À bout touchant
189 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
189 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

« Nombreuses sont les choses effrayantes, mais rien n’est plus effrayant que l’homme. » Sophocle Antigone 1er janvier 1996, peu après minuit. La nuit alentour efface les derniers bruits, les dernières lumières du réveillon. C’est une nuit opaque, froide d’hiver d’un petit bourg à la frontière suisse. Tout à coup, cinq coups de feu claquent, la rouge tragédie déchire le voile de scène, de brouillard et de nuit. Le petit bourg d’Ornex est devenu, dans l’ordre humain, universel. A deux pas, dans l’obscurité d’une maison pavillonnaire, un père vient d’abattre ses deux enfants. L’arme du crime est une carabine 22 long rifle, offerte par le grand-père des enfants parce que le destin est aveugle. La petite est morte, le garçon mourra à l’hôpital de Genève peu après. A 250 kilomètres, la mère d’Hélène et Christophe dort chez elle. Le récit qu’elle écrira est un long cri déchirant, parfois halluciné mais toujours d’une implacable précision. Nous assistons à une descente aux enfers dans l’unité de temps et d’action de la tragédie antique. Cette jeune femme sensible et forte est ainsi la bouche d’ombre et de soleil qui traque le malheur jusque dans les détails. Nous ne sortons pas indemne d’une pareille lecture mais plus avertis de notre humanité partagée. Nous défions quelque lecteur que ce soit d’abandonner cette mère en quête de résurrection jusqu’à la dernière ligne confessée.

Informations

Publié par
Date de parution 01 décembre 2014
Nombre de lectures 12
EAN13 9782312032184
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0015€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

À bout touchant

Carole Rognon
À bout touchant









LES ÉDITIONS DU NET 22 rue Édouard Nieuport 92150 Suresnes
Crédit couverture : jonathanlepapillon.centerblog.net

© Les Éditions du Net, 2014 ISBN : 978-2-312-03218-4
Dédicace
A mes deux petits poussins, Christophe et Hélène, deux innocentes victimes.

A Jean-Pierre mon mari, pour son amour, ses valeurs humaines et son authenticité.
Remerciements à :
Marc Reinhart, « écrivain pour inconnu » qui a mis en ordre le récit de mon histoire.

Yves, un ami pour la rédaction du synopsis.

Janine, une amie pour la relecture du manuscrit et ses précieux conseils.

Guilaine pour la conception de la couverture : http ://jonathanlepapillon.centerblog.net

