La renaissance d anciens vignobles français disparus
302 pages
Français

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La renaissance d'anciens vignobles français disparus , livre ebook

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Description

Après le phylloxéra et les divers épisodes catastrophiques qui ont suivi, le vignoble français a perdu presque la moitié de sa surface en 1950. À cette date, beaucoup de vignobles ont disparu ou ne sont plus cultivés que par des amateurs. Pourtant, à partir des années cinquante, certains se passionnent pour cette culture et font renaître des vignobles commerciaux qui peuvent atteindre aujourd'hui des milliers d'hectares. Quels facteurs ont conduit à ce renouveau ? Une quarantaine de vignobles sont ainsi explorés.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 août 2016
Nombre de lectures 13
EAN13 9782140015465
Langue Français
Poids de l'ouvrage 15 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1400€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

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La renaissance d’anciens
vignobles français disparus

Robert Chapuis
en collaboration avec Patrick Mille










La renaissance d’anciens
vignobles français disparus




















Du même auteur
Atlas, Vignes, vins et vignerons dans la mondialisation, Paris,
A. Colin (en collaboration, direction F. Legouy), 2015.
Vignobles du Doubs et de Haute-Saône :
de la naissance à la renaissance, Pontarlier, éd. du Belvédère, 2013.
Bourgogne/Franche-Comté : sœurs ou rivales ? Brève histoire des
relations ambiguës entre deux régions, Paris, L’Harmattan, 2010.
Vers des campagnes citadines, le Doubs (1975-2005), Besançon,
éd. Cêtre/Presses Universitaires de Franche-Comté, 2007.
Une aventure territoriale, la Haute vallée de la Loue : de la vigne, à
l’usine et au patrimoine, Besançon, Presses Universitaires de
Franche-Comté, 2006.
Systèmes et espaces agricoles dans le monde, Paris, A. Colin, 2001.
Agriculture et développement en Amérique latine,
Paris, Ellipses, 1998.
Les quatre mondes du Tiers Monde, Paris, Masson, 1997, 2°éd. mise à
jour, 1993. - Traduit en portugais en 2000, Os quatro mundos do
terceiro mundo, Lisbonne, Instituto Piaget.
Les ruraux français, Paris, Masson (Prix de la Société de Géographie
de Paris), 1986.
Les ruraux du département du Doubs. Éléments de géographie
sociologique, Besançon, éd. Cêtre, 1982.




Avec le soutien de la Chaire UNESCO « Culture et Traditions du Vin »
de l’Université de Bourgogne.



