Besoin d une infirmière de toute urgence
382 pages
Français

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Besoin d'une infirmière de toute urgence , livre ebook

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Français

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Description

Après avoir évoqué brièvement ses vingt-cinq années de carrière hospitalière, Flavie Servant s'attarde non sans une pointe d'humour sur le récit de ses mésaventures en tant qu'infirmière de soins à domicile. Cinquante années consacrées à soigner des malades nous sont relatées ici, de manière drôle, parfois, mais toujours émouvante, et avec le respect envers le malade et toute l'empathie qui caractérise la profession. Un récit rare et passionnant sur un métier qui force l'estime et le respect de chacun.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2014
Nombre de lectures 66
EAN13 9782336339542
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1050€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Titre
Graveurs de mémoire
Graveurs de mémoire
Cette collection, consacrée à l’édition de récits de vie et de textes autobiographiques, s’ouvre également aux études historiques. Depuis 2012, elle est organisée par séries en fonction essentiellement de critères géographiques mais présente aussi des collections thématiques.
Déjà parus
Mathieu (Jean-Marie), Souvenirs de guerre d’Algérie , 2014. Duhard (Jean-Pierre), C’est long une vie pour se souvenir de tout , 2013.
Nottara (Paltin), Entre la croix et le croissant, Les Notaras, une grande famille de Méditerranée orientale, 2014.
Mesu’a Kabwa (Luabeya), Une jeunesse congolaise : de Luluabourg à Kinshasa , 2013.
Charbon (Paul), L’aventure des frères Pathé, Du coq au saphir , 2013.
Frélaut (Jean), Le Graveur et le petit Renard, Lettres d’un Artiste du Livre à ses Amis Éditeurs (1939-1948) , 2013.
Fellrath-Bacart (Francine), Terrains vagues , 2013.
Nguyen Ky (Nguyen), Saigon après 75, une histoire oubliée , 2013. Ebner (Olivier), Venu de Bucovine, Itinéraire d’un survivant raconté par son fils , 2013.
Ces huit derniers titres de la collection sont classés par ordre chronologique en commençant par le plus récent.
La liste complète des parutions, avec une courte présentation du contenu des ouvrages, peut être consultée sur le site www.harmattan.fr
Copyright

















