Safepole

Léonard Foggia

Description

La crise sociale s’est répandue aux quatre coins du globe. La majorité des humains vivent dans la violence et la pauvreté. Quelques privilégiés, les plus riches et les plus doués, vivent à l’ombre des SAFEPOLES, des cités modernes, protégées. Liberty fut la première construite. Elle abrite un laboratoire dédié aux pathologies enfantines rares où Emma et Cassandre sont examinés. Leur don pourrait changer le cours de l’Histoire.

Vingt ans plus tard, la Troisième Guerre mondiale couve. Sous l’impulsion d’un gouvernement belliqueux, ils participent au projet d’une SAFEPOLE en orbite qui met l’humanité en danger. Leurs vies basculent. Peuvent-ils éviter la catastrophe ?

Léonard Foggia s'est expatrié en Australie où il a écrit son premier roman, hommage aux grandes oeuvres dystopiques et cyberpunk. Avec son esthétique théâtrale et son écriture cinématographique, SAFEPOLE entraîne le lecteur au coeur des enjeux géopolitiques actuels et met en relief l'efficience et les limites du libre-arbitre, en un rythme effréné et une fuite en avant destructrice.

Sujets

• Suspenso
• Nouvelle vague
• French New Wave
• Military
• Science fiction
• Russia
• Dystopie
• États-Unis
• Détective
• Société
• Anticipation
• Guerre nucléaire
• Suspense
• Transhumanisme
• Thriller
• Civilisation
• Géopolitique
• Fiction
• Guerre
• Amérique du Nord
• Amérique
• San Francisco
• Russie
• Politique
• Militaire
• Littérature
• Europe
• Cyberpunk
• Asie

Informations

• Publié par: youstory
• Nombre de lectures: 31
• EAN13: 9782381240039
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 2 Mo

Extrait

SAFEPOLE

Léonard Foggia SAFEPOLE Roman

1

SAFEPOLE

FABRIQUÉ EN FRANCE ISBN : 978-2-38124-002-2 © avril 2020, YOUSTORY Tous droits de reproduction, d’adaptation, de traduction, intégrale ou partielle réservés pour tous pays. L’auteur est seul propriétaire des droits et responsable du contenu de ce livre.

2

SAFEPOLE

3

À Brigitte et Antoine

SAFEPOLE

–1– À l’ombre desSafepoles

4

SAFEPOLE 4 janvier 2050 Une redoutable tempête de neige sévit depuis des semaines dans le nord des États-Unis. Elle frappe de plein fouet une population impuissante, privée d’électricité. Les installations vieillissantes des producteurs d’énergie ne peuvent répondre correctement aux pics de consommation des zones urbaines dont les habitants, qui vivent majoritaire- ment sous le seuil de pauvreté, sont totalement dépendants. Les morts se comptent par milliers. Le fatalisme et la dépression se répandent aussi vite que la peste au Moyen Âge. Située en plein cœur du massif des Appalaches,Libertyne subit pas cette vague de froid. Cité précurseur, elle fut conçue pour offrir à ses habitants un cadre de vie agréable en toute saison. Son dôme de protection hermétique lui permet de résister à l’augmentation constante des catastrophes natu- relles et aux variations extrêmes des températures constatées en Amérique du Nord depuis le début du siècle, conséquences du réchauffement climatique et du dérèglement du phénomène météorologique El Niño. Libertyest considérée comme le fleuron américain des Safepoles, ces cités ultramodernes qui accueillent les élites humaines. Elle abrite le centre médical international BIOTOP où des recherches majeures sont menées pour comprendre des pathologies aussi rares que profitables à l’espèce humaine, si elles pouvaient être maîtrisées. Son programme le plus ambitieux, qu’il mène en collaboration avec des centaines de structures médicales disséminées aux quatre coins du globe, s’appuie sur l’étude d’enfants aux prédispositions mentales singulières, pratiquement indécelables puisqu’elles sont confondues avec des troubles bénins de la personnalité que l’on traite à coup d’antidépresseurs et d’antiépileptiques. Le quotient intellectuel des sujets dépasse rarement la moyenne, mais tous parviennent, d’une manière ou d’une autre, à maîtriser leur inconscient. C'est-à-dire qu’ils

5

SAFEPOLE accèdent et interagissent avec tout ce qui échappe traditionnellement à notre conscience. Selon un consortium de scientifiques décriés, ils exploiteraient la majeure partie de leur potentiel cérébral, inutilisé aux trois quarts chez les individus lambda. Repérer l’un de ces jeunes, relève bien souvent du hasard, d’un concours de circonstances. Mais, une fois les symptômes formellement identifiés, il convient d’envisager son transfert à BIOTOP, pour des examens approfondis. Emma et Cassandre appartiennent à cette classe d’hu- mains extraordinaires. Considérés par certains chercheurs comme ses représentants les plus prometteurs, ils sont confinés au laboratoire pour être étudiés sous tous les angles. Placés en quarantaine, ils vivent loin de leurs proches et s’épanouissent à l’abri d’un monde qui les rejette et fait mine de ne pas reconnaître leurs incroyables aptitudes. Ce matin d’hiver, vêtus de combinaisons synthétiques moulantes truffées de micro-capteurs qui évaluent en temps réel leurs paramètres vitaux, ils dessinent au réveil des scènes lugubres sur les murs tactiles de la chambre qu’ils partagent. Adolescente de quatorze ans à la longue crinière rousse et aux grands yeux verts, Emma termine les contours d’une pierre tombale blanche secouée par une tempête de feu. Plus jeune de quatre ans, Cassandre est un frêle garçon aux cheveux noirs en bataille. Il colorie deux hommes à terre, couverts de sang, dont l’un porte un badge floqué de ses initiales. Leur complicité est évidente. Elle est même remarquable puisqu’ils sont aux antipodes l’un de l’autre en matière d’ADN, de statut social et de parcours. D’un point de vue génétique et administratif, rien ne les prédestinait à se côtoyer puis, un jour, à s’aimer. Rien, à l’exception de leur don de prémonition. Dans une salle adjacente, une quadragénaire svelte en tailleur bleu marine siglé du logo de l’ONU les observe avec

