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Description
Sujets
Informations
Publié par | Iggybook |
Date de parution | 10 décembre 2016 |
Nombre de lectures | 12 |
EAN13 | 9782363159144 |
Langue | Français |
Informations légales : prix de location à la page 0,0150€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.
Extrait
Enfin, tout de même !
Bernadette Roussille
Bernadette Roussille 2018
ISBN:9782363159144
Cet ebook a été réalisé avec IGGY FACTORY. Pour plus d'informations rendez-vous sur le site : www.iggybook.com
Table des matières
PRINCIPAUX PERSONNAGESET GÉNÉALOGIE
Trous dans le mur de Berlin
L’œil de Fabrice
La vieille dame et le narguilé
Pauvre Blaise
Pierre-qui-sauve-les femmes
Femme guidant le peuple
Un cœur en éclats
Le rire des corbeaux
Le château bleu
Qui suis-je ?
Biographie
PRINCIPAUX PERSONNAGES ET GÉNÉALOGIE
Trous dans le Mur de Berlin – L’œil de Fabrice La vieille dame et le narguilé
Bernard de Certeuil, ambassadeur, neveu de Constance Montignac (1910–1991)
Solange de Certeuil, sa femme (1920–2000)
Fabrice de Péreuil, filleul de Solange de Certeuil
Isabelle de Péreuil, « sœur » de Fabrice
Pauvre Blaise – Pierre-qui-sauve-les femmes
Constance Montignac, née de Certeuil (1890–1985)
Pierre Montignac, son fils, inspecteur général (1917–1989)
Daria Montignac, née Oldenska, sa femme (1906–1949)
Blaise Montignac, fils de Pierre, né en 1949
Cœur en éclats – Le rire des corbeaux – Le château bleu
Gaston de Certeuil, le général/baron, frère cadet de Bernard (1927–2013)
Béatrice de Certeuil, sa femme (1930–2013)
Leurs enfants : Alice, Jean, Agathe (1957–1992 ), Gérald.
Leurs petits-enfants, enfants d’Agathe : Emile, Eva, Elie (1988–2010) , Elise
Joseph/Giuseppe Palladi
Victoire Palladi, femme de Joseph
Les frères de Joseph : Gaetano, Gennaro et Philo Palladi
Guy Palladi, fils de Victoire, né en 1994
Femme guidant le peuple – Qui suis-je ?
Catherine et Gustave Rhuau, fille et fils du fermier de Rouchgast, ferme de Constance Montignac
Trous dans le mur de Berlin
Hamidou avait revêtu son costume gris du dimanche et enfilé sa chemise blanche bien repassée. Restait à choisir la cravate et les chaussures.
— Dis-moi Fatimata, entre les deux chaussures noires, laquelle sera la mieux, la pointue ou la carrée ?
Elle s’y connaissait en harmonie vestimentaire et il était, ce jour-là, très soucieux de son aspect physique car il allait se rendre à un entretien de recrutement. Le ministère des Affaires étrangères avait fait paraître une annonce pour embaucher le personnel de service de la nouvelle ambassade de France bientôt ouverte en République Démocratique Allemande.
La France avait, en février 1973, noué des relations diplomatiques avec l’Allemagne de l’Est qui, alors, était placée dans l’orbite de la Russie soviétique. Les affaires politiques étaient bien compliquées mais Hamidou avait compris qu’il se passait quelque chose d’important du côté de l’Allemagne et que c’était peut-être l’occasion pour lui de quitter l’hôtel Crillon où lui était gardien et sa femme cuisinière ; il avait envie de voir du pays.
C’était la première fois qu’il se rendait dans un ministère. Le nom de Quai d’Orsay l’impressionnait. Cœur battant, il s’y présenta à 16 heures. Il lui fallut montrer plusieurs fois sa carte d’identité, il la déploya avec application et présenta fièrement la lettre de convocation bleue, blanc, rouge de l’ambassadeur, Bernard de Certeuil. Il traversa plusieurs salons, immenses, dorés, à grands miroirs et tapis orientaux, sur parquets bien cirés. Il marchait comme dans un rêve, touchant à peine le sol, derrière un huissier, livrée noire et chaîne d’argent, qui lui offrait le chemin. On fit s’asseoir M. Hamidou Diouf sur une chaise tapissée de velours rouge et on lui dit d’attendre. À moitié posé sur le rebord, droit comme une colonne, il n’était pas rassuré du tout mais s’efforçait de discipliner son cœur emballé. Un autre huissier vint lui ouvrir une porte capitonnée qui donnait sur un grand bureau, impérial, lui aussi. Un Monsieur, grand et distingué, se leva et, souriant, lui tendit la main à travers le bureau. Hamidou, très impressionné, arrivait à peine à la toucher. Le Monsieur lui facilita la tâche.
