Vermillon 1 - L empire des damnés
157 pages
Français

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Vermillon 1 - L'empire des damnés , livre ebook

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Description

Dans sa contrée sauvage, Garance n'a connu que la misère depuis sa naissance. Elle s'enfuit le jour où tous les Damnés, dont ses parents, sont tués et son village détruit par une horde de guerriers sanguinaires.
Peu de temps après, elle tombe sous l'emprise d'un mystérieux personnage, sur lequel d'horribles histoires circulent. Elle parviendra finalement à se libérer de son tortionnaire. Mais ce dernier veille au grain...
Garance retrouve alors par hasard un compagnon d'autrefois. Mais la joie des retrouvailles ne durera pas. La vie est rude: tortures et trahisons font partie du quotidien. Sans parler de la faim et de la peur... La révolte gronde.
Combattant sans relâche un empereur cruel, Garance et plusieurs autres sont prêts à tout pour redonner au peuple sa dignité. Des pages de l'histoire de leur pays s'écrivent avec leur sang...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 septembre 2013
Nombre de lectures 10
EAN13 9782894358801
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0022€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Titre
Illustration de la couverture : Jacques Lamontagne
Illustration de la carte : Claude Thivierge
Infographie : Marie-Ève Boisvert, Éd. Michel Quintin
Révision linguistique : Sylvie Lallier, Éd. Michel Quintin
Conversion en format ePub : Studio C1C4

La publication de cet ouvrage a été réalisée grâce au soutien financier du Conseil des Arts du Canada et de la SODEC.
De plus, les Éditions Michel Quintin bénéficient de l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Programme d’aide au développement de l’industrie de l’édition (PADIÉ) pour leurs activités d’édition.
Gouvernement du Québec – Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres – Gestion SODEC
Tous droits de traduction et d’adaptation réservés pour tous les pays. Toute reproduction d’un extrait quelconque de ce livre, par procédé mécanique ou électronique, y compris la microreproduction, est strictement interdite sans l’autorisation écrite de l’éditeur.

ISBN 978-2-89435-880-1 (version ePub)
ISBN 978-2-89435-356-1 (version imprimée)

© Copyright 2007

Éditions Michel Quintin
4770, rue Foster, Waterloo (Québec)
Canada J0E 2N0
Tél. : 450 539-3774
Téléc. : 450 539-4905
editionsmichelquintin.ca
Dédicace
Le pouvoir ne se donne pas, il se prend. V. I. Ulia
Carte
Un

C ette image me poursuivra jusqu’au bout : mon village en flammes dans le crépuscule, le rougeoiement du feu qui s’ajoute à celui du soleil couchant et irradie dans la nuit, les hurlements et les gémissements, le panache des chaumières qui se consument en torches cinglantes, les volutes noires et torturées qui montent à l’assaut des étoiles…
Le spectacle était terrifiant et splendide à la fois. C’était tout mon passé qui s’effaçait d’un seul coup. Un passé que je ne regretterais pas, avais-je alors pensé.
Debout à l’orée du bois, immobile et les pieds nus dans la boue gelée, je regardais les misérables chaumières disparaître au milieu de ces langues de feu qui léchaient le ciel comme pour lui fermer les yeux. Je suis restée là un long moment, face au brasier, sentant malgré la distance et le froid mordant la chaleur des flammes lointaines me caresser la figure. Puis je me suis mise en marche vers le village.
Lorsque je m’étais sauvée, ce matin-là, je ne soupçonnais pas ce qui allait arriver. Je savais que les hommes de l’empereur ou les Atamans allaient venir puisque le village avait refusé de payer les taxes – à cause de la pauvreté des dernières récoltes –, mais je pensais qu’ils se contenteraient de pendre une dizaine de paysans et de fouetter les autres jusqu’au sang, après avoir violé quelques femmes et battu des enfants. La routine…
Pourtant, lorsque j’avais vu les agresseurs traverser les bois en une meute effrénée, faisant claquer leurs fouets et poussant des hurlements de bêtes, j’avais compris que leur haine n’était pas ordinaire. J’avais remarqué, également, qu’il ne s’agissait ni des Atamans ni des hommes de l’empereur, et je m’étais demandé qui ils étaient. Je ne l’apprendrais que plus tard.
Puis j’avais pensé au village, à mes parents. J’avais aussi pensé à Koulak, et j’avais souri. « Ils vont le pendre, ce gros porc », m’étais-je dit avec un frémissement de satisfaction.

