Beloha, l amour en héritage
262 pages
Français

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Beloha, l'amour en héritage , livre ebook

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Description

De mon point de vue, le français représente l'universalité, et non pas un dialecte gallo-français. Cette langue explique mon amour pour la France. Elle est émancipatrice. Elle m'a fait grandir en compagnie des livres, dans l'amour des lettres et de la culture. Elle a aboli les frontières géographiques et intellectuelles. Elle a ouvert grand les horizons, elle anime le cœur de mon amour pour mon pays d'adoption. Un amour qui trouve son égal dans les espoirs d'avenir que je garde pour mon pays natal, Madagascar.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 25 mai 2016
Nombre de lectures 1
EAN13 9782342051698
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0090€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Beloha, l'amour en héritage
Romuald Rakotonirina
Mon Petit Editeur

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Mon Petit Editeur
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Beloha, l'amour en héritage
 
 
 
 
« J'aurais dû faire en premier mes petits-enfants avant
leurs parents. Ce sont des auditeurs attentifs
et complaisants pour mes cours d'histoire. »
 
À Tanjona, Melissa, Léa, Maëlle, Alicia, Noah
et à tous les petits-enfants Isse-Barbuscia
de la tribu gallo-italo-tsimahafotsy.
 
 
 
 
Prologue
 
 
 
Il y a trois catégories d’hommes.
1. Ceux qui racontent des histoires.
2. Ceux qui ne la racontent pas.
3. Ceux qui n’en ont pas.
Max Aub. Contes certains.
 
— Papy, est-ce que tu peux me raconter une histoire ?
— Donne-moi un livre et je te lis une histoire.
— Papy, pourquoi es-tu en France ?
— Ah, çà ! C’est une longue histoire !
Écoute cette belle chanson,
Prélude à notre histoire ;
L’histoire d’un petit garçon,
Lorsqu’il avait ton âge,
Reçut l’amour en héritage
 
J’ai reçu l’amour en héritage,
Un matin au pays des cigales.
La folie et le génie voyagent
Bien au-delà du temps,
Bien par-dessus les océans.
J’en ai lu, j’en ai tourné des pages
Pendant mes années folles ou sages.
Pour quelqu’un qu’on ne met pas en cage
C’est un beau cadeau, l’amour en héritage.
Si ma vie se traduit en je t’aime,
Si mes chemins ont croisé des torrents,
On est toujours un oiseau de bohème,
Un enfant de printemps.
J’en ai lu, j’en ai écrit des pages
Avant de poser mes bagages.
J’en ai vu tomber des pluies d’orage
Avant de trouver,
L’amour en héritage
Pierre Delanoë/Vladimir Cosma
 
 
 
Chapitre I. L’amour en héritage
 
 
 
En tout domaine, le génie de l’enfance est de découvrir l’essentiel sans connaître le nom qu’il porte.
Gilbert Cesbron
Tout enfant qui naît est un dieu qui se fait homme.
Simone de Beauvoir
 
En 1955, je trônais comme un prince du haut de mes quatre ans et j’absorbais les ondes du milieu familial. Que les ondes positives. La grâce de l’enfance ne garde que la quintessence de la vie, l’amour reçu à son aurore. Par sa manière de vivre, la famille m’avait fourni la clé de l’univers, la clé du cœur, celle qui ouvre à l’intelligence et les chemins aventureux du savoir.
Dès mes premières années d’homo sapiens, j’éprouvais une sensation de vivre dans le meilleur des mondes, et tout me semblait envisageable. Le monde se trouvait à ma portée, car l’homme est bon, ma famille formidable et Madagascar, un pays merveilleux.
J’étais convaincu qu’avec l’affection des miens, rien ne pouvait m’arriver. Chaque membre du clan à sa façon m’a donné l’assurance qu’il était possible d’aimer sans rien attendre en retour. J’ai reçu l’amour en héritage.
Je témoignais une foi inébranlable aux valeurs inculquées. Les sentiments positifs et la confiance en l’avenir ont entretenu ma soif de connaissance, mes rêves de gloire, d’argent ou de puissance. Ils ont développé la rationalité et le sens critique, et j’aurais rajouté l’humilité si je n’avais pas craint de manquer de modestie.
Savoir que j’ai été un enfant désiré, éduqué pour devenir un homme capable d’affronter l’adversité et les aléas de l’existence, en restant intelligent par le cœur et noble par le caractère, ho lehilahy , demeure l’apanage le plus précieux. La fatuité familiale sur ses origines aristocratiques, une sorte de code de la route sur les chemins de la vie.
J’ai su aimer, respecter, partager, rebondir, oser faire confiance, parfois à mon détriment. Je connais la colère et l’indignation, mais la haine et la vengeance me sont étrangères. Et si ma vie se traduit en je t’aime, si mes chemins ont croisé des torrents, on est toujours un oiseau de bohème, un enfant du printemps.
Les femmes murmuraient à ma mère que j’étais le plus beau et le plus intelligent. Et par le reflet du miroir parental, j’en étais convaincu. Que celui qui prétend n’avoir jamais ressenti la fierté maternelle envers son premier fils me jette la première pierre.
Installez un enfant sur un bon piédestal, il s’appliquera pour y rester. Adulte sans illusion, il regardera d’en haut la bêtise et les pièges destinés à le déshumaniser.
La famille de ma mère résidait dans le quartier de la Haute Ville, à quelques encablures du Palais de la Reine, le Rova de Manjakamiadana à Antananarivo. Celui des souverains Merina qui avaient régné à Madagascar, reconnu par les grandes puissances comme un État indépendant et libre, jusqu’à ce que la France y mette un terme.
C’était dans les années 1890, une époque où le droit d’ingérence de l’homme blanc s’appliquait déjà sur tous les continents pour imposer la Bonne Nouvelle et les systèmes monétaire, économique, politique et culturel pour un monde meilleur.
Antananarivo, Tana pour les intimes, la ville des mille (guerriers) est la capitale des 19 ethnies de Madagascar. Les Malgaches se reconnaissent un idiome commun, et des parlures régionales. L’anglais est venu étoffer et consolider l’unité linguistique du pays. Les noms des objets inconnus à Madagascar avant la « civilisation » ont été empruntés au vocabulaire de base anglais et français.
L’universalité de la langue malgache apparaît incontestable depuis le renfort des mots français. Le langage s’est enrichi, et ses formes permettent d’exprimer les idées les plus complexes, et les nombreux proverbes et adages donnent à la conversation la concision la plus précise.
Malgacho-français
Français
Ity vehivavy tsy manao kiloty ,
Cette femme qui ne porte pas de culotte,
Tsy manao silipy
ni de slip
Ao anaty zipo
sous sa jupe
Mitaingina sarety
qui s’assoit sur la charrette
Ary mitana labozy
et qui tient la bougie
Sady mihinana ny paoma
en mangeant une pomme
No mamaky Baiboly,
et lisant la Bible
Dia mahadangitra bibity
redresse la bite
Ao anaty pataloa ,
dans le pantalon,
Hoy ilay pretra katolika  :
dit le prêtre catholique :
Moa vé mbola virijiny  ?
Est-ce qu’elle est vierge ?
Sao dia makorely  ?
Ou bien, c’est une maquerelle ?
Tsia , mompera ,
Non, mon père,
Hoy ilay relijiozy ,
dit la religieuse,
Fa, zanaky Satana ,
c’est un enfant de Satan
Te hanao Vetaveta.
Qui veut faire vite, vite.
Tsy hitanao va ny vera  ?
Vous n’avez pas vu le verre ?
Nisotroiny ny divay  ?
Quand elle a bu du vin ?
Hoy ilay kapiteny ny polisy .
Dit le capitaine de police.
Dia namaly ny dokotera filozofa  :
Réponse du docteur-philosophe :
Divay ? Rà ny Jeso Kristy !
Du vin  ? Le sang de Jésus Christ  !
 
