Myrmécia
201 pages
Français

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Myrmécia , livre ebook

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Description

Dystopie - 405 pages


Ange Barraco, l’un des hommes les plus riches et les plus influents de notre monde, se retrouve confronté à l’insupportable. Dès lors, sa mégalomanie va prendre un tournant décisif. D’égoïsme inconditionnel, il va se proclamer sauveur de l’humanité. D’échecs en succès, il va affronter la folie croissante de notre société, tout en domptant la sienne, afin de donner vie à un projet à la hauteur de ses ambitions. Ainsi va naître Myrmécia, une cité bâtie sur le modèle parfait des fourmis. Pour cela, il va franchir des lignes interdites, frôler l’immoralité et supporter la haine de ceux qui ne comprennent pas sa vision.


Hazel se réveille au cœur de cette cité utopique, bien longtemps après le Grand Cataclysme. À travers de multiples épreuves, la jeune femme découvre que plus rien ne ressemble à son existence d’avant. Perdue dans les entrailles de notre Terre, elle va faire face à d’étonnantes rencontres, mais aussi à de terribles secrets.



Mais toutes les vérités sont-elles bonnes à avouer ? Myrmécia, la cité aux 10 000 lumières, en apportera peut-être la réponse.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 23 mars 2022
Nombre de lectures 2
EAN13 9782379614255
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Myrmécia – La cité aux 10 000 lumières


Anna Wendell
Anna Wendell
Mentions légales
Éditions Élixyria
  http://www.editionselixyria.com
https://www.facebook.com/Editions.Elixyria/
ISBN : 978-2-37961-425-5
« Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait. »
Mark Twain
Prologue


D’abord, les eaux montèrent.
Puis, les volcans rugirent et l’océan gronda.
Ensuite vinrent les maladies, la famine et la violence.
La peur s’immisça dans les cœurs.
Pas de celles que l’on pense éphémères, non, de celles que l’on sait perpétuelles, infinies. Une peur rationnelle et brutale face à l’inéluctable fin. De celles qui grignotent petit à petit, brûlent et changent à jamais toute perspective de futur.
Un futur inexistant.
Les Humains perdirent la tête et le temps du Grand Cataclysme se profila.
Avant cela, une trêve irréelle redonna l’espoir. Puis les bombes s’envolèrent, le sang coula à foison, confirmant la fin du monde tel que nous le connaissions. Au milieu de cette tempête apocalyptique, une étincelle résistait. Un infime espoir né de l’esprit vacillant d’un homme considéré comme fou.
Ceci est votre histoire.
Celle de l’humanité.
Pour que jamais personne n’oublie, voici l’histoire de Myrmécia, la Cité aux dix mille lumières.
1


