Un an d’essai
125 pages
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Un an d’essai , livre ebook

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Description

Il est là. Tout près.Il m’épie, me menace..Il sait tout de moi, même mes secrets inavouables.Il veut se venger et s’en prend à mes proches.La police commence à me suspecter car toutes les preuves semblent me désigner.Elles sont si irréfutables que je commence moi-même à douter.Et si les flics avaient raison ? Et si, finalement, cet homme … c’était moi ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 mai 2016
Nombre de lectures 15
EAN13 9782365387019
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0250€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

UN AN D’ESSAI
Sophie GOASGUEN
 
www.rebelleeditions.com  
Prologue
Il ne vous est jamais arrivé de vous dire qu’à votre naissance, il y a eu un bug quelque part et que vous avez hérité d’une âme défectueuse. Eh bien, moi, c’est la remarque que je me fais tous les jours. Même encore maintenant, alors que je suis morte. Non, vous n’hallucinez pas. Telle que vous me voyez, je suis un cadavre ambulant, qui tient debout grâce à sa dose de sang quasi quotidienne.
Cataloguez-moi dans la case « timbrée de service », ce n’est pas moi qui vous contredirai, car vous n’auriez pas tout à fait tort. Pourtant, il m’est impossible de mentir sur un tel sujet.
Je sais que ça peut paraître fou. D’un point de vue médical, mon corps n’est qu’un morceau de viande morte. L’absorption de sang humain est l’unique substance qui permet de raviver mon cadavre et de le maintenir dans une condition acceptable. Je vous l’accorde, c’est glauque. Mais lorsqu’on croise la route d’une créature aux longues canines aiguisées, il faut s’attendre à ne pas terminer au fond d’un trou, à servir de casse-dalle aux vers pour l’éternité. Sur le coup, c’est ce que j’aurais préféré.
Un an s’est écoulé. Douze mois pendant lesquels j’ai tenté d’adopter cette immortalité qu’on m’a imposée. Dans quelques heures, je vais revoir celui qui a fait de moi un vampire, pour célébrer ce premier anniversaire, et pour mettre un point final à ce fichu contrat. Mais avant de le conclure, et de choisir entre l’éternité ou disparaître de la surface de la Terre de manière définitive, il me faut revenir sur les évènements importants de cette année surprenante et parfois déroutante.
Au fait, j’ai omis de me présenter. Je m’appelle Esther. Esther Beaucière pour être plus précise.
1
Je ne suis pas du genre à marquer d’une croix rouge les dates importantes. Pourtant, celle du 7 octobre le mérite amplement. Ce jour restera pour toujours le dernier de ma vie d’humaine et le premier de mon existence de vampire. Ma situation à ce moment-là n’était pas très reluisante. La faute à pas de chance, je venais de perdre la manne financière qui me permettait de payer mes factures et qui m’évitait de replonger dans la dépression. Virée sous prétexte d’une réduction des effectifs, mon œil. Ils avaient dû apprendre pour mes problèmes psychologiques et avaient préféré m’éjecter. Ce n’était pas la première fois que cela se produisait. Atterrir à la case chômage était la goutte qui faisait déborder le vase.
La série noire avait débuté une dizaine de jours plus tôt. Le type que je fréquentais depuis quelques semaines avait pris ses cliques et ses claques sans un mot, sans une explication. Avec le recul, je me dis que j’aurais peut-être dû attendre avant de le laisser entrer dans mon appartement sur un coup de tête. Nous avions passé une soirée assez classique entre amoureux. Restaurant et cinéma avaient été au menu. Lorsqu’il m’avait raccompagnée devant ma porte, il avait su me convaincre de le laisser entrer. Nous fîmes l’amour et, enivrée de bonheur, j’avais plongé dans un profond sommeil.
