Orient et les Maîtres de l Arc
318 pages
Français

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Orient et les Maîtres de l'Arc , livre ebook

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Description

Orient pourra-t-il devenir un Archer de Maison Blanche? Les évènements prennent un tour inattendu dès sa réception dans la Compagnie. Il devra accomplir sa formation en suivant un Rituel extraordinaire et redoutable, tandis que les incidents se multiplient autour de lui. Mais il a pour l'aider sa fidèle hermine Balzane, et surtout Angelina qu'il entraîne dans son aventure. Voyages sur l'Île, expéditions dans le monde d'En-Bas, épreuves et défis : les Journées des Jeunes Archers ne sont pas de tout repos. Mais l'on s'y fait des amis - de toutes sortes-, et l'on y affronte des secrets qui pourraient bien changer le destin de toutes les Archeries ...

Informations

Publié par
Date de parution 02 juillet 2013
Nombre de lectures 0
EAN13 9782312011844
Langue Français

Extrait

Orient et les Maîtres de l’Arc

Marika Doux
Orient et les Maîtres de l’Arc












LES ÉDITIONS DU NET 22 rue Édouard Nieuport 92150 Suresnes
Pour François




























© Les Éditions du Net, 2013 ISBN : 978-2-312-01184-4
Le Capitaine
C’était le premier jour des vacances d’été.
Assis au bord du fleuve, les yeux perdus dans le vague, un jeune garçon lançait des cailloux au fil de l’eau, une hermine blanche posée sur ses genoux.
– Et ça ne fait que commencer, hein Balzane ! Huit semaines d’ennui total ! Quel anniversaire !
Réveillée en sursaut par les exclamations de son maître, la petite bête se leva, les moustaches pincées de mécontentement. Elle s’étira, fit le dos rond, tourna plusieurs fois sur elle-même, et consentit à s’asseoir enfin dans un mélange douteux de graviers et de goudron collant qui brûlait les pattes. Orient, indifférent, continuait à lancer des cailloux dans le fleuve.

C’était son anniversaire, en effet. Il avait aujourd’hui douze ans, ainsi que le lui avait claironné sur son portable, dès neuf heures du matin, Lucien Iribordes, son beau-père : « Bon anniversaire, Orient Cœur d’Aile ! »
Car Cœur d’Aile, c’était son nom, oui. Un nom, parfaitement idiot, dont ses camarades se moquaient bien souvent, le nom de l’homme qui lui avait « donné la vie », comme sa mère aimait tant à le dire, et qui avait eu l’idée intéressante de disparaître alors que lui, Orient, avait à peine trois ans. D’un coup. Sans laisser d’adresse. Sans laisser de traces. On n’avait jamais su ni pourquoi, ni comment, ni où …

Que disait sa mère déjà, sur ce fichu mot qu’elle lui avait laissé devant le bol vide du petit- déjeuner ?
« Mon petit Prince, bonjour. Très bon anniversaire, mon Trésor ! Et dire que même un jour comme celui-ci, je n’ai pas eu le temps de te faire griller la moindre tartine ! Tu ne trouveras pas de cadeau, non plus. Mais tu sais combien je travaille au bureau en ce moment. Je suis vraiment débordée. Je me rattraperai bientôt. Promis ! Plein de bisous à mon chéri, Maman. »

Malgré lui, les yeux d’Orient s’étaient remplis de larmes.
Balzane vit la feuille de papier qu’il tenait dans sa main prendre la voie des airs. Atterrir dans l’eau. Se gorger de liquide. Puis couler à pic.

*

– Bravo Cœur d’Aile ! Tu pollues ! Au lieu de jeter n’importe quoi dans le fleuve, si tu venais plutôt faire un tour avec moi ? Ça te changerait les idées. Tu m’as l’air d’en avoir besoin.
Orient leva la tête.
Le ciel était bleu, le fleuve était large, la ville entière vibrait voluptueusement sous la chaleur de l’été, et une péniche faisait des manœuvres compliquées pour s’approcher de lui.
À son bord, il y avait le Grand Capitaine.
Mince, vêtu comme à son habitude de son long manteau gris qui lui descendait aux chevilles, manteau totalement insolite dans la chaleur de cette journée, il souriait à Orient.
Il s’appelait Fulgence de Goalland. Il était professeur de tir à l’arc au Club du Gymnase et quelqu’un d’assez redouté dans le quartier à cause de son ample carrure, de ses yeux bleus perçants et de son humour. Un bruit courait à son sujet : il avait été un grand champion, autrefois. Mais personne, jamais, n’osait en parler devant lui.