6

SAFEPOLE attention à travers un miroir sans tain. Missionnée par l’Organisation internationale, elle procède à une inspection de routine, talonnée par Bruce Delprado, un médecin grassouillet qui porte des lunettes digitales rondes : — Ils ne se souviendront ni de BIOTOP ni de leurs troubles ? lui demande-t-elle, perplexe. — En théorie, oui, ils oublieront même qu’ils se sont connus. — Il existe donc une part d’erreur ? L’homme au crâne dégarni, responsable d’Emma et Cassandre depuis leur arrivée au laboratoire, prend son temps afin de bien peser ses mots : — Les méandres de l’inconscient échappent encore trop à la science pour affirmer le contraire. Il frotte nerveusement son menton fraichement rasé et hésite sur l’explication à donner : — Mes patients auront peut-être des visions ou des hallucinations, qui constitueront la seule trace de leur don, mais je ne peux le certifier à cent pour cent. Vous êtes bien placée pour savoir que notre expérience est une première mondiale ? Consciente que cette part d’incertitude constitue une zone d’ombre qui pourrait être retenue contre les travaux du professeur Delprado, la déléguée de l’ONU ne cherche pas à en savoir davantage. Son rôle n’est pas de remettre en cause le projet, classé confidentiel et jugé prioritaire par le Conseil de sécurité, mais de s’assurer qu’il porte ses fruits, de manière à minimiser les risques d’échec et à justifier les sommes investies par les fonds de pension. Elle revient à l’essentiel : — De quels moyens disposez-vous pour assurer la concré- tisation de leurs prémonitions ? — Nous leur implanterons des puces cérébrales qui leur enverront des ordres… ou plutôt des idées. Nous les suivrons également tout au long de leur vie à l’aide d’un important dispositif de surveillance et ferons en sorte qu’ils rencontrent les bonnes personnes au bon moment. — Quand pourrez-vous évaluer l’efficacité de votre ac-

7

SAFEPOLE tion ? — Dès le lendemain du conseil de surveillance puis chaque jour qui suivra ! Les prémonitions seront archivées sur les serveurs du ministère de la Santé et il nous suffira de les comparer au présent pour réajuster son cours. L’inspectrice finit de prendre ses notes sur un écran souple qui épouse la forme du creux de sa main. Elle se réjouit de la confiance que le médecin lui témoigne, beaucoup d’es- poirs étant placés dans la réussite de ses investigations. — Qu’avez-vous à dire à la commission qui notera votre cellule de travail ? l’interroge-t-elle pour conclure leur entre- vue. Bruce Delprado fait mine de prendre son temps avant de lâcher cette formule qu’il a maintes fois répétée la veille : — Si vous ne croyez pas en moi, croyez en Emma et en Cassandre. Ayez foi en leur capacité ; ils changeront le fu- tur et seront les seuls sur Terre à pouvoir éviter l’extinction de l’espèce humaine…

8

POLESAFE 15 Juillet 2070 Soleil brillant, ciel d'azur, mer calme, nature fertile, air assaini, autonomie énergétique, citoyens éduqués, sécurité permanente. Bienvenue à Sophia, la plus fabuleuse Safepole de la planète. Située au large de la côte est Australienne, cette île artificielle paradisiaque bénéficie d’un taux d’ensoleillement exceptionnel et de températures douces toute l’année. Son air, sans cesse renouvelé par les vents océaniques et les forêts intérieures est dépollué et purificateur. Sa mer turquoise abrite l’un des derniers massifs de coraux au monde. Ses courants marins créent naturellement l’énergie nécessaire à vos besoins quotidiens. Ses habitants au Coefficient Social Supérieur vous accueilleront à bras ouverts et vous aideront à prendre vos marques. Son discret cocon périphérique vous protègera des agressions naturelles et d’éventuels bombarde- ments atomiques. La vie au sein des mégalopoles primaires vous accable ? Vous souhaitez le meilleur pour vos enfants ? L’imminence du conflit global hante vos nuits ? Alors, immigrez à Sophia. Sophia, votre premier choix. Le patron bedonnant de l’agenceComYourelit avec un peu de lassitude le texte défilant sur la table plasma de son bureau dont la décoration épurée contraste avec son costume bariolé. Cigare électronique en bouche, il frotte mollement sa barbe soigneusement dessinée et fait des grimaces au fil de sa lecture. Lorsqu’il en termine, il se tourne vers son protégé et donne ouvertement son avis : — Ça sent le réchauffé…Atlantis,CanberraetLibertynous rabâchent les mêmes conneries depuis des années, nous n’allons tout de même pas en faire autant. Si tu ne trouves pas un autre positionnement, la mairie rompra le contrat et nous mettrons la clé sous la porte ! Assis face à lui, Cassandre, trentenaire filiforme aux cheveux bruns gominés et au costume bon marché, serre ses poings pour contenir son agacement.

9