– Vous répondez à l’annonce du Figaro ? Je pars bientôt pour Berlin-Est et dois amener de France mon chauffeur et ma cuisinière. J’ai lu votre CV et voudrais vous poser quelques questions.
Hamidou eut du mal à articuler un Oui qu’il sentait nécessaire. Le Monsieur le mit en confiance. « Vous venez du Sénégal ? Je connais bien ce pays . » C’était une gaffe : Hamidou était nativement français, mais il n’osa pas démentir et laissa le grand Manitou parler de sa carrière à lui. Il se levait de temps à autre pour regarder par la fenêtre et ne manifestait aucune curiosité pour les compétences et les projets d’Hamidou. Il sembla seulement attacher de l’importance au permis de conduire et demanda à Hamidou s’il avait une femme. Désorienté, celui-ci répondit : « Euh, oui ! ». En réalité, ce qu’il fallait comprendre, c’est que le Monsieur souhaitait que la femme de son chauffeur fût cuisinière.
Le moment le plus fort de l’entretien se produisit lorsque M. de Certeuil se mit à parler de son père, mort pour la France en 1916, sur le Chemin des dames. Hamidou, tout doucement, évoqua alors son père à lui, tirailleur sénégalais qui avait perdu la vie le 16 avril 1917. Le Monsieur murmura une litanie qui plut à Hamidou « Heureux ceux qui sont morts pour la terre charnelle/Mais pourvu que ce fût dans une juste guerre… » L’ambassadeur, parlant tout seul, s’intéressa ensuite uniquement aux guerres : la 10 e division d’infanterie coloniale, la barbarie, le camp de Buchenwald où il avait été déporté en 1944, la nécessité de mettre un terme à la rivalité franco-allemande, la satisfaction pour lui de contribuer à l’apaisement de la « guerre froide » en étant nommé à Berlin-Est.
Hamidou avait du mal à suivre mais opinait du bonnet, tout en posant son regard sur les grands lustres en cristal qui n’étaient pas encore allumés. Il s’attendait à enfin quelques questions sur lui et sa femme, lorsque l’ambassadeur, de nouveau, lui tendit la main.
– Merci beaucoup de votre visite. Je vous donnerai des nouvelles très prochainement.
Hamidou retraversa les grands espaces scintillants, la tête dans les nuages et la confusion dans l’âme. Il n’avait pas compris grand-chose, sauf que sa femme cuisinière et le Chemin des dames pouvaient lui être favorables.
Le nom de Berlin, cette sonorité chantante – surtout prononcé à l’allemande « Berline », appuyé sur le « in » – avait une place importante dans son imaginaire. Ce mot évoquait Marlène Dietrich, il avait adoré son récital à l’Olympia : « Qui peut dire où vont les fleurs… du temps qui passe ? /Quand saurons un jour, quand saurons-nous jamais ? » . C’était aussi l’héroïne de Cabaret , un film musical qui venait de sortir et qui les avait tous emballés, lui et ses copains. Et puis, Berlin le tenait en haleine par son statut de « rempart » du monde occidental et par le mystère des mots rebattus par l’actualité : superpuissances, communisme, marxisme, guerre froide, Mur de la honte… Sa culture politique était loin d’être au niveau de sa culture musicale mais tout l’intéressait dans le monde qui l’entourait.
Aussi fut-il au comble de l’excitation lorsqu’un bon mois plus tard il n’y croyait plus –, il fut de nouveau convoqué. Cette fois-ci, il fut reçu, accompagné de Fatimata, par M. de Certeuil et son épouse. Par opposition au quasi monologue de la première fois, ils furent interrogés en long et en large, sur leur expérience, leurs goûts et même leurs loisirs. Cette attitude intrusive était plutôt bon signe, mais Hamidou, paralysé par la peur de déplaire, s’effaçait devant Fatimata qui, très à l’aise – mais pas trop non plus – sauvait la face : le poulet en gelée, le repassage, le service de table, le sport se