Une comédie médicale
125 pages
Français

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Une comédie médicale , livre ebook

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Description


Bien installé dans une vie de banlieusard pépère, Gaspard Hisquemie répartit l’essentiel de son temps entre la Radio De France, les parties de tennis avec son ami Daguet et une vie de famille relativement paisible. Toujours sous le charme de Myrose, la belle créole réunionnaise devenue sa femme, il repense souvent à leurs années tropicales et au bonheur intense de ces virées à deux sur les routes ensoleillées de l’île.


Mais entre coup droit désespéré et genou récalcitrant, il suffit parfois d’un rien pour dérégler l’extraordinaire machine du corps humain... Lorsque la roulette médicale tourne mal et que l’hypocondrie s’en mêle, c’est tout un destin qui bascule.





Véritable
loser
des salles d’attentes, Hisquemie perd peu à peu la confiance qu’il accordait aux valeurs du serment d’Hippocrate

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 16 janvier 2019
Nombre de lectures 2
EAN13 9782376521242
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Roman
Gilles Bojan
Une Comédie médicale



ISBN : 978-2-37652-124-2
Titre de l'édition originale : Une Comédie médicale
Copyright © Butterfly Editions 2019

Couverture © Adobe Stock + Krystell Droniou + Butterfly Editions 2019
Tous droit réservés, y compris le droit de reproduction de ce livre ou de quelque citation que ce soit sous n'importe quelle forme.

Cet ouvrage est une fiction. Toute référence à des événements historiques, des personnes réelles ou des lieux réels cités n'ont d'autre existence que fictive. Tous les autres noms, personnages, lieux et événements sont le produit de l'imagination de l'auteur, et toute ressemblance avec des personnes, des événements ou des lieux existants ou ayant existé, ne peut être que fortuite.
ISBN : 978-2-37652-124-2
Dépôt Légal : janvier 2019
140119-1230
Internet : www.butterfly-editions.com

