Le Siddhartha de Victor Segalen
206 pages
Français

Le Siddhartha de Victor Segalen , livre ebook

-

206 pages
Français

Description

Siddhartha, l'unique drame de Victor Segalen, a été commencé en 1904 après un séjour à Tahiti illuminé par la découverte de Gauguin et un passage à Ceylan. Chargé à la naissance d'un nom bien lourd à porter, Victor, Segalen allait se délivrer de son nom entrave en se transformant en Victor oriental, en Gauguin Buddha Maori devenu l'homme Siddhartha à Ceylan

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Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2008
Nombre de lectures 218
EAN13 9782296194588
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0800€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Introduction
Dans ce livre, je me proposed'étudier l'œuvre de jeunesse de
Victor Segalen, Siddhartha, un drameen cinq actes commencéen
1904 lors d'une escaleàCeylan. Ce premier texteoriental de
Segalen illumine touteson œuvre à venir et révèledéjàles
obsessionsdupoètede Stèleset Thibet.
Je commencerai mon étude, dans un premierchapitre, parle
contextehistorique, social et artistiquede la France de la fin de
siècle quiaprès une Renaissance Orientalallaitpasserà unoublide
l'Inde Cetteépoquefut marquée parl'ouverturedu Musée Guimet,
la création dessciences religieuses et la séparation de l'Egliseet de
l'Etatet unintérêtgénéralpourlesreligionsexotiques.
Dans un deuxième chapitre, je décrirail'état d'âmedu jeune
Segalen, passionné de musiqueet decouleurs,étudiant la médecine
en rêvant d'ailleurs et désirant devenir médecin-critiqued'art. Puis
jeretracerai,dans untroisièmechapitre,lepremier voyageexotique
de Segalen,àTahiti, première en-allée vers une jouissance encore
inconnueet surtout découvertedu dernierdécorde Gauguin à
Atuona d'où Segalen emporterait le soclesur lequel allait reposer
sonSiddhartha.
Dans un quatrième chapitre, j'expliquerai comment Segalen
avaittrouvélenom quireposerait surson socle videlorsd'une
rencontre-illumination avec le moineSelanandaàCeylan. C'est
aussi lors de cetteescale dans un paysbouddhiquequ'ilavait eu
l'idée de faire revivre un Bouddha couchéen le transformant en un
Siddharthanaissant.
Dans un cinquième chapitre, je ferai une lecture approfondiedu
drameSiddharthaetjemontreraiquecetteœuvredejeunessedécrit
la venueàl'écriture de Segalen et le parcours idéal de toutesa vie.
Siddharthaestl'autobiographieromancéedeSegalen,ladescription
d'une suitedenaissances, d'ouverturesdel'œil aboutissant à
l'illumination finale. C'est «le roman d'un poussin ouvrant son
œil »lepointdedépartd'unequêtepoétique.Dans un sixième chapitre, j'étudierai en détailles multiples
émanations du personnage de Krisha Gautami, la femme-muse de
Siddhartha, quioccupe dans ledrame une place tout aussi
importantequecelle de Siddhartha. Krisha n'existepratiquement
pasdansles histoires traditionnellesdela vie du Bouddha et elle
éclaired'unelumière toutepersonnelleledramedeSegalen.
Dans un septième chapitre, je raconterai comment Segalen avait
proposécommelivretsondrameSiddharthaaucompositeurClaude
Debussy. Le non de Debussy quisignalait l'échec de l'opéra allait
permettreàSegalend'inscriresonseulnomsurlesœuvresfutures.
Dans le huitième et dernierchapitre, l'Innommableen guisede
conclusion, je montreraiquelerôlecapital donné au nom dans
l'œuvre de Segalen est partout présent dans son Siddhartha qui,
comme Segalen, garderaen lui, toujours caché, son nom véritable.
Cetteobsession du nom estune despierres de touchedel'œuvre
entièrede Segalen,quidéjàdansson œuvre dejeunesse Siddhartha
disaitnonaunom.
J'ai suivilasuggestion de la fille de Victor Segalen, Madame
AnnieJoly-Segalen, et j'ai basé mon étude du textedeSegalen sur
une étude approfondiedes Manuscritsde Siddhartha quise
trouventàlaBibliothèqueNationale. J'ai aussi rencontré Monsieur
Jean-MichelNectoux, conservateurdeMusiqueau Musée d'Orsay,
dontlesprécieusesindicationsontorientémesrecherchespourmon
premierchapitre. Il m'arévéléquela PrincessedePolignacavait
commandé une Tentation de Bouddha pourl'ouverturedesonsalon
et m'a donné deséclaircissementssurl'art et la musiquedelafinde
siècle. Pourcequiest de l'œuvre de Gauguin, j'ai commencémes
recherches par une lecture de ses propres écritsquej'aicomplétée