Les flammes s’étaient considérablement affaiblies, ayant dévoré presque tout ce qui pouvait brûler de ce ramassis de taudis. Ma maison n’était plus qu’un tas de cendres, comme les autres. Les cadavres jonchaient la place parsemée de débris calcinés où mouraient des flammèches. Mes parents étaient sans doute là, eux aussi, parmi les voisins. L’odeur du sang et de la chair brûlée flottait, répugnante. Je ne pouvais pas rester ici, il n’y avait plus rien pour moi. Ce village, c’était déjà du passé.
Il ne restait debout, à l’écart des décombres, que les ruines de la grange de Koulak, la seule dont les murs étaient construits en pierre. La massive porte de bois avait été épargnée, elle aussi. La porte derrière laquelle se trouvaient les réserves que Koulak gardait pour lui alors que nous mourions tous de faim.
J’imagine que ce n’est pas par bonté d’âme que les assaillants ne l’avaient pas incendiée comme le reste. C’était pour qu’elle puisse soutenir, exposé à la vue de tous – mais de qui, puisqu’il n’y avait pas un seul survivant? –, le corps de Koulak, qu’ils y avaient cloué avec d’énormes clous de fer, bras et jambes en croix.
Je me suis approchée. À ma grande surprise, j’ai constaté que Koulak respirait encore. Son ventre avait pourtant été fendu d’un coup de sabre et ce qui en sortait n’était pas beau à voir. Mais sa poitrine continuait de se soulever faiblement.
Je l’ai regardé attentivement. J’avais l’impression que sa graisse répugnante dégoulinait le long de ses flancs couverts de mouches en dépit du froid hivernal, luisant sous la lumière rouge des dernières flammes. Tout à coup, son visage a tressailli. Il s’était aperçu de ma présence et avait vu la gourde que je portais toujours à ma ceinture. Ses lèvres desséchées se sont entrouvertes avec peine, son gosier s’est agité, a vibré d’un tremblement douloureux de crapaud. Il a réussi à murmurer, d’une voix presque inaudible :
— Garance, j’ai soif… À boire… S’il te plaît…
Je l’ai regardé un long moment dans les yeux et, pour toute réponse, je lui ai craché au visage. Puis je lui ai tourné le dos et je me suis éloignée. Je ne me suis pas retournée.
Sans l’intervention des mystérieux incendiaires, c’est ce jour-là que mes parents m’auraient livrée à lui. Le jour même de mes treize ans. Ils m’avaient vendue la veille, après de longues tractations dont j’avais parfois surpris des bribes en me cachant, au risque de recevoir le fouet à clous. Il n’y a rien de pire que ce fouet. J’avais déjà vu des paysans en mourir. C’est d’ailleurs ainsi que mouraient habituellement les Damnés, depuis des générations. Ça leur évitait de crever de faim ou de froid…
Koulak, à plusieurs reprises, avait déjà essayé de me… Rien que d’y penser, un frisson de dégoût m’a envahie. Ses grosses mains sales sur ma peau, grasses, poisseuses… Sa viande noire, son ventre, épais comme celui d’un Homme… C’était pourtant un Damné, lui aussi. Mais qui voulait vivre comme un Homme.
« Allons, c’est fini, maintenant », m’étais-je dit. Ce village n’est plus. La carcasse de Koulak nourrira les corbeaux. Celles des autres également. Mais moi, les corbeaux ne m’auront pas.
J’avais souvent voulu mourir, au cours de toutes ces années, pour ne plus souffrir. Ce jour-là, pourtant, je me sentais libre et je voulais vivre. Loin de cette tourbe, loin de ce village de gueux. Loin des Damnés.
La plaine, autour de moi, n’en finissait pas de disparaître dans l’ombre. Je ne savais pas, à l’époque, jusqu’où elle s’étendait, jusqu’où s’étendait l’empire de Vermillon. Jusqu’au bout du monde, qui sait?
Alors, c’est là que j’irai, avais-je décidé. Aussi vrai que je m’appelle Garance.
Je me suis mise en marche, dans la direction où le soleil venait de se coucher, et je me suis enfoncée dans la nuit.
Deux
J e n’avais jamais connu autre chose que les interminables plaines de Siwr, qui appartiennent à l’empire de Vermillon. Koulak prétendait qu’on pouvait marcher pendant des mois et des mois vers le soleil levant sans en atteindre le bord. Au nord, les plaines se perdent dans les glaces des Eaux Blanches, mais j’avais entendu dire que les malheureux qui s’y aventuraient avaient toutes les chances de mourir de froid et d’épuisement avant d’y parvenir.
Au sud, elles se terminent là où commençaient les irréductibles territoires de Mongot, dominés par des peuples sauvages dont la cruauté, disait-on, n’avait d’égal que le nombre. Heureusement, les Atamans de la plaine du Gift, dont seul l’empereur Roman avait su dompter les terribles armées et s’assurer leur service, leur interdisaient toute incursion dans les immenses domaines de Vermillon.
Vers le couchant, les plaines sont arrêtées par la Bar

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