Thierry et le roi

Jacques Dejemeppe

Description

Voilà deux ans que Thierry a perdu son père. Alors qu’il vient de quitter la maternelle, il va se trouver confronté pendant les vacances à une surprenante apparition qui lui tient pendant des jours un langage pour le moins étrange. Le fantôme deviendra finalement son ami et lui fera comprendre, que, dans la vie, rien n’est éternel mais que, rien non plus n’est définitif. Il existe, au-delà de la mort, un espoir suprême... Fantaisiste et grave à la fois, "Thierry et le roi" enchaîne les grand écarts. Oscillant entre le féérique enfantin et le questionnement autour de la mort et du deuil, Jacques Dejemeppe réussit un périlleux exercice de funambule avec autant d’élégance que d’aisance, jouant à merveille sur le décalage entre nos deux héros – l’auteur respectant scrupuleusement le vieux français et les propos d’Henri IV. Un joli conte, intelligent et drôle, empreint d’une poésie réellement touchante.

Sujets

• Enfance
• Deuil
• Roman d'apprentissage

Informations

• Publié par: publibook
• Date de parution: 21 juin 2012
• Nombre de lectures: 47
• EAN13: 9782748386936
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Thierry et le roi

Jacques Dejemeppe Thierry et le roi

Publibook

Retrouvez notre catalogue sur le site des Éditions Publibook : http://www.publibook.com Ce texte publié par les Éditions Publibook est protégé par les lois et traités internationaux relatifs aux droits d’auteur. Son impression sur papier est strictement réservée à l’acquéreur et limitée à son usage personnel. Toute autre reproduction ou copie, par quelque procédé que ce soit, constituerait une contrefaçon et serait passible des sanctions prévues par les textes susvisés et notamment le Code français de la propriété intellectuelle et les conventions internationales en vigueur sur la protection des droits d’auteur. Éditions Publibook 14, rue des Volontaires 75015 PARIS – France Tél. : [phone] IDDN.FR.010.0117569.000.R.P.2012.030.31500 Cet ouvrage a fait l’objet d’une première publication aux Éditions Publibook en 2012

Chapitre 1 Thierry avait eu six ans à la fin du printemps et cela fai- sait quelques mois maintenant, qu’il avait déclaré à sa mère, un soir avant sa mise au lit, solennel et presque im- périal, qu’il était le copain d’un roi dont il avait fait la connaissance… au fond du jardin. Muriel, sa maman, très gentiment, mais aussi très sé- rieusement, habituée qu’elle était à ses humeurs lunatiques depuis la disparition de son mari, lui déclara, amusée et en fronçant légèrement les sourcils, ne laissant bien sûr paraî- tre aucun doute quant à son intérêt pour la chose, que c’était beaucoup d’honneur pour lui de connaître un roi. D’un autre côté, s’était-elle empressée d’ajouter, vu cette nouvelle relation, il aurait ainsi beaucoup à s’appliquer, à l’avenir, pour corriger ses mauvaises manières ou son lan- gage quelques fois trop cavalier. Quand on côtoie un roi, il faut bien se tenir et bien parler, n’est-ce pas ? Thierry avait solennellement promis et puis s’était mis au lit sans difficulté, satisfait de la réaction de Maman. Et ainsi, pendant des semaines, le petit garçon blond s’était appliqué autant qu’un garçon de cet âge puisse le faire, à ne plus répéter à la maison ni ailleurs non plus, les expres- sions qui, inévitablement jusqu’à ce jour, avaient attiré sur lui un petit regard réprobateur et parfois pire… Mais cela dit, en revanche et dans sa petite tête, cela n’incluait absolument pas et en aucun cas, la cour de récré où les situations gravissimes qui se présentaient dans ce redoutable champ de bataille que Maman ignorait, l’obligeaient à tenir son rang parmi amis ou ennemis. Qu’on se le dise ! Lui, au moins, le savait !

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De son côté, son ami le roi avait, bien sûr, remarqué que l’attitude de tous les jours de son petit ami, bien qu’elle ne fût point encore exactement telle que la sienne, peu s’en fallait, s’améliorait et il n’avait, bien entendu, pas hésité à l’en féliciter chaudement, ce dont, le gamin n’avait pas été peu fier. Quant à Maman, elle était tout simplement ravie des progrès de son fils et s’en félicitait intérieurement. Elle remarquait aussi, non sans étonne- ment, qu’il arrivait à celui-ci de plus en plus souvent d’utiliser des mots à la tournure alambiquée, voire vieil- lotte, qu’elle ne se souvenait pas lui avoir jamais appris. Se pouvait-il qu’André, mort deux ans auparavant, ait pro- noncé ces mots devant l’enfant et que ceux-ci lui reviennent maintenant en mémoire, spontanément ? Cela lui semblait peu probable et même peut-être extravagant. Et pourtant, Thierry en faisait un usage, peu régulier et approximatif sans doute, mais parfois à bon escient cepen- dant. Ainsi, mercredi dernier, alors que Thierry scotché de- vant le téléviseur, s’abreuvait de dessins animés, elle avait remarqué sur le sol de la cuisine, un sachet de bonbons complètement vidé et s’attendait, à la remarque qu’elle lui fit, à une réponse banale puisque ancrée dans les cerveaux des enfants victimes des slogans publicitaires :gna gna gna tu pousses le bouchon un peuloin maintenant…! Mais non, cette réplique ressassée vingt fois depuis des semaines à un petit poisson, ne vint pas alors qu’elle l’attendait pour le troisième larron de la famille. Et quelle ne fut pas sa surprise, alors, de s’entendre répondre : — Ce n’est pas moi qui ai bouffé les bonbons, maman, mais jetairaile nom du coupable. Le coupable présumé, bien entendu, Muriel l’avait sup- puté avant même de poser la question, ça ne pouvait être que Voleur.

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