Symbiose
147 pages
Français

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Description

Paris, 1900.


L’Exposition Universelle se prépare, avec elle, le Tout-Paris prend part à la démesure. Provinciaux et badauds s’extasient des progrès scientifiques et techniques, le monde, lui, a l’œil braqué sur « La ville dans la ville ».


Au cœur de la capitale, la communauté surnaturelle évolue parmi les humains. De jour, les Féériques enchantent le Vieux Paris tandis que la nuit, les Maléfiques, prennent part aux dérives des bas-fonds.


Dans cette ambiance survoltée, Octave Cinib est nommé à la Sûreté générale, en qualité d’auxiliaire.


L’inauguration des festivités est le point de départ d’une série de meurtres macabres et d’une enquête fastidieuse pour Octave et son supérieur, Clotaire de Belleville. Au gré de leurs investigations, ils feront des rencontres : scientifiques, sorcières, buveurs, elfes... jusqu’à la jolie danseuse du Moulin Rouge ; alors ils comprendront que la frontière entre le bien et le mal est fine et que les apparences sont souvent trompeuses...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 11 septembre 2020
Nombre de lectures 0
EAN13 9782490630448
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Née en Bretagne, Camille Salomon est autrice de romans jeunesse, de romans de l’imaginaire, de nouvelles et de contes. C’est sur les falaises, au son des vagues qui s’écrasent contre les rochers qu’elle puise son inspiration. Fille du vent en proie aux monstres dissimulés dans les méandres de son esprit, elle voue son admiration sans bornes aux contrées fantasques, aux récits oniriques et horrifiques. Camille est également correctrice et se délecte des univers proposés par les autres auteurs, qu’elle prend plaisir à sublimer.



Camille Salomon


SYMBIOSE
















Direction éditoriale : Guillaume Lemoust de Lafosse
© Inceptio Éditions, 2020
ISBN : 978-2-490630-44-8
Inceptio Éditions
13 rue de l’Espérance
La Pouëze
49370 ERDRE EN ANJOU
www.inceptioeditions.com




« Ce sont là les secrets de la ville. Certains seront un jour dévoilés, d’autres jamais. Mais la ville garde toujours son visage impassible. Elle ne se soucie pas plus des œuvres du démon que de celles de Dieu ou de l’homme. La ville s’y connaît en ténèbres et les ténèbres lui suffisent. »
Salem , Stephen King



