L’on éduque ses enfants pour les voir prendre leur envol, pour assister à leur épanouissement et leur reconnaissance dans le milieu qu’ils se seront choisi. On pense au meilleur, à l'avenir le plus beau, quand on les voit intégrer leur première classe. Pères et mères espèrent, pour eux, une croissance dans le rire, l’amitié, la douce insouciance. Tout enfant, quel qu’il soit, est à l’origine de ces espoirs. Il est seulement des espérances plus lourdes à porter, plus incertaines, dont l’on prédit la difficile réalisation… Notamment quand votre fille baigne dans les limbes du silence. Texte à deux voix, où se succèdent voix de la mère et voix de la fille, le récit composé par Gladys Leroy-Villeneuve ne cherche pas à démontrer la vie à retardement et constamment suspendue que génère la surdité. Il décrit au contraire une lutte renouvelée, inlassable, contre ce décalage d’avec les entendants, clame la volonté de faire ses preuves dans leur monde où toute communication est désarmante de facilité, où la parole est mésestimée dans sa capacité à nous lier les uns aux autres, à nous souder et nous porter, les uns les autres, plus haut.
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