Pour contacter l’auteure : http ://aboutouchant.canalblog.com/

Prologue
Dans les semaines et les mois qui ont suivi l’assassinat de mes enfants, j’ai cru mourir moi aussi. D’abord sont venus la douleur et le désespoir. Puis, plus sournoisement, s’est installée en moi l’envie de rien. Sentiment confus du non-sens de la vie. Trou noir dans ma tête… Allais-je lâcher prise ? Finir mon existence comme un légume ? Je ne me le demandais même pas, trop absente pour organiser en moi-même la moindre réflexion. Abandon des jours qui passent, errance, glissade vers la folie sans doute… Puis peu à peu, sans que je ne décide rien, et comme s’imposant de lui-même, l’amour de mes enfants assassinés est remonté à la surface.
Le soleil avait percé les nuages…
Hélène ! Christophe ! Je vous revois souriants et joyeux, confiants dans la vie et dans les autres, tellement vivants dans mon cœur ! Tellement vivants que je veux vivre moi aussi…
C’est le temps qui a fait son œuvre.
Surgit alors l’envie de raconter. Une envie plus forte que tout et qui s’impose à moi comme une évidence. Oui, ce drame que j’ai vécu, je veux le partager avec le plus grand nombre, pour évacuer cette peine trop longtemps contenue… en essayant de dire l’indicible. Écrire pour tourner la page de ces années de galère. Parce que je ne veux pas seulement me soigner (soi… nier), je veux guérir ! (gai… rire).
J’ai tellement de choses à dire…
Bon nombre de gens auront gardé le souvenir du double meurtre d’Ornex (Ain). Largement reprise dans la presse, la nouvelle du drame a assez ému la région franc-comtoise pour imprégner les mémoires ; un événement dont la date restera gravée à jamais au plus profond de mon âme…
C’était le 1 er janvier 1996.
On se demandera alors pourquoi j’ai attendu si longtemps pour coucher sur le papier le fardeau du malheur.
Seize ans !!!
Il m’a fallu seize ans pour retrouver le goût, et j’ose dire, la joie de vivre ; celle qui donne l’énergie d’écrire. Pour retrouver aussi cette tranquillité, cette paix de l’esprit, sans laquelle seule la colère parle, transformant la réalité des faits et des circonstances en un cri.
Seize ans pour me reconstruire, atteindre la lucidité, le détachement qui permettent de dire les choses telles qu’elles se sont passées, sans fard, sans excès, sans injustice. Tout ce temps aussi pour atteindre, approcher devrais-je dire, la vérité. Vérité que j’estime devoir, par-delà la mort, à Hélène, à Christophe, à moi-même.
Et pour être sûre de tenir à distance la passion, je décide d’écrire à la troisième personne. Ce sera « Carole, elle » plutôt que « moi, je ».
Reste à poser la question du pourquoi… Alors… pourquoi ce livre ?
UN LIVRE POUR ÉVACUER la peine, je l’ai dit. Et puis…
UN LIVRE POUR METTRE EN LUMIÈRE aux yeux de tous, les lenteurs de l’imposante machine qu’est la justice pénale, et bien plus encore, les incompréhensions de la procédure civile qui n’a pas pu, pas su, pas voulu barrer la route au malheur.
UN LIVRE POUR NETTOYER les dernières traces du poison qui subsiste en moi. Je parle de ce venin injecté par ceux et celles que le malheur des autres excite.
Le venin des « langues de vipères ».
Certes, de nombreuses mains secourables se sont tendues aux moments terribles où je manquais de me noyer dans les eaux froides du désespoir. Mais je ne peux oublier que d’autres m’auraient volontiers enfoncé la tête sous l’eau. A coup de bêtise, de maladresse, d’esprit étroit, de mauvaise foi, de cupidité même. L’homme capable du meilleur comme du pire ? Je confirme.
UN LIVRE POUR TERMINER le travail de deuil.
« Hélène et Christophe sont morts ». On a beau se le dire, on a beau se le répéter, l’esprit humain ne s’avoue pas si facilement vaincu ; il a plus d’un tour dans son sac. Le mien m’invite parfois, au détour d’un rêve, à l’illusion de LEUR présence.
N’est-ce qu’un rêve ? N’est ce qu’une illusion ? Au lecteur de choisir…
Il y a comme ça, au-delà du réel, des semblants de vérité auxquels on serait parfois tenté de croire. Au lecteur de savoir…
Pourtant, le passé est immuable, n’est-ce-pas ? C’est ce qu’affirmait déjà la sagesse antique des grecs qui avaient coutume de dire : « Même un dieu ne peut pas faire que ce qui a eu lieu n’ait pas eu lieu. »
En tout cas, une chose est sûre : je n’écris pas ce livre pour le père assassin. Celui que je ne veux plus nommer par son prénom, que je veux chasser de mes souvenirs, pendant de longs mois n’a longtemps pensé qu’à une chose : la liquidation de nos biens. Récupérer son argent, il n’y a que cela qui l’intéresse. Aujourd’hui, du fond de sa cellule, à quoi peut-il bien penser ? Aux deux vies qu’il a sacrifiées sur l’autel de la haine ?
J’en doute fort.
De même que je doute fort de l’entendre un jour exprimer sincèrement ses remords. Bien sûr, lors du procès, il a demandé pardon aux enfants. Mais ce n’était que calcul ! Comme ce mot lui va bien… C’était un pardon de circonstance, soufflé par ses deux avocates soucieuses d’amadouer le jury.
Des remords sincères ? Non, je n’y crois pas.
Il n’a pas compris ce qu’il a fait, et ce n’est pas ce livre qui bousculera d’un iota son incroyable entêtement. Non, il ne changera pas. Je le sais, je le sens depuis qu’il a commis l’irréparable.
Que de chemin parcouru pendant ces seize années, au cours desquelles j’ai dû réapprendre à vivre, à rire, à aimer.
Seize années pour apprivoiser le bonheur…
Malgré le vide immense laissé par le départ de Christophe et Hélène, c’est désormais DEVANT que je regarde, faisant mienne cette pensée de Victor Hugo : « Je préfère l’avenir au passé, car c’est là que j’ai décidé de vivre le restant de mes jours. »
La terrible nouvelle
La sonnette de l’appartement retentit, tirant Carole d’un lourd sommeil.
Un coup d’œil à sa montre : il est sept heures. Qui peut bien venir la voir de si bonne heure, au matin de ce 1 er janvier 1996 ? C’est sans doute les jeunes du quartier, se dit-elle, qui font le tour des maisons pour finir un réveillon bien arrosé.
Carole n’a pas la moindre envie de supporter la gaieté tapageuse de ses voisins. Ce n’est pas le moment.
« Drinn… »
Mais c’est qu’ils insistent ! Elle imagine les rires, l’humour primaire et maladroit des soiffards. Si elle ouvre sa porte, elle le sait, il lui faudra partager par politesse les bons vœux, les jeux de mots approximatifs, toute cette démonstration d’affection, rendue collante par l’alcool. Après ce qu’il s’est passé la veille, c’est au-dessus de ses forces. Non, elle n’ouvrira pas. Ils finiront bien par s’en aller…
Carole se retourne dans son lit, bien décidée à retrouver un peu de paix dans le sommeil.
« Drinn… »
La paix ! C’est pourtant peu demander.
Carole veut la paix, le refuge du sommeil. Elle veut oublier dans les songes cette triste soirée de réveillon qu’elle a passée sans les enfants. Jacky avait pourtant promis de ramener Christophe et Hélène dans la soirée. Mais au dernier moment, il a téléphoné pour annoncer qu’il préférait les garder pour la nuit en raison de l’état des routes. A onze heures, tout le monde est allé se coucher, triste et déçu.
Un peu inquiet aussi.
Est-ce bien l’état des routes qui a motivé l̵

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents