Chronique de l'oubli , livre ebook

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Le petit carnet rouge offert par la jeune fille à l'enfant de trois ans est-il pure fiction ? La mère le prétendait. L'auteur de ces pages, convaincu du contraire, fait revivre toute une société paysanne rude et grégaire mais chaleureuse, soumise quotidiennement à la loi et au rythme imposé par une église despotique et puritaine, société peu cultivée qui n'est pas loin de penser que la fréquentation trop assidue des livres peut rendre fou.
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Publié par

Date de parution

01 octobre 2008

Nombre de lectures

263

EAN13

9782296188532

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

1 Mo

CHRONIQUE DE L’OUBLI

Témoins

Daniel Cohen éditeur

Témoins, chez Orizons, s’ouvre au récit d’une expérience personnelle.
S’il estvrai que chaque individuestun maillon indispensable à tel
ensemble, les faits qu’il relate recouvrent tantôtun réel sociologique ou
historique, tantôtune somme de détails grâce auxquelsundocument
naît, en sommeun acte personnel profitable auplus grand nombre.
Ladite expérience renseigne et conduit, par ce qu’elle implique, à la
méditation. Biographie d’untel ourécit contracté d’un événement qui a
dynamisé,voire transformé lavie de tel autre, geste d’une initiation
collective parfois,Témoinsdit et dira les hommes de toutes obédiences,
mais à partir d’un critère intangible: écrire avec style, afin qu’adoubé
par la grâce littéraire, le témoignage flambe dans nos mémoires.

Dans la même collection :
JosyAdida-Goldberg,Les deux pères
Chochana Meyer,Un juif chrétien ?

ISBN 978-2-296-04689-4
© Orizons, chezL’Harmattan, Paris,2008

Maurice Couturier

Chronique de l’oubli

2008

LIVRES ÉCRITS

Dumêmeauteur

Nabokov(premier ouvrage français sur cet auteur). Lausanne,
L'Âge d'Homme, 1979.
La polka piquée(roman). Lausanne, L'Âge d'Homme, 1982.
Barthelme(écrit en anglais avec Régis Durand). Londres et New
York, Methuen, 1982.
Gutenberg, Sterne and Nabokov.Claremont, CA, Center for
Humanistic Studies, 1989.
Textual Communication: A Print-Based Theory of the Novel.
Londres et NewYork, Routledge, 1990.
Nabokov ou la tyrannie de l'auteur.Paris, SeuPoé-il, coll. «
tique, » 1993.
La figure de l’auteur,Paris, Seuil, Coll. « Poétique », 1995
Lolita de Nabokov,Paris, Didier, 1996.
Roman et censure ou la mauvaise foi d’Eros,Seyssel, Champ
Vallon, 1996.
Lolita, figure mythique,Paris, Autrement, 1998.
Nabokov ou la cruauté du désir, lecture psychanalytique,Seyssel,
Champ Vallon,2004

LIVRES ÉDITÉS

Representation and Performance in Postmodern Fiction, ed. (actes
ducolloque de Nice). Montpellier, Delta, 1983.
Écriture: expression, communication et création, ed. Nice,
C.R.D.P., 1985.
Œuvres romanesques complètes de V. Nabokov,Paris, Gallimard,
bibliothèque de la Pléiade, 1999.

LIVRESTRADUITS

L'exploit(traduction deGloryde Nabokov). Paris, Julliard,
1981.
Réflexe et ossature(traduction deReflex and Bone Structure, de
Clarence Major, en collaboration avec Yvonne
Couturier). Lausanne,L’Âge d'Homme, 1982.
Mademoiselle O(traduction deNabokov's Dozen, en
collaboration avec Yvonne Couturier). Paris, Julliard, 1983.
Détails d'un coucher de soleil(traduction deDetails of a Sunsetde
Nabokoven collaboration avec Yvonne Couturier).
Paris, Julliard, 1984.
Jeu de société(traduction deNice Workde David Lodge, en
collaboration avec Yvonne Couturier). Paris, Rivages, 1989.
Changement de décor(traduction deChanging Placesde David
Lodge, en collaboration avec Yvonne Couturier). Paris,
Rivages, 1990.
Un tout petit monde(traduction deSmall Worldde David Lodge
en collaboration avec Yvonne Couturier). Paris, Rivages,
1991.
Nouvelles du Paradis(traduction deParadise Newsde David Lodge,
en collaboration avec Yvonne Couturier). Paris, Rivages,
1992.
Hors de l’abri(traduction deOut of the Shelterde David Lodge,
en collaboration avec Yvonne Couturier). Paris, Rivages,
1994.
Lolita(scénario) (Traduction duscénario deLolitaécrit par
Nabokovpour Kubrick ; en collaboration avec Yvonne
Couturier). Paris, Gallimard, 1998.
Lolita(le roman), Paris, Gallimard,2001.
La vie en sourdine(traduction deDeaf Sentencede David Lodge,
en collaboration avec Yvonne Couturier). Paris, Rivages,
2008.

