Tant que vie nous habite
145 pages
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Tant que vie nous habite , livre ebook

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Description

Basées sur des faits réels et peignant des archétypes humains fascinants, ces nouvelles décrivent l’univers intimiste de personnages qui se débattent avec les ennuis et surprises de chaque jour. Leur
courage de vivre ou de survivre séduit, nonobstant les événements contrariants, et nous rappelle à nous-mêmes.
Avec un souci du détail et une plume légère, fluide, ces pages interrogent différentes facettes de notre société. Elles révèlent qu’une part de lumière investit le quotidien et l’empêche de s’enliser dans le noir, en dépit de l’omniprésence de la mort et de la racine du mal difficile à arracher.
Tant que Vie, personnage à la fois Impérieux et fragile, nous habite, elle nous propulse vers des expériences et des horizons parfois palpitants, où se côtoient réel et merveilleux, ordinaire et inattendu, plaisir et déplaisir, amour et aversion.
Le réalisme poétique et la dose optimale d’humanité de ces épisodes de vie saisissent les mouvements subtils des labyrinthes de l’âme, la dimension transcendante, souvent cachée, qui conduit à l’éveil.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 04 mai 2020
Nombre de lectures 0
EAN13 9782897264420
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

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Du même auteur chez Marcel Broquet Éditeur
Plaidoyer pour la Terre et les Vivants
Extase cosmique
Osez le biopardon
La nacre des mots


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À Jane Fonda et Greta Thunberg, héroïquement impliquées en faveur de l’environnement, des générations futures et de la justice sociale


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«La Vie est une pièce de théâtre: ce qui compte, ce n’est pas qu’elle dure longtemps, mais qu’elle soit bien jouée.»
Sénèque
«Ce que tu as vu n’est plus, ce que tu verras n’est pas encore.»
Leonardo Da Vinci
«Tout bonheur est un chef-d’œuvre.»
Marguerite Yourcenar




Avant-propos
Le titre de ce recueil Tant que Vie nous habite évoque le fait d’être en Vie pour que tout soit possible. Située à l’origine de ce qui arrive, la Vie — personnage omniprésent et omnipotent — constitue le principe duquel résultent les incidents du théâtre du monde. Elle tire les ficelles des protagonistes et des événements qu’elle anime. Sans cette cause naturelle générative, impossible de se mouvoir, d’évoluer, d’exister.
Chaque nouvelle contenue dans ce long hymne à la Vie illustre, à sa façon, sa primauté. Les prodiges simples et grandioses de notre fragile condit ion, ses hauts et ses bas, sont célébrés malgré la brièveté du plaisir et le spectre de la mort toujours suspendu au-dessus de nous comme une épée de Damoclès.
En effet, tant que les êtres humains sont vivants, tant que Vie les allume et les consume, tant qu’elle subsiste en eux, ils existent et le monde acquiert un sens. Une interaction significative peut avoir lieu avec les congénères et l’environnement.
Loin d’être des pantins dans les bras du destin, les personnages de ce livre se prennent en main selon leurs valeurs propres, peu importent les circonstances, et interviennent dans la construction d’un avenir meilleur. Leur prise en charge d’eux-mêmes rend plus consciemment habitables et lumineux leurs moments de vérité, leur «lieu d’être». Ils découvrent souvent, malgré les multiples anicroches rencontrées, une lumière qui les accompagne et les guide.
Avec peu de moyens, quelques séquences, une joie de vivre inconditionnelle émerge du texte et nourrit le lecteur. Une certitude toutefois survient malgré les événements heureux ou malheureux: la mort, indéniable pour tous, qu’elle soit perçue comme illusion ou vérité, disparition ou transformation, scandale ou espérance, réelle ou irréelle. La mort qui attend inéluctablement chaque être, sans exception. Nul ne peut la repousser, l’arrêter ou la ralentir. Toutefois, à quelques reprises, l’un de ces héros en percera courageusement le mystère et cherchera à la transcender. Un autre déclarera vouloir se venger d’elle par un excès d’euphorie.
Ces brefs récits émouvants, d’une apparente simplicité, privilégient les renversements de situation et les surprises. Leur dose optimale d’humanité frissonnante, foisonnante pousse à écrire d’expérience, à écrire l’expérience. La lecture devient allégorique au fur et à mesure de l’évolution de la trame événementielle. Un univers parallèle invisible apparaît, transforme le mal en bien et donne l’espoir.
Que le plaisir de plonger dans ces histoires sustente votre imaginaire d’art et d’amour! Qu’il augmente votre lucidité et votre expérience de l’aventure humaine ainsi que votre bonheur de vivre!
B. A.


