Entre nous soit dit
99 pages
Français

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Entre nous soit dit , livre ebook

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Description

Durant une dizaine d'années, j'ai été écoutante dans une association où les gens peuvent venir parler de ce qui les préoccupe, de façon anonyme et gratuite. Je ne voulais pas laisser tous ces témoignages tomber dans l'oubli. J'ai donc écrit de courtes histoires. Chacune d'elles relate une parcelle de vie, d'une vie qui pourrait être aussi la nôtre. Séquences dramatiques, insolites, drôles, émouvantes, parfois invraisemblables - et poUrtant tellement vraies !

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2007
Nombre de lectures 169
EAN13 9782336254432
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0450€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© L’HARMATTAN, 2007
5-7, rue de l’École-Polytechniq ue ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
9782296029552
EAN : 9782296029552
Sommaire
Page de Copyright Page de titre Théâtre des 5 Continents Dedicace LES CHRYSANTHEMES LA MAIN LE PICKPOCKET LE COL DU FEMUR LE CHAT LA BONNE MERE LA PRETENDANTE L’ENFANT UNIQUE ANGELE CHEZ MONSIEUR de GRANORUT AU PIED DU MUR LE JEUNE HOMME ET LA MORT REFAIRE SA VIE L’AMOUR PAR L’OREILLE LES VIEILLES La FLEMMINGITE L’EMPÊCHEUSE DE MOURIR en ROND LES POMPES FUNEBRES L’ACCOUCHEMENT L’EAU GAZEUSE ANGELE ET MADAME BERLUNE LE GENDARME
Entre nous soit dit

