Stay a while
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Description

Je publie cette courte nouvelle après avoir entendu parler du concours d’écriture de Youscribe. Malheureusement, en une journée, je n’ai pas pu atteindre le nombre de caractères requis. Je le publie néanmoins par plaisir en espérant qu’il plaira..♥️🥷🏼

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2022
Nombre de lectures 43
Licence : Tous droits réservés
Langue Français

Extrait

Stay a while…
Le bleu du ciel semble s’éloigner de plus en plus de l’atmosphère putride. Le cadavre en décomposition avancée, est sur le toit, disloqué, le regard creux rivé sur mon corps immobile. Les vers grouillent Iévreusement, à la recherche d'un bout de viande, qui peut-être subsiste dans ce chaos. Tant pis s'il ne reste plus rien de la défunte, ils suivent néanmoins le Il de sa chevelure jusque ma joue, béante. Un courant d'air la traverse, le goût âcre du sang infecte ma langue déchirée. La crâne en ébullition, la peur excite mes sens, leur déplacement furtif m'écœure au plus au point. Le bruit régulier d'une hache qui s'écrase sur un tronc, se fait violemment entendre. Le liquide pourpre coule le long de ma nuque, la cadence eFrénée me perce les tympans. Les asticots ont sûrement déjà envahi mon estomac, l'envie de vomir s'éternise sans jamais se conIrmer. Mon abdomen est en feu, l'alliage déformé me fait courber l'échine, mon entrejambe gémit de désespoir. Je ne ressens plus mes articulations, mon bras droit s'amuse à frissonner dans son coin. Une brique de lait ne suFira pas à m'apaiser ce soir. Mes cordes vocales sont sûrement mortes, je ne les sens plus. Aucun son ne pourra plus jamais s'échapper de mes lèvres gercées. Chaque cellule de mon être hurle, j'ai la chaire de poule, la douleur n'est désormais plus qu'une illusion noyée dans une rivière limpide, et sans vie. Je m'enfonce, le corps inerte, aspirée par cette eau glaciale. Des milliers de doigts Ins, ongles acérés, me brûlent la peau, avec lenteur, comme pour me punir. Ces phalanges me broient le coeur. Je suFoque, j'aimerais pouvoir m'arracher les poumons, avant que la pression ne m'achève à petit feu. La lumière s'éloigne dans un dernier soupir, m’abandonnant à ma solitude. Sa chaleur s'échappe de mes doigts ankylosés. ïnconsciemment, les yeux clos, un sourire doux et fugace m'échappe.
ïncapable de trouver le sommeil, je soue de dépit. L'horloge aFiche deux heures du matin, le temps me nargue. Je dois être dehors à sept heures. Un air de rnb me vient à l'esprit,stay a while, oooohh, stand outside my door, just one more smile. Yebba, j'essaye littéralement de me bercer seule avec cette mélodie. Elle ne peut malheureusement pas éteindre le fourmillement dans mes oreilles. Mon estomac crie famine, les ballonnements se déchaînent sans répit. Mes muscles endoloris détestent la nuit, la douleur s'accentue dès que je pose ma tête sur l'oreiller. Je me sens épuisée, me coucher sur le ventre ne m'apaise même plus. Dormir va de pair avec une certaine paix, que l'on ne possède pas forcément au fond de soi. Heureusement, l'épuisement délivre l'âme dès que son énergie s’estompe.
Je ne peux pas comprendre, mais je vais rester un moment. C'est ce qu'elle ne cesse de répéter incessamment dans ma tête.
Il m'arrive parfois, parfois seulement, de laisser des rêves furtifs traverser l'esprit entêté qui m'appartient. Alors entre deux abîmes, apparaît une harmonieuse lumière teintée d'espoir.
