Les Malheurs de Mady

Marie Dumay

Description

Mady n’est pas née avec une cuillère en argent dans la bouche et les cieux du nord ne lui ont pas été cléments. Les séparations parentales, l’éloignement de la famille, la solitude, les vices de certains, la violence des autres, les haines inexplicables, les pensions austères, elle en a fait les frais. Cependant, ce n’est pas la recherche d’une quelconque pitié qui motive ces confidences… Car de la joie et de l’amour, de la chaleur fraternelle et des espoirs, il y en a aussi dans ce texte autobiographique qui revient sur une vie d’enfant, d’adolescente puis de femme obstinée, indépendante, inclassable, à chaque fois capable de renaître de ses cendres. Dénué d’artifices, d’enjolivement de la réalité ou de pathos excessif, un texte authentique, brut, dépouillé, qui énonce les vicissitudes de Mady, depuis ses premiers jours jusqu’à ses récents déboires de mère. Ne cédant jamais au pessimisme ou au fatalisme, guettant bien au contraire les courants favorables, un récit de vie d’une sincérité et d’une simplicité folles, qui dévoile les cicatrices d’une femme qui ne cesse de se relever.

Informations

• Publié par: publibook
• Nombre de lectures: 47
• EAN13: 9782748357714
• Langue: Français

Extrait

Les Malheurs de Mady

Marie Dumay Les Malheurs de Mady

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Cerfontaine Berceau de mon enfance, village des Ardennes belges. Le centre est situé au fond d’une cuvette ; sur ses pentes, tout autour, dejolies constructions enpierre de taille du pays bâties sur la roche. Une forêt naturelle couronne l’ensemble. La commune est très riche. Ma grand-mère a connu le village avec sa saboterie, sa scierie, sa marbrerie et sa brasserie. La scierie a ralenti, la marbrerie a fermé sesportes ;je n’étais encorequ’une adolescente. À l’époque de ma grand-mère (mille neuf cent), les femmes du village lavaient le linge à la fontaine et le rin- çaient à la rivière. L’eau ne manquaitpas. Des sources d’eau limpide, filtrée par les rochers, fournissaient la fon- taine en abondance. Les cerfs très nombreux et les fontaines expliquent l’appellation du village dujoli nom de Cerfontaine. Ma mère est née et a vécupresque toute sa vie à Cer- fontaine. Ma grand-mère maternelle descendait de toute une lignée de fermiers. Pour nepas avoir de voisins, elle avait acheté les maisons les plus proches. Ma mère Si- mone avait un cheval de selle : elle l’avait appelé Marquis. Il ne servaitqu’à lapromenade. C’était le chienqui tirait la charrette où l’on rangeait les cruches à lait. Heureusement, les cruches étaient vides en montant aupâturage etpleines en descendant vers la laiterie, où ma grand-mère fabriquait le beurre. Maman était avare de confidences concernant son en- fance et son adolescence. Je sais qu’elle a travaillé avec ses parents et qu’elle est allée à l’école jusqu’au certificat

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d’étudesprimaires, un exploitpour ces années mille neuf cent vingt-cinq. Elle m’a confié, unjour d’humeurportée à la confi- dence, qu’elle montait au pâturage en tablier et que, pendantque ses deux frères trayaient les vaches, ellepar- tait danser au village voisin. Cachant son tablier sous un petit pont de pierre, elle courait les quelques kilomètres qui la séparaient de la fête. Elle effectuait trois ouquatre danses et repartait en courant, n’oubliant pas de reprendre son ta- blier. Ni vu ni connu, les cruches étaientpleines de bon lait, chargéespar les bons soins de ses frères, Léon et Zé- phir, mes oncles chéris. Le chien tirait ; la troupe rentrait au bercail. Les frères ne mouchardaientpas, à charge de revanche. J’ai aussi apprisque ma mère tomba follement amou- reuse d’unjeune homme appelé Armand. J’aime bien ce nom, il me rappelle Les Amants de Vérone. Ma grand- mère s’opposa à leur union ; il n’yeutpas de suicide ! Un Flamand arriva à Cerfontaine. Ma mère en est tom- bée amoureuse. Ah ! il était beau et sentait bon le sable chaud ! Il venait de la mer du Nord. Maispourtant, Dieu et les Européens savent que les Wallons n’aiment pas les Flamands et vice versa. Ils se marièrent et eurent beaucoup de petits métis : cinq ! L’aîné, Roland, auraitpeut-être dû s’appeler Armand numéro deux. Michel, le deuxième(monpréféré), ressem- ble bien à un métis franco-flamand ; ma sœur Germaine aussi ; lequatrième, Robert, c’est la cata : bronze, métis afro ; la dernière, c’est moi. Suis-je oupas du bon métissage, blonde auxyeux verts ? Je ressemble à Michel et Germaine, mais… Ma mère n’apas connu sept ans de malheur, mais dix-sept. Son Flamand était d’un naturel hyperjaloux. Ma mère, très tendre, lorsque son mari partait en déplacement, manquait d’affection. Lui, son hyperjalousie le démangeant, traitait ma mère de tous les vilains noms d’oiseaux, en français et

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