Vies de chat
75 pages
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Vies de chat , livre ebook

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Description

Les rues d’Hoggu ne sont pas sûres pour les enfants des quartiers pauvres. Et lorsque le jeune Calus décide par bravade de s’y aventurer, il ne se doute pas que son geste le met à la merci du redoutable Cruzac. Ce dernier lui offre un avenir étonnant, à condition de renoncer à son passé.
Pour cette nouvelle aventure, Sophie Moulay remonte aux sources et nous révèle les secrets de l’enfance et l’adolescence de Calus. Un vrai bonheur pour les fans de la saga L’Élu de Milnor et pour tous ceux qui découvrent ici l’univers de l’auteur.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 12
EAN13 9782374533018
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0015€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Vies de chat
Préquelle à l'Élu de Milnor
Sophie Moulay
Collection Les ados du Fou Les Éditions du 38
Chapitre 1
Les mains serrées autour de son larcin, Calus s’engouffra dans la ruelle voisine au pas de course. Derrière lui, sa sœur jumelle Linéa le suivait de toute la force de ses petites jambes.
Rends-moi ma poupée ! s’égosillait-elle entre deux sanglots.
En fait de poupée, il s’agissait plutôt d’une armature en bois surmontée d’une boule d’argile cuite au soleil. Linéa l’avait enveloppée à la façon des nourrissons d’un vieux tissu aux bords effilochés.
Calus fit soudain volte-face et agita le jouet.
Elle est moche comme tout, je vais la jeter !
Nooon, elle est à moi…
Les larmes coulaient sans retenue sur les joues de Linéa. La transpiration poissait ses cheveux blonds, qui d’ordinaire attiraient des regards envieux. Elle avait oublié le chapeau que leur mère leur imposait à chaque sortie. Leur teint crémeux supportait mal le climat chaud qui régnait dans l’empire hargor, et pourtant Linéa avait joué dehors tout l’après-midi. Avec ses yeux gonflés et ses coups de soleil, la petite fille de sept ans faisait la paire avec sa poupée informe.
Un sourire aux lèvres, Calus détala avant que sa sœur l’ait rejoint. Il adapta son allure, juste assez lente pour que Linéa ne désespère pas de le rattraper, juste assez rapide pour rester hors de sa portée. Son chapeau menaçant de s’envoler, le garçon l’enfonça davantage sur sa tête.
Il slaloma entre les hommes qui rentraient chez eux en fin de journée ; les plus chanceux revenaient avec quelque argent en poche. Arrivé sur la place du quartier, Calus effleura le soleil de bronze décorant la fontaine, un geste porte-bonheur qu’il esquissait à chacun de ses passages. En prenant le virage de la rue suivante, il commença à sentir un point de côté. Galvanisée par la colère, Linéa n’abandonnait pas la poursuite. Il l’entendait cependant crier d’une voix essoufflée. Le jeu s’éternisait, il fallait en finir.
Calus obliqua dès que possible en direction du nord, vers les faubourgs plus aisés. Entre deux trouées, il apercevait la masse imposante des remparts protégeant le quartier administratif. Plus haut, la lumière de fin d’après-midi éveillait des reflets dorés sur les murs de marbre blanc du palais impérial. Avec un rien d’imagination, on aurait pu croire qu’il était bâti d’or pur ; les ponts arachnéens reliant les différentes tours figuraient les fines chaînettes dont les femmes nobles aimaient parer leur chevelure.
La frontière implicite avec les faubourgs cossus se profila. Dès que Calus l’eut passée, il ralentit le pas. Linéa n’oserait pas franchir cette limite interdite par leur mère. Il était temps, les muscles de ses jambes le brûlaient.
Calus ! appela la petite fille. T’as pas le droit d’aller là-bas ! Les militaires vont t’attraper !
Il stoppa net et fit face à sa sœur. Il lâcha d’un air goguenard :
Tu es bête, ce sont des histoires pour faire peur aux enfants.
Non, elles sont vraies, c’est Maman qui l’a dit. Et puis, si tu ne reviens pas, je lui raconterai tout.
Je reviendrai… tout à l’heure !
Bien que pas complètement rassuré, Calus ne voulut pas perdre la face devant sa petite sœur. Tournant les talons, il pénétra plus avant dans ce quartier qu’il connaissait mal. Il jeta un dernier coup d’œil par-dessus son épaule. Linéa s’approchait à pas hésitants.
Caluuus ! Si tu me rends ma poupée, je ne dirai rien à Maman. S’il te plaît…
Si tu rapportes, je casserai ta mocheté en mille morceaux.
Sans attendre de réponse, Calus disparut au premier coin de rue.