contact@butterfly-editions.com

À mes amis les Docteurs No et Love qui se reconnaîtront…
“La force qui est en chacun de nous est notre plus grand médecin.”
Hippocrate
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Il paraîtrait que je ne fais pas mon âge, d’ailleurs comment peut-on envisager un instant de « le faire ou de ne pas le faire » ? L’aube de mes cinquante et un ans voudrait toutefois me prouver le contraire, tout comme les nouvelles altérations corporelles que je constate chaque matin. Jusqu’alors, je naviguais dans le fantasme absolu d’une cinquantaine légère, dynamique et parfois même insolente. Je regardais avec quelque condescendance mes contemporains s’enliser peu à peu dans les sables mouvants de la dégringolade physique. Tandis que je me moquais allègrement des bourrelets ou des poignées d’amour que je devinais sur le corps de mes semblables, chacune de mes dates anniversaires confortait l’idée d’une sorte d’immunité à laquelle toutes ces années m’avaient habitué.
Dans mon imaginaire d’enfant, la simple évocation de ces tranches d’âges éveillait en moi les pires angoisses de cette fameuse fin de vie qui ne me concernerait jamais. Moi jeune, je m’engageais à n’être jamais vieux. La semaine dernière, le nouveau copain de Camille refusait de croire à mon grand âge. Je l’aime bien, ce petit Léo. Il a le sens de l’observation. J’espère que ma fille le gardera un peu plus longtemps que les autres.
Le tennis, c’est mon Botox à moi et je ne laisserai à personne le soin de m’en priver. Dussé-je mourir sur un smash, je continuerai à frapper dans la balle aussi longtemps que l’on me prêtera vie. J’ai toujours couru comme un dératé aux quatre coins du central sans jamais me demander si la vieillesse pouvait influencer mes performances hebdomadaires. Je ne compte plus les raclées infligées à ces gamins du club ni les regards noirs de leurs parents sur un air de « vous n’avez pas honte ? ». Il ne faut pas confondre vieillesse relative avec expérience. Avec le recul, je ne regrette pas d’avoir prouvé à tous ces petits cons de blondinets que la jeunesse ne suffirait jamais à leur prodiguer la rage de vaincre ou la générosité propre à tous les grands compétiteurs. D’ailleurs, j’ai toujours pensé que les mèches blondes devaient être interdites : « Vos papiers, jeune homme : je suis contraint de vous verbaliser pour votre coiffure de mauvais goût ! ». Ces mioches sont prêts à tout pour maintenir en l’état leur petite houppette que je situerais à mi-chemin entre Auteuil/Neuilly/Passy et le Troisième Reich : aller chez le coiffeur deux fois par semaine, prendre une heure tous les matins pour se tartiner de gel, s’admirer à longueur de journée dans tout ce qui peut refléter sa tête de merlan frit : cet acharnement esthétique mérite au minimum un 6/0-6/0 net, sec et sans bavure.
Hier matin, j’ai noté l’apparition d’une nouvelle ride à l’orée de la joue droite. Encore un sillon tracé vers la voie du terrible abîme. Je ne compte plus les douleurs bizarres, ni les teintes blanchâtres de ma pilosité d’origine ou même les caprices acides de mon estomac les lendemains d’arrosages débridés. Avant, on insistait souvent sur la subtilité de mes effluves corporelles. Désormais, si vous m’approchez dans les vingt-quatre heures suivant une petite beuverie, vous chercherez autour de vous la provenance de cette étrange odeur fétide. Rien de grave ni d’étonnant, mais une grande nouveauté : celle de me sentir aussi vulnérable que le commun des mortels de ma génération, ce qui me paraît extrêmement compliqué à accepter.
Comme d’habitude, il s’est chargé de noter scrupuleusement nos noms ainsi que le numéro de court sur le tableau des réservations. Finalement, Pierre-Luc Daguet demeure ma seule et unique bête noire parmi les joueurs du club évoluant autour de mon niveau. On peut rester le plus charmant des collègues de travail tout en se montrant sans pitié dans les joutes hebdomadaires de la terre battue. Il me suffirait des cinq doigts de la main pour compter le nombre de sets glanés contre lui sur des malentendus, des fautes inhabituelles ou bien, je l’avoue, sur un peu de tricherie de ma part. Sans arbitre ni public, une balle hors de la ligne de fond peut aisément récupérer quelques centimètres en arrière sur un jugement de mauvaise foi. Le genre de secret que l’on a beaucoup de mal à avouer et que l’on rumine parfois ultérieurement au détour d’une insomnie. Daguet, c’est la force tranquille. Une véritable machine de guerre qui se déploie même en dehors de ce pré carré. Le genre de type que vous pourriez finir par détester lorsque ses qualités multiples en viennent à vous asphyxier. Ancien beau gosse parfaitement conservé, altruiste, bienveillant, consciencieux, excellent époux et père de famille parfait, il peut aussi éventuellement se montrer drôle, mais l’expression de cette dernière qualité suppose un état d’ébriété avancé. Technicien-réalisateur fidèle et irréprochable à la RDF, il sert sans état d’âme la cause de son entreprise et de ses auditeurs. Trente ans de carrière derrière les manettes n’ont jamais altéré sa passion pour le métier, ni son dévouement de tous les instants pour cette entreprise – ce que je comprends mieux depuis que j’ai vu passer l’un de ses bulletins de salaire. La Radio De France lui offre chaque mois une pitance en or massif qu’il échange contre un cœur à l’ouvrage du même matériau. Daguet, c’est le collaborateur idoine, celui qui vous tend la main chaque matin avec la même bienveillance et qui vous offre le même sourire trois cent soixante-cinq jours par an. Parce qu’en plus de se montrer compétent et régulier dans son travail, il ne rechigne jamais à s’assujettir aux permanences des jours fériés ou des journées spéciales organisées sur l’antenne. Dès qu’une délocalisation est mise en place, il y en a toujours un pour se porter volontaire. Normal, quand on connaît le barème des heures supplémentaires payées par la maison. Mis à part sa petite attirance pour les monnaies sonnantes et trébuchantes, Daguet est l’un des ultimes représentants de la race humaine que la science pourrait choisir pour repeupler un jour une autre planète.
Ce matin, il porte encore les stigmates de notre dernier match. Une ecchymose douloureuse en guise d’empreinte de ce violent impact. Je ne comprends toujours pas comment j’ai pu rater un smash aussi facile en expédiant un missile dans le coin de son œil droit. N’importe quel énergumène aurait traversé le court pour me défoncer le crâne. N’importe qui, hormis Daguet. Tandis que sa joue pissait le sang, il souriait timidement avec un air de « ça n’est pas très grave, Gaspard ».
Une semaine et quelques compresses plus tard, nous voilà donc de retour sur le court numéro trois du Tennis Club du Chesnay, sans que mon attentat ne change quoi que ce soit à son comportement. Comme d’habitude, il va ouvrir la porte grillagée pour me laisser pénétrer dans l’enceinte avant lui et, comme d’habitude, il va s’approprier le banc situé à droite de la chaise d’arbitrage afin d’y déposer avec une grande maniaquerie chacun de ses accessoires parfaitement préparés : deux serviettes propres et bien repassées, le sac isotherme visant à conserver au frais sa fameuse boisson énergisante, une raquette de rechange et la trousse de premiers secours. Tout est là, rien n’est laissé au hasard. Dresser l’inventaire de son matériel à ses côtés, c’est déjà

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