Dialogue ou l Initiation de Fée
86 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Dialogue ou l'Initiation de Fée , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
86 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description


Un conte moderne, brutal et poétique comme un uppercut



Dialogue ou Initiation de Fée
:



Fée, amoureuse, se retrouve séquestrée en plein hiver par celui qu’elle nomme l’Enchanteur. Elle veut s’enfuir mais n’y parvient pas. Fascinée et sous son emprise, elle reste auprès de lui mais une étrange femme en noir s’immisce dans ce huis clos. Réécriture contemporaine de L’Enchanteur Pourrissant d’Apollinaire, elle entrecroise les thèmes de la violence et de l’amour à travers un conte moderne, brutal et poétique comme un uppercut.






Poèmes Guerriers



Fondés sur le besoin de réconciliation, ces poèmes tendent des ponts entre « les éternités différentes de l’homme et de la femme » tout en rappelant que les schémas de domination masculine et d'oppression du féminin sont aussi à l'origine de la destruction des espaces naturels qui nous ont vu naître. Au-delà de l’humain, de la beauté et de la douleur de nos existences, ce recueil est un puissant hommage à la nature. Il invoque les liens profonds et essentiels qui nous relient à elle, et la nécessité de transformer ces rapports de domination et de destruction en une relation fondée sur l’harmonie et le respect.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 21 janvier 2020
Nombre de lectures 0
EAN13 9782368329351
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

DIALOGUE
OU
L’INITIATION DE FÉE
Suivi de
POEMES GUERRIERS
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
La SAS 2C4L — NOMBRE7, ainsi que tous les prestataires de production participant à la réalisation de cet ouvrage ne sauraient être tenus pour responsables de quelque manière que ce soit, du contenu en général, de la portée du contenu du texte, ni de la teneur de certains propos en particulier, contenus dans cet ouvrage ni dans quelque ouvrage qu’ils produisent à la demande et pour le compte d’un auteur ou d’un éditeur tiers, qui en endosse la pleine et entière responsabilité.
 
 
DIALOGUE
OU
L’INITIATION DE FÉE
 
NOSY KAYO
 

 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
PRÉFACE
 
Auteure d’articles, de nouvelles et de poésies, Nosy Kayo s’intéresse également à l’écriture dramatique. Avec Dialogue ou l’initiation de Fée elle met en scène les thèmes de la violence et de l’amour, de l’ombre et de la lumière, de l’attirance et de la répulsion, à travers trois personnages symboliques et mythiques : l’Enchanteur, Fée, la femme en noir.
Tout d’abord, l’Enchanteur. Il marche seul, il n’a pas d’âge, il est « dur, froid et intransigeant ». Si les hommes le rejettent et le lapident, les femmes savent qu’il est beau, qu’il a un cœur, qu’il méprise l’argent et les babioles. Mais de quelle beauté est-il ?
Il est en quête d’un amour vrai, il rêve d’une femme qui lui « fera oublier toutes ces femmes lascives qui ne pensent qu’à leur ventre ». Qu’on donne du sens à son existence en apprenant à connaître qui on est, quel est celui qui est en devenir dans le secret de notre être. L’Enchanteur n’a peur ni du voyage, ni de l’obscurité, ni des illusions de ce monde.
Peut-être pourra-t-il transmettre tout son savoir à Fée qui se dirige vers lui, avec un bidon d’eau puisée à la source glacée, dans la forêt au milieu de la neige. Elle fuit les horreurs de la vie. Elle fuit son ombre, afin d’être libre. Elle est pure, nue, orgueilleuse. Elle a peur et elle a tout à apprendre.
 
Dans Dialogue ou l’initiation de Fée, Nosy Kayo use d’une écriture poétique puissante, voire magique, pour tenir le langage théâtral dans le quotidien, mais aussi entre le rêve et la réalité. Cette dure réalité est elle-même un ailleurs imaginé, imaginaire, il n’empêche que cette violence faite à la femme est insupportable et révoltante. En effet, aucun désir de transmettre un savoir, aussi essentiel soit-il, ne justifie la violence. Aucun amour, aussi sublime soit-il, n’autorise une telle brutalité, un tel emportement. Est-ce de l’amour ?
 
L’écriture oscille constamment entre prose et prose poétique et mime ainsi, semble-t-il, les hésitations de Fée. Quand elle prend la parole, l’écriture est chant, prière, métamorphose du souffle que l’Enchanteur n’écoute que d’une oreille distraite. Bien sûr, il n’écoute que son propre discours : tel est le problème d’une impossible communication entre lui et Fée, entre lui et la femme en noir, entre lui et la Femme. Le sens des trois discours est comme l’émanation d’un malentendu qui ne peut déboucher que sur le drame. De fait, le lecteur ou le spectateur est contraint de prendre position, en tout cas il ne peut pas rester neutre, il est invité à entrer dans le langage pour que le langage soit aussi le sien, qu’il le veuille ou non. Sa voix ne doit pas rester muette. Tant de violence l’interpelle, pour que l’amour triomphe. Pour que la liberté triomphe. Pour que la femme battue, considérée comme une victime non comme une vipère, retrouve sa dignité.
Les mots de Nosy Kayo nous disent ainsi, d’une phrase à l’autre, ce qu’il y a de plus intellectuel, de plus charnel, de plus sensuel, pour notre plus grand bonheur.
 
Jean-François Samlong
Écrivain
 
 
 
 
 
 
 
 
 
PERSONNAGES :
 
 
L’ENCHANTEUR
 
FÉE
 
LA FEMME EN NOIR
 
PROLOGUE :
 
 
L’ENCHANTEUR :
 
« Je pleurais à tes genoux, d’amour et de tout savoir, même ma mort, qu’à cause de toi, je chérissais, à cause de toi, qui n’en pouvais rien savoir […]
Ô toi que j’aimais et pour qui les vers, depuis ma naissance, ô temps de la moelle fœtale, patientèrent, dis-moi la vérité… »
 
 
L’Enchanteur pourrissant , Apollinaire, 1909
 
CHAPITRE I
 
 
Un homme seul, sur un chemin de montagne marche sous la lumière de la lune, un bâton de pèlerin à la main.
À haute voix, il parle seul.
Sous un grand manteau, il semble à la fois voûté et fort, vieux et jeune. Sans âge.
 
L’ENCHANTEUR
 
Moi,
Dur, froid, sec et intransigeant. Voilà ce que je suis.
Voilà ma vérité.
 
Moi, je suis Tout. Je suis l’unique, l’entier, l’imprévisible.
Je suis le loup aux dents rongées par le froid et la viande, le loup solitaire qui traîne son pelage dans la neige. Je suis tout puissant et je sais Tout, voilà pourquoi le monde des hommes ne veut pas de moi. Voilà pourquoi l’on me lance des pierres comme à un chien galeux et dangereux, quand je traîne mes pas dans les villages…
 
Mais je suis beau moi, je suis beau comme un dieu égaré dans des guenilles…
Je suis beau et les femmes le savent.
Elles me reconnaissent, elles… elles me reconnaissent et c’est facile avec elles de tout obtenir, de tout posséder. Heureusement que j’ai un cœur et que l’argent ne m’intéresse pas.
 
Moi ! L’argent ? Je le dépense à la volée pour mes familles de passage ; pour ces familles qui m’aiment quelques jours et me rejettent après, au moindre signe de folie, au moindre mouvement d’inattention de ma part… quand j’oublie un peu trop mon rôle… quand je leur montre un peu trop fort, un peu trop vrai, leur réalité misérable, leur grandeur accoutrée de détails futiles qui les abîment… et leur font faire la grimace.
Car moi, l’or, je le disperse au sommet des montagnes… Car moi…
Je m’en fous, tu m’entends ? De ton matériel de merde, de ton égoïsme de merde, de ta course effrénée vers le vide.
 