À mon réveil, j’avais trouvé le lit vide. Un mauvais pressentiment me gagna tout de suite. Il fut d’ailleurs confirmé quand je découvris les flacons de mes pilules posés sur mon bureau, à côté de mon ordi resté allumé. Je jetai un coup d’œil à l’historique et la dernière recherche traitait de ma maladie. J’imaginais très bien la tête qu’il avait dû tirer lorsqu’il avait lu le mot « bipolaire », sa définition et sûrement quelques témoignages. Je ne lui en voulus pas d’avoir pris la poudre d’escampette. Après tout, quiconque d’un peu sensé ne resterait pas s’enquiquiner avec une personne telle que moi. On m’avait diagnostiqué ce problème mental vers l’âge de seize ans. C’est à cette période que j’avais fait ma première tentative de suicide. Je ne parvenais plus à me contrôler, et j’en souffrais. J’oscillais entre euphories délirantes et envies suicidaires, sans être capable d’atteindre un équilibre. Désemparés, mes parents m’avaient abonnée à une thérapie chez un psy. Au bout de quelques séances, il avait conclu qu’un petit séjour en hôpital psychiatrique serait sûrement bénéfique pour moi. Quelques mois plus tard, j’avais regagné le domicile familial et avais repris une vie quasi normale grâce à un traitement adapté.
Depuis, je me gavais de pilules censées améliorer mon quotidien. Mes sautes d’humeur s’étaient modérées, et je réussissais enfin à mener une existence plus douce. À condition de ne pas vivre de coups durs…
Ce n’est pas tant le motif de la rupture qui me mina, mais la façon dont il l’avait faite. Partir en catimini, ne plus donner de nouvelles, ignorer mes appels, voilà ce qui avait ruiné les années de thérapies. Dans un excès de rage, mes médocs avaient échoué dans la poubelle. Sans eux, je ne fus pas longue à replonger et à broyer du noir. S’il n’y avait pas eu cette séparation et ma perte d’emploi, le 7 octobre serait resté un jour comme un autre.
Ce jour-là, je quittai mon lit en fin d’après-midi avec une seule idée en tête : mettre un terme à ma pitoyable existence. J’avais déjà tenté, par le passé, de me suicider. Mais à chaque fois, on avait réussi à me sauver in extremis. La dernière tentative remontait à l’époque où je squattais les bancs de l’université. Je cohabitais avec une autre étudiante qui était devenue peu à peu une bonne amie. Enfin, jusqu’au jour où elle m’avait retrouvée dans la baignoire de la salle de bains en train de me vider de mon sang. À cause d’elle, les secours étaient arrivés à temps pour m’empêcher de mourir.  
Cette fois-ci, j’espérais sincèrement que personne ne viendrait troubler le moment où je passerais de vie à trépas. Pour en finir, j’avais entrepris de me jeter du haut de l’Abyllgate. Véritable monument historique, ce pont est un des rares vestiges du début de la première moitié du 20 e   siècle qui tient encore debout dans notre ville. En dépit de tous les soins que lui prodigue la municipalité, l’accès aux véhicules motorisés y est interdit. Seuls les piétons et les cyclistes l’empruntent. Ainsi, ils ne gênent pas la circulation et ne subissent jamais les embouteillages. Mais sa célébrité, l’Abyllgate la doit surtout à la triste renommée qui l’entache depuis des décennies. Interrogez n’importe qui en ville, on vous répondra que l’Abyllgate est le pont de prédilection des suicidaires. Le pire, c’est que les autorités ne sont jamais parvenues à freiner les élans désespérés de certains habitants. Si ce pont est devenu au fil des ans l’endroit préféré de mes congénères dépressifs, c’est grâce à sa faible fréquentation passée une certaine heure. Les passerelles piétonnières, bien moins vétustes, ne sont pas assez hautes pour causer une mort immédiate, quant aux autres ponts, ils ne sont accessibles qu’aux voitures et camions.  
Personne n’est revenu sain et sauf de sa chute du haut de l’Abyllgate. Si vous cherchez à vivre une ultime sensation forte avant de sombrer dans le fleuve, c’est le lieu parfait. Je sais, dit comme ça, mes paroles sonnent un peu comme un discours de vendeur. Ne vous affolez pas, je ne cherche pas à vous convaincre de tenter l’aventure. Il faut être au bord du désespoir et avoir perdu pied avec la réalité pour enfourcher les rambardes de l’Abyllgate. Ce qui était mon cas. De cette nuit du 7 octobre, il ne me reste que de vagues souvenirs, preuve que mon cerveau a dû disjoncter à ce moment-là. Je me rappelle juste de mes cheveux fouettant mon visage, et de cette impression que tout défilait à une allure tellement folle que mon souffle en fut coupé.
Après, c’est le black-out.
2
Lorsque mes paupières s’ouvrirent et que mon esprit se reconnecta à la réalité, j’eus un choc. La seule chose que je voyais, c’était ce fichu plafond blanc que je reconnus immédiatement comme étant celui de ma chambre. La vieille tache d’humidité au-dessus de mon armoire ne me trompait pas. Elle avait une forme fantasmagorique

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