Le fiel des poitrines
Tout juste atterri dans le décor de la verrière ajoutée à l’arrière de ma maison, Miguel, perroquet magnifiquement sculpté, grandeur nature, transporté dans mes valises ce matin depuis les Caraïbes, inspecte, dépaysé, les lieux. À peine sorti de son emballage à bulles, mon nouveau locataire contemple le paysage hivernal totalement terne et blanc qui l’entoure et se demande s’il va être heureux dans ce nouvel environnement. Je le rassure, essayant d’aiguiser son imagination: «Plus tard, à la belle saison, tu profiteras des nuances de verdure et des plantes odorantes du jardin qui fleurissent par touffes, les unes après les autres.»
Ce messager du ciel, d’origine maya, s’y accommode, jour après jour, et règne en roi sur ce terroir, petit village tranquille, bordé par les montagnes et couvert, durant quelques mois, d’un épais manteau de neige. Je prends en sa compagnie mes repas et discute de différentes questions. Ensemble, nous admirons la lente chute des flocons voltigeant avec de frêles mouvements de grâce, sur une musique d’Albinoni, de Monteverdi ou de Piazzolla. No es hermoso? N’est-ce pas merveilleux?
Ses tonalités flamboyantes enjolivent superbement ma demeure. Sa présence lumineuse me rappelle la culture mystique de ses ancêtres. Je l’ai entendu un matin murmurer, avec un brin de nostalgie, les yeux tournés vers le sud: «Tant de neige qui s’élève à revendre! Lointaines les frontières brisées des jardins de migrance!»

Son adaptation à sa terre d’accueil ne s’est pas faite sans heurt, malgré la température confortable de la pièce où il trône. Il n’a jamais vu la neige auparavant, sauf dans les livres et les films. La couche de glace, formée sur les vitres lorsque le mercure indique - 20 ou - 30 o degrés Celsius, le fait pâlir. Une rafale de frissons assaille son corps et son âme quand j’ouvre la porte d’entrée. Le courant d’air frisquet qui s’y introduit, l’espace d’un instant, le pousse à grelotter et à voir un ciel noir clouté d’étoiles en plein midi.
Les vents nordiques qui balaient furieusement, lors des grosses tempêtes, les imposantes masses de neige entassées dans ma cour, créant une aveuglante poudrerie, le figent. Il se croit au Nunavut ou au pôle Nord, dans les déserts blancs de l’Arctique ou du Groenland avec des ours blancs affamés, sautant d’une banquise à l’autre. Inconsolable, il hiberne et se rend petit, la tête blottie sous son aile gauche.
Le soleil de mars qui darde ses rayons ne lui procure aucune chaleur. Il demeure retranché sous sa toge colorée, escargot insensible à son environnement, tant que la température se montre inclémente.
L’hiver n’en finit plus cette année. Les intempéries sont là pour s’éterniser. Mieux vaut plonger dans les souvenirs du ciel natal. Odeurs de sel marin, saveurs d’orangers, de jasmin, de cocotiers réchauffent virtuellement sa mémoire et ses os. Foncièrement déraciné, il découvre qu’ici, tout est différent. Le climat imprévisible, l’eau au goût de chlore, les grains insipides.
Dans le but de l’égayer un peu, j’organise une fête mexicaine. Famille et amis sont invités à célébrer sa venue parmi nous: «Venez admirer mon perroquet d’une beauté sans pareille. Sa simple présence agrémente les lieux, m’aide à combattre déréliction et sentiment d’ennui.» En effet, tous contemplent, hébétés, l’éclat de son plumage fin, sillonné de rouge, de jaune, de vert, et apprécient son attitude de sage qui écoute et regarde plus qu’il ne parle.
J’étends ma nappe mexicaine et prépare pour l’occasion des tacos, des burritos, des fajitas, une soupe aztèque au poulet et au maïs, assortis de cocktails latinos: le Bahamas Mama , la Limonada Eléctrica , le Blue Lagoon, le Bay Breeze, le Purple Rain , l’extatique Xtabentún sur glace et la Tequila Sunrise . Une délicieuse salade de fruits, arrosée de quelques gouttes de rhum, ainsi que de la musique provenant de son patelin aiguisent son plaisir.
En dépit de la superbe forme qu’il affiche lors de cette soirée festive, agrémentée de rythmes latins, une prophétesse de malheur, incapable de brider sa langue de vipère, frustrée dès sa jeunesse, prédit qu’il ne survivra pas aux dures intempéries du nord. Elle grommelle, et sa voix me désenchante au plus haut point – j’aurais voulu qu’elle soit muette avant qu’elle ne balbutie la moindre de ses néfastes syllabes: «Il pourrira d’ici la fin de l’hiver. Ses gènes ne supporteront pas les engelures. Bientôt, son moral sera en friche et son souvenir caduc.»
Je n’attache aucune importance à ses balivernes, jure de ne plus l’inviter et poursuis mon train de vie avec mon compagnon, jasant de tout et de rien, le gâtant avec des fruits, des légumes et des sucreries.

Au début du printemps, aussitôt la neige disparue et

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