Les rayons du soleil inondent sans entrain la grande pièce froide. La porte vitrée, entrouverte, laisse entendre la récitation apaisante d'un maître coranique. ïl est rare que la lune ne s'installe sans qu'une voix mélancolique, n'accompagne la soirée des occupants de la maison. Un rituel sacré, qui paraît-il, éloigne les mauvais esprits et les démons malfaisants. Ça me fait penser au bon gros géant, ce roman pour enfants. Une histoire fantastique, incroyablement réconfortante des années plus tard.
Ses pas lourds sont silencieux, son visage eFraie les êtres cachés. Son soue se perçoit à l’odeur nauséabonde qu’il laisse sur son passage. Une besace en cuir, centenaire et bien fripée, traîne sur son dos. Ses bocaux en verre s'entrechoquent et se font écho dans la nuit noire. Les cauchemars, il les chasse et les collectionne, grâce à une oue Ine et sensible. Au petit matin, et au petit soir, il les jette au fond de l'océan. Toute une mer d'eau et de sel, pour étouFer les tracas. Pour que l'âme oublie la peur et la solitude, que les couleurs illuminent les prochaines heures. Le rose, le violet, le rouge, l'arc en ciel se reètent sur la cime des vagues. D'une explosion naît un nouveau songe, doux rêve à l'odeur salée, prêt à faire voyager l'esprit le plus embrouillé. ïl n'y a pas de place pour le néant dans l'eau. La nature déteste le vide. Les éclats de verre brillent dans les profondeurs inconnues. Elles illuminent les nuits sombres. Elle guide le voyageur dans sa quête vers l'inInie.
Mon cerveau, autonome, fait sonner le clairon vicieux en premier. La couverture en laine s'accroche désespérément. Mon corps bien enveloppé, ne coopère pas. Éternuant violemment, j'éteins le ventilateur. Un instant plus tard, un autre éternuement me réveille déInitivement. Les yeux, désormais bien ouverts, je vériIe l'heure, en m'étirant doucement, retenant un bâillement. Je rabats la couverture sur ma taille, en quête de mon téléphone. Je me suis sûrement endormie dessus. Tirant sur mon t-shirt, je repositionne l'oreiller derrière mon dos. Les courbatures m'épuisent au premier mouvement, j'ai l'impression d'avoir le corps d'une femme âgée. Pourtant je sors à peine de l'adolescence, et je n'ai encore personne pour me masser... Les deux volets, face à la porte, sont complètement fermés. Un lit est posé en dessus, un autre volet se situe juste derrière la tête de lit. En face, un grand miroir vertical se repose sous une horloge aFichant neuf heures dix. Cette position me permet parfois d'entrouvrir le troisième volet à l'aube, pour permettre à la pièce d'aérer un peu. Une légère brise soulève les rideaux translucides, encore tirés. Les rayons traversent aisément la texture laiteuse du tissu. La lumière inonde cette partie de la chambre d'un merveilleux halo doré. La poussière dans l'air se reète sur l'étagère et le sofa grâce au miroir. Le bureau et le tabouret au coin s'aperçoivent diFicilement. Le dressing et la porte face aux deux fenêtres restent encore sombres. L'odeur d'une pompe à insectes, diFusée la veille, enveloppe l'atmosphère.
Je plisse les yeux en sentant la présence du chat, se toilettant paisiblement sur le sofa. Son pelage roux brille sous la lumière nouvelle. Son calme majestueux montre que sa promenade matinale s'est déroulée sans encoches. Ses gracieux coups de langue sont assez hypnotisants. Le nez encore sous la couverture moelleuse, un énième bâillement me prends de court. La maison est aFreusement silencieuse, pas un seul bruit n'est perceptible. Je me retourne tâtant la table de chevet à la recherche d'un mouchoir. J'éteins la moustiquaire en dessous, désormais inutile. Je me sens paresseuse, je pose la main sur le tapis rosé tacheté de rouge et observe une petite pause, assise par terre. Le lit est assez bas, le matelas toucherait presque le sol sans ce reposoir en bois. Le silence m'apaise, je n'aime pas vraiment me presser, encore moins sentir la présence des autres. J'aime prendre mon temps pour chaque étape de ma journée, même mon réveil, seule. Étonnamment, la première chose que je fais c'est faire le tour des réseaux, après un moment d’angoisse bien évidemment. Je déteste être en retard, ou plutôt je ne supporte pas de laisser entrevoir une mauvaise facette de moi-même. En une dizaine de minutes, je survole les Ils d'actualité sur Twitter et Tik tok, avant de lire les messages auxquels je ne réponds que très rarement. Je ne ressens rien quand j'échange avec quelqu'un, même pas une once d’excitation à l’idée de connaître des détails de sa vie. L'intérêt ne suit pas, autant rester silencieuse jusqu'à ce que je me sente mieux. ïls vont bien Inir par se lasser, ça ne fait rien. L’être humain Init toujours par har celui qui l’ignore sans rancune. Un jour, peut-être je m'y mettrais en m'excusant, ou en faisant l'idiote.
En une enjambée , j'étale le contenu de mon armoire sur la table. Pas grand chose, en réalité j’ai simplement besoin d’une vision d’ensemble, pour ne pas mettre le même pull deux fois dans la semaine. Une demi heure plus tard, je suis habillée, propre, du moins je l'espère. Je suis quelqu'un d'assez brouillon, quelques aFaires vont traîner en attendant le soir, même si les vêtements sont de nouveau à leurs places respectives.
La brume omniprésente humidiIe l'air étouFant, mes poumons me brûlent. La chaleur s’installe rapidement, ma peau grasse transpire un peu. Les vans noirs agissent comme des aimants à poussière. C'est assez exaspérant, je vais devoir passer la journée à les essuyer. Le casque en place, je marche en direction du terminus sans prêter plus d'attention aux autres. Je suis sur les nerfs en début de journée, l’humeur exécrable, la faim au ventre. Ma voix sonne froide dès que quelqu’un m’aborde. Je me sens arrogante et méprisante, dés lors que mon regard froid se pose sur autrui. Je n’apprécie vraiment pas l’être humain. La dame assise à côté de moi est trop imposante, elle prend trop d’espace. J’étouFe. Le nombre de passagers accroît à chaque arrêt. Des corps se tortillent en essayant de prendre le moins de place possible. ïls s’entassent comme des porcs prêts pour l’abattoir. ïncapable de m’en empêcher, je leur attribue automatiquement une vie, et des problèmes surtout. C'est dans le foulard mal posé que je vois
l'empressement d'une mère qui se débrouille pour joindre les deux bouts. Elle travaille loin de sa maison, ses enfants ne mangeront pas de riz ce midi. ïls devront se contenter du pain gras de la gargote devant l’école, ou au mieux aller manger chez un ami. À la In du mois, elle se démène avec les factures. C’est elle que la directrice appelle pour lui parler du retard de paiement, habituel. C’est elle, qui le soir, met la main à la pâte pour cuisiner un repas assez copieux pour compenser le manque du précédent. C'est dans le pull gris et délavé d'un adolescent que je vois l'impuissance d'un enfant. La société ne lui demande qu’une chose, prendre assidûment le chemin de l’école. Pourtant, il n’a rien à manger pour aujourd’hui. ïl s’est levé le coeur lourd, avalant rapidement un bol de mil avant de sortir en sandales. S’il n’avait pas aperçu sa mère à l’aube s’empresser d’aller poser son étalage au marché, il n’aurait jamais trouvé le courage d’avancer un pied devant l’autre.
Le bus s’engage enIn sur la Voie de Dégagement Nord, l’incessant va-et-vient des habitants rend la capitale trop réceptive aux embouteillages. En vérité, les ouvriers ne vivent pas en ville. La banlieue déborde, le prix de l’immobilier ne cesse de grimper. L’insécurité s’agrandit, les crimes se succèdent, les forces de police se font rares. Le climat instable fait réagir sans toutefois perturber la tranquillité d’esprit de la population. Au fond, ils s’habituent tristement à la situation, ils vont bien tant que ça ne les atteint pas personnellement. Tout est décision divine dans ce pays, dès que le glas du destin sonne, chacun hoche silencieusement la tête.
