Il y a un trou dans votre CV
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Description

Les gens au projet professionnel élaboré finissent toujours par trouver un emploi. L’auteur de ce recueil n’a pas encore bien défini son projet professionnel. À sa décharge, il procède par élimination. À ce jour, il sait qu’il ne sera jamais personne-ressource, chasseur de rats, garçon de café, plieur de mouchoirs, ou responsable de la touche W.
Il a cependant été sacré champion d’Europe 2009 des entretiens d’embauche et a reçu deux fois le C.V. d’Or (2007 et 2008). Il a regroupé ici vingt-six de ses meilleures expériences. Vous y apprendrez l’art de vous présenter et d’adapter votre profil afin de faire face aux besoins d’une entreprise dont vous ignorez les champs d’action, les pièges dont il faut se méfier, les sujets à ne pas aborder ou comment faire un nœud de cravate tout en restant vous-même avec modération.
Vous êtes touche-à-tout et bon à rien ? Vous n’avez aucun projet professionnel ?
Cet ouvrage s’adresse à vous.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 23 septembre 2011
Nombre de lectures 15
EAN13 9782363152435
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Il y a un trou dans votre CV
Olivier Salaün
Illustrations de Philippe Bernard
ISBN 978-2-36315-243-5

Septembre 2011
Storylab Editions
30 rue Lamarck, 75018 Paris
www.storylab.fr
Les ditions StoryLab proposent des fictions et des documents d'actualit lire en moins d'une heure sur smartphones, tablettes et liseuses. Des formats courts et in dits pour un nouveau plaisir de lire.

Table des mati res

Le secteur du rongeur
Les nouveaux philosophes
La vie des canards
Digressions extrème-orientales
Le stand exotique
Le goût des contacts
Les métiers d’accueil après la mort
Les spécialistes en général
Le blues des personnes-ressource
Les valeurs trop sûres
Enthousiasme portuaire
Les merveilles du monde
Les bancs du parc central
Move academy
Dernier de la file
L’arôme corsé du garçon de café
Une photo de dos
Les chaussures de l’avenir
Les forêts cachées dans les arbres
Paresseux professionnel
Mouchoirs mystiques
Le feu à la pinède
La veille des caramels
Economie mortifère
Elephant casting
Biographie
Dans la m me collection
Le secteur du rongeur



— Votre candidature... Pensez-vous vraiment avoir le profil pour ce poste ?
— J’ai l’enthousiasme, le dynamisme, la passion.
— La passion, bien. Mais pas de diplômes, pas d’expérience.
— A vrai dire, ce travail sera pour moi une première expérience, un début.
— Vous débutez, c’est entendu et c’est un choix qui vous honore, mais sans expérience. Débuter sans expérience n’est pas forcément recommandé. On ne s’improvise pas chasseur de rats.
— J’aime écraser les araignées, je noie les fourmis dans leur trou depuis l’âge de quatre ans, j’empoisonne les vers, j’égorge les escargots, je fusille les poux, j’extermine...
— Oui mais le rat ? Vous n’êtes jamais passé au rat ?
— J’ai vexé un cochon d’Inde une fois.
— Ah. C’est un point positif. Pourquoi ne l’avoir mentionné nulle part dans votre C.V ? C’est un sérieux atout dans votre parcours professionnel. Cependant... Est-ce suffisant ?
— Je voudrais faire carrière dans le rongeur.
— Vous vous y prenez bien tard. Vous avez déjà 25 ans. Une carrière se construit. Et puis, il y a des trous dans votre C.V.
— C’est ma souris blanche.
— Vous avez une souris blanche ?
— C’est à dire...
— Monsieur, vous comprendrez que notre entretien s’achève là. Un chasseur de rat performant ne saurait nourrir de sympathie pour une souris.
Les nouveaux philosophes
— Bon, on ne va pas vous demander des connaissances philosophiques très approfondies, mais un petit vernis. Etre capable de sortir une citation opportune en vérifiant la pression des pneus, faire le plein en maniant quelques concepts, vous voyez. Comme ça les gens ne viendront plus chez nous par hasard. Après des heures de conduite abrutissante sur une autoroute monotone, ils viendront pour entendre les idées subtiles et les vérités profondes dispensées par nos philosophes-pompistes.
— Ça va marcher j’en suis sûr.
— Bon alors, par exemple, vous avez un peu lu Schopenhauer ?
— Oui.
— Vous pouvez m’en parler ?
— Eh bien… Attendez ça va me revenir… Oui, oui, Il y avait un saule pleureur juste sur la gauche, à proximité du banc où je lisais. Un saule pleureur vraiment magnifique, immense, dont les branches retombaient dans l’eau et griffaient le courant.
— Et Schopenhaeur ?
— Schopenhaeur, écoutez, il a coulé à pic dans la rivière. Mais je pourrais peut-être laver le pare-brise en évoquant ce saule pleure, sa grâce, sa mélancolie ? Non ?
— Nietzsche vous a-t-il laissé plus de souvenirs ?
— J’ai lu Nietzsche aussi… A la même époque. Au même endroit. Les chambres d’étudiant sont si exiguës, si étouffantes, on va lire Nietzsche à l’extérieur, et voilà… Je me souviens du bruit produit par l’amerrissage des canards. Ils se posaient sur l’eau par groupes de trois ou quatre, les pattes en avant. Ils se freinaient de cette façon sur plusieurs mètres. Cela produisait un sillage et ce léger bruit d’écume très rafraîchissant. Dans ces moments là c’était difficile de ne pas vouloir être un canard.
— Vous avez lu tous les philosophes dans ce parc ? Aristote aussi ?
— La grande jeune fille au manteau noir. Elle s’éloignait sur un sentier qui se perdait dans la campagne encore informe du petit matin. Je ne l’ai vu que de dos. Elle semblait très belle. Une silhouette de femme, de dos, qui s’éloigne dans le gris brumeux… Je ne sais pas pourquoi ça m’a serré le cœur au point que je m’en souviens encore… J’avais l’impression de perdre quelque chose de précieux, la seule chose vraiment précieuse, mais il n’y avait rien à faire, personne à retenir. Cette image anodine, qu’on ne peut même pas appeler un souvenir, m’est restée pour toujours, avec son appel silencieux de tableau faussement figuratif.
— Kant ?
— Kant, Kant, Kant… Le tic-tac inexorable des joggers sur le gravier. Ces sacrilèges tournaient dans le parc et sa bienheureuse éternité comme une trotteuse sur un cadran de montre.
— Heidegger ?
— Les hêtres morts au bord de l’étang croupi.
— Pascal ?
— La pluie à travers les branches.
— Platon ?
— Le pivert du grand pin.
— Excusez-moi mais c’est un peu court, et puis on ne vous demande pas de faire du lyrisme personnel. Vos petites vignettes existentielles ça ne va pas intéresser les automobilistes. Ils vont juste se dire que le pompiste est déprimé et gonflant, et la fois suivante ils sauteront la station de peur d’avoir encore à subir des épanchements. Nous voulons à tout prix éviter les épanchements de pompistes. Pas de digressions personnelles ! Le texte ! Ne vous écartez pas du texte ! Si vous voulez un poste à la pompe chez nous, relisez les auteurs. Dans votre chambre.
La vie des canards



-— J’ai lu votre C.V. Un très bon C.V. Très intéressant. Il y a quand même un trou là, juste après vos études. Vous n’avez pas travaillé tout de suite.
— Ah oui, il y a un léger trou en effet. A peine perceptible.
— Certes. Qu’avez-vous fait pendant cette période ?
— Une pause. Il me semble. Une petite pause.
— Une pause. Mais qu’avez-vous fait pendant ce temps ?
— Rien de notable. Je faisais une pause. Je restais assis sur un banc à regarder les canards, vous voyez, ce genre d’occupation.
— Les canards ? Pourquoi les canards ?
— Parce qu’il y en a toujours ici, au bord de la rivière. On ne voit pas leurs pattes qui s’agitent sous eux. Ils sont posés sur l’eau, ils flottent et avancent comme de petits bateaux. C’est intéressant. Ils vont par là. Ils vont par ici. En groupe comme une escadre. Ils ont leurs endroits favoris. Il y a aussi des canards isolés. Ils sont plus faciles à suivre mais ils finissent par se mélanger aux autres. Quand même, avec un peu de volonté et d’attention, on peut tenter de suivre la trajectoire individuelle de quelques canards parmi la troupe.
Pour les sortir de l’indistinction du monde animal, pour s’amuser à suivre un fil de la pelote. Ou bien on peut juste laisser son œil voguer d’un canard à l’autre, d’un canard bercé par les vaguelettes à un autre canard dont le vent retrousse le plumage. Voilà tout. Rien de notable. C’est pourquoi il y a ce petit trou. J’ai simplement fait une pause.
— Peut-être. Peut-être. Mais un C.V, c’est comme une combinaison de spationaute. Le moindre accroc, le moindre trou peut être fatal. Vos explications sur les canards ne m’ont pas convaincu. Ce trou à la charnière de vos études et de votre vie professionnelle me semble révélateur, voyez-vous. Vous avez hésité. Peut-être même avez-vous tenté de gagner du temps ?
— Une simple pause.
— Un flottement. Vous m’avez parlé de canards. Je pense que c’est assez clair. Restons-en là.
Digressions extrème-orientales
— Asseyez-vous je vous en prie.
— Oui mais… Il n’y a pas de siège.
— Il y en a un sous la plante verte là-bas… La vigueur de cette plante, c’est incroyable. En deux ans c’est la neuvième fois que je fais changer le pot. Elle vient d&#

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