Un voile de pudeur/les rêves d'alexandre

Alexandre Chatelain

Description

Le confinement avec sa compagne dans une petite ville d'Eure-et-Loir a été pour Alexandre Lan Batonnier l'occasion de revenir sur sa vie. Cadre polytechnicien puis directeur d'hôpital à la retraite, dans Un voile de pudeur / Les rêves d'Alexandre, il s'interroge sur ce qu'il a encore envie d'accomplir et de transmettre dans un monde fracassé et un univers qui s'effondre.

Sujets

• Romans
• Romans (groupe)
• Fiction
• Romans de genre
• Nouvelles de genre

Informations

• Publié par: Edilivre
• Date de parution: 13 avril 2021
• Nombre de lectures: 2
• EAN13: 9782414526321
• Langue: Français

Extrait

Alexandre Chatelain

Un voile de pudeur Les rêves d’Alexandre

Roman de société / actualité

Alexandre Chatelain Un voile de pudeur Les rêves d’Alexandre

Cet ouvrage a été composé par Edilivre 194, avenue du Président Wilson – 93210 Saint-Denis Tél. : [phone] – Fax : [phone] Mail : [e-mail] www.edilivre.com

Imprimé en France Texte intégral Dépôt légal. © Edilivre, avril 2021 ISBN papier : 978-2-414-52631-4 Tous nos livres sont imprimés dans les règles environnementales les plus strictes. Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction, intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

À tous celles et ceux que la vie m’a fait perdre de vue

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1 Un ami du Lot

En ce début d’avril, le Lot est un des départements les moins touchés par l’épidémie.

Le 8 avril, un SMS signé parvient à Alexandre : « 7 h 30 j’ouvre la fenêtre et je suis baigné dans le silence de la ville encore endormie par une douce odeur de végétation printanière et de pain cuit à la boulangerie toute proche. V. Graziano ».

Heureusement que l’expéditeur a pensé à signer. Alexandre a pu tout de suite l’identifier, remettre son nom dans les contacts de son nouveau portable puis lui répondre : « Merci, Vincent pour ton message poétique. Bonne journée. Alexandre Batonnier ».

Vincent Graziano dirige un musée lotois. Alexandre l’avait connu quand il travaillait dans le Lot. Il y a presque deux ans, Alexandre et lui se sont rencontrés par hasard à Paris, lors d’une exposition dans une galerie du Marais. Ils ont discuté des haishas présentés par Alexandre, c’est-à-dire des haïkus qu’Alexandre compose et associe à des photos artistiques de son cru. Puis ils se sont séparés en échangeant leur numéro de portable et en se promettant de se revoir. Par la suite, Alexandre a essayé de maintenir un contact. Mais au bout de quelque temps, il n’a plus eu de nouvelles.

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Aujourd’hui, à réception de cette relance poétique et bucolique de Vincent, Alexandre a répondu par politesse, mais n’a pas senti le besoin d’aller plus loin avec son contact lotois.

Au cours des derniers mois de travail dans le Lot, Alexandre suggérait de bon cœur à ses connaissances de l’inviter surFacebookafin de garder le contact. Peu l’ont fait. Certains se sont contentés d’être sur samailing-listde haïkus. Au travers de ces créations de poèmes de dix-sept syllabes, Alexandre maintient les contacts, même si très peu de correspondants lui font écho. D’autres lui ont communiqué leur numéro de portable. Mais Alexandre est peu enclin à utiliser le smartphone : dans la vie moderne, beaucoup d’entre nous sont déjà trop sollicités par ce biais pour les besoins du quotidien. Il reste peu de place pour des échanges désintéressés et anodins d’une vraie amitié. Et pour ne pas déranger les uns et les autres dans le cours de leur vie, Alexandre préfère les communications asynchrones que sont Facebook et les emails. Il réserve les SMS et les messages vocaux à des amis très proches. Certains de ses amis très chers n’ont pas d’adresses électroniques : il leur écrit par voie postale et téléphone en direct à l’occasion.

Pendant de longues années, Alexandre a consciencieusement entretenu son réseau d’amitiés. Paradoxalement, ces derniers temps, en plein confinement, il ne ressent plus le besoin de se raccrocher à chacune de ces relations qu’il espérait sincères et durables.

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2 Une amie de La Rochelle

Le 9 avril, alors qu’Alexandre s’apprête à déjeuner avec Ursula, il reçoit ce SMS qu’il n’a pu identifier tout de suite : « Ça va ? Tu es en Bretagne ? »

Alexandre répond : « Bonjour, désolé. J’ai changé de portable et vous n’êtes pas identifié dans mes contacts du nouveau portable. Pourriez-vous signer votre message ? »

Réponse : « Carole Desfargues »

Alexandre : « Voilà, je t’ai mise dans mes contacts, jusqu’au prochain changement d’appareil. Je suis avec ma compagne en Eure-et-Loir confiné comme tous honnêtes gens. J’espère que tu vas bien et ainsi que Chantal et tes amis. TéléBiz. Alexandre »

Silence. Carole se serait-elle vexée ?

Alexandre n’a pas insisté. Depuis qu’il est parti à la retraite, il s’est fait une philosophie de ses relations à distance : un vrai ami ne vous quitte jamais, peu importe la durée pendant laquelle on ne s’est pas vus. Une amitié sincère s’entretient spontanément, régulièrement, sans être pesante, on ne sait pas par quel miracle.

Dans la vie d’un exilé, une amitié véritable et durable relève du miracle. Pour Alexandre, rester fidèle à une amitié à distance est un souci constant de l’exilé, ce qui le

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différencie du natif d’un pays. Ce dernier peut se permettre d’être négligent. Dans leur conception du bonheur, il n’y a rien de commun entre un natif des lieux et celui qui a tout quitté pour repartir à zéro sous des cieux étrangers.

Pour l’exilé, sans cesse se pose la question de sa légitimité au bonheur.

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