Grand YoF, les immeubles délabrés laissent entrevoir l’heureuse misère. Des marchands ambulants, la peau bronzée, poussent à l’extrême les limites du corps humain. Le sourire aux lèvres, ils négocient avec les passants sans se démonter, vacants des heures sous un soleil de plomb. C’est là, la seule beauté de l’être humain, sa ténacité, peut importe les obstacles, couvrir sa honteuse existence d’un voile spirituel intransigeant face aux aléas.
Des buildings ambants neufs, ou en construction écrasent les rues sablonneuses. À l’intérieur des quartiers, les belles villas se succèdent. Cette route bitumée m’exaspère, elle ne colle pas. Le contraste entre la ville et sa banlieue, est horrible. D’une part, l’opulence d’un pays exotique, les hôtels cinq étoiles et les bureaux immaculés. D’autre part, les eaux usées, la faim, la résignation. Paradoxalement, je ne vois que de l’acceptation, l’hypocrisie de tout un peuple. ïls travaillent tous très dur, néanmoins le niveau de vie ne s’améliore pas. ïls se prennent pour des martyrs à ce stade, la régression ne les dérange point.
Mes pensées se bousculent dans un tintamarre assourdissant, je n’arrive pas à m’éclaircir les idées. Et pourtant, je sais ce que je veux, au moins. Je veux couper la source du problème, cesser de faire battre ce cœur rugueux et indiscipliné. Je veux juste que ce bus m’écrase de tout son poids, qu’il ne reste plus rien à récupérer, comme si je n’avais jamais existé.
La vie est une bien triste mélodie, c’est ce qui pourtant la rend si belle à écouter. C’est l’histoire la plus tumultueuse qui possède le plus beau public. Les péripéties exaltent la curiosité malsaine de l’homme, à condition évidemment qu’il ne soit pas le personnage principal de la comédie satyrique. Le vide est bien bruyant, la chaire est bien brûlante. Le cerveau en larmes, souhaite un moment de répit. Existe t’il réellement un feu pour tout détruire, un interrupteur pour couper le courant. L’intérieur de mon corps n’est qu’un volcan en fusion, je me sens si violentée, comme si un millier d’épines me griFait de partout. Des épines de rose, douce et aimante, au regard creux et méprisant, Igée dans une contemplation narcissique et louée. C’est dans la douleur que les mots deviennent plus beaux. C’est dans la douleur que l’instinct de survie rend l’homme plus méprisant, plus pathétique qu’il ne l’est déjà. ïncapable de n’être autre chose qu’un mammifère sans poils, un animal décemment anobli. L’humain n’a rien appris en un millénaire, l’homo sapiens est toujours nu. La bosse sur son dos otte désormais sur sa tête, telle une épée de Damocles courbant son échine au moindre coup de vent. Sa langue pend hors de sa bouche, haletant tel un chien face à un os, léchant tout ce qui passe sous son museau. Alors, ce cadeau empoisonné qu’en a tu fais descendant d’Adam. Si l’homme va jusqu’à dévorer ses matières fécales pour un bout de papier, que reste t’il de cette vie. Eve ? Est ce là le dessein que le seigneur a pour ses créatures. Cette coupe, qui nous fait dépasser la barrière de l’animal, a t’elle Ini de se remplir, se vide t’elle de plus en plus sous le ciel horriIé. L’homme est il destiné à stagner en tant qu’être primitif, dont la rage de survivre est le seul outil à sa disposition.
