Tableaux des jours
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Tableaux des jours , livre ebook

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Description

Arrêts sur image au fil des jours, pensées du soir, du matin… Qui ne se réveille ou s’endort sans images imprimées sur une rétine mouvante ?
Les tableaux d’un moment rassemblent du vécu, du rêve, de l’envie, ils prennent aussi une autonomie, évoluent, surprennent. La mémoire est chargée de myriades de ces compositions que l’intérêt artistique a investies et redéploie l’espace d’une minute.
Entre le matin et le soir, entre le soir et le matin c’est la boucle des visions qui présente chaque fois un anneau chargé de l’immuable passé et du présent fluctuant. Le clic de la boucle, c’est le déclic de la vision ; l’esprit a horreur du vide, il produit des tableaux aux jonctions du temps, sur des scènes imaginées, dans des labyrinthes habités.

Informations

Publié par
Date de parution 06 octobre 2016
Nombre de lectures 1
EAN13 9782304046298
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0017€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Tableaux des jours


Philippe Rousseau

Editions Le Manuscrit 2016
ISBN:9782304046281
Cet ebook a été réalisé avec IGGY FACTORY. Pour plus d'informations rendez-vous sur le site : www.iggybook.com
Table des matières

La pose du comte
Le triangle de la duchesse
Le souffle des dieux
Le regard amoureux
Des yeux en rêve
Bras d’enfant dans main de vieillard
Le sourire d’une mère
Mon visage dans le miroir
Le fantôme de draps
Vision d’un petit garçon
L’Orgueil ou ivresse vitale
L’Avarice ou réflexe de protection
L’Envie ou dispersion sensuelle
La Colère ou pulsion de soulagement
La Luxure ou élan vers la beauté des autres
La Paresse ou ajustement d’attitude
La Gourmandise ou délectation
Le duc et la duchesse
Le valet et la servante
Le bouffon et la reine
Le guerrier et la Reine de Saba
Le nageur et la sirène
Le courtisan et la favorite
L’éphèbe et la prêtresse
Le nain et la fée
Le poète et l’inconnue (à Prévert)
La matrice de Delvaux
Les fleurs de Kush
La femme qui échappe à Ernst
La femme qui échappe à Klimt
Le déclic du Grand Masturbateur
Les amants tristes d’Escher
La défiance de l’Origine du Monde
Fantaisie d’Olympia
1/Lundi : Suzanne
2/Mardi : Johanna
3/Mercredi : Lucy
4/Jeudi : Miranda
5/Vendredi : Lisa
6/Samedi : Guinnevere
7/Dimanche : Angie
Du même auteur
 
Les Clefs du Labyrinthe, 2007
L’Or des écrins, 2008
L’Esprit des prénoms, 2010
Crépuscule des comptoirs, 2011
Triptyques, 2012
Suppléments d’âme, 2014
Effets de miroir, 2016
 
 
I. Tableaux du réveil
 
 
Le mieux serait de me dire que chaque matin cette construction mentale que je ne peux m’empêcher d’accomplir est une brique nécessaire qui s’inscrit dans le mouvement massif de la cohérence de vie. Ne pas effacer ce qu’offre d’enrichissant le mélange des rêves de la nuit et des pensées du réveil, ne pas laisser passer les couleurs des vagabondages de l’esprit, ne pas les laisser perdre, ne pas les laisser stériles. Le mieux serait que cette couleur, ou plutôt ce prisme de teintes soit la composante de tableaux apaisés, de produits de ces quelques mouvements de pinceau intérieurs qui colorent cet instant du réveil et l’abandonnent ensuite dans les tiroirs plus ou moins étanches de la mémoire.
Retenir ces tableaux apaisés, garder le baume quelques heures et laisser la journée les absorber comme un buvard lénifiant, observer la vie dans sa clarté matinale, laisser s’installer la vision qui se lève et ramène un peu de la magie du sommeil. Le jour est fertile, il faut cueillir les gerbes de l’esprit, une pour chaque matin…
La pose du comte
 

 