parl'étudedenombreuxouvragescritiques.Pourpouvoirdistinguer
cequidansl'œuvredeSegalenétaitissudeshistoirestraditionnelles
de la vie de Bouddha et ce quiétait son apport personnel, j'ai lu et
étudiédemultiples versionsdela viedeSiddhartha.
J'espèremontrerpar mon étude de Siddhartha, l'importance de
cetteœuvre de jeunesse quiresteencore un des textes cachés de
Segalen et dont l'étude critiqueétait presqueinexistanteavant ce
présent travail.
8ChapitreI:Autourdu drame
Pourcomprendre toutel'importance et la place du dramede
Victor Segalen, Siddharthacommencée en 1904àColombo, il est
nécessaire de la replacer dans le contextehistorique, social et
artistiquedont elle est issue. Ce n'est donc pasdel'œuvre
ellemême dont je vais traiter icimaisplutôt de ce quisesitue«autour
dudrame. »
La Renaissance orientale et les étudesindianistes en France.
Une révolutionlinguistique.
Ce terme de «Renaissance orientale»paraît aujourd'huiobscur
e
même pourles spécialistes du XIX siècle. Il fut d'abord employé
parEdgar Quinet danssonouvrage Le Géniedes Religionsen1841
et repris plus tard parRaymond Schwab en 1950 comme titre de
son livre. Comme celui-ci l'expliqueau congrès internationaldes
orientalistes en 1948, la renaissance orientale évoque:cette
intrusion massivedefaits, desymboles,derêveriesauxconfinsdes
e eXVIII et XIX siècles, cette vaguedecuriositéardente, de foien
l'Asie quipénètre philosophes, poètes, artistes, au moment où se
produisent coup surcoup lesdéchiffrementsdes écrituresscellées,
les traductions desgrands ouvragesreligieux ou historiques, la
visiondesmonumentsretrouvésetidentifiés.
Cela mettait l'exotisme au second plan alorsquecertains y
voyaientleseulapportdel'Orient.Cetterenaissancepassaitd'abord
par une véritable révolution linguistiquesil'on se rappelle que
e
jusqu'au début du XIX siècle lorsquel'on parlait deslangues
orientales il ne s'agissait quedes langues sémitiques:l'hébreu et
l'arabeet quel'on faisait alorsréférenceà un monde connu et pour
ainsidire classé. C'est seulement en 1784 queles premiers
indianistesinaugurentlalecturedusanscrit.En 1785 la Bhagavad-Gîta esttraduiteen français. Ondécouvre
avecstupéfactiondesculturesetdescivilisationsquiétaientrestées
inconnuesjusqu'alors.
Plusieurs étapes
La découvertedes textes indienspassepar plusieurs étapes et
alorsqu'on possèdedes traductions des Védas dès1785-89, les
textes bouddhiques ne sont approchésquedansles années 1840
aprèsl'arrivée du canon sanscrit et pâli. Eugène Burnouf vapublier
le premierouvrage de synthèse valable surlebouddhismeen 1844
et son œuvre Introduction à l'histoire du Buddhismeindien eut un
grand retentissement sur toute une génération de penseurs et
d'artistesdontSchopenhauer,Wagner,Nietzsche,Cousin,Gobineau
et Michelet. Parailleurs, M. Hodgson, résident de la Compagnie
desIndesau Népal, seralepremieràentrouvrir les trésors de la
littératurebouddhique.
Fascinationpourl'Inde des romantiques allemands
Si l'Indead'abord fasciné lesromantiques et en particulierles
romantiques allemands, c'est qu'elle posait dans sa totalitéla
question du différent. Eux quiavaient souvent pris le Moyen-Age
comme sourced'inspiration voyaient dans l'Inde un antique
d'aujourd'hui. Dès1800, Frédéric Schegels'exclamait dans
l'Athenaeum, dans un discours surlapoésie:«C'est en Orient que
1nousdevonschercherlesuprêmeromantisme. » Ilestbienévident
quedeceromantisme-là, le bouddhismeétait exclu car il était
encorepratiquementinconnuàl'époque.
Maissil'on peut parlerd'un véritable engouement indophile de
l'intelligentsiagermaniquedansles années 1820 quiperçoit l'Inde
comme émanant la lumièredes origines,àlafoisattirante, pure et
régénératrice,c'estenFrancequ'onremarquel'amorced'untournant
quifait de l'Inde un sujet d'intérêt controversé. Le bouddhisme
révéléau public parles travaux de Burnouf vaseheurter au
développement spécifiquedelaphilosophieen France dans le
1Citépar Roger-Pol Droit,L'Oublidel'Inde:Une amnésiephilosophique (Paris :
PUF,1989)128.
10e
second tiers du XIX siècle marquépar l'essor du positivisme et la
présencedominanteduspiritualismeéclectique.
Untournant bouddhique
Ce tournant bouddhiquedansl'imaginaire philosophique
occidentalestexemplifiéparl'attitudeduphilosopheVictorCousin.
En 1829 il

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