L’éléphant voyage de mangrove en mangrove, piétinant herbes et poissons, dans un incessant cycle programmé, créant une biodiversité de toute complexité alors même que la nature se plie à son pas lourd et écrasant. Ce sont des routes d’eau éparses qui se forment sur son passage, des ponts de fortune pour les oiseaux peureux et gourmands. Le maître n’est pourtant pas de la race élue, la porte de la raison lui est fermée dès la naissance. Lui, il écrase par instinct, la plante qu’il avale laisse place à une rivière qui en abreuve d’autres. La barrière est une intrigante, elle se pavane telle une oie grosse, qui picore les œufs qu’elle ne veut pas voir éclore. Quel orgueil pour un animal sans fourrure, faible dès la naissance, incapable de soulever un frêle palmier. La régression de ma race me blesse, je hais profondément ce sentiment, y songer même m’écœure.
C'est la misère de cette vie que j'aimerais arracher. Je ne supporte plus de la voir dans un reet, à défaut d'un miroir que je n'ose regarder par peur de me har. La teinture qui noircit mes lunettes me sied à la perfection. À travers un Iltre opaque, je juge le monde sans avoir à m’inquiéter, insensible à ma propre faiblesse. Mes pensées sombres, confuses m’accompagnent et me guident dans cette mer humaine.
Chaque arrêt prolongé me fait rater un battement. Dakar est une petite ville, trop remplie, trop agitée pour une attardée du développement. Elle reste néanmoins attachante, la paix y règne peut importe ce qu’il se passe. C’est une nation qui déteste verser son sang, elle préfère pardonner, accepter et avancer aveuglément sans en perdre le sourire, même faux. La guerre fait reculer un pays, parfois il ne se retrouve plus jamais. La résignation est peut être une bonne chose, je ne saurais l’aFirmer. Je n'entends rien, je ne pourrais même pas dire où je vais. Je sais bien que je vais travailler, pour être payée évidemment. Pourquoi, je ne sais pas pourquoi, j'en ai pas la moindre idée. Je ne suis qu'un être humain, qui se déplace sans conviction. La mélodie me berce tendrement, elle remplit l'espace, mon coeur bat au même rythme qu'elle. Je crois fermement qu'un coeur qui saigne, ne peut être que celui, d'une personne qui atteint sa dernière heure. Les émotions volent en éclats, après tout disons le, elles n'ont plus lieu d'être, le précieux nid est détruit. À l'agonie, mon cœur ne voit plus l'être aimé, il brûle et disperse ses cendres au gré du vent. Les morceaux, encore vifs et tranchants, s'envolent à la recherche de nouveaux foyers. Une tristesse inInie s'empare d'une femme, un amour naissant germe dans un coeur, une rage indécente s'accroche à un innocent. Les sentiments ne meurent jamais, ce ne sont pas de vulgaires corps qui se dégradent. La mort se permet certes de séparer deux êtres, mais la décomposition d’un corps limite t-elle l’existence de l’humain. L'âme explose et disperse son pollen, prêt à être cueilli. L'abeille en fait un miel doux et sucré. La guêpe empoisonne un coeur vide. Le charognard se réjouît de cette dernière ambée. Toutefois, biologiquement, il est vrai que d'une certaine façon le coeur saigne tout le temps. Le coeur pompe constamment du sang pour permettre aux autres organes de fonctionner. ïl fait tout le sale boulot pour que tout le monde se sente bien. Un choc entre deux âmes créent des situations extraordinaires. Combien de fois, l'amour s'est brusquement envolé sans crier gare, indiFérent aux envies des autres. Traçant sa route ailleurs, loin de nous. Laissant sur son sillage, un vide immense, tantôt comblé par la tristesse, tantôt par la haine. Alors qu'une autre récolte le fruit tant chéri. Le cœur s'octroie tellement de battements en une minute. Une activité