Sœurs volées : Enquête sur un féminicide au Canada
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Sœurs volées : Enquête sur un féminicide au Canada , livre ebook

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Description

« La vulnérabilité appelle la vulnérabilité. La mort est en embuscade. L’aide sociale inadéquate et l’apathie médiatique renforcent cette hyperfragilité. Les femmes autochtones sont surreprésentées dans cette cohorte livide et silencieuse. Fétus de paille, brindilles, flocons de neige, éphémères, invisibles. »
Depuis 1980, près de 1 200 Amérindiennes canadiennes ont été assassinées ou ont disparu dans une indifférence quasi totale. Proportionnellement, ce chiffre officiel et scandaleux équivaut à 55 000 femmes françaises ou 7 000 Québécoises.
Dans ce récit bouleversant écrit au terme d’une longue enquête, Emmanuelle Walter donne chair aux statistiques et raconte l’histoire de deux adolescentes, Maisy Odjick et Shannon Alexander. Originaires de l’ouest du Québec, elles sont portées disparues depuis septembre 2008. De témoignages en portraits, de coupures de presse en documents officiels, la journaliste découvre effarée ces vies fauchées. Sœurs volées apporte la preuve que le Canada est bel et bien le théâtre d’un féminicide.
Avec des textes de Widia Larivière, Laurie Odjick, Connie Greyeyes et Helen Knott.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 06 novembre 2014
Nombre de lectures 3
EAN13 9782895966562
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Table des matières Couverture Page de demi-titre Page titre Page de crédits Dédicace Épigraphe Préface Introduction I: Rue Pitobig, Kitigan Zibi, 11 janvier 2014 II: Rue Koko, Maniwaki, août 2008 III: Parc Nagishkodadiwin, Maniwaki, 6 septembre 2013 IV: Route 105, 12 avril 2014 V: Sur la colline, 4 octobre 2013 VI: Au Tigre Géant, août 2008 VII: Sept-îles, 20 mars 2014 VIII: Poste de police, Kitigan Zibi, 24 janvier 2014 IX: Toronto, 18 décembre 2013 X: Ottawa, 31 janvier 2014 XI: Six-nations, 14 mars 2014 XII: Dans le bois, Kitigan Zibi, 2 mai 2009 XIII: York Factory, Baie d’Hudson, 5 février 1717 XIV: Hôtel Sheraton, Laval, 9 novembre 2013 XV: Rivière Désert, Maniwaki, 25 janvier 2014 XVI: Rue Pitobig, Kitigan Zibi, 5 septembre 2008 Remerciements Annexes Lettre ouverte de Laurie Odjick, 8 mars 2009 Discours de Connie Greyeyes sur la colline du parlement, 4 octobre 2013 Liste des rapports consultés Page de marque
Points de repère Couverture Page de demi-titre Page titre Page de crédits Dédicace Épigraphe Préface Introduction Début du contenu Remerciements Annexes Liste des rapports consultés Page de marque
Répertoire des pages Couverture 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 51 52 53 54 55 56 57 58 59 60 61 62 63 64 65 66 67 68 69 70 71 72 73 74 75 76 77 78 79 80 81 82 83 84 85 86 87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 100 101 102 103 104 105 106 107 108 109 110 111 112 113 114 115 116 117 118 119 120 121 122 123 124 125 126 127 128 129 130 131 132 133 134 135 136 137 138 139 140 141 142 143 144 145 146 147 148 149 150 151 152 153 154 155 156 157 158 159 160 161 162 163 164 165 166 167 168 169 170 171 172 173 174 175 176 177 178 179 180 181 182 183 184 185 186 187 188 189 190 191 192 193 194 195 196 197 198 199 200 201 202 203 204 205 206 207 208 209 210 211 212 213 214 215 216 217 218 219 220 221 222 223 224 225 226 227 228
Sœurs volées
Emmanuelle Walter
Sœurs volées
Enquête sur un féminicide au Canada
Préface de Widia Larivière
Photo p. 193 : Rémi Leroux
www.loiseaumoqueur.net
© Lux Éditeur, 2014
www.luxediteur.com
Dépôt légal : 4 e trimestre 2014
Bibliothèque et Archives Canada
Bibliothèque et Archives nationales du Québec
ISBN : 978-2-89596-191-8
ISBN (ePub) : 978-2-89596-656-2
Ouvrage publié avec le concours du Conseil des arts du Canada, du Programme de crédit d’impôt du gouvernement du Québec et de la SODEC. Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada pour nos activités d’édition.
