Le présent du passé
204 pages
Français

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Le présent du passé , livre ebook

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Description

Le présent du passé relate une importante tranche de vie d'un acteur, à commencer par ses études au Conservatoire avec ses camarades Jean-Paul Belmondo, Bruno Cremer, Claude Rich, Françoise Fabian, Annie Girardot, Jean Rochefort, Jean-Pierre Marielle, etc. Suivis de la galerie des rencontres professionnelles, devenues amicales : Jean Cocteau, Jean-Pierre Melville, Martine Carol...

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Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2012
Nombre de lectures 8
EAN13 9782296486003
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0850€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le présent du passé
Souvenirs d’un acteur
Jacques BERNARD
LE PRÉSENT DU PASSÉ
Souvenirs d’un acteur
Préface de Claude Pinoteau
L’Harmattan
Mise en page : A. Ayati



© L’Harmattan, 2012
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-96814-1
EAN : 9782296968141
Préface
L’amitié est souvent née de souvenirs communs, de rencontres professionnelles et ne s’altère pas quand la vie nous sépare et nous disperse. Si l’on s’est souvent perdus de vue, certains événements cinématographiques nous ont rassemblés, nous rassemblent encore et nous font découvrir les étapes inconnues de chacun d’entre nous.
Ainsi, Jacques Bernard fait le point sur « l’océan des âges », tournant les pages d’une vie choisie, où il interpréta les rôles qu’elle lui proposa et ceux qu’il se créa lui-même. N’a-t-il pas été et n’est-il pas toujours l’acteur et le spectateur du film de sa vie ?
Ces pages m’ont révélé des chapitres ignorés et la profonde nature de Jacques Bernard. Sa parfaite diction, sa part de rêve, ses « voyages intérieurs », ses poèmes romantiques, semblent le tenir loin d’un réalisme existentiel.
« Joue-t-il » sa vie, passant de la comédie au drame, parfois à la tragédie, sur la scène d’un destin mystérieux ? Ses grandes rencontres décrites au long de ces chapitres, l’ont, sans nul doute, influencé et construit.
Pourtant, en le lisant, j’ai parfois l’impression que l’adolescent est toujours sous-jacent sous l’adulte. Même si sa culture littéraire et théâtrale l’ont doté d’une maturité créatrice.
C’est l’impression profonde que m’a laissé la lecture de ce livre où s’imbriquent les pièces d’un puzzle aux différents tons, comme un patchwork intemporel et culturel.
Les propres émotions de sa vie privée, ne se confondent-elles pas avec les sentiments exprimés au théâtre ? Joue-t-il parfois à rideau fermé ?
N’est-ce pas le sort des comédiens de puiser dans leurs peines ou leurs joies, les sources de leur talent ?
Trop d’épisodes de la vie de Jacques me manquent pour en faire un portrait achevé et cette préface sera peut-être plus impressionniste que réaliste.
Pourtant nous nous connaissons depuis tant d’années !
Nous nous sommes rencontrés en 1949, sur le tournage des Enfants terribles, l’œuvre de Jean Cocteau réalisée par Jean-Pierre Melville, dont j’étais le premier assistant.
Le film était si fidèle à l’ouvrage que les acteurs semblaient prédestinés à leur rôle.
Etrange de pénétrer sur un plateau comme on entre dans un livre…
Jacques était « Gérard », l’ami, le confident de ces enfants terribles qu’étaient la merveilleuse Nicole Stéphane et l’étonnant Edouard Dermit.
Cocteau appelait Jacques par le nom de son personnage, tant il l’identifiait au garçon, ramenant de la cité Monthiers Paul blessé par Dargelos.
Le grand poète a probablement marqué le parcours vital de Jacques. Il est en filigrane dans son livre.
Les invitations à parler de Jean Cocteau, à présenter son film, à évoquer ses propres souvenirs de tournage, ont jalonné et jalonnent toujours la vie de Jacques.
Comme la mienne, d’ailleurs !
Ces pages qu’on tourne laisseront une trace, comme l’espère Jacques Bernard avec ce livre. Mais il lui reste encore tant de pages à tourner avant son lointain épilogue !
Je lui en souhaite amicalement d’innombrables avec M, cette initiale tant aimée.
Claude Pinoteau
Préambule
Méfions-nous des idées préconçues. J’avais toujours pensé, qu’une fois, avec l’âge, quand la vie a déjà sans prévenir, brutalement ou lentement, subrepticement, malheureusement, cette vie au long fleuve chaotique, avec le temps qui s’écoule comme l’eau vers la mer, a donné l’envie à l’homme de laisser une trace, en général, sans vraiment se l’avouer, par orgueil.
De surcroît, un acteur n’étant plus sollicité, se met à écrire, disons-le bien, pour se remettre dans la lumière. Donc, j’ai toujours été contre le fait de se raconter, souvent d’ailleurs en embellissant les faits. Nonobstant, depuis déjà un bon moment, un titre m’obsède, le jour, la nuit me réveille « Ces pages qu’on tourne… » alors, moi aussi, j’ai envie de remonter le temps.
Moi, qui me suis efforcé de ne pas être passéiste, des souvenirs multiples, en vrac, du cinéma, du théâtre, de ma vie privée m’envahissent, et, comme une thérapie, j’éprouve le besoin de m’en libérer.
Le seul moyen c’est de les voir imprimés noir sur blanc. Ce qui est étonnant, indépendamment d’événements graves, de la mort, par exemple, d’un père, d’une mère qui vous blessent à tout jamais, mes souvenirs de tournages, donc de la vie artificielle, sont restés beaucoup plus présents que la vie réelle, curieuse alchimie que l’intériorité d’un acteur.
J’irai plus loin, ce sont, surtout, les états d’âmes du tournage des scènes, quand j’y songe, qui sont d’une présence confondante, comme si le metteur en scène venait de dire moteur, que le temps s’effaçait et que je me retrouvais sur le plateau exactement dans le sentiment de la scène à jouer.
Une autre raison encore plus cruciale m’incite à écrire. Tant que nous sommes en vie, les êtres qui ont compté pour soi-même et qui ne sont plus parmi nous restent présents dans notre panthéon personnel.
En quelque sorte, nous les ressuscitons en les racontant. Comme le temps peut-être singulier en vieillissant… Non … Non, je m’arrête, je raye ce mot qui est réducteur ; je préfère dire en avançant, oui… oui en avançant le temps s’adapte, semble plus rapide et les rêves prennent une densité beaucoup plus épaisse.
Moi qui dormais du « sommeil du juste » comme on dit, ne sachant pas d’ailleurs très bien ce que cela veut dire, la justice étant élastique.
Mes rêves me réveillent la nuit. Souvent, ma mère me rend visite, rajeunie, ou mon père incroyablement présent, ou bien des êtres qui m’ont marqué dans ma profession. Jean-Pierre Melville m’habite, Jean Cocteau me poursuit. Avec eux deux j’ai un souvenir lumineux, mon premier rôle dans Les enfants terribles que François Truffaut a vu dix neuf fois en écrivant « Le meilleur roman de Jean Cocteau est devenu le meilleur film de Jean-Pierre Melville ».
Jean-Pierre qui est parti trop tôt a réalisé, heureusement, d’autres films de grande qualité, ne serait-ce que L’armée des ombres qui, pour moi, est l’une des œuvres les plus remarquables qui ait été tournée sur la résistance.
Je m’arrêterai plus tard pour parler de lui et de Jean Cocteau. Ce fût un exceptionnel privilège pour le débutant que j’étais, n’ayant même pas encore fait le conservatoire, d’être choisi pour ce film par ces deux grands artistes.
La galerie des ombres continuera en évoquant tous ces acteurs avec lesquels j’ai eu le plaisir de travailler.
Chapitre 1. Ma mère, mes amis et le Conservatoire
Pour commencer, Nicole Stéphane, admirable Elisabeth héroïne des enfants terribles, Edouard Dermit qui jouait son frère, Renée Cosima au double rôle de Dargelos et d’Agathe que j’épouse à la fin du film. J’aurais dû écrire que j’épousais puisque ce film date de plusieurs décennies mais il est vrai qu’avec le cinéma, les années n’existent pas. J’aurai encore vingt ans sur la pellicule lorsque, depuis la nuit des temps, cette terre m’aura englouti.
L’invention du cinématographe, pour parler comme Jean Cocteau, qui ne prononçait jamais cinéma mais « cinématographe », cette invention est miraculeuse, elle abolit le passé en le restituant au présent et quand j’ai revu mes scènes, présentant ce film au public des années plus tard, je pensais à ce vers de Musset dans « La nuit de décembre » : « Un jeune homme vêtu de noir qui me ressemblait comme un frère » que dis-je un frère ! Non, mon petit fils, maintenant, cet enfant avec sa cape noire.
D’autres acteurs et actrices avec lesquels j’ai tourné so

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