Le Roi Arthur

Jean-Philippe Bêche

Description

«?ARTHUR. Le monde pourrait-il changer avant la nuit ? Les orgueilleux deviendront-ils sages à la si soudaine douceur du soir ? Et celui que l'on nomme partout l'usurpateur mériterait-il d'un coup son royaume ? Les grands barons de Bretagne ont sans doute trempé leurs armes dans l'hydromel. BAN. Ils verront sûrement l'envahisseur ravager leurs terres et détruire leurs forteresses. Tous les barons félons pleureront leurs enfants massacrés dans les bras de leurs mères. BOHORT. Même le cœur le plus dur ne saura résister à une telle barbarie. ARTHUR. Ce sont eux qui vous envoient ? BAN. Non. Claudas de la Terre Déserte vient de rendre hommage à l'empereur de Rome. Tous deux ont fait alliance pour envahir la douce terre du Roi Léodagan. BOHORT. Nos armées sont trop faibles devant les Saxons. Il nous faut l'Épée de Puissance sur ton cœur.?» Le roi Arthur doute. Est-il bien l'élu qui saura sauver cette Bretagne déchirée et assiégée ? Camelot, Avalon, Merlin, Excalibur... Ces figures incontournables du folklore celtique se sont nourries de l'imaginaire de nombreux auteurs au fil des siècles et continuent à faire rêver des générations entières. En s'inspirant de Geoffroy de Monmouth, Chrétien de Troyes ou encore Robert de Boron, cette nouvelle mise en scène donne vie à un univers sombre et ensorcelant, nous invitant à découvrir ou redécouvrir des personnages de légende, une romance inoubliable et la mythique quête du Graal : un monde à part dans lequel Jean-Philippe Bêche nous replonge avec délice.

Sujets

• Christianisme
• Europe
• France
• Théâtre
• Graal
• Roi Arthur
• Merlin
• Quête
• Excalibur
• Bretagne
• Grial
• Merlin (Desambiguación)

Informations

• Publié par: Société des écrivains
• Date de parution: 20 novembre 2015
• Nombre de lectures: 8
• EAN13: 9782342044379
• Langue: Français

Extrait

Le Roi Arthur
Jean-Philippe Bêche
Société des écrivains

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Le Roi Arthur
 
 
 
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Les personnages
 
 
 
Par ordre d’apparition en scène :
 
BOHORT de GAUNES
BAN de BENOÏC, père de Lancelot, frère de Bohort de Gaunes
ARTHUR, roi de Bretagne
MERLIN, l’enchanteur
URYEN REGHED, baron
ANTOR, père adoptif d’Arthur
LA REINE IGERNE de TINTAGEL, mère d’Arthur
MORGANE la fée, sœur d’Arthur
GAUVAIN, neveu d’Arthur
GUENIÈVRE, reine de Bretagne
LANCELOT du LAC, fils du roi Ban, chevalier
BEDWYR, chevalier
LIONEL, fils du roi Bohort, chevalier
BOHORT le CADET, son frère, chevalier
YVAIN, fils d’Uryen, chevalier
AGRAVAIN, frère de Gauvain, chevalier
MORDRED, fils d’Arthur et de Morgane
PERCEVAL, chevalier
 
 
 
Acte 1, scène 1
 
 
 
