La Folie des chats
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La Folie des chats , livre ebook

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Description

Nous sommes nombreux à être fous de nos chats et cette passion peut être réciproque. Le chat est un être d’attachement. Il nous séduit, nous fascine, mais les relations avec lui peuvent se révéler parfois déconcertantes. Il nous invite à l’empathie et au respect de la différence. Doté d’un cerveau exceptionnel qui lui permet de s’adapter à toutes les situations, de savoir se protéger comme une proie ou bien d’établir des stratégies comme un prédateur, comment, alors, ne pas penser que le chat subtil et complexe puisse parfois sombrer dans la folie ? C’est à partir de sa propre expérience, de sa vie avec les chats, et des données les plus récentes de l’éthologie et de la psychiatrie animale que Claude Béata nous fait découvrir dans ce livre les secrets des comportements de cette espèce féline, tout en contradictions apparentes qui se comprennent au filtre de la connaissance. C’est aussi un message d’espoir et un appel à ne pas laisser cet animal, à la réputation parfois néfaste d’indépendance, en butte à des souffrances psychiques qui aujourd’hui connaissent une solution. Amateurs et amoureux des chats, mais aussi propriétaires parfois désemparés par des troubles qui paraissent insolubles ou incompréhensibles, vous trouverez ici les réponses à toutes vos questions. Comprendre son chat, ses forces, ses bizarreries, ses fragilités, pour mieux vivre avec lui et assurer son bien-être… et le vôtre ! Claude Béata est vétérinaire, spécialiste en médecine du comportement, diplômé du Collège européen. Praticien reconnu, il consacre son activité à tenter d’apaiser la souffrance des animaux, parmi lesquels, aujourd’hui, de nombreux chats. Il parcourt aussi la France et le monde pour accompagner l’essor de la psychiatrie vétérinaire. Il a notamment publié La Psychologie du chien et Au risque d’aimer, qui ont été des grands succès. 

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 12 octobre 2022
Nombre de lectures 31
EAN13 9782738157218
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© O DILE J ACOB , OCTOBRE  2022 15, RUE S OUFFLOT , 75005 P ARIS
www.odilejacob.fr
ISBN : 978-2-7381-5721-8
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo .
Préface