Nic Mazodier
Théâtre des 5 Continents
Collection dirigée par Kazem Shahryari et Robert Poudérou
Dernières parutions
193 — Pius Nganda NKASHAWA, La Rédemption de Sha Ilunga, 2007.
192 — Pius Nganda NKASHAWA, L’empire des ombres vivantes, 2007.
191 - Pius Nganda NKASHAWA, Bonjour monsieur le ministre, 2007.
190 —Claudine VUILLERMET, J’avais vingt ans, 2007.
189 — Jean-Michel BAYARD, La part du lion, 2007.
188 — François CHANAL, Le silence des sables , 2006.
187 — Alain Lulla ILUNGA, Confidences à l’ombre ou Le procès Diallo, 2006
186 — Kazem SHAHRYARI, Couleurs de femmes l’été , 2006.
185 — Moni GREGO, Un éclair entre deux éclipses, 2006.
184 — Thierry CHAUMILLON, Contentieux, 2006.
183 — Robert POUDÉROU, La brise-l’âme , 2006.
182 — Alain PASTOR, Petropolis 1942, 2006.
181 — Bathie NGOYE THIAM, Adina mon amour suivi de Le prince artiste, 2006.
180 — INONGO-VI-MAKOME, Muna anyambe (La fille de Dieu) suivi de Bwe o Ititi (Une petite lueur dans l’obscurité), 2006.
179 — Sebastian BARRY (trad. de l’anglais (Irlande) par Émile-Jean DUMAY), Les frstons, 2006.
178 — Thérèse AOUAD BASBOUS, L’Une et l’Autre en Octobre, 2006.
177 — Jean-Marc BAILLEUX, Antichambre, Tragi-comédie des arts, 2006.
176 — Christophe LE NEST, Comme si j’avais fermé les yeux..., 2006.
175 — Dansi F. Nouwligbèto, Zongo Giwa de la forêt déviergée, 2005.
174 — Cheikh Faty FAYE, Aube de sang, 2005.
à mes filles, CATHERINE et FREDERIQUE, mes « SINE QUA NON »
LES CHRYSANTHEMES
J’ peux venir ?
Ça dérange pas ? J’m’appelle Angèle.
J’suis femme de ménage. Oh, j’adore mon travail. Moi, quand j’travaille pas, j’suis perdue ! Les gens, y m’disent : « Angèle vous avez du soleil au bout des doigts, quand vous êtes là, tout brille ! » C’est vrai que j’aime astiquer. Mais c’que j’aime surtout, c’est faire plaisir !
Tenez, en ce moment, j’ travaille dans une maison de retraite, j’dirais plutôt une maison de vieillards. Ça s’appelle : « Villa des Chrysanthèmes ». C’est tout dire !
J’m’occupe du déjeuner, à la salle à manger. A midi pile, on sonne la cloche.
A tue-tête, parce que certaines sont sourdes comme des pots !
Elles arrivent à la queue leu leu, en glissant dans leurs pantoufles. Il y a aussi les messieurs, mais ils sont pas nombreux !
Alors, faut voir ces dames : elles se pressent pour s’asseoir à côté d’eux, et leur faire les yeux doux ! Y a pas d’âge pour séduire !
Mais c’est peine perdue : Y voient rien venir : faut dire que la mariée, elle est plus trop belle !
Y en a même qui arrivent pas jusqu’à la salle à manger ! Ils s’affaissent en route.
On les retrouve près du radiateur, en train de dormir. Alors je dis : « Allez Monsieur Tchernobyl, c’est l’heure de manger, venez que je vous aide ! »
Il me répond: « J’ai plus envie », et il se rendort. Moi, je le laisse tranquille.
Au moins, quand il dort, il pense pas.
On leur sert toujours des choses molles à manger, parce que les dents, c’est pas leur point fort.
Tous les légumes sortent de boîtes de conserve, tous : les carottes, les asperges, même les pommes de terre ! Les compotes aussi !
Ah çà, ils en mangent, des compotes : c’est pour le transit. Faut soigner la tuyauterie, pardi ! C’est un peu rouillé, à cet âge, pensez !
A table, ils parlent pas.
Si ! Un peu du temps qu’il fait, ou plutôt du temps qu’il devrait faire !
Ils mangent, ou plutôt, ils ruminent.
Faut dire que les problèmes de dentier, ça leur complique vraiment la vie.
Tiens, j’en ai même vu une l’autre jour, elle a pris son râtelier, elle l’a posé sur la table, et elle lui a dit : « Tiens, bouffe tout seul ! Moi, j’en ai marre ! »
Après le repas, il y a la distribution des médicaments.
Ça, c’est l’infirmière, Mademoiselle de Hautefeuille, qui s’en occupe. Elle est forte, Mademoiselle de Hautefeuille, elle connaît chacun par son nom.
Moi, j’admire !
« Tenez, Madame Poussin-d’herblé, deux petites cuillerées de sirop ; oh, mais ne crachez pas comme ça ! Oh là là ! Vous m’en avez mis partout ! »
« Non ! Monsieur Jacob, le cachet bleu, c’est pour le soir ! Le rose, à midi. »
« Voulez-vous baisser votre jupe, Madame Guignolet ! Enfin... Voyons, ce n’est pas convenable ! »
« Arrêtez de crier tout le temps :
« J’ai froid ! », Mademoiselle Frétignolle !
Il fait 30°, et vous avez déjà trois pulls de laine sur le dos ! »
« Combien de fois dois-je vous répéter, Monsieur Pépino, que les suppositoires, ça ne s’avale pas ! Alors, n’essayez pas ! »
« Cessez de vous gratter, à la fin, Madame Bellejatte, mettez vos mains sur la table. Voilà, c’est bien ! »
Elle a une de ces mémoires, Mademoiselle de Hautefeuille, je ne sais pas comment elle fait !
Moi, j’admire !
Mais les gens l’aiment pas trop. Ils ont peur d’elle. J’en ai même vu qui crachaient leurs médicaments dès qu’elle avait le dos tourné. Ils se méfient : des fois qu’elle les empoisonne !
Moi, mes petites vieilles, elles m’aiment bien. Enfin, ça dépend. Il y a celles qui m’aiment bien, qui me donnent un bonbon, un baiser, qui me font un petit compriment, et puis il y a les autres, les méchantes, jamais contentes, qui me traitent comme une serpillière.
A celles-là, j’dis : « Si vous êtes pas contente, Madame Cabochon, écrivez à votre député !
Il viendra sûrement vous changer votre couche ! »
Elle est furieuse. Moi j’rigole...
J’ai remarqué un truc : quand elles vont pas trop mal, elles veulent toutes mourir,
et quand ça commence à sentir le roussi, elles veulent plus du tout !
Et puis, quand il y en a une qui meurt, elles font toutes une tête d’enterrement, comme si c’était une catastrophe, mais, en vérité, elles sont pas mécontentes !
Tant que c’est les autres, ma foi., c’est pas elles, hein ? Toujours ça de pris !
Finalement, la VIE, la vie, la vie... C’est parfois si dur, la vie !
Mais, on a beau dire... Jusqu’à ce jour, ben... On n’a pas trouvé mieux !
LA MAIN
Attaché-case sous le bras, l’allure sportive, le voici qui franchit ma porte.
Il est agent immobilier.
Il travaille trop : douze heures par jour, même le samedi ! Pas le temps pour une vie personnelle. D’ailleurs, voilà cinq ans que sa femme l’a quitté.
Il y a quelques jours, en prenant le métro pour rentrer chez lui, - il était tard- il remarque une femme sur le quai, qui le voit, elle aussi.
Echange de regards.
Le lendemain, même heure, elle est encore là .
Le surlendemain aussi.
Décidément, ils ont vraiment les mêmes horaires !
Le jour suivant, elle lui sourit.
Alors, il s’approche d’elle et lui adresse la parole.
Ils ont tous deux l’impression de se connaître depuis toujours.
Il l’invite à prendre un verre. Elle accepte.
Elle est charmante, naturelle.
Elle, comme lui, a divorcé.
Elle, comme lui, a un travail accaparant.
Elle, comme lui, souffre parfois de solitude.

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