Machiavel-Montequieu
76 pages
Français

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Machiavel-Montequieu , livre ebook

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Description

Dans l'histoire des idées politiques consacrées au pouvoir, les oeuvres de Machiavel et de Montesquieu occupent une place centrale. Tout ou presque les oppose, la force et la ruse contre le droit et la constitution; mais en même temps, elles ont liées l'une à l'autre en ce qu'elles montrent les multiples facettes du pouvoir. Seule la littérature, et plus récemment le théâtre pouvaient tenter de restituer le passionnant dialogue que ces deux grands penseurs auraient pu nouer si les siècles ne les séparaient pas.

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Publié par
Date de parution 01 février 2006
Nombre de lectures 262
EAN13 9782336282329
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0450€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Préface
Maurice Joly est né en 1829. En 1860, il entame une carrière d’avocat. C’est en 1865 que paraît anonymement à Bruxelles sonDialogue aux enfers entre Machiavel et Montesquieu. Le livre fut aussitôt interdit, saisi, et son auteur jeté en prison. Maurice Joly s’est donné la mort à Paris en 1878. « Je méditais depuis un an un livre qui aurait montré les brèches épouvantables que la législation impériale avait faites dans toutes les branches de l’administration et les abîmes qu’elle avait ouverts en détruisant de fond en comble toutes les libertés publiques. (...) Je cherchais à fondre mon travail dans un moule approprié à notre esprit sarcastique obligé depuis l’Empire à replier ses attaques derrière des feintes. Faire dialoguer des vivants ou des morts sur la politique contemporaine, telle fut l’idée qui me vint. (...) Le nom de Montesquieu me vint tout à coup à l’esprit comme personnifiant tout un côté des idées que je voulais exprimer. Mais quel serait l’interlocuteur de Montesquieu ? Une idée jaillit de mon cerveau. Et pardieu, c’est Machiavel ! Machiavel qui représente la politique de la force à côté de Montesquieu qui représentera la politique du droit ; et Machiavel, ce sera
Napoléon III qui peindra lui-même son abominable politique »,nous confie Maurice Joly. L’entreprise de Joly nécessita, pour produire ses effets, une distorsion entre les Machiavel et Montesquieu réels et les personnages de son Dialogue, qui défendent des positions souvent éloignées ou caricaturées des deux modèles dont il s’inspire. Et même si, à l’origine, ce texte n’était pas destiné à la scène, on sait que ce procédé est usuel au théâtre : leRichard III de Shakespeare en est un exemple connu. Le Montesquieu de Joly se réjouit de l’abolition des privilèges et de la destruction de l’aristocratie. Montesquieu, le vrai, n’aspirait en fait qu’à une réforme de la monarchie française. Il tenait à ses revenus et défendit les privilèges politiques de sa caste apparemment compromis par la monarchie absolue. Il s’apitoie moins de la misère du peuple que de la ruine des anciens possédants. Il n’est pas un doctrinaire de l’égalité et encore moins de la souveraineté populaire. «Il n’y a rien de plus insolent que les républiques,écrit-il, le bas peuple est le tyran le plus insolent que l’on puisse imaginer.» «Que le peuple, qui n’est que passion, soit prince, tout est perduIl. » s’agit bien pour lui de protéger les nobles des entreprises du roi et du peuple. Mais il est vrai que, à l’opposé de ses opinions, son travail, et principa-lementL’Esprit des lois, premier livre dans l’histoire des idées de sociologie politique, donna des armes
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au Tiers-état. «Victime de la ruse de l’histoire, il se dresse contre le roi, voulant agir pour la noblesse, mais sa polémique ne sera efficace que pour la cause du peuple», note Louis Althusser. Il est vrai aussi que ses idées subiront les épreuves de l’histoire. Si la Restauration, en établissant une Chambre des pairs, rendait hommage au système des corps intermédiaires et retrouvait le Montesquieu bicamériste et défenseur des droits de la noblesse et de la grande propriété terrienne, Jefferson et les constituants américains trouvent chez lui l’idée fédéraliste, Marat retient de L’Esprit des loisdu civisme et des vertus l’apologie républicaines. Quant à Babeuf et aux socialistes du e XIX siècle, ils se réclament également de celui qui affirme que «l’État doit à tous les citoyens une sub-sistance assurée, la nourriture, un vêtement convenable et un genre de vie qui ne soit pas contraire à la santé». En ce qui concerne la fameuse séparation des pouvoirs, qui est davantage un équilibre des puissances socia-les assis sur l’idée-force que le pouvoir doit arrêter le pouvoir, les constitutions modernes des États s’en inspirent. Machiavel, machiavélisme : ce sont d’abord des noms communs péjoratifs qui désignent le manque de scrupule, la ruse et la perfidie. La postérité a ainsi simplifié à l’excès les réflexions extrêmement fines et complexes de celui qui, pendant quinze ans, servit la République de Florence et fut, comme beaucoup de ses contemporains, traumatisé par la descente, en
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