Il était une fois une médecine, un médecin, des patients
92 pages
Français

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Il était une fois une médecine, un médecin, des patients , livre ebook

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Français

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Description

A travers ces quelques lignes, la vie, le temps défile. La médecine générale, acteur principal de ce petit film qu'est la vie, se décline au présent mais surtout au passé. Et que sera-t-elle demain ? Par ces petites scènes de la vie, l'auteur nous invite à regarder filer le temps. Le lecteur se laisse vite aller. Il se découvre, se souvient des uns et des autres. Sans prétention, ce long poème nostalgique nous révèle le médecin généraliste face à ses patients. Ils vieillissent ensemble. La médecine, sa pratique, vieillit pour finalement entrer dans un autre cycle.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 septembre 2016
Nombre de lectures 16
EAN13 9782140018459
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Titre
Robert Laurent








Il était une fois une médecine, un médecin, des patients
Copyright
Du même auteur aux éditions L’Harmattan
Burkina Faso, Rêves d’Afrique , photos Olivier Chomis, 2002
Le roman de Mademoiselle L , 2012
Un dernier jour en Arménie , 2013
Aux éditions du Panthéon
Pierre et Simon, jour après jour , 2002
Récompenses
Prix Clément Marot 2001 (poésie)
Prix Cesare Pavese 2011 (poésie)





















© L’Harmattan, 2016
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.harmattan.fr
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
EAN Epub : 978-2-336-77081-9
Dédicace


A tous ceux qui ont croisés ma route de médecin, à la Médecine
Citation


Faites que le rêve dévore votre vie afin que la vie ne dévore pas votre rêve
A. de SAINT-EXUPERY
Il était une fois, un médecin, une médecine
I l était une fois, hier ou avant hier, qu’importe, un jeune homme timide, gauche, ne sachant que faire de ses mains, de son corps, debout devant une assemblée aux yeux embués de larmes. Il lève la main droite pour prêter serment.
Le voilà définitivement médecin. Médecin à chaque seconde de son existence, quelles que soient les circonstances de sa vie, médecin même si le destin l’oriente vers d’autres univers. Médecin jusqu’à ce qu’un être cher lui ferme les yeux.
Le voilà témoin. Témoin de la société en évolution, en ébullition, témoin des souffrances des uns et des autres, témoin des questionnements de chacun des êtres croisés.
Le voilà témoin du temps qui file.
Alors, regarde filer le temps.
Regarde filer le temps, les ans, les âges… Depuis trente, quarante années déjà, peut-être plus, peut-être moins, qu’importe, le temps file à travers les doigts du médecin, à travers les regards, à travers son regard.
Le temps file, rapide comme une Etoile du firmament, comme l’éclair un jour d’orage.
La jeunesse n’a pas le temps de s’évanouir que déjà les rides s’accrochent, tenaces, rebelles, destructrices.
À peine disparue dans le brouillard du temps, la jeunesse laisse place à la vieillesse.
Elle arrive à la table de la vie. Sans même y être invitée, comme cela, penaude, naïve, en toute innocence.
Difficile de déterminer l’heure de son arrivée. Elle ne frappe pas à la porte. Elle ne prévient pas. Elle arrive. Traversée souvent à deux les premières années, elle se finit toujours en solitaire.
Installée, elle l’est définitivement, jusqu’à la fin, jusqu’à notre fin. Son début est imprévisible, insidieux, son départ est brutal, violent, enveloppé de douleurs, mouillé de larmes. Que serait la vie sans violence et sans larmes ? Un long fleuve tranquille, une terre d’ennui, un jour sans fin… Acceptons ce chemin de vie, acceptons la vieillesse, étape majuscule de nos vies.
Regarde filer le temps, prend le temps. La vieillesse n’est pas un naufrage, elle n’est pas impitoyable. Elle est une tranche de vie apprivoisable. Le bonheur est capable de l’adoucir, de la supprimer peut-être. Alors oui, tout va bien. Chaque matin le soleil vient frapper à la porte de nos paupières. Voilà un jour de plus. Un jour de plus à entendre le chant des oiseaux, les rires des enfants, le vacarme de la rue. Un jour de plus à se souvenir des jours d’avant. Un jour de plus pour penser au jour de demain… qui sait… peut-être que…
A peine le serment prêté, voilà le jeune homme gauche, un peu timide, parti sur le chemin de la réussite, plein d’ambitions, de certitudes. Le voilà « sachant » parmi les savants, ceux qui savent, ceux qui ne peuvent se tromper.
Comment se tromper après toutes ces longues études ? A travers ce temps qui passe, le jeune médecin observe, écoute, entend. La vie le façonne, le ciselle comme un orfèvre taille un diamant brut pour en faire un bijou.
Les jours s’écoulent. Tel le sable fin dans les doigts malhabiles de l’enfance, les certitudes, les ambitions se tamisent. Les questions se dessinent sur la plage. Il vieilli, lui aussi, il vieillit. L’humanisme réinvestit l’homme. L’essentiel reste entre ses mains.
Il regarde filer le temps. Une à une les vagues effacent les questions dessinées sur le sable.
Il comprend… Le cheveu est plus rare, plus blanc, le geste plus lent. Le temps ne compte plus, compte moins. Il prend le temps. La sagesse habille les ambitions.
Désormais la gestion n’est plus matérielle. Il faut gérer le temps, les sentiments, l’amour même. Peu importe le nombre d’actes réalisés, le nombre d’actes manqués. Il faut vivre son acte, sa relation avec son patient, avec cet homme qui lui donne sa confiance, avec cette femme qui, oubliant sa pudeur, se dévoile, se met nue, se met à nu.
Mais personne ne lui a appris, personne n’a peut-être osé lui expliquer ; trop intime, trop douloureux, trop personnel. Malgré ses longues années d’étude, passeport pour une carrière, il sait enfin qu’il ne sait rien.
Il comprend… enfin. Il comprend qu’il ne sait pas.
Les certitudes deviennent angoissantes incertitudes. Il découvre que son indispensabilité n’est qu’un leurre. Le médecin est un inutile indispensable au savoir vague et éphémère. Conscient de son statut, le voilà heureux. Heureux d’être médecin, heureux d’accepter sa transparence, sa vulnérabilité.
Heureux d’être devenu un peu plus vieux, un peu plus faible, beaucoup plus fort. L’insouciance, l’inconscience, s’estompent, s’envolent au royaume des illusions perdues.
Le voilà fier d’avoir levé la main droite. C’était hier, ou avant-hier. C’était une fois.
René, Simone, et les autres
A près des heures laborieuses, de travail, de difficultés, de tracas, la vie active s’éloigne. Plus que quelques semaines, quelques jours, quelques heures, et les contraintes professionnelles se rangent au placard, à tout jamais. Parfois, les portes de coffre s’entrouvrent pour laisser passer un souvenir. Alors tout se conjugue au passé, couleur sépia, odeur d’antan.
Ce jour tant espéré, tant attendu arrive, plus vite que prévu… la retraite. Et puis… Et puis cette invention de l’homme moderne s’annonce plus âpre, plus grise, plus triste que dans l’imaginaire. On reste seul.
Pas tout à fait seul. Dans la glace, on se regarde, on se découvre… si l’on ose. Les yeux plus fatigués, le sourire plus triste, les traits plus marqués, on se regarde, comme cela, candidement, en toute innocence.

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