© L'HARMATTAN, 2014
5-7, rue de l'École-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.harmattan.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
EAN Epub : 978-2-336-68965-4
Chapitre I Naissance de ma vocation
C’est à dix ans que j’ai voulu être infirmière.
Je suis née à Midelt, charmant village du sud du Maroc au pied du Haut Atlas, que je ne quittais jamais et où, enfant, je passais avec mes amies de très bonnes vacances. Nous jouions dans les jardins publics, allions au cinéma voir Laurel et Hardy, Tarzan ou tout simplement les merveilleux dessins animés de Walt Disney, faisions des parties de cache-cache dans les champs de maïs, sautions à la corde ou à la marelle sur les routes où il ne passait qu’un autocar, à midi précise. Nous fréquentions surtout assidûment la piscine du camp militaire français. L’entrée était gratuite, mais seuls les enfants français et algériens y avaient accès !… C’était ainsi !
Dans ce petit village d’environ trois cents familles, tout le monde se connaissait. Pendant les vacances scolaires, personne ne partait et tous les élèves de l’école se retrouvaient avec plaisir. Il y faisait bon vivre. Les journées d’été la température montait facilement jusqu’à 37 ou 39° mais les nuits étaient souvent très fraîches. Les adultes se rencontraient sur la place du village, écoutaient de la musique, dansaient, buvaient une dernière bière, tandis que les enfants avaient droit à une limonade La Cigogne ou à une menthe à l’eau. La télévision n’existait pas…
Les familles aimaient se retrouver pour bavarder, se détendre, éviter l’isolement, dans un grand climat de fraternité. Lors d’un décès, la majorité de la population était présente à l’enterrement. Je n’ai retrouvé nulle part une telle atmosphère. Une sécurité totale, on dormait portes et fenêtres ouvertes.
Un matin, juste à la fin de l’année scolaire, mon père me fit part de cette décision : « Cet été tu partiras en colonie de vacances à Salé. » Je ne sais pas où se trouve Salé… et je ne comprends pas ce qu’est une colonie de vacances. Je pensais qu’on y faisait travailler de force les jeunes enfants pour préparer leur avenir ! Et je suis allée me réfugier chez une amie pour pleurer et lui raconter les projets de mon père.
Avec mon amie Madeleine nous prenons le livre de géographie de sa sœur aînée et cherchons où se trouve Salé. Mon Dieu que c’est loin ! Mais comment vais-je y parvenir ? Ici il n’y a que l’autocar et il s’arrête à Mekhnès
Je fais un peu d’opposition. Devant la sévérité de mon père, il vaut mieux obéir ! C’est la mort dans l’âme que je le vois mettre mes affaires dans une petite valise. Il m’achète des chaussures genre mocassin, moi qui marche souvent avec des nu-pieds, en sandalettes légères ou en babouches. J’en suis très malheureuse… Les nu-pieds d’alors ressemblaient un peu aux tongs d’aujourd’hui, une semelle avec une bride.
Mon père m’explique qu’il m’accompagnera jusqu’à Mekhnès et qu’ensuite une dame regroupera les enfants venant de plusieurs régions pour un séjour à la mer. Il trouve que je grandis très vite et que je suis trop maigre. Le « bon » Docteur Tonello de notre village lui a conseillé de m’envoyer au bord de la mer pendant les vacances.
De Mekhnès à Salé, il faut prendre un train de nuit dans lequel chacun a sa couchette. Nous arrivons à Rabat au petit matin et un car nous conduit au camp de vacances de Salé. Dans ce train de nuit j’« oublie » mes mocassins… Je préfère rester avec mes nu-pieds !
La colonie occupe un ensemble de grands bâtiments bas, dans un parc boisé, avec des dortoirs aux multiples lits alignés. On doit glisser sa valise sous le lit et mettre dans la table de nuit la trousse de toilette. Un autre bâtiment abrite la cantine et un dernier est réservé aux lavabos et aux WC. Bien évidemment garçons et filles sont séparés ! Nous nous retrouvons tous dans la cour pour jouer.
Je fais partie d’un groupe de petites filles d’une dizaine d’années, les autres ont entre douze et seize ans. Je suis extrêmement timide et me tiens tranquille dans un coin à jouer aux osselets, seule, ou aux cartes, quelquefois avec une autre camarade de mon âge. Les grandes, dont les jeux me paraissent bien brutaux, nous ignorent superbement.
Le courrier est distribué tous les matins et tous les matins j’attends une lettre qui n’arrive jamais…
Les après-midi nous allons à la mer, en rang, bien disciplinés. J’ai l’impression qu’il y a des kilomètres pour y parvenir. La mer me fait peur, toute cette quantité d’eau à perte de vue que je vois pour la première fois… J’accepte d’y tremper les pieds, mais pas plus, marche arrière toute ! Je préfère rester allongée sur le sable ou faire des pâtés.
Au bout de quelques jours, une monitrice plus attentionnée que les autres me prend par la main pour m’entraîner dans les petites vagues et jouer avec le groupe des « petits ». Pour la première fois j’y prends un peu de plaisir et je commence au fil du temps à avancer un peu plus loin dans l’eau, jusqu’à ce qu’un grand garçon chahuteur décide de faire boire la tasse à toutes les filles. Il arrive derrière moi, sans que je le voie, me tire par les cheveux et je tombe en arrière au moment où déferle une grosse vague. Et je bois la tasse… Je veux me relever, impossible, une autre vague succède à la première et je commence à suffoquer. A la troisième ou quatrième vague, je n’ai plus aucune force pour me retourner ou me relever. J’ai l’impression que chaque vague m’entraîne avec elle. Je suis tout simplement en train de me noyer ! Et personne pour m’aider. Je vois mes camarades s’agiter autour de moi, indifférents ou aveugles à ce qui se passe à leurs pieds. Je réunis mes dernières forces pour me remettre sur le ventre et, genoux à terre, j’arrive enfin à soulever la tête et recracher l’eau que je viens d’avaler. J’ai eu si peur de mourir que c’est en larmes que je me plains à une surveillante. Au lieu de me consoler, elle me rabroue avec une rudesse qui me terrorise un peu plus. Arrête de « chouïner », me-dit-elle, et va jouer ! C’est pour moi encore plus violent que de boire la tasse…
De retour à la colonie je regagne mon lit, prétextant un mal de tête, et refuse de manger. Le lendemain je m’obstine à ne pas quitter mon lit, je fais semblant d’avoir mal au ventre et envie de vomir. Je reste ainsi couchée quelques jours faisant croire que je suis souffrante, pendant que tout le monde part à la mer.
Un matin, je reçois enfin une lettre de mon père. Il dit avoir eu de bonnes nouvelles de moi ! Par qui mon père a-t-il donc eu des informations à mon propos ? Il m’apprend que Moustique, notre chien, est mort en revenant de la chasse, ce qui me déclenche une nouvelle crise de larmes. Pour finir, il m’annonce que je vais rester un mois supplémentaire puisque tout se passe si bien !
Ça n’est pas possible, tout se ligue contre moi ! Je fais cette fois une véritable dépression. Je ne mange plus, je ne tiens plus sur les jambes, ce qui entraine finalement la décision de m’hospitaliser. Sauvée ! Je quitte ce monde de brutes ! J’en ai assez de marcher sans fin pour aller à la mer. Mais pour le coup, de n’avoir rien mangé pendant plusieurs jours m’a vraiment fa

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