À l’adolescence. À Maisy et Shannon, où qu’elles soient.
Grand-père disait qu’on ne veut surtout pas comprendre quelqu’un quand on lui vole ou lui a volé tous ses biens. La moindre compréhension entraînerait un sentiment de culpabilité insupportable .
Jim Harrison , Dalva
This issue is not a women’s issue, this is not an Aboriginal issue. This is a human tragedy, and this is a national disgrace .
Dawn Harvard , présidente intérimaire de l’Association des femmes autochtones du Canada, discours prononcé sur la colline du parlement le 4 octobre 2013
Préface
Widia Larivière, Anishnabekwe et cofondatrice de la branche québécoise du mouvement Idle No More
En tant que militante féministe des causes autochtones, je lutte notamment pour le droit des femmes autochtones à une vie décente, cause que je défends avec ardeur. Pourtant, il m’est très difficile de parler des femmes autochtones disparues et assassinées. Au-delà des analyses sociologiques et politiques que je pourrais en tirer, ce sujet éveille en moi trop d’émotion, de tristesse et de colère. Et cette épouvantable réalité m’écorche chaque fois que de nouveaux cas s’ajoutent à la sombre liste des disparues.
Au moment où j’écris ces lignes, en ce mois d’août 2014, on apprend que le corps de Tina Fontaine, une Ojibwé de 15 ans portée disparue depuis huit jours, a été retrouvé dans un sac jeté dans les eaux de la rivière Rouge à Winnipeg. Elle était sous la garde des services sociaux manitobains au moment de sa disparition. C’est par hasard qu’on l’a retrouvée, alors que les plongeurs cherchaient un homme noyé. Cette nouvelle victime s’ajoute donc à la liste des 1 181 femmes autochtones disparues ou assassinées au Canada depuis les trente dernières années. Comme pour les autres cas récents, cette dernière atrocité a relancé le débat concernant la nécessité d’une commission d’enquête publique et indépendante sur ce phénomène, ainsi qu’un plan d’action national contre la violence faite aux femmes autochtones. Mais le gouvernement actuel a refusé une fois de plus d’accéder à ces revendications et préfère encore s’en remettre aux forces de l’ordre. À mes yeux, ainsi qu’aux yeux de nombreux autres militants, il est inadmissible que ces mesures – la commission d’enquête et le plan d’action – fassent l’objet de tels faux-fuyants, alors qu’elles ne seraient pourtant que le début d’une solution.
Lorsqu’on parle de 1 181 femmes autochtones disparues ou assassinées, encore trop de gens ne se rendent pas compte de l’horrible situation qui se perpétue sous nos yeux. Dans l’imaginaire populaire, les chiffres ont souvent le défaut de n’évoquer qu’une suite de faits divers. Or chaque cas représente une tragédie incommensurable pour les proches des victimes. Ce sont en fait des familles et des communautés entières qui se retrouvent affectées pour toujours, amputées, et celles-ci sont trop souvent laissées à elles-mêmes.
Ce qui se passe au Canada est une tragédie nationale qui s’inscrit dans les impacts encore actuels de l’héritage colonial, et s’apparente à un féminicide. J’ai remarqué qu’il est parfois plus efficace d’utiliser des comparaisons pour faire comprendre aux non-Autochtones l’ampleur et la gravité du phénomène. Rappelons-nous que, proportionnellement, 1 181 femmes autochtones représentent environ 30 000 femmes canadiennes ou 55 000 femmes françaises. J’ose croire qu’un tel décompte de femmes assassinées ou disparues déclencherait un véritable scandale dans le monde entier. Le racisme, l’indifférence des médias et l’apathie politique font en sorte que la disparition d’une femme autochtone émeut moins la majorité que celle d’une femme blanche.
