1960: une Parisienne au Maghreb
174 pages
Français

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1960: une Parisienne au Maghreb , livre ebook

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Description

Automne 1962. Alger, Alger la blanche, Alger la belle a reconquis ses traditions, ses coutumes d'antan, sa lente mélopée. C'est dans cette Algérie qui vient tout juste de recouvrir son indépendance, cette terre que fuient à regret nombre de pieds noirs, que vient vivre Édith. Elle, c'est Paris qu'elle quitte. Le coeur léger, alors: c'est l'amour qui la transporte au pays de son mari Miloud qu'elle a rencontré en France. Loin de cet odieux métro, de ces boulevards affairés et bruyants, de ces grands magasins d'où l'on ressort abrutis, moites de chaleur et ruinés, l'attend l'Algérie, la vraie: pays de contrastes et de situations pittoresques... À contre-courant, Édith Rabahi-Talamon plonge dans ses souvenirs pour prendre le pouls d'une nation meurtrie mais emplie d'espoir, tournée vers l'avenir mais comme figée dans le temps. Autant chronique sociale que témoignage intime, son récit porte avec élégance le regard singulier d'une épicurienne égarée dans l'inconnu, tiraillée entre deux mondes, deux modes de vie.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 28 février 2013
Nombre de lectures 39
EAN13 9782342002966
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0071€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

1960 : une Parisienne au Maghreb
Édith Rabahi-Talamon 1960 : une Parisienne au Maghreb Publibook
Retrouvez notre catalogue sur le site des Éditions Publibook : http://www.publibook.com Ce texte publié par les Éditions Publibook est protégé par les lois et traités internationaux relatifs aux droits d’auteur. Son impression sur papier est strictement réservée à l’acquéreur et limitée à son usage personnel. Toute autre reproduction ou copie, par quelque procédé que ce soit, constituerait une contrefaçon et serait passible des sanctions prévues par les textes susvisés et notamment le Code français de la propriété intellectuelle et les conventions internationales en vigueur sur la protection des droits d’auteur. Éditions Publibook 14, rue des Volontaires 75015 PARIS – France Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55 IDDN.FR.010.0118082.000.R.P.2012.030.31500 Cet ouvrage a fait l’objet d’une première publication aux Éditions Publibook en 2013
L’Amirauté escalade le port, par-dessus les terrasses, jette son ancre dans la baie. Immobile, loin s’exhale la plainte du muezzin ; des rues tortueuses poursuivent leurs denrées diverses, éparpillées : des tapis d’Orient, de la poterie couleur grège, des chaussons de velours, des robes claires et brodées jonchent les trottoirs inégaux et mal pa-vés. Çà et là, des marchands de beignets à l’huile, de zlabias, de merguez inondent la chaussée. Des silhouettes blanches, délicieusement voilées côtoient des enfants re-couverts de haillons informes et malodorants ; des sandales de plastique aux couleurs aveuglantes martèlent le sol. Alger, Alger la blanche, Alger la belle a reconquis ses traditions, ses coutumes d’antan, sa lente mélopée. La ville Européenne qui s’étend à l’Ouest contraste par son Forum dominateur, ses larges avenues peuplées d’arbres, ses jardins à la française, ne forme qu’une vio-lente opposition à la cité mauresque aux dédales étroits, aux angles biscornus. El Djazaïr, port barbare et moderne, amalgame d’immeubles jaunes à 5 étages, surmontés de terrasses fleuries de géraniums et de plantes grasses, entrecoupé de ruelles hachées d’escaliers rudes, ville burlesque compo-sée de cubes blancs, ville antique avec les escaliers majestueux de son Forum, ville romantique abritée de jar-dins en espaliers, exotiques dans ses palmiers et ses parcs débordants de lauriers-roses et de jasmins entêtants. Surprenante dans les effets de sa révolution contre la classe dirigeante : il n’est rien de tel pour s’en rendre compte que de jeter un coup d’œil en se promenant au hasard, du côté des balcons fleuris, vers les fenêtres en-trouvertes. L’Arabe s’est installé dans les somptueuses
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résidences, ou d’élégants appartements jadis habités par des colons. Béates, leurs « Fatmas » prennent l’air sur leurs balcons. Qu’elle semble révolue l’époque où les yeux baissés, elles étaient soigneusement gardées de la vue de tous. Quelle ne fut pas ma surprise, un jour, de cet Automne 1962, d’apercevoir l’une d’elles remontant une des rues principales, en avançant à petits pas, tout en re-troussant délicatement son voile jusqu’au genou, laissant apparaître une jambe gainée de soie, chausséed’escarpins, que nos Parisiennes auraient pu lui envier. 18 heures : les gros cars bleus et blancs promènent leurs gros ventres, émettent un son criard et joyeux pour la sor-tie des bureaux : algériens et français, métropolitains et pieds-noirs, tailleurs et djellabas se déversent nonchalam-ment vers le port, le long des vitrines des magasins, sous les arcades des quais, sur les multiples places et jardins, aux terrasses des cafés et moi, Parisienne perdue dans toute cette foule, je remonte précipitamment l’épuisant escalier qui me mènera dans ma retraite provisoire, où je vais attendre sur ma terrasse mon époux, Algérien, qui rentrera d’ici une heure ce soir, comme tous les soirs, de-puis notre venue dans cette ville, à la suite de l’Indépendance de ce pays. Et puis, et puis… J’attends mon beau-père, le Cheikh, comme nous nous plaisons à l’appeler, mon mari et moi, venu tout exprès de son village pour embrasser son fils qu’il n’a pas vu depuis sept ans et qu’il croyait mort en France, ce fils qui lui revient, nanti d’une Roumia, pour légitime épouse. Alors forcément, la roumia se hâte, toute angoissée, à l’idée de l’affrontement de ce musulman à la barbe antique, ainsi que le montre sa dernière photo, portant coiffe et Djellaba. Cela prend même tournure de panique… Pourvu que le lapin que je vais lui préparer soit bon et que je ne rate pas le souper, car il est certainement aussi gourmand que son fils ! Toute l’importance de ma séduction prochaine réside dans la confection de ce misérable animal, je le sens bien !…
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