L’homme observait Orient depuis le ponton de sa péniche.
– Alors tu te décides, Cœur d’Aile, tu sautes ?
– Fais ce que tu veux, dit Balzane qui en avait définitivement assez de la poussière et des graviers. Moi, je bouge.
Avant qu’Orient ait pu répondre quoi que ce soit, l’hermine s’était lancée de toutes ses forces vers l’embarcation. Nul doute qu’elle serait tombée dans l’eau, si Orient ne l’avait rattrapée juste à temps, de sa main ferme et sûre, tandis que le jeune garçon bondissait lui-même sur le pont du bateau où Cùzco, le chien du Capitaine, un griffon au poil sombre, les attendait impatiemment.

*

– Je ne savais pas que vous aviez une péniche, dit Orient dès qu’il eut rejoint Fulgence dans la cabine de pilotage.
– Vraiment ? Pourtant, j’y habite. Et je navigue pour les grandes occasions.
– Ah, dit Orient de l’air évasif qu’il adoptait toujours pour se débarrasser d’une discussion peu intéressante. Parce qu’aujourd’hui, pour vous, c’est une grande occasion ? Vous avez de la chance !
Il y eut un court silence.
– Capitaine… reprit le jeune garçon. - Ç-ça fait longtemps que je voulais vous d-demander : c’est vrai q-que vous avez obtenu la médaille d’or au-aux dernières Grandes Internationales du Tir à l’Arc ? Et que vous pouviez… a-atteindre une cible… en plein centre dans l’ob-, l’obscurité complète ?
Le Capitaine avait laissé parler Orient jusqu’au bout. Sans intervenir. Sans essayer de compléter ces paroles que le garçon articulait difficilement dès qu’il était contrarié ou bien très ému. Une forme d’amitié était née ainsi, car, la plupart du temps, Orient réglaient à coups de poings et de pieds les sarcasmes qu’on pouvait lui adresser sur son bégaiement, d’où sa réputation de garçon peu commode, et le fait qu’il ait pour seul ami Quentin Serkine.
Menton levé, Orient fixait le Capitaine. Comme la réponse à sa question tardait à venir, il répéta :
– Est-ce vrai ?
– Oui. C’est vrai, dit enfin le Capitaine. Et je peux toujours atteindre une cible en pleine obscurité.
Si c’était pour répondre cela, qu’il avait réfléchi si longtemps ! Mais le grand Fulgence de Goalland ne s’en tirerait pas à si bon compte :
– On dit aussi que vous auriez pu devenir Champion Mondial, reprit Orient, en articulant bien les derniers mots. Mais que vous avez purement et simplement refusé de participer à la toute dernière épreuve. Sans donner aucune explication. Est-ce vrai ?
– Nous ne disons pas « Champion mondial » entre archers, mais « Premier sous le ciel ». C’est autrement beau, non ?
– Champion Mondial ou Premier sous le Ciel, comme vous voulez, est-ce vrai ou non ?
Le Capitaine prit une longue inspiration et commença à parler, lentement :
– Le Grand Art, - c’est ainsi que nous désignons le tir à l’arc entre nous -, fait faire parfois des choses surprenantes, Orient. Des choses que les simples spectateurs ne peuvent pas comprendre. C’est vrai, j’ai refusé de me présenter à cette dernière épreuve où, selon toute vraisemblance, j’aurais remporté ce titre. Mais c’était alors mon devoir d’agir ainsi, tu comprends ?
– Ca-ça m’étonnerait que le … Grand Art, comme vous dites, permette… de-de trahir, d-d’abandonner… ceux qui vous font… confiance.
– Trahir ? Pour avoir simplement refusé ? Le mot est fort, non ? Tu es d’humeur bien querelleuse, aujourd’hui ! Je fais toujours partie de ma Compagnie, je te signale, et de l’Archerie Internationale. J’y occupe même des fonctions importantes. Si ceux qui m’ont traîné dans la boue il y a dix ans, à cause de ce refus, m’avaient vraiment fait confiance, ils auraient compris que j’avais mes raisons, tu ne crois pas ?
Le Capitaine s’était tourné vers Orient. Il essayait de capter son regard, mais le visage du jeune garçon s’était totalement fermé. Fulgence voulut s’expliquer davantage :
– J’ai refusé une simple compétition, Orient. Mais j’ai fait ce que je pouvais pour aider mon maître, l’archer qui m’avait formé. C’était cela mon premier devoir.
Comme l’adolescent ne le regardait toujours pas, Fulgence continua :
– Je n’ai aucun regret.
Il y eut un silence.
– Ma mère dit que mon père nous a abandonnés. Vous saviez cela, Capitaine ? « Aucun regret », lui non plus, je suppose…
Orient regardait droit devant lui. Il avait dû produire des efforts surhumains pour ne pas bégayer en disant ces quelques phrases. Balzane et Cùzco, qui s’amusaient à se poursuivre sur le pont, s’immobilisèrent d’un coup. On n’entendit plus que le bruit de l’eau contre la coque de l

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