Annecy, avril 2044
La voix de Natacha Arcadia résonna une nouvelle fois :
— Hazel, dépêche-toi !
À la sommation de sa mère, la fillette se hâta de mettre un point final à sa phrase. Comme souvent, le matin, le temps manquait à la famille. Néanmoins, plusieurs priorités rythmaient la vie de l’enfant, sa passion pour l’écriture, par exemple. Si elle ne notait pas les moindres détails de ses rêves, ils s’évaporaient en fumée. Et cela, Hazel ne le permettait pas. Elle avait huit ans, un prénom qui sonnait comme les bretzels et une imagination sans limites.
— Hazel, ne me force pas à monter, jeune fille !
L’ordre de Paul, le patriarche, claqua avec fermeté. Elle abandonna à regret sa princesse Elfe, lui promettant de la tirer des griffes de ses ennemies dès son retour. Fébrile, elle ferma son cahier à spirales avant de le ranger dans un tiroir, tourna avec soin la minuscule clé métallique pour le verrouiller, puis la glissa dans la poche arrière de son jean indigo.
Hazel refusait que quiconque lise ses écrits.
Un jour, peut-être…
Pour le moment, ils demeuraient son jardin secret. L’unique exception résidait dans sa sœur cadette, Roséanne, ravissante fillette de cinq ans. Chaque soir après le brossage des dents, elle l’accompagnait dans son lit rose afin de lui conter quelques lignes de ses histoires. La petite ne comprenait pas toujours, mais adorait ces moments privilégiés aux côtés de son aînée.
Leur rituel, comme elles aimaient l’appeler.
Au contraire de leurs camarades d’école tous remontés après leurs fratries, Roséanne et Hazel s’entendaient à merveille. Les absences répétées de leurs parents en raison d’un travail prenant les forçaient à se raccrocher l’une à l’autre.
Un éclair de douleur traversa le crâne de la fillette alors qu’elle enfilait un caban bleu nuit. Un flash soudain l’obligea à fermer les paupières, un vertige l’envahit. L’élancement, prompt et aigu, lui arracha un geignement. La migraine s’envola aussi vite qu’elle était apparue, la laissant pantelante. La petite finit par se ressaisir et dévala l’escalier à toutes jambes.
Sous le regard réprobateur de son père, elle enfila ses chaussures à la va-vite avant d’attraper son antique sac à dos brodé d’une licorne. Roséanne se tenait près de la porte d’entrée, prête à partir, si mignonne avec ses deux nattes dorées comme les blés et son imperméable rose. Impatiente, leur mère ajusta la coiffure d’Hazel après avoir remis en place une de ses mèches rebelles. Ses yeux noisette parsemés d’éclats d’or, identiques à ceux de Roséanne, la dévisagèrent avec une tendresse infinie tandis qu’elle lissait sa frange et redressait le col de son pull d’une main maternelle.
Dans la famille Arcadia, les femmes arboraient des cheveux blond polaire et des taches de rousseur piquetées sur le nez et les joues. Des signes distinctifs dont avaient hérité les deux sœurs.
Paul attrapa l’épaule de sa cadette pour l’entraîner dehors. Son regard chocolat, habituellement doux, se chargea d’électricité et devint aussi sombre que sa chevelure d’ébène.
— Natacha, bon sang ! On va louper notre vol, râla-t-il, énervé. Tu sais que les contrôles sont renforcés à l’aéroport depuis l’alerte au Louvre. Et, avec les bouchons avant Lyon, on en a encore pour trois heures de route !
— Oui, on y va, du calme ! rétorqua son épouse avec une grimace complice à l’intention de ses filles. Votre papa va me rendre chèvre !
Hazel afficha une moue triste à l’évocation de leur départ imminent. Roséanne et elle finiraient chez leur grand-mère après l’école, comme à chacun des déplacements de leurs parents. Les petites l’adoraient, leur mamina, mais elles s’ennuyaient terriblement dans son chalet perdu au cœur des Alpes.
— Vous rentrez quand ? demanda-t-elle, dépitée.
Sa mère lui offrit un sourire empli de douceur.
— Nous ne serons pas en voyage longtemps, seulement quelques jours !
Une seconde migraine assaillit l’enfant, bien plus violente que la première. L’impression de tomber fut telle qu’elle en égara ses repères. Les prunelles brillantes de Natacha disparurent et elle vit soudain ses propres yeux se refléter dans son champ de vision. Effrayée, elle plissa les paupières avant de se sentir glisser vers un nouvel abîme.
Hazel hurla, tentant de se raccrocher aux bras aimants.
Sans succès.