Lors des noces de Radama avec la princesse Rasalimo, une foule immense se pressait autour du palais pour célébrer la cérémonie. Radama apparut sur son balcon, prononça un discours, un Kabary pour remercier les invités et ajouta un mot, un seul mot.
Ce mot fut répété immédiatement par toutes les bouches, et avec un tumulte effroyable de rires, l’on vit alors s’exécuter à la minute, sur place, la plus fabuleuse orgie dont l’imagination puisse se faire idée. Un mélange confus, universel, les roturiers avec les nobles, les esclaves avec les libres, femmes mariées ou célibataires ; nul n’aurait eu le droit de s’insurger contre l’ordre sacré du monarque. Le maréchal Brady lui-même, émissaire du roi d’Angleterre avait vu sa wife commettre le péché de la fornication avec un barbarian sous ses yeux, sans rien dire. Oh my God !
Le lendemain, les civilisateurs européens se rendirent chez le nouveau couple et protestèrent avec aigreur contre l’odieuse action qu’il avait commanditée. Le roi pouffa de rire et leur répondit que le « Lapabe  » était une vieille coutume de sa tribu dont les chefs admettaient la pratique dans quelques rares circonstances et qu’il devait cet honneur à la princesse, sa nouvelle épouse.
Autre pays, autres mœurs, à Versailles, les courtisans qui bénéficiaient des faveurs de Louis XIV pouvaient assister le souverain pendant ses défécations matutinales. Le roi Soleil honorait ses sujets en leur permettant de reluquer son auguste postérieur et sentir les pestilences royales. Trahit sua quem que voluptas.
Avant que le christianisme ne commît ses ravages, les innocentes filles d’Ève ignoraient la nocivité des plaisirs de la chair. Elles n’éprouvaient aucun sentiment de vice et d’abjection. Elles ne savaient pas que perdre la virginité c’est contracter la souillure. Faut-il s’en réjouir ou le regretter, le libertinage était dans les mœurs à Madagascar ! Les biologistes le confirment, c’est inné au genre humain, inscrit dans nos gènes. Et les sens atrophiés des civilisateurs se sont réveillés sous les tropiques !
Tourmentés par la sexualité, écrasés par la chaleur ; les goumiers, les calotins, les colons étaient obsédés par le coït, mais vous imaginez l’horreur avec une indigène ! Un peu une guenon ! Aux hétaïres qui s’offraient à eux, ils n’avaient qu’un mot : vite, vite !
Vite, vite, est devenu en malgache vetaveta. Interprété comme un déduit à la va-vite parce que c’est une transgression de la loi divine. Un acte répugnant, bestial. Pas de transcendance, pas de sublimation. Du fast love .
Et c’est comme ça que les Vazaha, les Européens à Madagascar, ont acquis leur réputation de Vetaveta, des gens qui pratiquent l’amour sans amour.
Entre eux, un couple malgache emploiera le verbe milely, synonyme de s’envoyer en l’air, de désir réciproque, de plaisir partagé, un rapport non taché par le péché. Mais milely est banni du vocabulaire par les grenouilles de bénitier et les bonnes âmes. Ils ne tolèrent que le verbe miray (s’unir) pour l

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