Quand les sirènes l emporteront
97 pages
Français

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Quand les sirènes l'emporteront , livre ebook

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Description

Dévoreuse de livres, musicienne, aventurière, danseuse, Colette est tout cela à la fois, grâce à son grand-père qui n’a cessé de lui faire découvrir les beautés du monde. A la mort de celui-ci, Colette se sent abandonnée. Abandonnée par son grand-père parti trop tôt mais aussi par Éric, son ami d’enfance parti vivre à Paris. Pour tenter de surmonter son chagrin, elle décide de se rendre à St Malo. Là-bas, elle rencontre Brice, un mystérieux garçon à qui elle s’attache plus que de raison. L’étrange secret qu’il lui révèle va chambouler sa conception du monde.



Le destin va alors l’amener à faire un choix : oublier Brice ou quitter sa famille et ses amis pour toujours.


Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 0
EAN13 9791070002650
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0030€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Quand les sirènes l’emporteront
 
Créé et écrit par : Aurélie Labrosse
Illustrations : Photographie libre de droits de Natalya Letunova et de Sharon Mc Cutcheon
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
© 2022 Nanachi
Edité par : Nanachi, La Rabatelière, France
ISBN : 979-10-7000-265-0
Dépôt légal 10-2022
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
A mes enfants, Lulu et Max,
A Fabrice,
 
 
 
 
 
 
 
 
 
PARTIE 1
Vacances de la Toussaint
 
 
 
1
– Je ne comprends pas pourquoi tu es encore si furieuse envers grand-mère. Je sais, j’ai failli mourir noyée en partie à cause d’elle, mais tu pourrais...
– Colette, j’aimerais que tu ne te mêles pas de cela, me répondit ma mère en changeant de vitesse avec une certaine nervosité.
– Je parie qu’il y a autre chose…
Tandis que ma mère me conduisait en voiture jusqu’à la gare, je cherchais par tous les moyens à comprendre pourquoi elle entretenait de si mauvaises relations avec grand-mère, chez qui j’allais justement passer les deux prochaines semaines. Mon opiniâtreté ne sembla pas beaucoup lui plaire car, après avoir freiné brutalement au stop, elle me regarda, exaspérée.
– Oui, tu as raison. Même avant ton accident, ma relation avec ta grand-mère était tendue. Je crois pouvoir dire en toute franchise que moi et ma sœur n’avons pas eu la chance d’avoir une mère attentionnée et proche. Nous avons été élevées avec sévérité. J’ai toujours supposé que ma mère avait un secret, un secret si lourd et si grave qu’elle ne pouvait le révéler à ses filles. Elle préférait être dure et froide avec nous plutôt que de le divulguer, n’en serait-ce qu’une infime partie.
– C’est au sujet de grand-père, n’est-ce pas ?
Mon grand-père maternel était mort dans de mystérieuses circonstances. Ma mère ne l’avait pas beaucoup connu, car elle avait à peine six ans au moment de sa disparition. La police n’avait pas réussi à élucider le mystère, et le doute entre un accident ou un meurtre planait toujours.
– Je crois mais je n’en suis pas sûre. Ce dont je suis persuadée, c’est qu’une partie du secret réside dans le grenier de sa maison. Ma sœur et moi n’avons jamais eu le droit d’y mettre les pieds. Toucher la poignée de la porte qui y menait nous donnait déjà droit à de terribles punitions...
– En tout cas, il semblerait que ta sœur éprouve moins de rancune que toi à propos de tout cela...
En effet, si nous avions coupé les ponts avec grand-mère, ce n’était pas le cas de ma tante ni de mes cousines.
– Peut-être... Mais, cela n’a pas d’importance...
Le conducteur de la voiture qui attendait derrière la nôtre se mit à klaxonner furieusement. Ma mère redémarra sans plus rien ajouter.
Je regardai la route devant moi en essayant d’assimiler ce que ma mère venait de me raconter. Elle qui était d’habitude très avare de confidences, s’était un peu livrée à moi.
Si je ne savais pas trop quoi attendre de mes retrouvailles avec grand-mère, ma mère venait de me donner une envie folle de fouiller son grenier pendant son absence. Qui sait ? J’y trouverai peut-être une carte aux trésors, comme dans les Goonies , mon film d’aventure préféré.
– Il faudra quand même que tu m’expliques pourquoi tu veux tant participer à ce stage de danse, me dit ma mère en me coupant net dans mes rêveries de chasse aux trésors.
 
Quand ma professeure de danse avait parlé d’un stage à Saint Malo pendant les vacances de la Toussaint avec un très bon professeur de danse contemporaine, j’avais tout de suite été emballée. Par chance, ma grand-mère que je n’avais pas vue depuis huit ans habitait justement cette ville. J’avais réussi à convaincre ma mère après des semaines et des semaines d’argumentation. Ma grand-mère avait accepté tout de suite et m’avait annoncé que mes deux cousines Louise et Julie participeraient aussi à ce stage. Bien que je ne les aie pas vues depuis très longtemps, le souvenir que j’avais d’elles ne me donnait pas spécialement envie de les revoir. Mais je n’allais pas m’arrêter à ce détail. J’aimais la nouveauté et ce n’était pas mes cousines qui allaient me stopper dans mon élan.
 