infernale. Pourtant, il suFit au cœur de ne rater qu'un seul battement pour créer un transfert. ïl devient alors créateur d'amour ou de haine. N'as tu pas envie de retirer ce cœur dans ta poitrine. N'est il pas trop lourd. Oubien préfères tu attendre qu'il s'allège au printemps, lorsqu'un nouveau bourgeon fera eurir le sentiment divin. Je ne suis pas en mesure d'attendre. Je m'y refuse vois tu. Je veux t'aimer dés aujourd'hui, ton avis ne m'intéresse pas. Le coeur garde farouchement tes émotions. ïl fait de son mieux soit honnête, mais il n'est que chaire et sang, il ne peut être parfait. Le cœur ne peut s'empêcher de tout détruire au meilleur moment. Toutes ses désillusions, pourquoi ne se rebelle t'il pas au lieu de briser tes
espoirs. Après tout, le cœur n'a pas à souFrir si durement pour un homme qui ne sait jamais être reconnaissant. Personne ne devrait sacriIer son bonheur pour se consacrer entièrement aux autres. Un tel sacriIce ne se mérite même pas. Les organes ne peuvent pas seconder le coeur. Tu ne peux pas prendre autant de coups pour toutes les âmes charitables du monde. La reconnaissance n'est qu'un vil mot pour camouer une manipulation plus vile encore. La foi elle-même n’est parfois qu’une vague manipulation. J’ai l'impression d'être une profane qui n'a pas le droit de respirer, parce que déjà morte à l'intérieur. Je donnerai tout ce que je ne possède pas pour sentir un vrai bonheur, pour ne plus jamais faire sembler de sourire autant. Je veux me sentir vivante. Je veux faire vivre mes rêves, matérialiser mes fantasmes, l'un après l'autre. Pourquoi pas, au fond qu'est-ce qui m'en empêche. J'aimerai usé cette vie jusqu'à ce qu'elle me supplie de l'épargner. La vie doit être vécue qu'elle le mérite ou pas. Elle est si courte. Elle s'échappe si vite à notre contrôle.
Je suppose que mon visage ne peut pas mentir, les cernes, les yeux vides, profondément vides. Je ne les sens plus, je jurerais qu'il n'y a désormais qu'un creux vide à cette place. L'homme n'est qu'un amas de sang, du sang, des cellules, des os, de la viande, de la nourriture dans une autre dimension. inalement, il n'est rien peut importe à quel point il essaie de prouver le contraire. Un adulte, un enfant, tout n’est que cycle sans In, un combat perdu d’avance contre un créateur qui observe en silence. Dommage, qu'il soit si égoste, si laid et si déprimant. L’homme n’a rien d’apaisant, il n’est que tourment et désir inavoué.
Son amour, me manque. Je ne pense pas l’aimer encore aujourd’hui, mais le sentiment de compter pour quelqu’un, celui là m’attriste. Je me demande encore aujourd’hui comment se manifeste mon manque d'aFection. Je ne cherche pas à le combler dans une relation amoureuse, comme le font habituellement les Illes. Et lorsqu'il s'agit d'amitié j'ai tendance à fuir, surtout avant que je ne rencontre des gens qui restent pour moi. J’ai appris que j'avais des personnes pour qui je compte. Au fond, je reste toujours froide et arrogante, par peur de souFrir, incapable d’apprécier ce que la vie a de plus simple à oFrir. Je rumine dans le noir depuis combien d'années. Je reste insensible pour ne pas avoir à m'attacher à quiconque. Je ne veux pas qu'il me considère comme une perverse, juste parceque j’écris des nouvelles érotiques. Je ne veux qu’il me compare à l’image dégradante qu’il a de la société. La femme doit être soumise, obéissante et surtout ingénue. Je ne serais jamais rien de tout ça, réprimer toute une vie pour un homme est au dessus de mes forces, je ne veux pas être la marionnette sexuelle de quelqu'un. Si je me marie, il va falloir que je désire cet homme, au point de le fuir pour ne pas qu'il le remarque. J'aimerais lui parler de mes peurs, pour qu'il comprenne toutes ces voix dans ma tête. ïl ne comprend pas mes blocages, il préfère me donner des conseils inappropriés, qui me poussent à me refermer sur moi. ïl lui manque cette douceur, qu'il fait disparaître dès qu'il a un problème en plus. J'aimerais beaucoup que
