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Un ciel de pierres et de lunes , livre ebook

216

pages

Français

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2013

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Un océan sépare la Guadeloupe envoûtée du mystère des Pouilles. Un autre, plus vaste encore, oppose Charlène à Lionel. Mère et divorcée, la première craint farouchement une nouvelle déception affective. Père et veuf, le second a renoncé à une activité professionnelle florissante, après avoir réalisé la futilité de ses priorités ; depuis, il cherche à se reconstruire, à travers une activité d'écriture. Leur rencontre va ébranler leurs certitudes. Et peut-être bien davantage... « Madame ? —Oui. —Puis-je vous poser une question indiscrète ? —Comment ! —M'autorisez-vous à vous interroger de façon très personnelle ? —Quel toupet ! vous ne me connaissez pas et vous me demandez si... Bon, essayez toujours, mais c'est à vos risques et périls, lâche-t-elle pour masquer son embarras. »
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Date de parution

22 juillet 2013

EAN13

9782342009033

Langue

Français

Un ciel de pierres et de lunes
Alain Pyre
Mon Petit Editeur

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Mon Petit Editeur
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Un ciel de pierres et de lunes
 
 
 
L’action intérieure est une finalité, l’extérieure une voie possible.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Chapitre I. Le renouveau
 
 
 
 
1. L’imprévu
 
 
 