Les femmes autochtones disparues ou assassinées au Canada ne sont pas des victimes de faits divers. Elles sont victimes de crimes, mais il ne s’agit pas uniquement de meurtres ou de séquestrations. Il y a un autre crime, et c’est l’indifférence. Des ouvrages comme celui d’Emmanuelle Walter sont importants car ils humanisent ces drames en allant au-delà des chiffres. L’auteure le fait en donnant chair aux statistiques, dans ce cas-ci, en racontant les histoires de Maisy Odjick et Shannon Alexander, deux jeunes femmes Anishnabés portées disparues depuis 2008. En partant de ce récit, elle présente des analyses et des interprétations sociologiques du phénomène. Sans parler au nom des Autochtones, elle contribue à combler un vide et à interrompre le silence entourant la question des femmes autochtones disparues et assassinées. Je la remercie pour son dévouement, car nous avons aussi grandement besoin de l’appui et de la solidarité de tous pour éveiller la conscience collective à ce sujet.
Ce n’est pas pour nous poser en victimes ni pour nous apitoyer sur notre sort que nous, militantes féministes autochtones, menons nos actions. Certes, nous souhaitons rendre hommage à nos sœurs disparues et assassinées ainsi que sensibiliser la population, et faire entendre nos revendications sur cette question. Mais nos actions visent aussi à revaloriser le pouvoir des femmes autochtones dans une perspective de décolonisation. Selon un dicton autochtone : « On perd la bataille le jour où le cœur des femmes tombe au combat. » Constatant l’ardeur et la détermination avec lesquelles mes consœurs militent pour cette cause, ainsi que l’apport précieux que constituent des ouvrages comme celui d’Emmanuelle Walter, j’ai toujours espoir que nous obtiendrons justice.
À nos sœurs volées et à leurs proches, à nos ancêtres, à nos familles ainsi qu’à la force de toutes les femmes autochtones .
Montréal, territoire mohawk non cédé, août 2014
Introduction
Quand des femmes meurent par centaines pour l’unique raison qu’elles sont des femmes et que la violence qui s’exerce contre elles n’est pas seulement le fait de leurs assassins mais aussi d’un système ; lorsque cette violence relève aussi de la négligence gouvernementale, on appelle ça un féminicide.
Contre toute attente, notre Canada épris de consensus social est le lieu d’un féminicide à bas bruit. Les victimes, ce sont les filles et femmes amérindiennes 1 .
J’ai découvert cette tragédie fin 2011, un an après m’être installée au Québec. Le Comité des Nations Unies pour l’élimination de toute forme de discrimination à l’égard des femmes, apprenais-je, avait été sollicité pour enquêter sur les assassinats et les disparitions des femmes autochtones du Canada. Cette épidémie d’assassinats, c’était une révélation.
En mai 2014, j’étais en pleine rédaction de ce livre quand la Gendarmerie royale du Canada (GRC) a, enfin, rendu public un rapport sur les femmes autochtones disparues ou assassinées. Pour la première fois, la police canadienne publiait ses chiffres, et ils étaient plus élevés que tous ceux diffusés jusqu’alors. Entre 1980 et 2012, 1 181 femmes autochtones ont disparu ou été assassinées, disait le rapport, alors qu’elles ne constituent que 4 % des femmes au Canada. Les filles et les femmes autochtones ont compté pour 23 % des homicides de femmes en 2012, tandis que, en 1980, elles ne représentaient que 9 % des victimes. Le nombre de meurtres de femmes diminue, mais pas du tout pour les femmes autochtones, observait la GRC.
Ce jour-là, plusieurs articles commentant ce rapport étaient illustrés par la même photo, celle d’une femme aux cheveux courts et bruns, en blouson de cuir, la tête inclinée devant un micro, regardant avec tendresse la photo de sa fille sur une pan

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