Boulevard des étrangers
83 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Boulevard des étrangers , livre ebook

-

83 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

Hugo Ringer est un jeune artiste peintre allemand d’origine polonaise, il est établi en France depuis plusieurs années quand, le 1er août 1914, jour de la mobilisation générale, il passe automatiquement du statut de citoyen modèle à celui de suspect. Comme des dizaines de milliers d’étrangers ressortissants des nations ennemies mais installés sur le territoire français, il est rapidement arrêté et emprisonné loin des zones de combat. Début septembre 1914, Hugo Ringer arrive au camp du Jouguet, installé dans une ancienne usine de Saint-Brieuc, réquisitionnée pour accueillir ces internés civils. Il entreprend alors de consigner son expérience dans un carnet, rédigé comme un journal de bord, témoignage incroyable de la vie quotidienne de ces camps.



Brillamment adapté de l’Allemand par Ronan Richard, qui en signe également la préface, le texte d’Hugo Ringer offre un regard différent sur la Grande Guerre, il est publié à l’occasion du centenaire de la fin de la Première Guerre Mondiale.


Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 5
EAN13 9791095897071
Langue Français

Extrait

© 2018 - Les Archives Domantes
ISBN : 979-10-95897-07-1
www.lesarchivesdormantes.fr
À René, Marie et Sarah Richard, qui savent pourquoi.
À Hugo, Hermann, Gisela et Edvin, et à Carolin, pou r avoir incarné durant ces vingt-cinq ans de recherches ce fil rouge franco-allemand si intime, profond et indéfectible.
Préface
Le carnet était là, égaré au milieu de ce carton d’ archives brutes laconiquement répertoriées sous l’appellation « Étrangers 14-18 – camps de concentration ». Soustraits aux regards depuis le printemps 1916, ce s 302 feuillets manuscrits rédigés en caractères gothiques se détachaient presque irré sistiblement de cet amas de documents hétéroclites, excitant ma curiosité de je une étudiant en quête de terres historiques à défricher. En ce printemps 1995, écha udé dans ma vocation médiéviste par une première expérience de recherche peu conclu ante, je sondais la piste des réfugiés de la Première Guerre mondiale dont le sor t m’avait été révélé alors que je classais les archives municipales de la ville de La nnion. Quelques rudiments de la langue de Goethe en poche, renforcés par une fibre franco-allemande profondément ancrée, m’incitèrent à céder à cet attrait inexplic able et à me détourner un moment de mon entreprise d’inventaire général des fonds de la Première Guerre. Me saisissant délicatement du petit carnet tentateur, j’en entama is la lecture, non sans une certaine émotion. Sur la page de couverture, un titre griffo nné à la plume bleue, un peu pâli par les années : «Erlebnisse aus der Kriegsgefangenschaft 1914-1915 ». Juste en dessous, une signature : Hugo Ringer. Le nom était entré dans ma vie, il n’en sortirait plus.
Tout chercheur a un jour connu cette émotion partic ulière, qui l’assimile tant à l’archéologue qu’au pionnier, celle d’explorer des territoires insondés. Mais peu y ont été à ce point invités par un acteur même de l’hist oire, celui qui vous prend par la main dès la première page et anticipe d’un siècle le tra vail de mémoire dont ce livre est l’aboutissement : « Si je m’assois aujourd’hui pour remplir ces feuilles, ce n’est pas pour décrire le déroulement des événements mais pou r essayer de mettre sur papier mes pensées et mon expérience personnelle. (…) Peut -être que l’un ou l’autre de mes proches s’y intéressera. »
Ainsi, telle une bouteille jetée à la mer, Hugo Rin ger avait-il affiché d’emblée son intention, préméditant que son carnet serait lu et qu’il contribuerait à témoigner du sort (1) partagé de ces quelques 60 000 civils internés dura nt la Première Guerre mondiale . Ces lignes semblaient subitement conférer à leur hu mble découvreur un touchant mandat de transmission mémorielle. Restait à s’ento urer, car un tel ouvrage ne pouvait s’accomplir seul. Les carnets d’Hugo Ringer devinre nt immédiatement une passerelle, au carrefour d’une belle aventure collective.
De ces collaborations, l’une était naturelle et obl igée. Petit-fils d’un ancien combattant, Louis Richard, qui connut son baptême du feu à Verd un le 22 février 1916, mon existence avait été bercée depuis l’enfance par l’i ntérêt familial manifesté pour cette Grande Guerre dont mon aïeul était revenu, certes i ntact physiquement mais non point psychologiquement. Comme tant d’autres, il était mo rt prématurément, en 1952, hanté par des souvenirs indicibles et laissant derrière l ui huit enfants dont le cadet était mon père, René Richard. Dès les années 1960, celui-ci c ommença à questionner ce conflit qui l’avait trop précocement privé de ce lien pater nel et se lança notamment dans une campagne sans équivalent d’enquêtes orales. Près de quatre-vingts anciens combattants de la Grande Guerre lui confessèrent ce s fragments de vie bouleversants, presque inavouables, dont je fus parfois le témoin. « Je cherche à comprendre »,
confessait Jacques Monod au dernier jour de sa vie. Il y a de cela dans la quête historique et intime de mon père qui, près d’un dem i siècle plus tard, n’aura pas étanché sa soif de compréhension. Pouvait-elle seul ement y prétendre ? Toujours est-il que dès 1995, mon intérêt pour la période était sce llé et je bénéficiais au plus près d’une bibliographie étoffée, d’une solide expertise historique et d’une complicité sans faille dans mes recherches.
Le terrain historique étant assuré, un double mur m e séparait encore d’Hugo Ringer : celui de la langue et de la graphie. Membre fondate ur de l’association...
  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents