Le Pape et la Vierge

Pascal Olive

Description

Qu'une vierge soit reçue, au Vatican, en audience par le Pape, ce n'est pas impossible, mais que cette vierge prétende être la nouvelle Vierge, enceinte, elle aussi du Christ, cela paraît totalement improbable ! Et pourtant, la pièce met en scène la confrontation entre Ka-tia, jeune orpheline d'origine palestinienne adoptée par un couple d'orléanais, et Pierre II, vieux pape athée accroché à son pouvoir.

Sujets

• Religion
• Pape
• Catholicisme

Informations

• Publié par: Editions Plume Libre
• Date de parution: 04 juillet 2023
• Nombre de lectures: 2
• EAN13: 9782492126024
• Langue: Français

Extrait

Le Pape et la Vierge
 
 
Une pièce de Pascal OLIVE
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Autres pièces du même auteur :
 
La fiancée d'Abimélech
Pravda
Quand Dieu voit rouge
Louis XVI, la tête sur les épaules
Comédien, et après ?
T'es qui là ?
Up and Down
L'amant de la baie d'Halong
Michou
Antigone
Un amour de Mère
Cinq-Mars
Jacques Cathelineau
Terra Metallica
Mardi soir à Béthanie
 
 
 
 
 
 
À ma mère, Jacqueline Olive, qui fut novice dans un couvent
À Sœur Pauline qu'elle y rencontra
À Madeleine Lelièvre, ma marraine
À Françoise Odolant, ma compagne
 
 
Préface
 
Le titre intrigue. Doit-on s’attendre à une pièce métaphysique ou mystique ?
Est-ce l’œuvre d’un auteur en quête de spiritualité ?
Le lecteur ou le spectateur pressent qu’il n’a pas fini d’être surpris et il le sera bel et bien !
 
Le ton est donné d’entrée de jeu.
Dès les premières répliques entre Pierre II et le curé, nous pénétrons de plain-pied dans l’univers cocasse de l’auteur, Pascal Olive.
Si le comique jalonne le texte, ne nous y trompons pas ! Les réparties reposent sur des connaissances solides du monde ecclésiastique, de l’antiquité et de la culture chrétienne, plus particulièrement la tradition catholique.
Les saillies impertinentes nous ramènent au monde burlesque d’un Alfred Jarry. Maître Ubu n’est jamais loin. Et, comme dans la célèbre farce, Pascal Olive pousse le spectateur à réfléchir sur le pouvoir et les mythes qui fondent la civilisation occidentale.
Proposition donc plus profonde qu’elle en a l’air, qui apparaîtra iconoclaste aux yeux de certains, libératrice pour d’autres, surprenante dans tous les cas.
On devine que l’auteur est lui-même traversé par des questionnements.
 
Dans un genre différent, on pense aux Caves du Vatican d’André Gide, roman de 1914, considéré par l’auteur des Nourritures terrestres comme une farce satirique.
 
Le Pape et la Vierge de Pascal Olive s’inscrit dans ce registre-là, sans oublier une certaine résonance avec le théâtre de l’absurde du siècle dernier, dans lequel s’était distingué Ionesco.
Un pape sous le nom de Pierre II, un curé, un évêque, un garde suisse étrangement muet, on baigne dans une ambiance vaticanesque tout au long de l’intrigue. Seulement, voilà ! La longue carrière de Pierre II l’a rendu incrédule et méfiant, sa foi a vacillé dans les arcanes du pouvoir. L’apparition de Katia, une jeune vierge originaire d’Orléans - on perçoit tout de suite l’allusion cocasse - qui attendrait un enfant après avoir reçu la visite d’un archange, met le Vatican en ébullition. Selon les mots de la jouvencelle - plutôt bien trouvés - elle serait mère porteuse . La pièce s’accélère et la confusion règne. Le personnage de Katia est ébouriffant, aussi bien par sa présence, qui n’a rien à envier aux jeunes femmes contemporaines, que par ses répliques cinglantes : ne sous-entend-elle pas que la spiritualité est un fonds de commerce pour Pierre II ? Le moins que l’on puisse dire est qu’elle n’a pas la langue dans sa poche. Elle note, avec justesse, que l’opulence du Vatican n’a rien à voir avec l’humilité, voire la pauvreté, du Christ. Son impertinence fait mouche.
 
Nous ne dévoilerons pas le reste de l’intrigue, laissons le lecteur entrer dans le texte, mais il y a fort à parier que cette demoiselle, têtue et souvent raisonneuse , mettra le Saint-Siège sens dessus dessous et poussera le successeur de Saint-Pierre dans ses retranchements.
Par son originalité, Pascal Olive signe une œuvre insolite qui fait rire et réfléchir à la fois et ce n’est pas là son moindre mérite.
Maryse RIVIÈRE
 
 
Avant-propos
 
De l’Art… et de la méthode !
 
S'il est vrai que l'humour est la politesse du désespoir, s'il est vrai que le rire, sacrilège blasphématoire que les bigots de toutes les chapelles taxent de vulgarité et de mauvais goût, s'il est vrai que ce rire-là peut parfois désacraliser la bêtise, exorciser les chagrins véritables et fustiger les angoisses mortelles, alors, oui, on peut rire de tout, on doit rire de tout ! déclarait Pierre Desproges au Tribunal des flagrants délires, sur France Inter en 1982.
Rarement, cette citation a été aussi adaptée qu’avec la pièce Le Pape et la Vierge de Pascal OLIVE. Prendre pour thème l’un des dogmes les plus structurants de l’Église catholique est incontestablement un risque ; surtout dans le contexte actuel de tensions entre toutes les formes d’expression de ce qui fait sens pour chacun dans son identité profonde. C’est bien connu, on peut rire de tout… mais sans doute pas avec n’importe qui ! Seule une réelle capacité d’altérité et de congruence permet de remettre l’Art à sa juste place : celle de prendre soin de chacun de nous lorsque les mots peuvent apporter un réconfort face aux maux. Plus que jamais, il est important de rappeler que l’humour est non seulement un plaisir à partager, mais peut aussi être un baume pour oublier - ne serait-ce qu’un instant - ce qui nous oppose.
Le Pape et la Vierge est un texte facétieux, irrévérencieux juste ce qu’il faut, sans jamais transgresser ce qui pourrait venir heurter ceux qui fondent leur chemin de vie sur une croyance dont c’est l’un des dogmes centraux. En cette période où il est de plus en plus difficile de faire rire sans blesser, ce texte est une bonne nouvelle… Cette pièce fait l’effet d’un courant d’air frais bienvenu en ces moments de doutes et d’incertitudes où il est de plus en plus difficile de faire rire sans blesser.
 
L’art de l’équilibre est un continuel cheminement vers l’étape suivante, sans se lasser d’une marche perpétuelle. De même qu’en lisant cette pièce, où mieux en la regardant, nous sommes déjà dans l’attente de la prochaine qu’écrira Pascal Olive, de même l’époque actuelle nous invite à vivre l’instant présent tout en nous projetant vers un avenir serein ou incertain selon les points de vue de chacun. Alors certes, le Pape et la Vierge ne nous apporte qu’une joie éphémère, mais ne boudons pas notre plaisir en ces temps où l’espace est étroit entre la radicalisation des positions et le conformisme du politiquement correct . Il est heureux que les Artistes sous toutes leurs formes - écriture, peinture, musique, théâtre - sachent encore nous faire rêver à un monde qui nous questionne sans nous opposer.
 
Que ferait le Saint Père aujourd’hui si la Vierge Marie (re)venait ? Sous des airs saltimbanques, cette question est sérieuse.
Certes - et heureusement ! - la pièce n’y répond pas, mais elle a le mérite de nous interroger. Miracle pour certes, fait anodin pour d’autres, cette naissance, il y a deux mille ans, a eu le mérite d’inviter des générations à réfléchir sur notre Lien commun qui fait le sens profond de l’Humanité. Là encore, n’est-ce pas l’épreuve de la diversité que nous sommes invités à vivre ensemble afin que chacun puisse témoigner de ce qui lui donne un Sens ? N’est-ce pas là ce qui est au fondement même du faire Société  ?
 
Quoi qu’il en soit, cette pièce est un petit moment de bonheur .
Seul ou à partager, en réfléchissant à sa portée ou en se laissant guider, chacun choisira librement comment en apprécier les mots croustillants !
Je souhaite à chacun un beau voyage …
 
Charles-Benoît HEIDSIECK
 
Personnages :
 
La Vierge, Katia
Le Pape, Pierre II
L’évêque
Le curé
Le garde suisse
 
 
 

Crédit photo : Projet CarTylion
 
Pascal Olive dans le rôle du garde suisse, théâtre Les Rendez-vous d’ailleurs, novembre 2022.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
ACTE 1
 
Scène 1 : Pierre II, le curé, le garde suisse
 
Le curé , baisant l’anneau papal
Très Saint-Père, vraiment, vraiment je remercie
Sa Sainteté pour son…
 
Pierre II
Arrêtez, je vous prie
Tous vos salamalecs ! Venons-en promptement
À notre affaire…Ainsi…par quel égarement
Vous avez pu croire en elle ! Au moins, je devine…
Vous connaissiez sans doute un peu son origine
Et ce qu’elle faisait.
 
 
Le curé
Je connais ses parents.
Elle ! Je l’ai connue petite à Orléans.
Et je crois que le Christ en personne est en elle.
Je suis catégorique et je la sais pucelle.
Puis je suis allé le dire à mon supérieur ;
Mon supérieur est allé voir son supérieur
Qui est a…
Pierre II
Je connais un peu la hiérarchie !
Et ce cheminement berça toute ma vie…
Enfin c’est arrivé, n’est-ce pas, au sommet
De la pyramide et, donc, à Moi. On me met
Au courant et je fais venir ici la fille.
Bientôt, vous verrez toute la Sainte Famille
Si vous restez un peu ! Vous m’en voyez ravi !
Évidemment, curé, que je me moque ici
De vous, de votre foi en elle…C’est folie
De croire qu’elle porte en son sein une vie
Qui ne soit pas humaine…en tout cas en ce lieu !
 
 
Le curé
Et cependant l’enfant qu’elle porte c’est Dieu !
Et c’est pour tout le monde une bonne nouvelle !
Maranatha ! Mon Dieu, oui que la vie est belle !
Le Seigneur nous revient ! Après le Mal, le Bien !
 
Pierre II
Le Seigneur revient, le Seigneur revient ! Eh bien
Moi je ne suis pas prêt…En fait, je crois, personne
N’est prêt ! Le monde n’est pas prêt ! C’est qui, cette conne,
Qui, pour venir me pourrir mon règne à la fin ?
 
Le curé
Le monde juif non plus, ni le monde romain
N’étaient vraiment très près, Il est venu quand même.
Grâce à Lui nous avons Noël et puis Carême,
Et Pâques, Jour béni ! C’est à Dieu de choisir
Le moment qui lui semble…
 
Pierre II
Il a tout l’avenir
Encore devant lui.
 
 
Le curé
Mais Katia est enceinte
Vous l’avez accueillie, pucelle, en cette enceinte.
La deuxième Madone est un signe d’amour
Envers tous les pêcheurs. C’est normal, en retour,
Que la France, la fille aînée de notre Église,
Lui donne le Sauveur qu’elle attend !
 
Pierre II
Cela frise
Le ridicule ! Enfin, réfléchissez ! Jésus,
Vous le voyez revenir une fois de plus
Dans le ventre d’une femme !
 
Le curé