Prologue

Au cœur de la Ville Lumière, dans la pénombre d’une rue privée d’éclairage, une silhouette se meut, silencieuse, d’un pas lent et assuré. Dissimulée par la mélasse sale et nauséabonde des bas quartiers, ses contours sont flous, presque irréels. Elle a le port altier, un haut-de-forme et une cape noire qui dévoile à peine son corps long et gracile. Elle avance la tête basse, cachant aux yeux du monde les traits parfaits de son visage d’albâtre. Les gueux qui croisent son chemin au détour des venelles, détournent le regard, pressant l’allure pour rejoindre les boulevards rassurants de la capitale, ses quartiers frivoles et l’éclat vif des lampes à arc.
À ses côtés, une créature malingre se déplace d’un pas chaloupé : un monstre aux côtes saillantes et aux pattes démesurément longues. Ses griffes recourbées laissent des sillons sur les pavés asymétriques qui tapissent les artères de la capitale. Son poil ras et rêche est d’un gris profond que viennent nuancer les reflets argentés de la lune, haute dans le ciel. Ce qui terrifie les traîne-misère ivres et crasseux qui déambulent dans le quartier, ce sont sa gueule triangulaire et ses yeux déments, la sclérotique constellée de nervures rouge sang. Sa mâchoire est une invitation à la mort, un trou noir et béant qui rappelle l’antre des Enfers. Pourvue de crocs aussi affûtés que la meilleure lame du barbier, la créature peine à retenir la bave qui mousse à l’ourlet de ses babines retroussées.
— Cesse de baver de la sorte, c’est répugnant. Si tu pouvais au moins faire montre d’élégance. Regarde-moi ! N’imposé-je donc pas le respect ?
Un grognement sourd lui répond, un son guttural remonté des entrailles de la Bête.
— Bien, après tout, je ne sais pas ce que j’espérais. Nos familles sont vraiment aux antipodes l’une de l’autre.
La silhouette ralentit, aux aguets. Une odeur lui a empli les narines, a excité ses sens. L’arôme sucré de l’hémoglobine, d’un cœur qui palpite dans une maigre poitrine.
— Elle est là.
Sa voix, jusqu’alors douce et bienveillante, est soudain métallique. La chasse a débuté, la proie est bientôt acculée.
La prostituée fredonne et titube lorsqu’elle pénètre dans la ruelle, prenant appui contre les parois du mur pour soutenir son corps amaigri. Son chant est mélancolique, son air perdu dans un ailleurs qu’elle seule connaît, un lieu tenu secret sous la lourdeur de ses paupières mi-closes. Sa pâleur fait rayonner son visage dans l’obscurité. Elle a les cheveux sales et emmêlés, l’haleine avinée et des fripes déchirées et crottées. Pourtant, lorsqu’il la voit, il lui trouve une beauté singulière. Sa candeur semble faire d’elle une bonne personne.
Anglaise , pense-t-il en se rapprochant d’elle avec discrétion. Sa voix résonne de plus en plus distinctement à mesure que l’espace entre eux s’amenuise, alors il entend sa complainte, claire et puissante, qui s’élève dans la nuit.
“ Only a violet I plucked when but a boy,
And oft’ times when I’m sad at heart, this flow’r has given me joy ”
Ses doigts serrent un peu plus fort la poignée cuivrée de la mallette en cuir qu’il transporte chaque nuit. La vile créature s’écarte, émet des râles profonds avant de disparaître dans la brumaille, les yeux de plus en plus fous.
— Bonsoir Milady.
La voix suave de l’homme fait se retourner la candide éméchée. Surprise d’être abordée par un gentleman si séduisant, elle oublie ses peurs, sa tristesse et sa colère. Elle pense aux billets qu’elle va empocher si elle le satisfait, à la chambre qu’elle pourra payer pour dormir un peu.
— Bonsoir m’sieur. Qu’est-c’que fait un beau gars comme vous par ici ?
Sa voix tremble, elle est frigorifiée dans les tissus humides, mélange de bière et d’urine, qui composent sa tenue. Elle sait son français incertain et se maudit de s’être mise si misérable alors qu’elle pouvait encore trouver quelques clients. Avec maladresse, elle tente de coiffer les boucles blondes encrassées qui recouvrent ses épaules, de lisser du plat de sa main les volants de sa jupe tachés à cause de son dernier client.
L’homme la regarde avec pitié et se demande quel genre de femme elle deviendrait s’il la transformait. Il voit sur elle les cicatrices que lui ont laissées la misère et la solitude, songe à ces boutons de fleurs fanés, cueillis avant même d’avoir éclos.
Dans l’ombre, la créature s’agite. Elle redoute. Craint que l’homme ne remplisse pas son devoir.
— Coutez, y’a un cabot qui rôde. J’lai entendu, pas vous ? Ces sales bêtes mordent et donnent la rage.
— Ne craignez rien, vous ne risquez rien avec moi.
Il lui sourit et lui tend un bras qu’elle attrape avec plaisir. Elle se sent en sécurité, il perçoit les battements plus lents et réguliers de son cœur apaisé. Un tempo qui lui agite les papilles.
Elle ne prête pas attention à sa température corporelle excessivement basse. Elle a si froid, elle aussi… Un léger frisson, dont elle ne s’étonne pas, lui parcourt l’échine. Le printemps peine à succéder à la rudesse de l’hiver passé.
Il pourrait la convaincre, planter son regard azurin dans les siens, et s’amuser avec les faiblesses de son esprit malade, lui intimer des ordres qu’elle exécuterait sans réfléchir, sans même en avoir conscience. Mais il ne le fait pas. Son charme suffit souvent à amadouer ses proies, à condition de bien les choisir.
La prostituée babille, chantonne et badine au bras de son compagnon. Passionnée, elle le suit sans soupçonner ses funestes desseins.
Lui, sourit à ses blagues, prend plaisir à l’écouter bavasser. Il s’est toujours senti proche des humains, parce qu’ils lui permettent de se rappeler une époque lointaine où lui-même en était un.
Il la guide dans une impasse, dans l’arrière-cour d’un atelier à l’abandon où il pourra étancher sa soif. Il a conscience qu’il devrait éprouver des remords, mais ses objectifs vont bien au-delà de tout ça. Il ne peut pas reculer, car la créature veille, cachée dans les ombres. Il entend son pas nerveux derrière lui, il perçoit la rage qui l’anime, son souffle saccadé à mesure que le temps passe. Elle est pressée d’en finir. Il prend un malin plaisir à retarder la mort de la malheureuse, une revanche personnelle sur l’autorité que la Bête exerce quotidiennement sur lui.
— C’calme ici, murmure-t-elle, ç’fait du bien à la tête.
— Souffres-tu beaucoup ? lui demande-t-il, sincèrement intéressé.
Elle l’observe d’un regard torve, les prunelles noyées dans la piquette consommée avec déraison durant toute sa vie. L’éclat d’un espoir perdu illumine pourtant son visage. L’homme se dit qu’elle n’a peut-être jamais fait l’objet d’un véritable intérêt.
— Je peux te soulager, continue-t-il, une main diaphane glissant le long de sa chevelure abîmée. Je

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