Mémoires d'une sage-femme

Françoise Arqué-Mathon

Description

Ces mémoires racontent près de quarante ans d'exercice passionné du métier de sage-femme. À travers ce récit personnel se dessine une évolution : le dogme du « tu accoucheras dans la douleur », battu en brèche par la méthode du docteur Lamaze et, surtout, la reconnaissance de la sensorialité du bébé scientifiquement prouvée. Malgré les résistances de certains, l'auteur a pris part à cette évolution qui correspondait à ses intuitions de débutante, renforcées par son expérience.

Sujets

• Harmattan Littérature
• Témoignage
• Récit
• Autobiographie
• Santé
• Médecine

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 01 juillet 2017
• Nombre de lectures: 20
• EAN13: 9782140041600
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 2 Mo

Extrait

s

-

Françoise ArquéMathon

Mémoires d’une sagefemme

Hymne à la vie, hymne à l’amour

Mémoires d’une sage-femme

Françoise Arqué-Mathon

Mémoires d’une sage-femme

Hymne à la vie, hymne à l’amour

© L’Harmattan, 2017 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.editions-harmattan.fr

ISBN : 978-2-343-12530-5 EAN : 97823430125305

5

REMERCIEMENTS Si j’ai un grand merci à formuler aujourd’hui pour ce que je suis devenue, c’est surtout à ces milliers de mères, de couples que j’ai entourés et qui m’ont fait confiance, à tous ces petits d’homme que j’ai vus naître ou vivre leurs pre- mières heures, leurs premiers jours avec toujours autant d’étonnement, d’émerveillement, que je l’adresserai tout d’abord. Je dois aussi un grand merci à mes parents qui m’ont per- mis de m’orienter vers ce devenir, à mes premiers maîtres et professeurs qui ont cru en moi, à tous les médecins, les sages- femmes, puéricultrices, auxiliaires puéricultrices, infirmières, aides-soignantes et à tous ceux qui m’ont accompagnée, vrai- ment accompagnée tout au long de ma vie professionnelle, sans la parsemer d’embûches, d’épreuves inutiles et doulou- reuses. À tous ceux et celles qui, comme moi appréciaient ce qu’ils faisaient, aimaient ce petit être en devenir, et qui tra- vaillaient à mes côtés avec égard et tolérance. Merci aussi à tous ces autres compagnons de route – ceux de l’ASF tout particulièrement. Merci à Mireille, cette amie qui m’a beaucoup aidée dans la finalisation de ce travail. Et, bien sûr, un grand merci aussi à Gérard, mon mari, et à mes trois enfants pour leur accompagnement, leur acceptation de ce que j’étais, de ce que j’aimais, de tout ce que j’ai fait avec et grâce à eux.

7

PRÉAMBULE Écrire le récit de ma vie, plus de trente-cinq années de sage-femme : voici quelque temps, que tout doucement, cette idée a germé en moi. Petit à petit elle s’est affirmée, et par ce froid après-midi d’hiver de janvier 1998, je commence à la concrétiser. Trente-cinq années passées dans des services de maternité, pour accueillir des mères en attente et leurs bébés en devenir : cela peut faire un livre… Lorsque j’écrivais ces premières lignes, je ne savais pas du tout ce que cela donnerait. J’écrivais pour moi. Un dialogue intime avec moi-même. Je n’avais pas de but particulier, en dehors peut-être de me libérer de la profonde blessure injus- tement infligée par ma hiérarchie de l’hôpital de Beauvais. Ce dont j’étais sûre, en revanche, c’est que je désirais raconter, avec simplicité, franchise et respect, ce que furent ces longues, belles et parfois difficiles, voire douloureuses an- nées. Évoquer, au sens premier du terme, mon parcours de sage-femme, qui est indissociable de celui de la femme que je suis… L’essentiel de ces mémoires a été écrit entre janvier 1998 et avril 2000. En décembre 2002, à la veille de prendre ma retraite, j’ai, en une page, confié au papier mes interrogations devant cette nouvelle partie de ma vie. Ensuite, plus rien… Ce texte a dormi, « oublié » dans un tiroir. Ignoré de tous, y compris de mes proches, et presque de moi-même. Presque, mais pas tout à fait. En août 2016, j’ai commencé à penser à la fête que nous organiserions, Gérard et moi, pour nos cinquante ans de ma- riage, en 2017. Cela a été le déclic ; je me suis souvenue de ce texte : je pourrais l’offrir à ma famille et aux amis qui se- raient là ce jour-là, pour partager avec eux les joies et les

8

peines de ma vie de sage-femme. Et pourquoi ne pas les par- tager aussi avec d’autres, si c’était possible ? Alors, j’ai brus- quement décidé de l’envoyer à une amie qui avait, un an au- paravant, publié un livre deMémoires. Voici ce que je lui écrivais pour accompagner cet envoi : « Ce jour j’ose enfin ! Voici quelques années, j’ai eu un besoin profond d’écrire le livre de ma vie, mes mémoires de sage-femme. Je ne sais pas ce que cela vaut. Si tu as un peu de temps, peux-tu le lire et me dire si cela peut être publié ? J’ai envie de partager, surtout avec les mamans, ce monde merveilleux – mais implacable parfois – de la maternité. Merci de me dire ce que tu en penses. » Et là, une nouvelle aventure a commencé : relectures, mo- difications, va-et-vient des diverses versions entre elle et moi, précisions, ajouts… Une gestation de neuf mois (!) et une grande joie quand l’éditeur a accepté mon manuscrit. Dans la foulée, la mise en page du texte selon les normes éditoriales, pour le « prêt à clicher ».

Et voilà le bébé ! Vous qui lisez ces lignes, vous le tenez entre vos mains. C’est le récit de ma vie, la vie d’une sage- femme parmi tant d’autres.

9

«JE SERAI SAGE-FEMME!» Il y a de nombreuses années, alors que j’ignorais encore ce que j’allais vraiment faire de ma vie, la naissance de chatons a provoqué en moi un coup de cœur :Je serai sage-femme! En fait, ce coup de cœur m’a révélé à moi-même ce que je puis aujourd’hui appeler ma vocation. Ce fut mon premier contact avec la vie, la naissance. Quel émerveillement ! Elle était là, cette mère chatte, dans le silence de l’aube, accueillant un à un ses petits, les léchant pour les laver, mais aussi et surtout, pour les caresser, les masser, les rassurer, leur permettre de prendre conscience de leur corps dans ce nouvel espace. Eux répondaient à ces manifestations d’amour en miaulant, se lovant contre leur mère. L’un après l’autre, ils ve- naient se nicher dans sa fourrure et, en quelques minutes, s’ac- crochaient à ses tétons et buvaient avidement leur première té- tée avant de s’endormir, blottis contre elle, heureux, repus de fatigue et de nouvelles sensations. Quel magnifique tableau, que de sensations, d’émotions ressenties en quelques mi- nutes ! Alors au plus profond de moi, ce matin-là, j’ai ressenti très fort cet appel, et depuis il n’a cessé de m’habiter et de grandir. Oui. Je serai sage-femme ! À combien de naissances ai-je participé depuis ? Combien de futures mères ai-je aidées dans ce moment essentiel de leur vie ? Combien de pères ai-je vus essuyer cette petite larme d’émotion, ou vraiment fondre de tendresse ? Combien de tout-petits ai-je accueillis ? Je ne saurais le dire, et cela n’a au- cune importance. Il est une chose essentielle que je dois dire dès le début de ce récit : la naissance, pour moi, ce n’est pas seulement l’ins- tant de sortie du bébé hors de l’utérus, appelé « expulsion » –