lorsqu'il est triste, qu'il garde sa froideur pour lui, qu'il soit même plus doux et aFectueux qu'à l'accoutumée. Que je puisse avoir envie de l'écouter, d'être présente pour lui. Mais surtout, que je puisse me sentir assez bien pour le faire quand je me sens moi-même misérable. Au lieu de ça, il attend trop de moi, il veut que j'assume sa froideur. ïl ne veut pas que je rééchisse trop alors que c'est dans ma nature, il y a des façons de dire les choses aussi. Je pensais être froide, je pensais aussi qu'on s'exprimait de la même façon, mais ya une nuance entre nous. J'essaie vraiment de retirer ces barrières, aIn de pouvoir me mettre à son niveau, même si je ne veux pas me livrer complètement à lui. Je veux qu'il me fasse fondre, qu'il ne trouve pas mes idées bizarres et incongrues, qu'il m'aide à lever mes barrages. Je voudrais bien qu'en ce moment, on puisse parler de nos fantasmes, pourquoi pas. Je ne peux pas avoir envie de t'embrasser, de te prendre dans mes bras si tu n'as jamais exprimé un semblant de désir. Pour moi, avec tous les complexes que j'ai développé, sur mon corps en particulier, le dégoût des relations physiques. La meilleure façon pour lui de me montrer son aFection, c'est de m'aimer, d'écouter mon corps, de sécher mes peurs, d'être compatible également. La relation doit être uide, assez en tout cas pour que je désire cet homme plus que tout et que j'ai envie de lui déballer tout. Je veux l'entendre me dire que je suis divinement belle lorsque je rougis et que je ferme les yeux par gêne. Je veux qu'il me soue dans les oreilles, ces petites manies que j'ai quand je suis avec lui. Je veux pouvoir lui demander pourquoi il ne m'a pas appelé mon amour aujourd'hui, est ce que j'ai fais quelque chose qui le contrarie. L'amour, ce n'est qu'un mot, il faut des actes pour le créer, une routine pour l'ennuyer, des disputes pour l'embraser. Si on s'était marié directement, j'allais travailler à être à l'aise avec son corps, et puis c'est d'abord comme ça que j'aurais appris à l'aimer. Ensuite, les cadeaux c'est à lui de m'en faire. Ça me ferait plaisir, si sans prévenir il m'envoie de l’argent, en me disant que je pourrais avoir besoin d'un coca ou de crédit téléphonique. Parceque c'est quelque chose, que mes parents n'ont pas le réexe de faire, j'aimerais beaucoup qu'il le fasse pour me montrer qu'il veut m'être utile. Je ne lui demande pas de vider son portefeuille, mais juste de penser à moi, je me sens égoste. Après, le voir souvent ne m'intéresse pas, je ne trouve pas ça essentiel. Et puis, j'ai l'impression qu'il s'accroche à des souvenirs, à ces moments passés ensemble, alors qu'il n'obnubilait pas mes pensées. J'aime beaucoup passer du temps avec lui, à partir du moment où je suis bien habillée, j'ai aucun problème avec le fait de se voir. Mais, il s'accroche tellement à ses souvenirs, je me sens perturbée. Je déteste lorsqu'il dit que j'ai tout le temps, c'est maintenant que je veux avoir conIance en moi, en lui, en nous, pas dans cinq ans. ïl n'enverra pas ce message, encore une fois, bien je ferais mieux de cesser de le guetter inutilement. Ça ne m'étonnerait pas d'entendre que je joue avec ses sentiments si je choisis de mettre un terme à cette histoire. Je devrais lui dire à quel point je suis en colère, mais l'étalage de sentiments c'est
vraiment pas pour moi. Je suis de nature égoste, renfermée, je ne fais pas conIance à mon propre cœur. ïl n’est que sang.