Tes chaussures en cuir que tu aimes tant, shlack… à coups d’opinel.
Tes papiers, ton sac à main, plouf… dans le fleuve… tes affaires si piteusement précieuses… je les jette aux orties…
Te voir pleurer pour tes babioles, pour ta maroquinerie, pour le… petit bleu de rien du tout sur ta joue…
Tu es trop fragile, trop piteusement fragile.
Et ta bêtise te fait faire n’importe quoi… Même coucher avec moi sans me connaître vraiment, juste, parce que je possède le mystère, juste, parce que je t’appelle… et que tu viens. Tu me fais rire.
Je ris beaucoup en fait, sous mes grands airs.
 
Et j’attends.
J’attends celle qui me fera oublier toutes ces femmes lascives qui ne pensent qu’à leur ventre.
 
Est-ce toi ? C’est toi peut-être ?
Nous verrons bien si tu peux me suivre.
Nous verrons bien.
Nous verrons, bien assez tôt, si tu es de celles, qui flairent la nuit de toute leur peau, de celles qui se roulent dans la forêt jusqu’à ce que la forêt habite leur âme…
De celles qui s’injectent des poèmes dans les veines, qui gobent des soleils et s’éclatent les neurones sur des murs de pierres.
 
L’Enchanteur s’arrête, enlève sa capuche, et regarde les étoiles. Son visage apparaît.
 
Alors peut-être… peut-être, que tu pourras me suivre.
 
Il reprend sa marche :
 
Et peut-être, que tu pourras devenir qui tu es vraiment, au fond.
Peut-être auras-tu la chance d’être et de donner avec moi de la consistance à l’existence ?
 
Et de voir enfin ce qui, jusqu’ici, t’ignore superbement.
 
Sur un plateau enneigé, une caravane. Il s’en approche avec un sourire satisfait. Il ouvre la porte enlève son manteau, les contours de son corps se dévoilent. À l’intérieur, il fait froid.
Il reprend à voix haute, s’adressant à une ombre.
 
Car tu es vaine, en vrai.
 
Car, jusqu’à maintenant, tu n’es qu’un programme dans un logiciel.
Le fruit d’un formatage répété à des millions d’exemplaires…
 
Moi ? Je suis Néo.
C’est pourquoi l’autre, en me découvrant, s’est cognée la tête contre le mur.
 
Oh, ne t’inquiète pas nous pouvons tout d’même nous amuser un peu. Cela n’empêche pas… tu as d’la poudre ? Tu en veux ?
 
Calmement il allume un des feux de la gazinière, se prépare une tisane. La buée de ses lèvres vient s’accrocher aux vitres.
 
Cela ne me dérange pas, de descendre dans votre infra monde… je n’ai pas peur du voyage… Je n’ai pas peur de votre obscurité de pacotille.
 
Mais si tu veux me suivre dans ma dimension…
 
Ça c’est autre chose ; ça, c’est une autre histoire…
Et cela va te coûter cher ; un prix inestimable. Un prix, qui n’est pas sans danger… un prix… qui peut te coûter la peau. Ta peau !
Tu veux quand même ? Tu veux me suivre ?!
Tu es bien sûr de toi… Tu n’seras plus jamais la même… Tant mieux… tu m’diras… Tu n’as pas grand-chose à perdre, il rit et reprend très sérieusement  : à part des mensonges. A part...
Il ouvre la porte de la caravane en grand, regarde le ciel, les étoiles y brillent comme des flocons… dans un murmure ils prononcent ses mots  : Alors viens mon amour… Avant de refermer la porte.
 
Dans un coin des bûches, il en prend une, quelques copeaux de bois, un vieux journal, et avec application, il allume le poêle. À voix basse, il reprend :
 
Coupe soigneusement chaque lien qui te retient au monde… et si tu abîmes un peu tes bras au passage, tant mieux !
Au moins, à l’heure de l’oubli, tu ne m’oublieras pas.
Il se calme et la regarde, invisible et nue, son ombre.
 
Écoute-moi bien : je vais t’abîmer, je vais t’abîmer jusqu’à l’os, et tu n’auras plus rien à quoi te raccrocher ; je vais t’entraîner avec moi dans le désert, et tu n’auras plus rien derrière quoi te cacher.
Sur le point de mourir, tu boiras à la source et alors seulement, à la première gorgée, tu commenceras à vivre.
 
Il sourit, l’air amusé. Ses yeux reflètent les flammes naissantes.

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents