Journal d un rappelé d Algérie
252 pages
Français

Journal d'un rappelé d'Algérie , livre ebook

-

252 pages
Français

Description

Dans ces pages, Claude Rosales, "rappelé au service", n'a nullement l'intention de raconter sa guerre, ce serait la même que celle de tous les autres. Il désire plutôt témoigner de sa vie de tous les jours, raconter ses grandes et ses petites misères, ses joies, la fraternité des armes. Il souhaite faire connaître la façon dont furent traités les rappelés, ces citoyens français qui avaient commis le crime de ne pas être contents d'avoir été rappelés sous les drapeaux pour une cause qui au mieux n'intéressait personne, au pire était jugée mauvaise.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 novembre 2008
Nombre de lectures 280
EAN13 9782296210523
Langue Français
Poids de l'ouvrage 9 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

JOURNAL D'UN RAPPELÉ D'ALGÉRIE
MAI-NOVEMBRE 1956
200 jours entre Alger et DjelfaHistoire de Vie et Formation
Collection dirigée par Gaston Pineau
avec la collaboration de Bernadette Courtois, Pierre Dominicé,
Guy Jobert, Gérard Mlékuz, André Vidricaire et Guy de Villers
Cette collection vise à construire une nouvelle anthropologie de la
formation, en s'ouvrant aux productions qui cherchent à articuler
"histoire de vie" et "formation". Elle comporte deux volets
correspondant aux deux versants, diurne et nocturne, du trajet
anthropologique.
Le volet Formation s'ouvre aux chercheurs sur la formation s'inspirant
des nouvelles anthropologies pour comprendre l'inédit des histoires
de vie. Le volet Histoire de vie, plus narratif, reflète l'expression
directe des acteurs sociaux aux prises avec la vie courante à mettre en
forme et en sens.
Dernières parutions
Volet: Histoire de vie
Philippe BALIN, Voir autrement, 2008.
Gérard LEFEBVRE, Récit d'adoption. Du désert à la source,
2008.
Aline MARTIN, Le cri de l'âme: après le viol..., 2008.
Marie-Thé LACLAVERIE, Un instant pour toujours
- Paroles de
fin de vie, 2008.
Nicole CROYÈRE (coord.), Surdité: quelle(s) histoire(s) !,2008.
Geneviève MASSÉNA, S. comme usine, 2008.
Jean-François GOMEZ, L'éducation spécialisée, un chemin de
vie,2007.
Association des Anciens Responsables des Maisons Familiales
Rurale (coord. par J.-c. Gimonet), Engagements dans les
Maisons Familiales Rurales, 2007.
Marie-Odile de GISORS et Joffre DUMAZEDIER, Nos lettres
tissent un chemin, 2007.
Michèle PELTIER, Le couchant d'une vie. Journal d'une
cancéreuse croyante et coriace, 2007
Jacqueline OLIVIER-DEROY, Cœur d'erifance en Indochine,
2006.
Jeannette FAVRE, En prison. Récits de vies, 2005.
Françoise BONNE, A.NP.E. MON AMOUR, 2006.Claude ROSALES
JOURNAL D'UN RAPPELÉ D'ALGÉRIE
MAI-NOVEMBRE 1956
200 jours entre Alger et Djelfa
L'Harmattan@
L'HARMATTAN, 2008
5-7, rue de l'École-Polytechnique; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan I@wanadoo.fr
ISBN: 978-2-296-06754-7
EAN: 9782296067547A mon fils Rémi,
A mes camarades, dont certaines
autorités militaires souhaitent
encore occulter le souvenir,
A mon grand ami Hugues Linké,
Et surtout à Michel Renard, mon
ami de tous les instants, parti bien
trop tôt.Présentation
C'est avec grand regret que j'avais quitté l'armée à l'issue de mon
service militaire au sein des Forces Françaises en Allemagne. J'aurais
aimé signer pour une ou deux années supplémentaires, non pas pour y
faire carrière, mais simplement dans le but de m'éclater encore un peu
avant de passer aux choses sérieuses, c'est-à-dire fonder un foyer,
entamer une vie d'adulte bien rangé tout en me faisant une place chez
un des grands constructeurs automobiles. Lorsque j'en ai parlé à mon
père il m'a simplement répondu:
" Mon fils, l'armée cela n'est pas pour les gens sérieux, et dans la
famille nous sommes des gens sérieux ".
Ce n'est peut-être pas ce qu'il pensait réellement, mais en vérité il
avait des vues tout autres quant à mon proche avenir. Il est vrai aussi
que son expérience de militaire en Allemagne avait été un séjour de
quatre ans dans un camp de prisonniers de guerre, ce qui lui avait
peut-être évité la déportation mais il n'y avait pas de quoi en
redemander. A l'époque je répondais toujours
Oui mon père "."
Ma carrière militaire semblait donc définitivement terminée.
Ayant achevé mes études d'ingénieur depuis quelques mois je réalise
qu'il est temps de cesser de vivre aux crochets de mes parents, que
mon père puisse enfin constater que ce n'est pas en pure perte qu'il
m'a permis une scolarité prolongée. L'accès aux bureaux d'études des
principaux constructeurs français est très cloisonné, surtout chez
Renault où l'on me déclare que mes études ne valent pas grand-chose
et qu'au cas très improbable où l'on m'embaucherait je serais tenu de
refaire mon apprentissage complet en commençant par l'atelier, ce qui
ne serait d'ailleurs pas pour me déplaire. Chez SIMCA par contre, il
- 9-existe un noyau dur d'anciens de mon école qui cultivent l'esprit de
clan et sont toujours très heureux d'accueillir les petits nouveaux de la
rue Boutebrie. Seul mais gros problème, il est difficile de démarrer
une vraie carrière avant d'être débarrassé du service militaire. J'ai bien
frappé à quelques portes mais sans succès. J'ai d'abord postulé pour
un poste d'assistant technique sur un navire au long cours de la Météo
Nationale. Concernant les voyages j'aurais été comblé. J'ai ensuite
sollicité un constructeur français de scooters qui voulait repenser ses
boites de vitesses. Le poste à pourvoir était à Saclay et j 'habitais la
banlieue est. Le recruteur m'a déclaré que je passerai plus de temps
sur la route que devant ma planche à dessin. Pour m'occuper et payer
l'essence et l'assurance de ma petite moto j'ai pendant quelques temps
relevé et chiffré les appels d'offres de la SNCF pour usines
de sous-traitants.
De façon presque systématique les garçons sortant de mon
établissement sont dirigés pour accomplir leur service vers l'Ecole
des sous-officiers mécaniciens de l'armée de l'air à La Rochelle. Tel
fut le cas de mon grand ami Philippe qui, pressé de se marier a déjà
résilié son sursis depuis six mois. Il m'a tellement dit et redit sur tous
les tons que La Rochelle c'était le bagne et qu'il fallait tout faire pour
l'éviter que j'ai fini par le croire. J'aurais pour ma part été très
heureux d'être envoyé le plus loin possible, par exemple dans une
colonie du bout du monde.
Si, très jeune encore au sortir de la guerre j'avais totalement occulté
les persécutions nazies et la Shoa, plus je sortais de l'adolescence plus
le souvenir de ces atrocités resurgissait de mon subconscient. Je
cherchais à comprendre l'incompréhensible mais j'avais beau lire et
me documenter, passer des nuits à réfléchir, mon questionnement
restait sans réponse. Le devoir de mémoire devenait de plus en plus
fort, au point d'en être obsessionnel. La guerre froide entre l'est et
l'ouest venait de pousser le gouvernement à allonger de six mois la
durée du service militaire, alors pourquoi ne pas en profiter pour aller
voir pendant les prochains dix-huit mois ce que peuvent être les
allemands chez eux et sans uniforme. Peut-être apprendrais-je quelque
- 10-chose. A défaut de trouver les réponses à mes questions je pourrais au
moins voir du pays.
J'accompagne la demande de résiliation de mon sursis d'une lettre
aussi respectueuse que possible disant que je serai fier et heureux dans
la mesure du possible de servir en Allemagne dans le train auto. Et si
je pouvais également être admis dans une école technique je serais
comblé comme aucun autre conscrit.
Les troupes françaises avaient encore le statut d'occupants et se
devaient de donner d'elles une image irréprochable. C'était donc un
pléonasme que de dire que la discipline y était des plus sévères et qu'il
était infiniment plus pénible de faire son service outre Rhin qu'à
Montlhéry ou à la caserne Dupleix. Alors, un garçon qui se veut
volontaire pour l'Allemagne on ne lui refuse rien. Je serai donc
incorporé dans l'Arme du train des Forces Françaises en Allemagne et
dans la meilleure des unités qui puisse exister.
C.R.
- Il -Appelé dans les Forces Françaises en Allemagne
Ma carrière militaire commence de la façon la plus banale.
Rendezvous à la caserne Clignancourt, acheminement vers la gare de l'Est.
Trajet sans incident jusqu'à Metz où nous faisons halte au centre
mobilisateur qui est, comme la majorité de ces centres une très vieille
caserne désaffectée plus très fraîche, utilisée uniquement à l'occasion
des incorporations ou des démobilisations. C'est également un lieu
d'abandon du vieux matériel que l'on conserve au cas où.
Heureusement il fait beau, ce qui nous permet de récupérer, allongés à

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