Anxieuse, j'essaye de ne pas rater mon arrêt de bus. Ce n’est jamais arrivé, mais je me sens observée, je veux rentrer et me sentir moins exposée. ïl peut lire dans mes yeux à quel point je suis pathétique, il pourrait même me crier dessus pour que je lui céde la place. Je n'aime pas cette sensation, je me sens vulnérable. Pourtant rien ne s'échappe à mon contrôle, je le sais parfaitement. Parfois, par inattention, mes lèvres murmurent seules, avec insouciance et frénésie. Je ne sais pas ce qui en sort. Mon regard reste sans émotions, mon visage reste inexpressif, mes paroles sonnent froids mais concis.
Lasse, mes paupières se ferment, alternant mon imagination.
Une piquante odeur d'agrumes embaume l’atmosphère du bus, partialement remplie. Un panier de citron jaune, est entreposé près du chauFeur, couvert d’une toile transparente. Une dame assoupie rone légèrement, le nez dans son sac. Ses cheveux cuivrés reètent les éclats de la lumière. Sa tête repose sur l'accoudoir vertical, elle semble épuisée, cette position doit être très inconfortable. Son âge m’attriste, j'aperçois vaguement une robe eurie, sombre et magniIque assortie à son foulard vert. Une brise légère me fait frissonner, la climat est vraiment imprévisible. Son bras se resserre sur ma taille, sa tête se pose furtivement sur la mienne, déposant un léger baiser sur mon voile. Encore somnolente, je reste dans cette position, imprimant la signature de son eau de parfum dans mon esprit. De temps en temps, ses doigts appuient légèrement sur ma taille, massant ma peau toute endolorie au passage. Les yeux mis clos, je regarde le paysage déIler, à moitié. Je ne vois que le ciel, sombre, rarement parsemé d'étoiles. Dakar est clairsemée de lumières, mais de trop grandes surfaces sombres restent visibles et terriIantes. Le reet scintillant des camions apparaissent par moment au loin, sur la route nationale. Des ashs rougeoyants, d'usines sans doute, sonnent comme d'éphémères feux d'artiIce. Ce que j'aime c'est l'inIni complexité du ciel, toutes ces couleurs, toutes ces nuances qui se dérobent si vites à ma contemplation. Cette versatilité escortée par cette indomptable senteur de liberté, me fascine.
Je déglutis, la gorge douloureuse, les yeux grands ouverts, secoués par les nids-de-poule. Je pense à mon discours, j’espère qu’ils sont tous déjà couchés, je ne veux pas me torturer ce soir. Que dois je raconter aujourd'hui pour embellir ma journée à leurs yeux, détourner l'attention, dans une tentative désespérée de faire diversion. Mon lit me manque. Ce matelas qui ne cesse de s'approprier le parfum de l'humidité ambiante, pour me faire incessamment éternuer. ïl me manque tellement quand je ne l'ai pas à mes côtés. Une angoisse toxique m'envahit lorsque je me dois de m'en éloigner. C’est assez eFroyable, et risible. Peut importe ce
qu'il se passe dans la journée, le palais de Morphée reste mon refuge pour oublier, l’espace d’un instant.
Aujourd'hui encore, mes jambes me portent d'elles-mêmes. La petite marionnette s'est mise en marche comme à l'accoutumée, dans un rituel indéfectible. Les pièces s'assemblent, mon cerveau sait déjà ce qu'il doit faire. L’angoisse se déclare désormais mon amant pour me chérir. Dès l'aube, un incessant mensonge joue en boucle dans ma tête pour étouFer les mots, tenir encore une fois, la tête haute, jusqu'à la tombée de la nuit. Les mêmes rêves que la veille m'accompagnent, la brise nocturne me déchire le coeur.
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