Noir.
Les hurlements du vent.
La lumière monte doucement sur les murailles de la forteresse de Kaerlion.
Au loin, des pendus se balancent aux branches des arbres.
Entrent les rois BOHORT de GAUNES et BAN de BENOÏC.
Ils sont en armure de guerre.
BOHORT. Le messager avait dit au crépuscule, tout près des plus hautes pierres brisées.
BAN. On y est Bohort. La forteresse de Kaerlion ne présente qu’une brèche dans sa muraille. Il nous faut attendre.
BOHORT. Faut-il qu’un Roi puisse ainsi vivre caché ?
BAN. Arthur est prudent.
BOHORT. Je suis impatient.
BAN. Les barons insoumis et révoltés ont trop de fois tenté de le faire tomber.
BOHORT. Il possède Excalibur. Ils ne lui ont pas pardonné.
BAN. Il l’a fait. Arthur a retiré l’Épée de la pierre.
BOHORT. Il n’est pas fils de Roi.
BAN. Arthur est sans doute un bâtard, mais ce n’est certainement pas un couard. Il saura dans ce trouble voir son ennemi et sauvera sa couronne.
BOHORT. Puisse-t-il t’entendre avant la nuit…
Une voix s’élève derrière les murailles
ARTHUR. Avant la nuit ?
Apparaît ARTHUR.
ARTHUR. Le monde pourrait-il changer avant la nuit ? Les orgueilleux deviendront-ils sages à la si soudaine douceur du soir ? Et celui que l’on nomme partout l’usurpateur mériterait-il d’un coup son royaume ? Les grands barons de Bretagne ont sans doute trempé leurs armes dans l’hydromel.
BAN. Ils verront sûrement l’envahisseur ravager leurs terres et détruire leurs forteresses. Tous les barons félons pleureront leurs enfants massacrés dans les bras de leurs mères.
BOHORT. Même le cœur le plus dur ne saura résister à une telle barbarie.
ARTHUR. Ce sont eux qui vous envoient ?
BAN. Non. Claudas de la Terre Déserte vient de rendre hommage à l’empereur de Rome. Tous deux ont fait alliance pour envahir la douce terre du Roi Léodagan.
BOHORT. Nos armées sont trop faibles devant les Saxons. Il nous faut l’Épée de Puissance sur ton cœur.
ARTHUR. J’aime Léodagan. Il mène depuis longtemps une guerre courageuse contre ses envahisseurs.
BOHORT. C’est un vieil homme qui maintenant ne tiendra plus longtemps.
ARTHUR. Pauvre Bretagne ! Déchirée par ses propres enfants, enviée, désirée, et bientôt avalée pour toujours.
Le roi Ban s’agenouille.
BAN. Arthur, si tu entrevois si bien les menaces qui pèsent sur notre île, alors tu ne peux que voir mieux encore l’avenir qui s’ouvre devant toi. Aide-nous à chasser l’envahisseur sur toute la Bretagne, libère les forteresses volées à nos frères, et tous les barons rebelles te reconnaîtront comme leur souverain légitime.
Le roi BOHORT s’agenouille à son tour.
BOHORT. Tu seras le seul, l’Unique, le véritable Roi à reconquérir les terres d’Uther Pendragon.
Un temps.
ARTHUR saisit un cor et souffle doucement une seule fois.
Apparaissent ANTOR et GAUVAIN dissimulés dans les murailles.
ARTHUR. Sortez vos armes et rassemblez mes troupes.  Sans plus attendre nous embarquons cette nuit.
Noir.
Tambours de guerre.
 
 
 
Acte 1, scène 2
 
 
 
Tambours de guerre, timbres et cors.
Des lances s’élèvent dans le ciel qui s’empourpre et croisent bannières et oriflammes.
La brume qui monte lentement fait glisser MERLIN jusqu’au centre de la scène.
MERLIN. J’y étais. Je les ai vus voyager dans une telle hâte qu’ils accostèrent bientôt sur les rivages d’Armorique. Ils rejoignirent Léodagan dans Carahaise qui fut bien vite assiégée par les troupes ennemies. Alors Arthur s’échappa de l’enfer et fonça comme une tempête sur les Allemands, brandissant Excalibur au-dessus des têtes, taillant des bras et des poings au plus profond de cette marée humaine. Le combat dura longtemps. La nuit balaya les âmes, et Arthur sauva Léodagan. Les Saxons s’inclinèrent une première fois devant les Bretons, mais les bannières déplièrent une nouvelle fois les Dragons, qui libérèrent et crachèrent leur feu sur le Mont-Badon. Enflammés par le courage de leur Roi, les barons déchaînèrent leurs montures sur l’ennemi, et Clarence, le joyau de Salisbury, retrouva tout son éclat sous le ciel rougi.
Un chant ancien de femme celte semble venir de très loin.
MERLIN. Et pourtant il le fallait bien. Il fallait repousser l’envahisseur saxon. Il fallait sauver la Bretagne, il fallait qu’Arthur soit Roi.
Un temps.
MERLIN. Mais de quoi as-tu peur, stupide magicien ? Bientôt, Terre et Roi ne feront qu’un.
Les tambours redoublent.
Avec eux guerriers et chevaliers reviennent du champ de bataille.
MERLIN. Le temps d’Arthur est donc enfin venu.
Cornemuses.
 
 
 
Acte 1, scène 3
 
 
 
Les barons s’écartent.
Apparaît ARTHUR, l’épée Excalibur à la main.
Tous sortent.
ARTHUR. Merlin ?…
Le devin disparaît.
ARTHUR. Merlin, et si je n’étais pas l’Élu ?
La voix de MERLIN résonne dans l’air.
MERLIN. De quoi as-tu peur ?
ARTHUR. Le prix est trop dur à payer. Au plus fort de la bataille, mon cœur s’est mis à trembler. Je n’étais...