Annecy, décembre 2050
Une mélodie apaisante flottait dans l’air.
La douce voix de sa mamina résonna aux oreilles d’Hazel et fit fuir cette terrible douleur. Elle ne comprenait rien à ce brusque changement. Allongée près de Roséanne au creux d’un lit moelleux, elle reconnut le patchwork coloré avec lequel leur grand-mère les recouvrait afin de les réchauffer, les soirs de grand froid. Les hivers devenaient de plus en plus glacials au fil des années en raison du dérèglement climatique.
L’effluve réconfortant du feu de bois chatouilla ses narines délicates et calma les battements erratiques de son cœur.
Une question persistait : comment s’était-elle retrouvée là alors que sa mère l’enlaçait moins de cinq secondes auparavant ?
Roséanne se pelotonna contre son aînée. Au contact tendre de sa cadette, les pensées embrouillées d’Hazel se remirent en place. Elle avait quatorze ans, sa sœur, onze. Leurs parents vaquaient à leurs occupations loin d’elles depuis presque trois semaines. Demain, la famille célébrerait Noël et la tristesse assombrissait l’âme de l’adolescente à l’idée de passer cette fête sans eux. Leurs absences se prolongeaient à chaque nouveau départ ; à présent, elle se doutait qu’ils faisaient partie des personnes influentes du pays. Elle n’en savait hélas pas davantage et cela suffisait à l’effrayer. L’ambiance en France se tendait un peu plus chaque jour. Son jeune âge la protégeait, néanmoins, elle comprenait que rien n’allait plus. La vie devenait compliquée, la guerre civile risquait d’éclater à chaque instant.
— Mamina, chante encore !
La petite voix de Roséanne ramena Hazel auprès d’elles. Sa cadette grandissait si vite, le temps filait et la nostalgie des instants heureux s’installait. Le sourire de leur grand-mère s’illumina, ce sourire doux, mais toujours empreint de tristesse. Elle passa une main tendre sur leurs joues encore rondes d’enfants.
En dépit de ses cinquante-cinq ans, l’impression d’avoir vécu plusieurs vies flétrissait cette femme pétrie de générosité. Sa chevelure arborait davantage de gris que d’auburn et cette mélancolie qui l’oppressait depuis si longtemps pesait de plus en plus lourd sur ses frêles épaules. Les épreuves n’arrangeaient rien, mais elle luttait pour ses deux petites-filles si innocentes, les protégeant de ce monde en perdition, leur apportant l’amour nécessaire. Et elles le lui rendaient bien.
— Il est l’heure de dormir, mes poupées. Demain, nous avons une grosse journée.
— Oh, mamina, parle-nous encore de papy, dis-nous comme tu l’aimais ! s’exclama Roséanne.
— Je crois que papy Ben a autant besoin de repos que vous et moi. Il est tard.
Alors qu’elle déposait un tendre baiser sur leurs moues déçues, Hazel demanda dans un murmure inquiet :
— Ils rentrent quand, papa et maman ?
Hazel perçut un bref voile d’anxiété recouvrir les prunelles émeraudes identiques aux siennes. Sans répondre, sa mamina se remit à chantonner, toutefois la jeune fille n’était pas dupe. Son cœur se serra.
Soudain, la souffrance réapparut, plus puissante et insupportable, aussi violente qu’une lame de fond emportant tout sur son passage. Terrorisée, perdue, Hazel ouvrit la bouche, mais aucun son n’en surgit. Une odeur de désinfectant remplaça celle, rassurante, du bois brûlé. La sensation de ne plus pouvoir bouger l’envahit. Son pouls s’affola. Elle se raccrocha à la chaleur de sa sœur blottie contre elle, au sourire empli d’amour de sa mamina, au doux crépitement du feu dans l’âtre. Mais rien n’y fit, le malaise revint en force. Son crâne sembla se fendre en deux.
Elle chuta.

Annecy, octobre 2054
— T’es vraiment une emmerdeuse, Haz' !
Lorsqu’Hazel parvint enfin à soulever les paupières, elle se retrouva face au visage furieux de Roséanne, adolescente. La tristesse transperça ses entrailles. Elle se souvint… Paul et Natacha Arcadia avaient péri dans l’explosion de leur avion, quatre ans auparavant.
Elle étouffa un sanglot quand sa cadette lui arracha son précieux carnet à spirales. Un des nombreux cahiers qu’elle noircissait d’histoires de magie, d’amour et de créatures étranges. L’unique activité qui l’empêchait de sombrer. Leurs parents étaient partis pour toujours, leur mamina pleurait la perte de sa fille, sa tristesse habituelle ne faisant que croître, et sa sœur perdait pied.
Hazel se retrouvait seule au monde.
— Fous-moi la paix ou je crame ta merde ! cracha Roséanne,

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