Rai de lumière traversant un miroir… La figure du comte m’apparaît. Si ce jeune comte rêvait la fête où il fut convié le voilà rêvé par elle. La main négligemment posée sur l’arc en cuivre d’une pendule du dix-huitième siècle il semble abstraire son regard et baigner dans la lumière de son souvenir de la reine. La fête qui précisément se déploie autour de lui l’intègre si bien qu’elle dessine sa silhouette, peint son attitude, l’installe dans la grande pièce des courtisans, libre et souverain… Mais non, le comte croupit maintenant au cachot pour avoir osé tutoyer les dessous de la reine. La fête c’est la reine, c’est son travail d’intimité et de diplomatie, et la reine est amoureuse du jeune comte qu’elle n’a pas pu sauver ; elle hallucine une pose tranquille chez cet homme nouveau qui ne quitte plus ses pensées. Elle le voit en songe éveillé et je vois ce que contemple cette reine dans sa vision d’amour, celui pour lequel elle avait bravé l’ordre établi et les rumeurs : une noble figure, la sérénité incomparable de l’amour sur le visage, carte étoilée de tendresse dans sa main ouverte, moue assurée sur sa bouche d’homme téméraire, jabot, catogan, manchettes, les gants accrochés au poignard, lacets aux bottes. La tranquillité de la puissance lui sied comme le charme à l’amant, comme l’épée au flanc du héros. Son autre main tient une clef de fer, c’est le sésame des rendez-vous que la reine avait caché dans un tiroir, elle qui maintenant pérennise cette vision d’apaisement. Le comte finira probablement sous la hache du bourreau, l’amour de la reine devra se dissoudre dans la raison du pouvoir à moins qu’elle ne décide de retrouver son délicat alter ego dans la mort si cela lui est promis. Aussi longtemps qu’elle vivra elle fera vivre cette vision que je partage avec son regard imaginé.
Le triangle de la duchesse
 

 
Que le regard se promène dans les recoins d’une chambre ensoleillée par un matin d’été des rideaux aux moulures, sur quelle scène va se caler la spirale des pensées curieuses ?
Mais bien sûr c’était la veille au soir cette magnifique image cristallisant doucement au fond de l’esprit, comme du nacre dans un ruisseau clair, c’était la veille au soir, j’avais entrevu cette perspective dans un miroir ovale qu’Éros surplombait de sa superbe. Allongée, une duchesse parée d’une robe de lin violette offrait à voir les courbes de ses mollets, puis ses cuisses blanches jusqu’à sa vulve dorée où un mince filet blond vertical se perdait dans ses rondeurs de reins. J’aurais voulu inventer des rougeurs, entamer des caresses, recouvrir de baisers la peau claire et les ombres complices, effleurer la chair trouble et voyager comme Ulysse sur ces vagues claires. Contempler l’apaisement c’est se sentir nuage, léger comme l’autre, son innocence livrée comme un soleil de l’aube. La duchesse avait laissé ses chiens au pied du lit, accroché sa capeline au portemanteau et allongé ses pieds un peu las d’une longue marche, laissant à scruter ses vallées du corps jusqu’à la colline du triangle blond, tapis mousse perdu à l’entrée d’un tunnel de lin violet que la lumière de la chandelle soulignait en réduisant les parts d’ombre.
Que voulait donc mon esprit à survoler deux fois cette scène paisible, ce refuge pour le corps et l’âme ? Le témoignage du retrait de la duchesse dans la paix du soir, l’accompagnement d’une recherche paisible, d’une inscription dans le temps complice ; et la vision du matin, la duchesse goûtant le rêve qui me comblait.
Le souffle des dieux
 

 
Il avait l’énergie des démons, le geste puissant et la maîtrise des espaces, il vivait la prise précieuse, la surprise astucieuse, il avait le souffle des dieux.
Je le revois ce matin-là près de son mât de muscadet , l’âme marine, de la clarté aveuglante dans le clapotis de l’eau du port, assis sur le toit de la cabine comme un sphinx sur un rocher immergé, scrutant la lame de l’horizon qui tranchait une portion de temps à vivre, à moins que ce ne fût le ciel refermant son théâtre de mer. Après ce désir d’être le diable il se laissait traverser par le souffle des dieux. Du silence au rêve, du rêve au silence il était voyageur permanent, même sur le voilier à l’ancre, et il attendait les pseudo-matelots pour préparer les voiles, mais surtout les compagnons pour déployer l’amitié joyeuse, impatiente, toujours à recréer sans modèle.
Assis sur la cabine, les bras posés sur les genoux non loin du gouvernail, toute décision entre ses mains de capitaine, il s’absentait une minute dans la fraîcheur du port avant que ne commence la fête des yeux, le festin dans les voiles, l’exposition d’un art de soi, son art dans les autres, les autres, ce défi à la création d’une œuvre de vie. Sur un socle de sérénité il goûtait son devenir, son désir de durer, durer dans le glissement psychotrope où frémissait l’aube lumineuse, durer contre des barrages inconnus à venir et le jour des défaites.
Souvenir dans le vent de l’ami F. Il est là, devant, dans un reflet de carreaux, ramené au premier plan par l’intérêt du souvenir.
Le regard amoureux
 

 
Le regard amoureux est une vrille prête à ouvrir, chez celui qui y fait face, le gouffre de solitude et d’incompréhension qui l’habite, pour y déposer des éclats de couleur. Le visage amoureux c’est le visage envieux qui retient

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