Julie avec qui je vivais une histoire sans nuage, des responsabilités accrues, une mission importante en Italie par laquelle on reconnaissait mon sérieux et mon travail. Tout cela augurait, pour moi, d’un beau début dans la vie. Certes, je ne ménageais pas mes heures, je jonglais entre les différents versants d’un projet ambitieux, mais, globalement, j’étais un jeune ingénieur enthousiaste et prêt à surmonter toutes les difficultés. Il existe pourtant des montagnes infranchissables, des obstacles sur lesquels on s’écrase, des êtres qui vous tirent inlassablement vers le fond. Pour moi, cet être s’incarna en Teresa, exaspérante assistante qui éveilla en moi des pulsions assassines. Je vous propose maintenant d’écouter mon histoire… Avec ce texte mettant en scène un homme au bord de la crise de nerfs, confronté à une secrétaire moins efficace qu’épuisante, moins professionnelle qu’incapable, A. Marrot se livre à une autopsie précise de la folie qui gagne, patiemment mais irréversiblement, un homme qui voit son quotidien sans cesse saboté. Construit autour du paradigme contrôle/impuissance, ce roman méthodique ouvre certainement une parenthèse dans la production d’Alexandre Marrot – qui se détourne pour un temps de ses thèmes fantastiques et horrifiques de prédilection –, mais contribue à révéler un autre pan de son talent: ici en tant que sondeur des psychés prêtes à basculer dans l’irréparable.
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