La poupée lui pesait. Il s’en serait bien débarrassé quelque part, mais alors, plus rien n’empêcherait Linéa de tout raconter à leur mère. Autant poursuivre avec. Autour de lui s’ouvrait un monde étrange. Les maisons, hautes de deux ou trois étages, bloquaient la lumière du soleil. Pour autant, il ne faisait pas sombre dans les rues : les miroirs suspendus aux corniches dispensaient une vive luminosité.
Les passants lui jetaient des regards perplexes. Calus prit conscience de son aspect. Si sa tunique respirait une vague propreté, il ne pouvait dissimuler qu’elle avait été ravaudée à plusieurs reprises. Avant de décider de tourmenter Linéa, il avait joué à dessiner dans la poussière. Ses ongles en étaient tout noirs. En voulant rajuster son chapeau afin de cacher ses cheveux trempés de sueur, le garçon s’aperçut qu’il l’avait perdu. Sa mère serait furieuse.
Sur le pas de sa porte, un habitant aux sourcils froncés le dévisageait franchement. Calus s’inquiéta. Les histoires de sa mère lui revinrent à l’esprit.
Si tu t’aventures dans les beaux quartiers, les gens vont te prendre pour un voleur. Ils te dénonceront aux militaires. Tu sais ce qui arrivera, alors ? Tu devras espionner pour eux, leur fournir des renseignements. Et si tu n’as rien à leur donner, tu finiras dans le bard, à servir de repas aux animaux pendant que des centaines de personnes applaudiront.
Tout à l’heure, il avait affirmé à sa sœur que c’était des mensonges destinés à leur faire peur. Maintenant, il n’en était plus tout à fait sûr. Il regarda derrière lui. L’homme avait délaissé le seuil de sa porte et le suivait. Le cœur de Calus s’emballa. En cas de capture, il n’aurait rien à offrir aux militaires.
Allons, cet homme avait peut-être décidé de rendre visite à quelqu’un et s’il empruntait le même chemin que Calus, ce n’était que pure coïncidence. Oui, ce devait être cela, songea-t-il. Pourtant, à l’intersection suivante, il ne put s’empêcher de vérifier sa théorie. Un soupir de soulagement lui échappa. L’homme n’était plus visible.
Le pas plus léger, Calus poursuivit son exploration du faubourg. Les rues étaient plus droites que chez lui et mieux entretenues. Ses pieds nus habitués à la terre battue s’étonnaient du contact à la fois dur et rugueux des pavés. Les nombreuses fenêtres ne cessaient d’attirer son regard. Certaines d’entre elles, luxe suprême, étaient même en verre. Dans la masure où vivotait la famille de Calus, seule la porte s’ouvrait sur l’extérieur. Beaucoup de choses ressemblaient à son quartier : les fontaines au soleil de bronze, les trottoirs qu’il fallait garder propres par décret impérial… Ici aussi, les hommes portaient le pantalon très ajusté et des chemises bouffantes. Ils osaient quelques fanfreluches sur le col, signe d’une certaine aisance financière. Par contre, les femmes arboraient des jupes plus colorées que celles de sa mère. Sa mère… que dirait-elle si elle apprenait l’excursion de son fils ? Et si Linéa cafardait, malgré les menaces de Calus ? Il haussa les épaules. Il s’en occuperait plus tard.
C’est le sale gamin là-bas ! cria une voix. Regardez dans ses mains, il a déjà volé quelque chose !
Calus se retourna. Son estomac descendit de plusieurs étages. L’homme de tout à l’heure le montrait du doigt. Sauf qu’il n’était plus seul. Trois soldats, reconnaissables à leur pique, l’entouraient. Sans un mot, ils se lancèrent à la poursuite de Calus. Les pans de leur veste ocre s’écartèrent, révélant leur fine cotte de mailles. Leurs sandales claquaient sur le pavé et leurs piques tressautaient au rythme de leur course. Ils approchaient. Calus sortit enfin de sa torpeur. Ses jambes firent le reste. Il se mit à courir, le plus vite possible. Si on l’attrapait, on ne lui administrerait pas une simple tape sur le postérieur.
Arrête-toi, gamin ! cria un soldat.
Calus prit la première rue à droite. Une corne sonna derrière lui, à lui en écorcher les tympans. Il jeta un coup d’œil par-dessus son épaule. Les trois hommes le poursuivaient. La concentration figeait leurs traits en un masque dur. Calus redoubla d’efforts.
Arrête-toi, c’est un ordre !
À droite, encore à droite, à gauche. Calus choisissait au hasard. La peur lui donnait des ailes. Pourtant, des cliquetis métalliques résonnaient derrière lui. Les militaires gagnaient du terrain. Ils avaient cessé de l’appeler. Désormais, seule la corne s’en chargeait. Chaque coup était comme un aiguillon dans la chair du garçon et le poussait en avant.
Il heurta une passante, tomba sur les genoux, perdit un temps précieux à se relever. Une

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