Le fait d’écrire de manière agréable n’empêche pas Claude Béata, clinicien vétérinaire formé à la science de l’éthologie, de raconter des anecdotes qui posent des problèmes philosophiques.
Depuis que les chats nous côtoient, leurs comportements ont évolué. Ils restent des chats, bien sûr, ils ne peuvent pas ne pas chasser, se mettre à l’affût et bondir gracieusement sur tout ce qui bouge. Un chat est un chat, un prédateur rapide, silencieux et élégant qui, avec ses petites dents, peut découper une proie trois fois plus grosse que lui. Mais le simple fait de vivre dans un monde d’êtres humains embarqués dans une civilisation où l’affolement technologique rompt les rythmes d’alternance de travail et de repos, de la chasse et de la paix, provoque des changements biologiques et des troubles comportementaux, chez l’homme comme chez l’animal.
La vieillesse est un produit de la civilisation. En milieu non humain, un chat vit trois ou quatre ans, mais, dans un milieu humanisé par les objets techniques, le même programme génétique le fait mourir entre quinze et vingt ans. Avant l’explosion néolithique, il y a 8 000 à 10 000 ans, les squelettes de Monsieur et Madame Sapiens dépassent à peine la trentaine. Aujourd’hui une petite fille sur deux deviendra centenaire, et les hommes frôleront les 90 ans.
Tiens ? Il y aurait donc un programme commun entre les hommes et les animaux ? Le monde créé par la civilisation modifie l’expression d’un programme génétique de chat ou d’être humain. La coupure entre l’homme et l’animal correspondrait-elle à un désir de croire et non pas à une observation clinique ?
C’est en clinicien que Claude Béata nous apprend ce que lui ont appris les chats. Un chaton isolé, privé de toute relation, ne peut pas devenir chat. Il a besoin d’un autre pour devenir lui-même. Mais, quand cet autre est absent ou altéré, le chaton se développe difficilement. Son cerveau rendu dysfonctionnel par les stimulations altérées du milieu (appauvrissement ou au contraire surstimulation) ne peut pas provoquer la maturation de ses comportements de chat.
Quand tout se passe bien, un chaton apprend son métier de chat en jouant à se bagarrer avec ses frères et ses sœurs, et en attrapant la queue de sa mère. Ces petites bagarres et ces brèves agressions ne provoquent aucune hostilité, mais, quand le chaton forcit, son poids et ses dents infligent une douleur qui oblige la mère à réagir : un simple feulement, un souffle surprenant sur le museau du petit, une patte levée, menaçante mais sans sortir les griffes suffit à freiner la joueuse agression du petit. Un félin nourri au biberon par un être humain n’apprend pas à freiner cette nécessaire agression, ce qui entraîne un défaut d’apprentissage des rituels d’interaction. Le jeune chat va mal se socialiser.
Claude Béata nourrit son livre avec de nombreux exemples. Nous adorons nous occuper de ces merveilleux petits tigres, mais, lorsqu’il y a eu une difficulté développementale, le petit fauve devient inquiétant et on appelle à l’aide l’art vétérinaire.
J’ai connu Claude Béata peu après sa sortie de l’école vétérinaire quand il désirait s’intéresser à une psychiatrie animale. Dans sa formation médicale il n’y avait aucun enseignement de ce genre. Les vétérinaires devaient affronter des problèmes cliniques qu’aucun enseignement ne leur avait appris à résoudre. Au début des années 1980, il n’y avait que deux livres pour les aider : Psychiatrie animale a et Mémoire de singe et paroles d’hommes b . Le contexte social de la connaissance commençait à se demander si vraiment l’homme était de nature surnaturelle c et n’avait rien de commun, donc rien à apprendre des animaux. Edgar Morin proposait d’intégrer les disciplines au lieu de les opposer, ce qui fragmentait le savoir d . Une attitude darwinienne face au mystère du monde vivant tentait de se mettre en place, mais elle a été très peu suivie. Dans la culture générale, on nous reprochait de « rabaisser l’homme au rang de l’animal », et les universités donnaient le choix entre des explications uniquement biologiques ou uniquement psychanalytiques. Il était pourtant facile de vérifier que Freud avait des raisonnements évolutifs, darwiniens, associant la biologie à l’environnement e , tandis que Lacan a été un des premiers à citer l’éthologie animale pour expliquer le psychisme humain f . La doxa est tellement puissante que la culture et l’université ne voulaient pas entendre parler de ces données naturalistes et expérimentales.
Il a donc fallu que Claude Béata rassemble les vétérinaires désireux de découvrir un monde vivant animal et humain, évolutif et intégratif. L’université de Toulouse lui a permis d’organiser un diplôme d’université remarquable où les étudiants déjà praticiens font preuve d’un talent d’observation clinique et de manipulation expérimentale. Plusieurs d’entre eux sont cités dans ce livre.
J’invite régulièrement Claude Béata dans mon propre enseignement à l’université de Toulon. Je suis assuré du résultat : je sais que son exposé sera agréable, amusant et convaincant grâce à son esprit et à la méthode que vous allez lire dans ce livre.
Il nous apprend à explorer un monde chat qui est différent d’un monde humain. Les contresens entre les chats et les humains ne sont pas rares, ce qui explique les difficultés relationnelles et parfois les agressions spectaculaires des chats. Mais, quand on parvient à comprendre ce qui s’est mal mis en place on peut y remédier et les améliorations sont fréquentes. Je ne connaissais pas le mot « schézipathie » (souffrance de la relation). Un chaton isolé précocement par une privation maternelle ne peut pas acquérir les orientations primordiales qui donnent le départ de la sociabilisation (de chat). La grave altération dont souffrent ces chatons isolés sensoriellement correspond en tout point à celle des bébés humains abandonnés. Mais, quand un substitut affectif est proposé, le plus tôt possible afin d’éviter que la dysfonction neuronale devienne une altération stable, on assiste à une reprise développementale que l’on nomme résilience.
Cette clinique de praticien décrite par Béata pose un problème philosophique : a-t-on le droit de parler de « folie animale » quand on constate un trouble ? Dans les années 1960, quand je commençais à m’intéresser à ce phénomène, les publications parlaient de « névrose animale g  ». Or le mot névrose a disparu des classifications internationales. Et le mot « folie » ne veut rien dire. Peut-on dire qu’un chat est psychotique et qu’il est coupé de la réalité ? Je pense plutôt que les chats au comportement troublé ont été altérés par un accident développemental. Quand on découvre la défaillance, on peut souvent agir sur elle, comme une sorte de kinésithérapie relationnelle. La rééducation est souvent très bonne, pour le bonheur de tous.
Nous en étions là dans les années 1980 quand nous subissions des débats idéologiques, presque métaphysiques : l’homme n’a rien à voir avec la nature. Il la domine, c’est tout. Il domine les animaux, il domine les femmes, les enfants et les autres hommes faibles. C’est ainsi qu’on a composé une aristocratie, tracé des frontières, imposé sa religion et la langue maternelle. L’ordre régnait grâce à la domination, mais c’était l’ordre des cimetières.
C’est alors que le virus est arrivé ; il a arrêté la course à la production, interrompu les voyages, confiné les individus et a permis de découvrir, comme une évidence, ce que nous ne voulions pas voir : l’homme n’est pas coupé des animaux, il est parmi eux. Le virus est un produit de la civilisation. Il y a des millions de virus en nous et autour de nous, souvent bénéfiques puisqu’ils participent à la synthèse de neuromédiateurs qui nous stimulent et nous euphorisent. Mais, quand, pour produire plus de viande, nous organisons d’immenses élevages et détournons les végétaux, nous provoquons des associations d’ADN de cochons et d’oiseaux qui inventent des mutations, des virus nouveaux toxiques pour nos organismes. Ensuite, nos merveilles techniques comme les bateaux et les avions répandent sur la planète ces virus mutés qui provoquent des dizaines de millions de morts.
Cette expérience tragique qui existe depuis le néolithique, depuis que nous « domestiquons » les animaux et les végétaux, prouve que l’homme ne flotte pas au-dessus de la nature, il est dans la nature, parmi les plantes, les cours d’eau et les animaux. 70 % des maladies humaines sont des zoonoses, des maladies venues des animaux. La réponse est claire : si nous maltraitons les animaux, si nous les rendons malades, nous disparaîtrons de la planète avec eux.
Alors, nous avons intérêt à mieux les comprendre, pour mieux les épanouir et partager avec eux des moments de bonheur. Voilà ce que j’ai appris en côtoyant Claude Béata et les chats de son livre.
Boris C YRULNIK .
a .  Brion A., Ey H., Psychiatrie animale , Paris, Desclée de Brouwer, 1964.
b .  Cyrulnik B., Mémoire de singe et paroles d’hommes, Paris, Hachette, 1983.
c .  Moscovici S., Hommes domestiques et hommes sauvages , Paris, Union générale d’édition, 1974.
d .  Morin E., L’Unité de l’homme , Paris, 10/18, 1970.
e .  Ritv

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