– Je n’ai pas le droit d’avoir des passions ? bougonnai-je en regardant par la vitre de la voiture.
Les champs se succédaient dans une mélancolique monotonie. Je savais que ma mère allait répondre mais elle devait probablement chercher les mots les plus appropriés.
– Je n’ai pas dit cela. Mais entre tes cours de violon, tes multiples cours de langues, le bac à la fin de l’année scolaire et tous ces bouquins que tu lis, il faudrait peut-être choisir… Je croyais que tu voulais devenir aventurière, pas danseuse étoile…
– Tu sais très bien pourquoi j’ai commencé la danse, maman, dis-je en manipulant la gourmette que j’avais au poignet.
J’avais commencé la danse contemporaine huit mois plus tôt, en plein milieu d’année, pour noyer mon chagrin. Je venais de perdre mon grand-père paternel - que j’appelais affectueusement Grand-pa - qui avait été en quelque sorte mon meilleur ami. Remonter la pente avait été très compliqué. Les cours de violon, de langues et le lycée n’avaient pas réussi à combler le manque. J’avais donc rajouté la danse à mon emploi du temps déjà bien rempli. Et même s’il y avait toujours un vide en moi, bouger m’avait fait du bien.
– Je sais Coco, mais ménage-toi un peu. Ce n’est pas en ayant constamment la tête sous l’eau que tu parviendras à faire ton deuil. Profite de la vie. Tu es jeune, ne t’inflige pas des milliers d’obligations.
– Entendu maman.
Nous passâmes sous un tunnel, dont l’obscurité me permit de voir mon reflet très nettement dans la fenêtre de la voiture. Mes cheveux châtain clair auraient eu besoin d’un léger coup de brosse, la faute au vent qui avait soufflé violemment avant que je ne monte dans la voiture. Mes lunettes de vue qui faisaient très années 70 me mangeaient la moitié du visage, et, parce qu’elles étaient un peu trop grandes, je passais mon temps à les remonter sur l’arête de mon nez. Je les avais choisies un an plus tôt pour me différencier des autres filles de mon lycée. J’avais plutôt bien réussi mon coup : je ne passais pas inaperçue dans les couloirs de mon école. J’étais la fille bien dans sa peau mais un peu perchée , ou la fille au look bizarre , ou la fille qui vit dans un autre monde . Peu m’importait. Avec ma meilleure amie Fadila, nous nous moquions pas mal des ragots. Comme je ne parvenais toujours pas à décider si j’adorais mes lunettes ou si je les détestais, j’avais décidé de les ranger dans leur boite dès que je serais dans le train pour ne les ressortir qu’à mon retour. Tant pis si mon acuité visuelle en prenait un coup.
 
Nous pénétrâmes sur le parking de la gare et trouvâmes une place assez rapidement. Je vérifiai que je n’avais rien oublié dans mon sac à main tandis que ma mère sortait ma valise du coffre.
Elle m’accompagna jusque sur le quai de la gare tout en me donnant tout un tas de conseils et d’informations de dernière minute.
– Amuse-toi à ton stage de danse et surtout ne te blesse pas. Je t’ai ajouté quelques livres dans ta valise. Tu verras, tu vas adorer. Et ton violon, où est-il ?
– Je ne l’ai pas amené. J’ai décidé de m’investir totalement dans la danse.
– Tu as raison. Tu as le niveau au moins ? Tu viens à peine de commencer…
– Tu sais bien que j’aime la difficulté.
– Oui, j’avais oublié combien tu aimais les défis. Surtout fais attention, ne t’approche pas trop de l’eau, on ne sait jamais !
– Maman, on est quasiment au mois de novembre, je ne risque pas d’aller me baigner. Merci pour les bouquins mais j’en avais déjà quelques-uns.
Le train arrivait en gare lorsque ma mère se sentit obligée de rajouter encore quelques derniers rappels.
– N’oublie pas que la clé de la maison est sous le pot en terre cuite, au pied de la fenêtre du salon. Grand-mère ne sera pas là à ton arrivée donc tâche de t’en souvenir.
– Ne t’inquiète pas, je n’ai pas oublié.
Grand-mère travaillait dans la bibliothèque de la ville de St Malo depuis déjà trente-cinq ans. Et bien sûr, elle travaillait le samedi.
 
Je montai dans le train et fis signe à ma mère. A dix-sept ans, j’avais déjà une certaine habitude de voyager seule et cela me convenait parfaitement.
 
Je m’installai à ma place, à côté d’un homme en costume cravate qui pianotait sur son ordinateur portable. J’enlevai mes lunettes et les rangeai dans leur boitier léopard que je fourrai au fond de mon sac. Je mis mes écouteurs et écoutai Bob Dylan. C’était Grand-pa qui m’avait fait connaître ce chanteur extraordinaire. Il me semble que pas une seule journée ne se passait sans que je n’écoute ce chanteur à la voix si envoûtante. Hurricane venait à peine de commencer que mon esprit était déjà parti pour de lointains horizons.
 
***
 
Je remontai la rue déserte en observant avec curiosité les maisons qui se succédaient de chaque côté. De grosses citrouilles illuminées de l’intérieur étaient posées sur les marches de l’entrée de certaines. Ma valise trolley, qui roulait bruyamment sur le bitume, semblait peser une tonne. Une ou deux fois, je faillis tomber à cause des feuilles mortes mouillées qui jonchaient le trottoir. Il faisait froid et presque nuit. Je soupirai de soulagement lorsque je parvins enfin au numéro trente-trois.
Je poussai sur le lourd portail rouillé, qui s'ouvrit dans un grincement sinistre et pénétrai dans cette propriété mal entretenue qui allait devenir ma demeure pour ces deux prochaines semaines. À mesure que je progressais, le tapis de feuilles mortes laissait place à du gravier qui crissait sous mes pieds. Les herbes hautes ainsi que les buissons qui n'avaient pas été taillés depuis des lustres vinrent caresser mon manteau noir.
Bien qu’il fît sombre, je levai les yeux et m’arrêtai un instant pour observer la bâtisse. Elle possédait un charme que je n’aurais pu clairement définir. Était-ce parce qu’elle me rappelait mon enfance ou simplement à cause de son impres

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