je n’ai pas.
En bleus aussi à l’âme et aux corps. Et cela me révolte que Valérie accepte les coups, même et surtout d’un homme qui dit l’aimer.
Mais c’est son problème, sa vie… Quoique .
Je continue mon avancée entre les massifs bas de haies, quelques bancs, les rambardes de bois, les troncs d’arbres espacés. Cela fait maintenant deux tours que je fais. Je vais agrandir le cercle vers le quai, je dépasserai les rochers, je passerai entre les murs de la citadelle et alors je rentrerai peut-être par…
Le cours de mes pensées s’interrompt.
Je n’ai pas l’impression d’être suivie, je cours seule, il ne fait pas encore nuit, dix heures ont passé. Tout le monde me dit que c’est dangereux de courir seule la nuit.
Qu’est-ce qui est dangereux ?
La vie tout simplement.
Et puis j’ai ma bombe anti-agression, et je peux courir, et me défendre. En fait celui qui m’agresserait devra déjà compter avec ma résistance. Et puis que voudrait-il ? Ou elle ? Mon argent, je n’ai pas d’argent sur moi… ah oui pas de sac non plus pas de papiers, pas même mes clés puisque j’entre dans l’immeuble grâce au code d’accès et qu’elles sont planquées. Pas la peine de s’encombrer.
Et je me fais juste cette réflexion quand me vient à l’idée que la bombe lacrymogène est elle aussi à l’appart.
Bah …
Eh bien ma fille, ne traine pas.
Non je n’ai pas l’impression d’être suivie, mais maintenant que j’ai réfléchi, je me sens un peu nue sans sac sans bombe, sans papiers… Malin si on m’agresse, on ne saura même pas mon nom, ou en cas d’accident, à l’hôpital, oui si c’est à Hautepierre , aux Urgences on me reconnaitra, j’y travaille…
Un peu dingue, presque nue, juste mon short et mon tee-shirt, à peine plus et en plus cela protège de quoi ?
Ce n’est pas dans mes habitudes d’angoisser, mais le doute s’installe…
Oui je vais rentrer par…
A cet instant une ombre s’approche de moi par derrière, par la droite. Un souffle, tout d’abord. Je me raisonne.
Ma fille tu te fais du cinéma ! Tu fantasmes, ou
quoi ? Tu veux te faire violer ?
– Pas un mot, salope !
A mi-voix, dans un français sans accent, le souffle que je venais d’entendre se transforme en ces quatre mots, en même temps qu’un bras enserre ma gorge par la gauche et que ce bras se prolonge d’une main qui a un cutter à son extrémité. Ce cutter pourrait bien me défigurer,
Je déglutis, m’efforce au calme. Pas d’affolement. Un mec qui t’agresse ne veut pas tuer une nana, une inconnue. Il veut l’abaisser, la baiser, la violer,
Déjà la menace se précise, j’avais raison, la main droite du type, s’engage dans mon short. Heureusement qu’il est solide et serré. Il ne me l’enlèvera pas si je ne participe pas.
Ce sera peut-être l’occasion de discuter.
Sa main avance vers mon entre-cuisses. Zut pourvu qu’il n’y arrive pas, je mouille. Comment arrêter ça. C’est vrai que certains disent que c’est un réflexe chez certaines femmes de lubrifier exagérément en cas de viol, afin de ne pas faire du traumatisme fatal, une blessure encore plus physique. Chez certaines. Pourquoi moi ?
Il faut agir.
Je serre les cuisses, mais me débats modérément. Cela fait dix secondes, une éternité qu’il m’a entre ses mains. Dix secondes de gagnées.
Mon objectif est de m’enfuir. Il faut que je surprenne, mais qu’il n’ait pas le temps de baisser mon short, afin que je puisse courir. Au sprint, je n’ai peut-être pas perdu.
Il a

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