Il n’a jamais cru probable ou possible que le
ministre eût déposé sa lettre juste sous le nez
du monde entier, comme pour
mieuxempêcherun individuquelconque de l’apercevoir.
EdgarAllan Poe,La lettre volée

Prélude

haud, fracassant, mouillé, enveloppant, le noir absolu…
C
Non, même pas, un noyau de rien dans rien, je ne suis pas, je
deviens. Je deviens deux, puis quatre, puis huit, et ainsi de suite à
l’infini jusqu’à devenirun, rien qu’un. Unun qui ne sait pas qu’il
estun, ne sait pas qu’il est, qu’il devient, suspendudansunvide
qui, en fait, estun plein,un plein chaud, fracassant, mouillé,
enveloppant, le noir absolu. Unun qui ne sait pas d’où il vient,
car avant il n’y a rien de ce qui est aujourd’hui sien. Qui ne sait
pas où il va, n’a aucune idée du lendemain. Ni d’hier, à vrai dire,
ni d’aujourd’hui, de maintenant où il est multitude et rien. Même
pas quelque chose qui a chaud, qui est mouillé, enveloppé, ne
voit rien. Je ne suis ici pour personne ; je ne suis ici personne ; je
ne suis pas ; je pas ; je, pas encore. Peut-être demain.Ça parle, ça
remue, ça déménage. Peut-être est-ce à moi que ça parle, pour
moi qu’on se remue,vers moi qu’on déménage, mais comment le
savoir ? Impossible, je ne suis pas moi, pas déjà, seulementun ici
dedans, et c’est bon. Oui, je ne suis qu’un dedans. Dedans quoi,
dedans qui, je ne le sais pas, mais c’est chaud, c’est mouillé, c’est

bon.
Et puis, peuà peu, ça prend forme, ne demande qu’à
s’affirmer, mais toujours chaudement enveloppé. Un dedans,
toujours et encore, mais dedans quoi, peut-êtreun corps, autre,
pas moi,un peumoi pourtant, pasvraiment différent. Moi
dedans en corps. Avec déjà quelque chose qui se dédouble, enfle,
se transforme. Un dedans, car ilya ce me sembleun dehors ;un
dehors bruyant qui me secoue, m’écoute, m’épie, m’appelle
même, mais que je n’entends pas, que je sens dans mon ici
de

12

MAURICE COUTURIER

dans, qui fait que je suis dedans. Un dedans, rien de plus. Une
tiédeur en suspens. Avec autour quelque chose comme de
l’affection. On me palpe, on me sent. On m’appelle, même, je
crois, on m’attend. Je m’étends, m’enfle encore et encore, en
corps indifférent; indifférencié? Peut-être que non, mais
comment savoir ?Une lueur me parvient dudehors, rose, avec par
moments des fulgurances, des éclipses aussi. Dehors est lumière
et bruit, obscurité et silence aussi, même si, toujours et encore,
dedans, pas moi, près de moi, encore et toujours ça tonne, tantôt
lent, tantôt accéléré. Un dedansun peumoi, presque moi. Qui
tonne plus fort que cela qui commence à gronder en moi, àun
rythme pourtant différent; cela qui fait que déjà je ne suis plus
un avec ce dedans. Un rythme en mon dedans à moi qui n’est pas
le dedans dans lequel je flotte et qui n’est pas moi. Un rythme
qui me fait moi, différent. Qui s’accélère par moments, se
ralentit, comme pour être audiapason de l’autre, maisva beaucoup
plusvite généralement.
Ça se rétrécit, ça se sent; quelque chose, de moi
peutêtre, frappe en dedans, gigote, on le sent, dehors, dedans. On
écoute, on entend. Pas tout le temps. Pas le temps. Pas temps.
Ici, maintenant,un corps, pas le mien, pas autre non plus.
Succion, donc bouche, à qui ? Pas à l’autre en tout cas. Question de
passer le temps, d’êtreun suçant, déjà. Avide ? Pasvraiment car
dans la bouche (à moi ?) ilya quelque chose de moi. Que je suce
tout le temps ? Peut-être que non, car ilya des moments oùje ne
me sens pas suçant, gigotant, entendant, palpitant. Des moments
plus oumoins longs oùje rien dutout. Pas moi. Pas ici, ni même
dedans. Seulement absent. D’oùje reviens comme avant. En
corps plus envahissant. Un peuplus moi, mais toujours dedans.
Ça se met à remuer, à basculer, à se contracter, comme si
on ne me supportait plus dedans. Quel confort, avant !Ça
pousse, ça sert, ça souffre aussi. Pas moi,un peumoi, cependant.
Pourquoi partir ? C’était si bon depuis que moi sentant, suçant,
dormant, gigotant. Mais demeurant. L’enveloppeva se
rétrécissant, etun abîme s’ouvre devant. Moi tombant, retenuencore

CHRONIQUEDE L’OUBLI—PRÉLUDE

13

mais chutant, déjà à peine en corps dedans. Ne poussezpas
derrière. On prend son temps. On, pas moi, dehors et dedans,
criant, déchirant. Pitié, on descend. La chute en avant. Toi
ouvrant. Moins chaud qu’avant. Courants d’air, fermezla porte!
Mais ça s’ou

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