© L’Harmattan, 2016
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.harmattan.fr
diffusion.harmattan@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-343-09729-9
EAN : 9782343097299
À partir des années cinquante, on voit un peu partout en France
renaître des vignobles qui avaient connu leur apogée entre 1860 et
1880, puis avaient décliné plus ou moins vite jusqu’à disparaître, ou
quasiment, dans l’entre-deux-guerres ou dans l’après-guerre. On
essaiera ici, d’abord de comprendre le déclin et la disparition de ces
vignobles, puis de montrer comment et pourquoi certains ont connu
une renaissance après 1950 et même plus généralement après 1970.
Après avoir rappelé rapidement l’évolution ancienne du vignoble
français, on partira de 1788, première estimation sérieuse et
territorialisée de sa surface, pour en suivre l’évolution régionale
jusque vers 1950. Ensuite on analysera les raisons qui ont pu
contribuer, dans une ambiance de déclin de la vigne, à la renaissance
de ces vignobles, pour enfin présenter des vignobles qui ont connu
cette résurrection.
Petit rappel historique
Les Phocéens, Grecs d’Asie Mineure, fondent Massalia vers -600.
Ils se contentent d’abord de vendre le vin acheté en Grèce et en
Etrurie. Le cratère découvert vers Vix, dans l’Yonne, daté de 525 av.
J-C et qui servait à mélanger le vin et l’eau, montre que les riches
Gaulois buvaient déjà du vin. Les Phocéens plantent ensuite de la
vigne à Marseille et aux alentours (Lattes) et vendent leur production
ainsi que des vins importés, en Provence et en Languedoc. Par la
vallée du Rhône ils approvisionnent la Gaule du Nord car l’élite
sociale gauloise se passionne pour le vin. Aux IV° et III° siècles av.
J.C, la consommation décline, pour des raisons mal connues, et
reprend au II° siècle av. J.C. Avec la conquête de la Gaule transalpine
(Provence, Bas-Languedoc, Roussillon) à partir de -121 av. J-C, puis
surtout avec la conquête de la Gaule entière par César, entre 58 et 51
av. J-C, et l’installation de colons romains, la vigne s’étend en Gaule
transalpine et remonte la vallée du Rhône. Au premier siècle apr. J-C,
on la trouve dans le Sud-Ouest (à Bordeaux et Gaillac), dans le
SudEst, (à Béziers, à l’Hermitage, à Vienne) et jusqu’en Bourgogne, à
Gevrey-Chambertin, ce qui n’exclut pas les importations de vins
d’Italie. Au début du II° siècle, « la vigne est plantée dans la vallée de
l’Indre et de la Loire ; puis elle se diffuse en Charente, en
Île-deFrance et jusqu’en Normandie » [5]. Elle remonte ensuite les vallées
7 du Rhin et de la Moselle où on la signale à Trèves, au début du III°
siècle. Entre 50 et 200 environ, la vigne connaît en Gaule romaine sa
plus vaste extension.
Aux IV° et V° siècles, avec les grandes invasions des peuples
germaniques la vigne reflue sans disparaître, grâce au christianisme
dont les institutions vont la sauver. A partir du VI° siècle, autour du
siège des évêchés qui s’inscrivent souvent dans le territoire des
anciennes cités romaines, et autour des monastères, on commence à
planter la vigne car l’Église a besoin de vin pour célébrer la messe (les
fidèles communient sous les deux espèces jusqu’au XIII° siècle) et
pour se financer ; l’Église devient le principal propriétaire de vignes et
va le rester jusqu’à la Révolution. Les laïcs suivent bientôt l’exemple
des ecclésiastiques. Dès le X° siècle, le roi de France possède des
vignes en Île-de-France pour la consommation de sa cour et pour les
revenus qu’il en tire. Les féodaux s’y intéressent également pour le
prestige qu’apporte un grand vin mais aussi et surtout pour vendre leur
propre vin et faire payer par les manants l’utilisation de pressoirs
qu’ils ont seuls les moyens de posséder. A partir du XII° et surtout du
XIII° siècle, les citadins, gens de justice, commerçants, entrepreneurs,
investissent eux aussi dans la vigne.
L’époque est d’ailleurs favorable. La population des villes
augmente (elle passe de 5 à 15 millions entre 1090 et 1300 dans les
limites actuelles de la France) et la consommation du vin se répand
dans les classes populaires. Dans certaines régions, la diffusion du bail
à complant favorise l’extension de la vigne : un propriétaire cède une
terre à un preneur, à charge pour ce dernier de la défricher et de la
planter en vigne ; après cinq ans, le preneur partage chaque année la
récolte avec le propriétaire. Enfin, le petit réchauffement climatique
médiéval, qui se fait particulièrement sentir aux XII° et XIII° siècles,
permet de faire remonter la vigne jusqu’à Laon au nord, jusqu’à Caen
et Rennes, à l’ouest, au prix il est vrai d’une production de vins
particulièrement acides. Certains vignobles, qui deviendront
prestigieux, commencent à émerger. Les vins de Bourgogne se
révèlent grâce aux moines de Cluny (fondé en 910) et de Cîteaux
(1098). Ceux de Bordeaux montent en puissance après le mariage de
la duchesse d’Aquitaine avec le duc de Normandie qui devient en
1154, roi d’Angleterre. Le marché anglais s’ouvre alors aux vins de la
8 région, avantage qui sera renforcé, en 1241, par l’institution du
« privilège des vins de Bordeaux » dont il sera question plus loin. En
revanche, l’annexion de l’Aquitaine à la France porte un coup sévère
au commerce vers l’Angleterre, sans toutefois l’interrompre.
Les XIV° et XV° siècles sont moins favorables. La guerre de Cent
Ans et la peste font diminuer la population et donc le nombre des
vignerons et des consommateurs. Les surfaces en vigne régressent là
où elles étaient les plus aventurées (Bretagne, Normandie, Picardie)
mais se maintiennent mieux ailleurs. Les propriétaires tendent à
abandonner la gestion directe de leurs vignes pour les faire travailler
par des métayers. Le vin de Bourgogne (appelé alors vin de Beaune)
grandit tout de même en prestige grâce aux quatre Grands Ducs qui,
pendant près d’un siècle (1384-1477) ont le souci de sa qualité et lui
font une publicité européenne. Selon R. Dion, vers 1600 la vigne
couvrirait 1 000 000 ha, surface qui sera largement dépassée en 1874
(2 475 000 ha) mais supérieure à la surface actuelle (700 000 ha). A la
même époque, la production se situerait entre 10 et 15 000 000 hl,
contre 50 000 000 hl aujourd’hui, car les rendements sont alors très

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