16 février 2011
« Madame ?
— Oui.
— Puis-je vous poser une question indiscrète ?
— Comment !
— M’autorisez-vous à vous interroger de façon très personnelle ?
— Quel toupet ! vous ne me connaissez pas et vous me demandez si… Bon, essayez toujours, mais c’est à vos risques et périls, lâche-t-elle pour masquer son embarras.
— Qu’avez-vous prévu de faire pendant les huit prochaines heures ?
— Ah ! Ma foi, rien de spécial…
— Dans ce cas, permettez-vous que nous le fassions ensemble ?
— Vous êtes impayable ! Vous arrive-t-il souvent d’aborder les inconnues de la sorte ?
— Une fois tous les cinquante et un ans.
— Vous plaisantez ?
— Jamais, quand j’ai décidé d’être sérieux.
— Et vous êtes souvent sérieux ?
— Constamment. À ma façon…
— Et en ce moment ?
— Je ne me souviens pas de l’avoir été davantage !
— Et si vous vous présentiez ? quel est votre nom ? et votre profession ?
— Mon métier ? celui par lequel je vis ou celui pour lequel je vis ? »
Il porte la main au menton et prend un air inspiré : « Je m’appelle Lionel et je suis chercheur.
— Ah, vous êtes un scientifique !
— Non. Je cherche, tout simplement.
— Mais que cherchez-vous ?
— Ce qui le mérite.
— Je vois ! Et trouvez-vous souvent des choses qui en valent la peine ?
— Honnêtement, non. Toutefois je ne suis pas vraiment responsable : il y en a tellement !
— Est-il toujours impossible de savoir la vérité, avec vous ?
— Détrompez-vous : j’entretiens des relations très étroites avec la vérité. Même un peu particulières… »
Une hôtesse se penche vers eux avec déférence : « Désolée de vous interrompre, Madame, Monsieur, désirez-vous un apéritif ?
— Volontiers, répondent-ils de concert. » Ils s’observent, étonnés d’une telle entente, et éclatent de rire.
« Chère inconnue, je porte un toast à cette traversée : qu’elle soit aussi radieuse que votre regard ! »
Aussitôt prononcées, ces paroles colorent le visage de la dame qui se met à tousser. Elle reprend son souffle : « Il y a longtemps qu’on ne m’avait pas fait un compliment aussi tarte à la crème ! Elle ajoute : mais il est également vrai que les compliments sont rares aujourd’hui… Alors le vôtre, bien que puéril et inconsidéré, me fait sincèrement plaisir.
— À la bonne heure ! »
Elle se penche par le hublot et reconnaît la côte bretonne tremblant dans le sillage du réacteur. La Pointe du Raz apparaît, qui dérive déjà vers l’est, dans l’indifférence de la cabine. Son tumulte s’essouffle, remisant les ultimes éperons anthracite dans un écrin d’émeraude ; l’extrémité de l’hexagone survivra cette journée encore à la convoitise des eaux. Charlène observe avec nostalgie l’éloignement de la figure de proue du vieux continent, drainant à sa suite ses plus tendres souvenirs…
« Vous êtes bien rêveuse, dit-il, attentif.
— Oui, ce paysage me rappelle des choses…
— Voulez-vous en parler ?
— Je ne sais pas… Elle se ravise : non ! Mais vous, sérieusement, qu’allez vous faire en Guadeloupe ?
— Je vais à un congrès.
— Vous progressez ! et quel genre de congrès ?
— Sur les matériaux.
— Ce n’est guère fréquent, si je ne m’abuse, ce type de manifestation, là-bas. Serez-vous nombreux à y assister ?
— Il est prévu que j’y sois seul.
— Vous vous moquez encore !
— Aucunement, je vous l’assure ! Seul, j’espère me rapprocher d’un idéal auquel j’aspire depuis longtemps et que je ne touche que rarement du bout des doigts.
— Parlez-vous toujours par énigmes ?
— Uniquement quand je suis ému.
— Vous ému ? En ce moment ?
— Parfaitement. En vous observant, j’éprouve un sentiment difficile à cerner…
— Je n’ai plus vingt ans : je ne vais pas rougir, dit-elle pour s’en convaincre elle-même.
— C’est déjà fait, si je ne m’abuse ! »
Songeur à son tour, il marque une pause en se demandant s’il n’est pas allé trop loin. Pour se faire pardonner, il entrouvre une porte : « Je suis à la rechercher d’une matière de plus en plus rare de nos jours.
— Laquelle ?
— L’antimatière !
— Un bref instant, je vous ai cru enfin sérieux.
— Sérieux, pour quoi faire ? voyez, dans ces allées parfaitement rangées, toutes ces personnes disciplinées, assises et silencieuses : des soldats, des poupées, des robots ! même les enfants semblent s’être donnés le mot. Ne sont-elles pas trop sérieuses, elles qui s’apprêtent à passer des vacances de rêve, les pieds dans l’eau, sous les cocotiers ? Ne sommes-nous pas suffisamment entourés de gens sérieux, sans devoir y ajouter notre quote-part de gravité ?
— Vu sous cet angle…
— Sérieux, je le suis, peut-être un peu trop d’ailleurs, mais selon d’autres critères. Tenez, puisque vous m’êtes sympathique, je vais vous le prouver en vous confiant un secret honteux ! »
Un coup d’œil autour d’eux et il se penche vers son oreille et chuchote : « Je suis un écrivain.
— écrivain ! s’exclame-t-elle à voix haute. J’étais bien loin d’imaginer… Est-ce vrai, cette fois ?
— Oui. Plus exactement un essayiste et un romancier au talent inconstant et à la vocation née sur le tard. Toutefois cela a si peu d’importance : parlez-moi plutôt de vous. »
Cette perspective inattendue contrarie Charlène. Elle cherche à s’y soustraire, consciente de n’avoir aucune raison de se livrer à un inconnu amené à disparaître de son existence dans quelques heures à peine. Surprise de ne pas le voir insister, elle s’interroge. Ne vient-il pas lui-même de faire un pas dans sa direction, en lui avouant des choses intimes ? Doit-elle le remettre froidement à la place que son impertinence mérite ? Ou faire mine de l’ignorer ? Doit-elle lui dévoiler son identité et des détails mineurs de sa vie ou serait-ce déplacé ? Mais qu’a-t-elle finalement à lui cacher ? N’a-t-elle pas toujours souffert d’avoir dissimulé ses émotions ? Quel tournant décisif aurait pris ses jours, si seulement un peu de fantaisie lui avait permis de regarder de côté et de quitter l’ornière des convenances ? Quel mal y a-t-il à exprimer ce que l’on ressent, qui justifie tant d’hésitations ?
Discrètement, elle dévisage cet individu insolite qu’elle n’a pas encore examiné. Les tempes grisonnantes et le teint légèrement bronzé, il a tout d’un play-boy. Et pourtant, ses yeux verts figés sur le mousseux sont empreints de mélancolie. Un écrivain ? Et si ce n’était qu’une affabulation supplémentaire ? Cependant, et pour une raison mystérieuse, elle veut croire en cet aveu. Mais son silence subit et cette trêve inattendue dans l’assaut chevaleresque qu’il lui a livré depuis le décollage l’embarrassent de plus en plus.
« Comment vous appelez-vous ? lâche-t-elle au hasard.
— Comment je m’appelle ? Je ne sais pas… Un nouveau silence puis ses prunelles se ravivent. Vous avez le choix : voulez-vous connaître mon vrai nom ou l’autre, celui au son duquel j’aimerais répondre ?
— Les deux, mon capitaine !
— Vous l’aurez voulu. »
Il cite d’abord Lionel Henry, l’identité figurant sur son passeport, à côté d’une photo dont les traits lui ressemblent vaguement. Ensuite, il risque l’autre lui-même : Henry Lionel, aux antipodes de l’officiel… À ces paroles, la confusion de l’élégante dame devient manifeste. Elle tente une diversion : « Qu’avez-vous écrit comme bouquins ? »
Il la regarde, l’air interloqué. « Ah, les bouquins ! s’ils n’étaient pas là, que serions-nous ? que serais-je ? »
Il en a publié cinq, tous différents : une véritable girouette littéraire ! Le premier, autobiographique, traite d’une page particulièrement troublée de sa vie. Par esprit de contradiction, le second se devait de ne plus porter sur lui ; il opta, par facilité, pour une enquête policière. Ce fut un navet et, paradoxalement, le seul qui lui rapporta une once de notoriété. Le troisième relate une aventure, celle d’un rêve, tandis que le suivant est un essai sur la fuite du temps et sur les priorités de la société. Il le voulait réfléchi, plus abouti que les précédents, mais un manque de talent le rendit insipide : un ouvrage intellectuel, dans le mauvais sens du terme, sans originalité et qui n’excellait que dans ses facultés soporifiques. Après plusieurs mois de labeur, lorsqu’il admit qu’il ne pourrait plus rectifier le tir en lui insufflant cette pointe d’attrait qui lui faisait si cruellement défaut, il choisit d’en bâcler la fin, ce qu’il réalisa en huit heures, chronomètre à la main : ce fut la seule partie qui trouva grâce auprès de certains ! Pour le dernier, il renoua avec le roman, cette fois dans le genre psychologique. Sous le couvert de personnages imaginaires, il livra davantage sur lui-même que dans son récit autobiographique. C’était plus naturel, plus fluide, mieux ficelé et, sans conteste, sa meilleure réussite. À cinquante ans, il commençait à progresser…
Pris par le jeu, Lionel devient intarissable à propos de son activité de plume. Plus que par sa verve soudaine, Charlène est interpellée par la lucidité et l’absence de concession qu’il manifeste à son égard et à propos de son œuvre. Après lui avoir livré moult détails sur les changements de style et de thèmes dans ses productions antérieures, il évoque le roman qu’il a commencé et qui devrait surpasser tous les autres. Il confie à sa voisine que c’est pour renouer avec l’inspi

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